Les Laperrine à Carcassonne, c'est pour nous Guillaume qui voit début xviiie qu'il faut être marchand drapier, Jean Dominique qui, drapier, connait une importante réussite et Dominique qui sort de cette industrie au début xixe en voyant que Carcassonne ne réussira pas le tournant de la mécanisation.
Hubert, 2018
Les premiers Laperrine connus, à la fin du règne de Louis XIV, semblent être des juristes qui obtiennent le droit d’avoir un blason en 1703. La fortune va venir comme pour beaucoup de personnalités de l’époque de l’industrie textile alors florissante.
En 1753, meurt Guillaume Laperrine, marchand drapier, qui laisse trois fils : Charles, l’aîné, un petit producteur de draps, se retire des affaires dès 1762 et investit l’héritage paternel, ainsi que les bénéfices qu’il a réalisés, dans l’achat de la maison située aujourd’hui au n. 11 de la rue Aimé-Ramond. Consul en 1767, il adhère à la franc-maçonnerie en 1788 et vit du revenu des terres et des rentes qu’il possède.
AD Aude B227 - Décrets perpétuels et irrévocables, verbaux de mise en possession concernant l’adjudication faite, pour la somme de 3 000 livres, à Charles, Jean-Baptiste, autre Charles, Jean-Dominique, Françoise et Marguerite Laperrine, frères et sœurs, des biens composant la succession abandonnée de feu Guillaume Laperrine, leur père.
AD Aude B237 – par Charles-Jean-Baptiste, autre Charles , Jean-Dominique, Françoise et Marguerite Laperrine, frères et sœurs, colloqués pour leurs légitimes, sur les biens de Guillaume Laperrine, leur père, saisis à la requête de Françoise Laborie, leur mère.
Appelés sous les drapeaux en 1793, il servit plusieurs années, en qualité d’officier d’état-major.
Resté à Carcassonne, il s'y livra , conjointement avec son frère aîné aux opérations de la banque.
Nommé en 1804, administrateur de l’hospice, il consacra, pendant 26 ans, ses soins et son zèle à la prospérité de cet établissement beaucoup moins florissant alors qu’aujourd’hui. Nommé plusieurs fois membre du tribunal de commerce, il apporta dans l’exercice de ses fonctions une aptitude et une rigidité de principes peu ordinaire.
Source : Le journal de Toulouse, le 30/12/1850
Le second fils, Jean, prend une direction tout à fait différente et nous retrouverons cette dualité à la génération suivante. Il a épousé Jeanne Ramel, issue d’une famille de drapiers bien connue de Montolieu et, associé à Charles-Borromée, le troisième fils, il connaît une montée en puissance rapide de sa production textile à partir de 1759.
AD Aude – 1769 – B 575 : Procédures poursuivies au criminel : par Dominique Ramel, Jean Cathala et Jean-Dominique Laperrine, gardes jurés de la draperie de Carcassonne, pour raison des injures contre eux proférées par deux garçons de Pellet, aîné, lors de la visite qu’ils faisaient chez les teinturiers, suivant le pouvoir donné par les règlements de leur corps, pour saisir et confisquer les laines volées aux fabricants par leurs ouvriers.
Symbole de sa richesse, il achète, en 1780, la maison située au 47, rue A. Ramond, demeure prestigieuse puisqu’elle a appartenu aux Bellissens de Malves, puis aux juges-mages Roux de Puivert et Jacques Danty. Son acquisition traduit une incontestable ascension sociale et de solides moyens financiers.
À la veille de la Révolution, il occupe le douzième rang dans la hiérarchie des fabricants et voit dans les changements qui surviennent à partir de 1789 la possibilité d’acheter des biens du clergé. Aussi participe-t-il à plusieurs ventes aux enchères organisées à cette occasion, et il acquiert une partie des propriétés de l’évêché, à Villalier. Il achète ensuite des domaines appartenant à des nobles ayant émigré en 1793, en particulier Baudrigues (commune de Roullens) et La Bastide de Madame, route de Limoux, à Carcassonne. Il dispose également d’importants capitaux investis dans l’activité textile. Décédé à 80 ans, en 1813.
Dominique son fils épouse, en 1802, Pauline d’Hautpoul sœur du futur ministre de Charles X et de Louis Napoléon Bonaparte.
Il continue la tradition drapière de la famille, il vend, en 1816, certains biens fonciers et investit ces capitaux dans l’usine de l’île, qui vient d’être construite en face du Moulin-du-Roy. Cependant, dès 1824, il cède ses actions pour revenir à la terre.
à Dominique Lamarque, le père de son futur gendre
Source : familleAvec l’appui de son beau-frère , se lance dans la carrière politique : élu député en 1827, il siège au centre droit, vote le plus souvent avec les royalistes modérés, mais n’est pas réélu en 1830.
Ceci demanderait à être vérifié. À cette époque son dit beau-frère ne s’était pas encore lancé en politique. Cette carrière commençant justement comme député de l’Aude à partir de 1830.Aude
Conseiller de préfecture de 1815 à 1817. Membre de la chambre de commerce de Carcassonne en 1824, et du conseil général de commerce en 1825; chevalier de la Légion d’Honneur en 1827. Nommé député par le grand collège en novembre 1827
Source : Statistique constitutionnelle de la Chambre des députés de 1814 à 1829… Par J. B. M. BraunAyant pris l’habitude de se faire appeler Laperrine d’Hautpoul, il mène ensuite une vie de propriétaire-rentier.
Le ministre des finances s’exprimait ainsi à l’appui de son recours contre la décision du conseil de préfecture de l’Aude, qui avait déchargé le sieur Laperrine d’Hautpoul de la patente : « Le sieur Laperrine d’Hautpoul exerce la profession de banquier ; l’instruction le prouve, et lui-même en convient ; seulement il prétend que ses opérations ne sont ni assez étendues ni assez importantes pour l’assujettir à la patente de banquier, et, à l’appui de cette assertion, il cite plusieurs ordonnances du roi qui avaient semblé d’abord établir effectivement que, pour être soumis à cette patente, il fallait tenir une maison de banque dans laquelle les commerçants pussent trouver en tout temps du papier sur les principales villes de France et de l’étranger… »
Mais cette jurisprudence a été modifiée depuis, et il suffit aujourd’hui qu’un individu fasse des opérations de banque l’objet habituel de ses spéculations, quelle que soit d’ailleurs l’importance de ces opérations ou de la localité où il les traite, pour qu’il doive la patente de banquier.
C’est ce qui résulte de toutes les ordonnances rendues sur la matière à Paris, le droit fixe est de 1,000 Fr.; dans les villes d’une population de 50,000 âmes et au-dessus, de 500 Fr. ; dans les villes de 30,000 à 50,000 âmes, et dans celles de 15,000 à 50,000 âmes, qui ont un entrepôt réel, ce droit est de 400 Fr.; dans les villes de 15,000 à 30,000 âmes, et dans les villes d’une population inférieure à 15,000 âmes, qui ont un entrepôt réel, il est de 300 Fr.; enfin, dans toutes les autres communes, le droit fixe est de 200 Fr.
À ces droits il faut joindre le droit proportionnel du quinzième de la valeur locative des maisons d’habitation et locaux servant à l’exploitation comme nous l’expliquons infra.
(1855) Répertoire méthodique et alphabétique de législation, de doctrine et de jurisprudence, Désiré Dalloz via Google books Il avait en effet hérité de Baudrigues et apparaît comme l’un des fondateurs à la fois de la Société d’agriculture et du Cercle du salon.
M. Dominique Laperrine, chevalier de l’ordre royal de la Légion d’Honneur, banquier, membre de la commission administrative des hospices, et du conseil général de l’Aude, conseiller municipal à Carcassonne, ancien conseiller de préfecture, ancien président du tribunal de commerce, député de l’Aude sous la Restauration, est mort à Carcassonne, le 6 février courant.
(9 février 1847) La dépêche de Toulouse Son fils aîné Charles embellira Baudrigues, lui donnant son aspect actuel.
Son fils Armand épouse Julie Carles, fille d’un banquier, qui a acheté le numéro 20 de notre rue de la République, où réside désormais cette branche de la famille. Armand se lance également dans la banque, mais son entreprise fait faillite en 1849 et il gardera seulement la maison de la rue de la République ainsi que le domaine de Gaure (Rouffiac-d’Aude).
C’est un frère de ce banquier, Alphonse, receveur des finances de Castelnaudary et de l’arrondissement, qui sera le père du général Henri Laperrine.
Le parcours de cette famille illustre un phénomène fréquent aux xviiie et xixe siècles dans notre région : la draperie rapporte pendant longtemps des sommes importantes, qui sont progressivement investies dans la terre et la rente quand l’industrie textile fournit moins de bénéfices.
L’originalité des Laperrine est cependant qu’à chaque génération existe, chez les cadets, la tentation de continuer dans les affaires, qu’il s’agisse d’industrie ou de banque.
Claude Marquié (2001) La Dépêche de Toulouse, corrigé (en italiques) d’une confusion sur Jean et Dominique ; et complété en octobre 2015 de documents identifiés aux archives de l’Aude et qui restent à récupérer via
Dernière lettre écrite par Monsieur Laperrine à sa fille pour lui souhaiter la fête
Tu comprendras, chère Clary, tous mes regrets de ne pouvoir me réunir à la famille pour te souhaiter bonne fête. Que je t'embrasse du meilleur cœur, chère enfant, et tu es convaincu de tout le bonheur que je te souhaite !
Réjouis toi d’avoir contribué à celui dont il est possible que j'aie joui dans cette vie ? C'est une satisfaction que tu dois avoir et en ce jour, c'est une assurance que je dois te donner parce que rien ne peut être plus agréable que la reconnaissance paternelle, que tu as mérité.
Adieu excellente Clary, je t'embrasse avec la plus vive tendresse.
Dominique Laperrine
Le 11 août 1846
Faîtes-moi Miséricordes, ô mon Dieu !
Oh que je crains, d’après ce que j'éprouve journellement d’être retiré subitement de ce monde. Que votre sainte volonté soit faite !
M'était permis, ô mon Dieu. de vous demander une grâce, je vous prierai de m'accorder encore quelques années de vie, afin que je puisse prodiguer à mes enfants les soins et les avis dont ils ont encore tant de besoin. Que la sainte volonté de Dieu soit faite !
Ainsi soit-il !
1864
Guitalens (Tarn), ce 22 mars 63
Ma chère cousine,
J’ai demandé et obtenu du gouvernement le rapatriement des cendres du général Henri Laperrine, enterré auprès de son ami le père de Foucaud à Tamanrasset.
Devant les tristes évènements qui se passent en Algérie, j’ai craint que sa tombe ne soit violée et sa dépouille dispersée. J’espère que vous approuverez mon initiative ainsi que le fait toute la famille. Le corps du général sera enterré dans la chapelle funéraire des Laperrine d’Hautpoul au cimetière Saint-Michel à Carcassonne où il reposera auprès de son frère ainé monseigneur Gaston Laperrine et de son grand-père Dominique, époux de Pauline d’Hautpoul.
Dès que la date de la cérémonie au cours de laquelle les honneurs militaires lui seront rendus sera fixée, je vous avertirai du jour et l’heure, espérant que vous pourrez y assister ainsi que vos enfants.
Croyez, ma chère cousine, à mes meilleurs sentiments.
Comtesse de la Jonquière