Casimir a été toute mon enfance ce marin dont le regard sévère regardait nos jeux d’enfants du haut de son cadre doré dans le petit bureau à Cepet. Un grand-père de Bonne certes, un marin aussi, cela m’avait été dit, mais encore ? Que faisait Casimir au milieu de vignes ?
Hubert
Quarante ans ont passé, et le mystère s’est progressivement levé. Les documents sont arrivés, il a fallu les analyser, les transcrire, les rapprocher, leur donner un sens. J’ai passé entre 2008 et 2010 de longues heures en compagnie de Casimir. Et le miracle s’est produit, nous pouvons reconstituer à travers ces lettres qu’il a fidèlement écrit à toute sa famille restée au pays, le parcours de toute une vie. La tradition familiale est renouée.
Le résultat est impressionnant, Casimir nous présente, d’une plume naturelle, ce qui était son quotidien. Il écrivait à sa famille, il nous écrit à nous aussi qui sommes sa famille, pour nous parler de sa vie, de ses joies, de ses chagrins, de ses inquiétudes, de ses petits ou grand traquas. C’est toujours vrai, souvent amusant, parfois aussi poignant. Les apports de Bernard et des archives de la Marine nous donnent les explications et les clés de lecture pour comprendre Casimir.
Ce document a été constitué par strates successives, à savoir :
La transcription de Bernard en 1923 qui introduit ainsi son travail :
Quelques 78 lettres – écrites de 1826 à 1870 – de mon père, tendrement conservées, m’avaient été transmises par ma mère, j’en ai recueilli quelques autres à la mort de mes oncles de Bonne. Je m’aperçois que ces lettres, qui datent de très loin, ont été écrites avec de mauvaises encres, que celles qui venaient des escales du Levant ou des Antilles sont tailladées et portent le cachet « Purifié à Toulon ». Cette purification et le temps ont fait leur œuvre, de plus, comme toute la correspondance de cette époque, ce sont de véritables pattes de mouches. Il faut donc en lire une partie à la loupe et deviner le reste, cette lecture devient ainsi un travail et dans le siècle du moindre effort, la destinée de ces lettres est toute trouvée, elles iraient à la cheminée. Je les ai recopiées pour mes enfants, si cette lecture les tente.
Vous n’avez jamais connu votre grand-père ; seul le portrait de lui, qui est au salon, peut vous rappeler qu’il était Capitaine de frégate dans la marine impériale, il y a près de trois quart de siècle de cela. Mais avant de servir sous Napoléon III, il avait navigué, sous la république de 1848, sous Louis-Philippe, était entré à l’école royale de marine sous le règne de Charles X et était né en 1813 sous Napoléon 1er . Pendant que s’accomplissaient tous ces changements de gouvernement, qui sont maintenant de l’histoire passée, il faisait de lentes traversées à la voile et de monotones escales dans le Levant et aux Antilles. C’est une partie de cette vie simple et de devoir que ces lettres vous feront connaître.
La digitalisation et les compléments d'Hubert, à partir des souvenirs d’Anne, petite-fille de Bernard, de Xavier pour les photos de Lostange, de Capucine pour ses recherches aux archives de la marine à Vincennes, de Philippe pour la photo du tableau à Cepet et naturellement d’Internet, et en particulier Vincent Joecker et son excellent site sur Saint-Pons et le Saint-Ponais.