Larue Mise à jour mai 2022
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  • mai 2022
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xviiie
xixe
xxe
Joseph
Jean-Paul
Très certainement collatéraux, guillotinés sous la Terreur, voir ci-dessous
Joseph
Suzanne Grave
Avocat et avoué, juge suppléant au tribunal de première instance de Pamiers
Antoinette
François Alard

Larue sous la Terreur

Le conventionnel Vadier et ses collègues de la représentation de l’Ariège

Marc-Guillaume-Alexis Vadier, qui fut successivement militaire, conseiller au sénéchal-présidial de Pamiers, député de cette sénéchaussée aux Etats-Généraux de 1789, président du tribunal du district de Pamiers, membre et président de la Convention nationale, membre et président du Comité de sûreté générale, naquit à Pamiers, le 17 juillet 1736, de Guillaume Vadier, bourgeois et receveur des dîmes du clergé de ce diocèse, et de dame Philippe de Massot.

Cet homme, qui fut de haute stature, vigoureux de santé, dépassa l’âge octogénaire et s'éteignit dans une robuste vieillesse, vint au monde frêle et chétif, et peu s'en fallut qu'en entrant dans l’existence il passât de vie à trépas. Les chanoines qui entouraient son berceau durent l’ondoyer et remettre à plus tard la cérémonie du baptême. Volontaire, à dix-sept ans, dans le régiment de Piémont, il devint lieutenant trois ans après, fait la campagne d’Allemagne, en 1767, dans l’année de Soubise, assiste à la déroute de Rosbach, abandonne l’armée, et acquiert, en 1770, l’office de conseiller au présidial de Pamiers, en remplacement de Daliot-Lafage, décédé. L’avocat du roi à ce présidial, François Darmaing, opposait obstacle sur obstacle à l’installation de Vadier, et refusait de remettre les lettres de provision. Il fallut un arrêt du Parlement de Toulouse pour l’y contraindre. A dater de cette époque commence entre ces deux hommes, également hautains et passionnés, une antipathie, une haine qui s'avivait chaque jour et qui atteignit son paroxysme pendant la période révolutionnaire, chacun des deux adversaires luttant dans un camp politique opposé. Vadier triompha ; il envoya Darmaing à l’échafaud.

[…]

Vadier était orgueilleux et rancunier. L’avocat du roi, François Darmaing, ainsi que son frère, Gérôme Darmaing, avocat, étaient à Pamiers, à la tête d’une petite fraction de la bourgeoisie, ayant l’esprit étroit et vaniteux, affectant les allures et les prétentions de la petite noblesse, qui tenait rigueur à Vadier de son origine. François Darmaing l’appelait dédaigneusement le fils d’un laquais.

L’âme hautaine de Vadier était ulcérée. A l’un de ses accusateurs qui lui reprochait son origine plébéienne, il répondait dans un vigoureux libelle : Avec quelle bassesse ce calomniateur prend-il l’occasion d’attaquer jusques à mon origine ? Tu mens là-dessus, vil imposteur, comme sur tout le reste ; mon père eût-il été tel que tu le dépeins, je ne rougirais pas de lui appartenir, puisqu'il a vécu sans reproche et qu'il a emporté, à sa mort, les regrets et l’estime de tout le monde et surtout des pauvres. Il était receveur des décimes et non pas cuisinier. S'il a existé des épigrammes là-dessus, le mépris qu'elles méritaient a dû en éterniser l’oubli.

Repoussé par une caste qui n'était, en réalité, qu'une coterie, Vadier se tourna vers le peuple, où il trouva des coeurs chauds et dévoués. Il lui rendit en dévouement cette affection, dans un gtave procès que les pauvres de Pamiers eurent à soutenir contre l’administration de l’hospice, il défendit les pauvres avec énergie. Sa popularité était conquise : il fut nommé député aux Etats-Généraux. Son coeur débordait de ressentiment et de haine contre cette société qui l’avait humilié. Pour la détruire, il mit en activité tous les ressorts d’une nature vive et passionnée, fourbe et brutale, violente et insensible jusqu'à la cruauté, se raillant des gémissements des victimes dont le sang l’éclaboussait.

[…]

Le 28 pluviôse, il dénonce de Paris, à Chaudron, le juge de paix de Pamiers, Vignes, qui fut son partisan et son ami dévoué au début de ia Révolution. Le premier service que tu as à rendre à mon pays et à ma ville est de le délivrer de. cet homme. Il faut ensuite réincarcérer les aristocrates les plus saillants, tels que Castel, Darmaing, Larue, Duchalonge, Lernercié (abbé) ; Bayle, ex-président du tribunal criminel ; Sicre, Séré fils, Dartiguières, Bribes, Belbèze, Gardebosc, Garrigou, Layroule, Charli aîné, Montalègre, les Rigal frères, Bardou fils, Palmade, Montsirben frères, Lacvivier, Servolle, Déramond,de Saint-Paul ; Pauly, d’Artigat, Soleres-Beauce, à Varilhes ; Guerre, du Caria ; Garligues, de Daumazan ; Leychard, Dedieu, Cassain, Caubère, Michel, Martimort, de Mazères ; Malrac, Caudeval, Montfaucon, Tournier, Dénat, Deloum, Dufresne, Manent-Tamby, à Mirepoix. Je me borne, pour cette fois, à cette liste, parce que le courrier me presse. Je reviendrai à la charge, s'il le faut. J'attends tout de ton zèle, tu peux compter sur le mien. Je t'embrasse bien cordialement.

[…]

Un premier convoi de citoyens ariégeois fut dirigé sur Paris dans les premiers jours de floréal an II. Ils comparurent le 23 prairial devant le tribunal révolutionnaire, furent condamnés à mort et exécutés, le même jour, à la porte SaintAntoine.

Le 2 thermidor, quatre nouveaux Ariégeois comparaissent devant les mêmes juges ; ils sont condamnés à mort et exécutés sur la place du trône.

Vadier les avait poursuivis de sa haine. Le 4 prairial, il écrivit à Fouquier-Tinville : Ces scélérats ont montré depuis l’origine de la Révolution une aversion profonde pour le nouveau régime... Je t'observe que si, par malheur, ces hommes pouvaient être acquittés, ce serait une calamité publique. 

Un troisième convoi de citoyens, au nombre de soixante, extraits des prisons de l’Ariège, fut dirigé sur Paris, dans les premiers jours de thermidor, tous victimes vouées par Vadier (Voici leurs noms : François Darmaing, Jérôme Darmaing, Jean Montsirben, Jean-Pierre Montsirbent, Rigail, Rigail-Moinier, Palmade-Fraxine, Joseph Larue, Noël Castel, J.-P. Lame, de Pamiers) à l’échafaud. De nouveaux transports de prisonniers étaient préparés. Vadier paraissait résolu à décimer l’Ariège.

[…]

Vadier avait pris une part active à la chute de Robespierre pour sauver sa propre tête fort menacée ; mais, dès le lendemain, il écrivait aux Sociétés populaires de l’Ariège pour leur annoncer le supplice du Catilina français et leur promettre la continuation plus énergique que jamais de la Terreur. Les événements tournèrent contrairement à ses prévisions. A dater de ce moment, son rôle politique est fini, bien qu'il ne disparaisse pas complètement de la scène, et que, après avoir erré pendant trois ans de cachette en cachette, il reparaisse tout à coup parmi les accusés de la haute Cour de Vendôme. Il vécut jusqu'au 14 décembre 1828, et nous nous proposons de raconter plus tard cette partie de sa vie, aussi instructive qu'intéressante.

La littérature sur cette affaire est très importante, voir aussi :

Pièces justificatives de la dénociation contre Vadier, contenant réfutation de la réponse de celui-ci à Lecointre et Darmaing par J. B. Darmaing

Vadier, président du Comité de sûreté générale sous la Terreur d’après des documents inédits / Albert Tournier