Sous préfecture de Saint-Pons Création avril 2011

Ressources de Justin

Où l’on voit les difficultés pour obtenir des emplois et des revenus sous la restauration
Grâce à la courtoisie de Vincent Joecker.

D’après Vilain, François et Justin, ont réussi à vendre Saint-Martin à un chevalier de Roquefeuil du Brusquet, sans doute grâce à leur radiation de la liste des émigrés. Ils ont été, peut-être, été indemnisé après 1825 par la loi du « milliard des émigrés ».

La première épouse de Justin, Antoinette de Treil de Saint-Martial a elle aussi perdu l’héritage de son père, décédé aux Tuileries le 10 août 1792, mais inscrit sur la liste des émigrés. En revanche, elle a hérité de ses grands-parents de Treil de Lavallongue : une maison meublée à Castres (maison de Justine à Castres par Henri), le domaine du Causse et des terres, l’ensemble évaluée à plus de 65.000 livres en 1789. Elle avait également hérité de sa grand-mère Élisabeth Robert, veuve Treil de Saint-Martial d’une maison à Saint-Pons.

La fortune indiquée dans les lettres ci-dessous doit être relativisée, il s’agissait aussi de rassurer l’administration centrale pour permettre la nomination en tant que sous-préfet : Alexandre de Pardailhan, le prédécesseur de Justin de Bonne était particulièrement désargenté : il est décrit lui aussi comme possédant des biens importants dans le Saint-Ponais

23 mai 1814 – Justin demande la préfecture de Castres

Monsieur de Bonne demande la préfecture de Castres

Sire,

Le chevalier de Bonne et de Bonne François, habitant à Saint-Pons département de l’Hérault, issus d’une des anciennes maisons du Languedoc, où leurs ancêtres d’après leurs titres ou d’après Dom Vaissettes historiographes de cette province, ont occupé les premières charges pour le Roi, comme sénéchaux de la ville de Carcassonne ou comme commandants d’hommes d’armes.

Leur famille, présentée à la Cour en 1788, a dans le temps donné à l’État le célèbre François de Bonne, dernier Connétable de France et Duc de Lesdiguières si connu par son attachement au grand et bon Henri.

Les soussignés et tous les leurs, marchant sur les traces de leurs ancêtres puisqu’ils sont seize inscrits sur la liste des Émigrés et que pas un n’a figuré dans la Révolution, ni parmi les serviteurs de Bonaparte, ont joint la Légion de Mirabeau en 1791, où ils ont servi, l’un comme capitaine et l’autre comme aide-major, jusqu’à leur incorporation aux Grenadiers de Bourbon qu’ils ont quitté au licenciement de l’armée de Condé en 1801.

Rentrés en France, ils n’ont accepté aucun emploi. Le cher de Bonne a épousé la fille unique de monsieur de Saint-Martial, capitaine de dragons au régiment de la Reine, massacré chez le Roi au 10 août ; depuis inscrit sur la liste des Émigrés et par suite privé de tous ses biens, même de 65 000 F. dont on a inutilement poursuivi la rentrée sur le gouvernement et aussi le cautionnement de la chambre à sel et tabac de la ville de Castres dont il était propriétaire.

Supplie très humblement Votre Majesté d’avoir égard à leur conduite et à leurs pertes et de vouloir bien leur accorder une place de Conservateur des Eaux et Forêts dans le Midi de la France et la Préfecture de Castres si elle devient vacante, ou tout autre dans le Midi.

Le cher de Bonne

Saint Pons, ce 20 septembre 1822 – François demande la préfecture de Saint-Pons

À Son Excellence Monseigneur le Ministre de l’Intérieur,

Demande de la sous-préfecture de Saint-Pons, département de l’Hérault

Monseigneur,

Jean, Louis, Félix, François de Bonne, né le 24 février 1771, sous-lieutenant au régiment de Touraine en 1786, émigré en 1791, capitaine à la Légion de Mirabeau, armée de condé a suivi en Russie son S.A.S. Mgr le prince de condé, blessé le 7 septembre 1793, licencié avec tout son corps en 1801, chef de bataillon pour tenir rang du 10 mai 1800, chevalier de Saint-Louis du 11 octobre 1814.

Habitant de la ville de Saint-Pons depuis l’année 1805, où il est administrateur des hôpitaux, membre du conseil d’arrondissement, ayant depuis le retour du roi fait toujours partie du conseil de révision, et aussi ayant toujours, depuis la même époque été délégué par les différents préfets pour faire les fréquents intérims de la sous-préfecture de Saint-Pons.

N’ayant obtenu aucune retraite ni pension sous le prétexte qu’il n’offrait que 27 ans 5 mois de service effectif au lieu de 28 ans exigés par les ordonnances.

À l’honneur de supplier Son Excellence, vu ses services militaires et ses services civils, de vouloir bien le nommer à la sous-préfecture vacante de Saint-Pons département de l’Hérault.

François de Bonne, chevalier de Saint-Louis, faisant l’intérim de la sous-préfecture de Saint-Pons.

Saint Pons, le 28 mai 1827 – François propose Justin pour le remplacer

Monsieur le préfet,

Atteint depuis quatre mois d’une maladie chronique, dont je ne saurais prévoir l’issue, qui a épuisé mes forces, et m’a réduit à un état qui s’aggrave tous les jours, je m’en remets sur mon sort à la volonté du ciel ; mais dans ma triste situation, j’ai dû porter ma pensée sur l’avenir de tous les objets d’affection qui m’entourent et qui m’intéressent si vivement.

La bienveillance dont vous m’avez particulièrement honoré, m’encourage dans cette pénible circonstance à solliciter en faveur de ma bien aimée épouse et mes chers enfants la continuation de vos bontés, afin que s’ils ont le malheur de me perdre, vous daignés au besoin être leur protecteur et leur appui.

J’ai aussi un frère (Pierre Joseph Justin de Bonne) chevalier de Saint-Louis, père de sept enfants, domicilié à Castres, habitant alternativement l’une et l’autre ville, propriétaire dans les deux arrondissements et électeur éligible. Vous l’avez vu chez moi Monsieur le préfet, lorsque j’ai eu l’honneur de vous recevoir, mais vous n’avez pu savoir combien il le mérite par ses qualités et ses vertus. Ce n’est pas à moi de faire son éloge ; consultés à son égard Monsieur Decases, votre collègue du Tarn, qui pourra vous fixer sur son compte.

Quelle consolation pour moi si je pensais espérer dans le cas où je viendrais à succomber que ce cher frère fut appelé à me remplacer ? Et de le fixer par ce moyen auprès de ma famille qui aura un si grand besoin de ses sages conseils. Je mourrai en paix si j’osai me flatter qu’il vous eut inspiré assez de confiance pour être présenté par vous au Gouvernement ; votre puissant suffrage mettrait un grand poids dans la balance ; ce serait un nouveau bienfait pour ma famille, et aussi, vous pouvez m’en croire un signalé service à rendre à l’administration dont vous êtes le chef, ainsi qu’à l’arrondissement.

Daignez, Monsieur le Préfet, accueillir favorablement les vœux que je forme et que je vous adresse à l’insu de ce cher frère, dont je craindrais de blesser la sensibilité et la délicatesse, et veuilles bien adoucir par l’espérance, l’amertume qu’éprouverai celui que vous avez comblé de tant de faveurs, qui a été si sincèrement dévoué à votre personne et qui n’ambitionne aujourd’hui que cette dernière grâce.

Veuillez bien agréer, Monsieur le préfet le témoignage de ma reconnaissance pour toutes vos bontés et recevoir l’assurance des sentiments respectueux avec lesquels, j’ai l’honneur d’être

Monsieur le Préfet,

Votre très humble et très obéissant serviteur.

François de bonne

Castres (Tarn), 4 juin 1827 – Recommandation pour Justin

monsieur de Bonne Lesdiguieres, sous-préfet de Saint-Pons, département de l’Hérault, est au moment de succomber à une longue maladie ; il sera justement regretté par cet arrondissement. Monsieur Justin de Bonne son frère puîné, qui habite la même ville où il a une existence honorable a les mêmes droits à l’estime publique et à la confiance du gouvernement.

Issus d’une ancienne famille à laquelle je m’honore d’être allié, les deux frères ont passé leur jeunesse à l’armée de Condé, et depuis leur rentrée, ils ont toujours fait preuve du plus grand dévouement à La Bonne Cause.

Il serait digne de vous, Monseigneur, il serait j’ose le dire utile à la Chose publique de récompenser les services de monsieur de Bonne en accordant à celui qui survit, la sous-préfecture que son frère a longtemps administrée, avec le plus grand zèle, et à la satisfaction de tout le monde.

Si mon témoignage peut-être de quelques poids auprès de votre Excellence, je ne crains pas d’affirmer que vous ne sauriez faire un meilleur choix ni surtout plus agréable aux habitants de l’arrondissement de Saint-Pons.

J’ai l’honneur d’être

Monseigneur,

De votre Excellence,

Le très humble et très obéissant serviteur.

Lastours député du Tarn

Justin demande la préfecture de Saint-Pons

Monseigneur,

Pierre Joseph Justin de Bonne, chevalier de Saint-Louis, émigré, ayant fait toutes les campagnes de l’armée de Condé comme capitaine aide-major dans la légion de Mirabeau, suivit en Russie Son Altesse Royale Monseigneur le Prince de Condé, rentré en France en 1801, marié à la fille unique de feu monsieur de Saint-Martial, capitaine de dragons dans le régiment de la Reine, lequel fut massacré sur les marches du trône au dix août.

Pour être précis, marié avec Antoinette de Saint-Martial en 1804, veuf en 1807, remarié en 1811 à Antoinette Pigot.

En 1815, il commande les volontaires royaux du département du Tarn, et pendant plusieurs années l’arrondissement à Castres.

Maire depuis six ans, électeur éligible, père de sept enfants, ayant eu le malheur de perdre son frère sous-préfet de Saint-Pons décédé le 6 du courant, et étant présenté pour le remplacer par monsieur le préfet de l’Hérault et plusieurs personnes marquantes entre autres Monseigneur le Cardinal de Clermont-Tonnerre, Monsieur le Prince de Clermont, le Vicomte de Bonald pair de France, monsieur de Lastours, de Puymaurin, Dubourg, de Saint-Gery, du Fougerai députés ;

À l’honneur de supplier Votre Excellence, vu ses services, le dévouement et la mort de son beau-père qu’il représente seul, de daigner le présenter à la nomination du roi pour la place vacante de sous-préfet de Saint-Pons.

Je suis avec le plus profond respect

De votre Excellence,

Monseigneur,

Le très humble et très obéissant serviteur.

Justin de Bonne

Recommandation pour Justin

À Son Excellence le Ministre de l’Intérieur,

Monseigneur,

Je sais qu’il vous a été adressé de puissantes recommandations en faveur de monsieur Justin de Bonne pour la sous-préfecture de Saint-Pons (Hérault) vaquant par le décès de son titulaire, monsieur de Bonne, son frère.

Quoique ma place actuelle ne me donne qu’aucun titre pour porter ce candidat à Votre Excellence, j’ai pensé qu’elle accueillerait avec bonté les détails qui pourraient aider à le faire connaître, et que je puis d’autant plus garantir, qu’ils portent sur la conduite qu’il a tenue sous mes ordres dans le département du Tarn, à la fin des Cent Jours. C’est lui qui à cette époque, avec les seuls gardes nationaux de l’arrondissement de Castres sut arrêter des troupes de lignes et conserver sans effusion de sang les couleurs sans tache [le drapeau blanc royaliste] que cet arrondissement avait spontanément arborées ; il dut cet heureux résultat à la sagesse de ses dispositions, à sa fermeté et principalement à la grande influence qu’il toujours conservé depuis pas sa fortune assez considérable,

Dont, par parenthèse, une grande partie est dans l’arrondissement de Saint-Pons, par sa bonne conduite, et l’élévation de ses principes : on lui en aurait donné une preuve éclatante aux dernières élections de la chambre des députés, s’il ne s’y fut constamment refusé. Monsieur de Lastours le voulait bien assez. En tout, j’ose garantir à Votre Excellence qu’Elle ne peut faire tomber le choix de Sa Majesté sur un sujet qui en soit plus digne,

J’ai l’honneur d’être avec respect,

Monseigneur,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Le Maréchal de Camp commandant la 2e subdivision de la 10e division militaire

F. de Pelissier