Source : Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse
Auteur : Emile Paloque
Séance publique annuelle du 7 décembre 1958
Provenance : Bibliothèque nationale de France
La période actuelle est assurément remarquable par les progrès des Sciences et des Techniques dont les possibilités sont chaque jour plus prodigieuses.
Parmi tant de réalisations récentes que l’on aurait jugées miraculeuses il y a peu de temps encore, le lancement d’un nouveau satellite de notre planète marque le commencement d’une ère nouvelle dans l’histoire de l’humanité.
Cet étonnant résultat n'a pas nécessité l’application de nouvelles propriétés de la matière car l’usage de la fusée remonte à une époque fort ancienne, quant au calcul astronomique de sa trajectoire autour de la Terre, il est depuis longtemps classique.
Cependant il a fallu découvrir le carburant et le comburant adéquats, réaliser des fusées à plusieurs étages munies de dispositifs de guidage, mettre au point d’énormes appareils dans lesquels des forces colossales obéissent à des mécanismes délicats, et tout cela pour lancer dans l’espace à une vitesse vertigineuse, mais précise un véritable bijou de l’électronique.
Dans quel but ces expériences ont-elles été faites ? Quels enseignements nous apportent-elles sur la haute atmosphère et sur le comportement des organismes vivants non soumis à la pesanteur ?
Quelles espérances bonnes ou mauvaises peuvent-elles nous donner ?
Pourrons-nous donc un jour quitter ce sol auquel nous pensions être à jamais enchaînés pour nous élancer dans l’espace à la conquête des Terres du Ciel ?
Autant de questions passionnantes pour ne pas dire angoissantes qui ne sont cependant pas nouvelles puisqu'au deuxième siècle de notre ère le philosophe Lucien avait décrit les péripéties d’un voyage dans la Lune, idée reprise au XVIe siècle par notre Cyrano de Bergerac qui, dans un roman sur le même sujet, utilise une caisse garnie de fusées d’artifice pour s'élever jusqu'à notre satellite.
Plus récemment, Jules Verne imagine un canon de 300 mètres de longueur dont le tube vertical est coulé à l’endroit même où l’obus doit être tiré à la vitesse de 16 kilomètres par seconde, mais il n'avait pas pris garde à l’énorme accélération qui eut été nécessaire pour atteindre cette vitesse considérable sur un aussi court trajet.
Cette accélération ayant pour effet d’augmenter le poids des objets, il est facile de calculer que, pendant le parcours de 300 mètres dans l’âme du canon, chaque voyageur aurait pesé au lieu de 80 kg, 350 tonnes, ce qui l’aurait instantanément réduit en bouillie, mais encore ne serait-ce pas la fin de ses malheurs, car dès la sortie de la bouche à feu, la résistance de l’air aurait porté l’obus au rouge blanc et calciné ses malheureux restes.
Les romanciers d’abord, les techniciens ensuite, s'intéressent à la question, et il paraît évident que les très grandes vitesses ne devront être atteintes que d’une manière progressive, condition que la fusée permet facilement de réaliser.
La fusée n'est certes pas une nouveauté, car son invention est aussi ancienne que celle de la poudre à canon et voilà près de mille ans qu'on en fait usage pour la guerre ou pour des réjouissances publiques ; elle servait régulièrement de projectile incendiaire au cours du moyen âge et les chroniques rapportent qu'elle fut utilisée en 1429 au siège d’Orléans où s'illustra Jeanne d’Arc ; cependant l’utilisation scientifique de la fusée n'a été envisagée que depuis le début de ce siècle, toutes les extraordinaires réalisations récentes étant des applications directes des études théoriques qui ont été faites par quatre personnes dont on ne peut ignorer les noms : le Russe Tsiokolwski, l’Américain Goddard, l’Allemand Oberth, et le Français Esnault-Pelterie qui fait paraître en 1928 un ouvrage sur l’utilisation des fusées en vue de l’exploration de la très haute atmosphère et des voyages interplanétaires, questions qu'il a étudiées d’une manière minutieuse avec de nombreuses formules à l’appui, établies pour la circonstance ; il a même donné un nom à cette nouvelle branche de l’activité humaine, l’Astronautique, mais un grand pas restait à faire pour passer de la théorie à la pratique.
Les Français qui, dans ce domaine, avaient été des précurseurs, ne devaient pas, hélas, recueillir le fruit de leur travail, puisque c'est au-delà du Rhin que les recherches se poursuivent avec ardeur, et c'est l’Allemand Oberth qui reçoit, en 1929, le prix Rep-Hirsch fondé en France pour encourager les recherches d’Astronautique.
Dès 1930, le gouvernement allemand subventionne ces recherches dont les résultats, très encourageants, semblent pouvoir être appliqués à des fins de guerre, et il crée, en 1936, la station expérimentale de Peenemünde, située à l’embouchure de l’Oder, dans l’île d’Usedom où il va dépenser sans compter en faisant appel aux techniciens les plus réputés. Pendant la guerre de 1939, près de 50.000 spécialistes ont travaillé là dans le secret le plus absolu pour mettre au point les V2 tristement fameux par les bombardements de Londres qui en reçut plus de 1 500 portant chacun une tonne d’explosif.
Alors que dans les fusées de feu d’artifice la propulsion est obtenue par combustion de poudre laissant dans le ciel un joli sillage lumineux, il a fallu tout d’abord découvrir la combinaison chimique la plus convenable, c'est-à-dire donnant un maximum d’énergie sous un minimum de poids et de volume ; encore fallait-il, pour la commodité de leur emploi et la régularité de leur débit que ce soient des liquides.
Les Allemands ont adopté comme carburant et comburant l’alcool méthylique et l’oxygène liquide quoique l’emploi de ce dernier corps soit difficile et dangereux car l’oxygène doit être incorporé dans la fusée aussitôt avant son lancement à une température voisine de -200° jusqu'au moment de son utilisation, cette température doit rester inférieure à celle qui rend l’oxygène gazeux, c'est-à-dire -183°, et cela malgré l’effroyable chaleur dégagée par la combustion, faute de quoi la fusée ferait explosion ; ce n'est donc pas un engin dont le maniement soit de tout repos. Quoi qu'il en soit, le V2 allemand avait 14 mètres de hauteur et pesait 12 tonnes et demie dont 4 tonnes d’alcool et 5 tonnes d’oxygène. Il était placé presque verticalement sur une plateforme orientable, son départ était donné de loin par un contact électrique.
Aussitôt une flamme gigantesque jaillissait à sa base dans un fracas assourdissant, au milieu d’un énorme dégagement de fumée, tandis que l’engin s'élevait tout d’abord avec une lenteur majestueuse, puis avec une vitesse de plus en plus accélérée pour disparaître en moins d’une minute, laissant dans le ciel une immense traînée nuageuse s'élevant à plus de 30 kilomètres de hauteur.
Un tel départ est, paraît-il, une des visions les plus saisissantes de l’industrie humaine surtout en songeant qu'un tel engin mis par sa vitesse à l’abri de toute défense sera peut-être demain le véhicule de la bombe à explosif nucléaire.
Mais pour la compréhension de ce qui va suivre, il est difficile de ne pas vous mettre au courant de quelques questions un peu théoriques.
La combustion provoque à la base de la fusée une force ascensionnelle égale à Ks, K étant la masse de matière éjectée par seconde et s la vitesse d’éjection des gaz exprimée en mètres par seconde, c'est donc cette vitesse d’éjection des gaz qui caractérise la qualité des corps en ignition et qui joue par conséquent un rôle primordial dans la propulsion des fusées.
On peut agir sur la force ascensionnelle en augmentant ou en diminuant le diamètre de la tuyère d’évacuation des gaz puisque on agit ainsi sur la masse de matière éjectée par seconde, mais dans toutes les fusées on a adopté une force ascensionnelle sensiblement égale au double du poids, une fois pour contrebalancer l’effet de la pesanteur, et une fois supplémentaire pour donner à la fusée une accélération dirigée vers le haut égale à celle que la pesanteur donne vers le bas à tous les corps. On a donc :
K s = 2 M0 g ou K = 2 M0 g / s
en désignant par Mo la Masse de la fusée et par g l’accélération de la pesanteur qui est égale à 9,81, mettons 10 dans les calculs qui vont suivre.
La combinaison alcool méthylique, oxygène liquide donne lieu à une vitesse d’évacuation des gaz de 2 000 mètres par seconde ; on a donc :
2 g / s = 1 / 100
d’où K = M0 100
La combustion fera perdre à la fusée un centième de sa masse à chaque seconde et par conséquent la totalité de la masse de la fusée sera brûlée en l’espace de 100 secondes, c'est-à-dire en moins de 2 minutes, mais encore ne peut-elle durer aussi longtemps, car la totalité de sa masse ne peut être constituée par du combustible, puisqu'elle comporte une enveloppe métallique importante et qu'elle a pour but de transporter une charge d’explosif.
En fait la combustion durait de 60 à 70 secondes, ce qui représente avec 9 tonnes de produits, un débit de 150 kg par seconde.
Voici donc notre fusée animée pendant 60 à 70 secondes d’une accélération qui est égale à celle de la pesanteur.
Cherchons donc à nous rendre compte de son mouvement.
Comme le savent la plupart d’entre vous, au bout du temps t écoulé depuis son lancement :
la vitesse de la fusée sera V = g t
le chemin parcouru L = 1/2 g t²
En faisant dans ces formules t = 1, on a :
V = g = 10
L = 1/2 g = 5
et l’on voit qu'au bout d’une seconde la vitesse sera de 10 mètres par seconde ou 36 kilomètres à l’heure, le chemin parcouru sera environ de 5 mètres.
La fusée partira donc assez lentement, mais elle va prendre rapidement de la vitesse car au bout de 10 secondes elle fera déjà 100 mètres par seconde, soit 360 kilomètres à l’heure, le chemin parcouru sera de 500 mètres et voilà déjà notre fusée dans les nuages, au bout de 70 secondes, c'est-à-dire au moment où se termine la combustion, la vitesse sera de 2 km ½ par seconde, le chemin parcouru de 24 kilomètres.
Si l’on voulait un résultat plus précis, il faudrait tenir compte d’une part de la résistance de l’air qui freine le mouvement, d’autre part du fait que la masse diminue rapidement par suite de la combustion des produits tandis que la force ascensionnelle reste la même, ce qui augmente au contraire l’accélération. C'est même cette dernière tendance qui l’emporte, de sorte qu'au bout de 70 secondes la fusée se trouve à une trentaine de kilomètres d’altitude, et elle se déplace à une vitesse de l’ordre de 3 km par seconde, soit plus de 10 000 km à l’heure, ce qui va lui permettre de s'élever jusqu'à 100 kilomètres de hauteur pour retomber presque verticalement à 350 kilomètres de distance.
Cette réalisation, qui date de 1942 était principalement l’œuvre de l’Allemand Dornberger, et de son principal collaborateur Von Braun ; tous deux ont continué leurs recherches en Amérique dans les services de l’armée avec un certain nombre des techniciens de Peenemunde.
De leur côté, les Russes n'ont pas négligé la question des fusées qu'ils utilisèrent dès 1941 contre les chars allemands et qui, après la guerre, ont été, certainement, l’objet d’importantes recherches si l’on en juge par les résultats actuels.
C'est donc dans ces deux pays que les progrès vont se poursuivre en vue d’augmenter sans cesse les performances et d’atteindre enfin une vitesse permettant au projectile de ne pas retomber au sol, mais nous sommes surtout au courant de ce qui a été fait en Amérique où projets et réalisations ont été l’objet d’une grande publicité.
Tout d’abord, c'est en 1953 qu'une société astronautique américaine d’amateurs, l’American Rockett Society, demande des subsides pour le lancement d’un satellite artificiel ; l’année suivante, le Professeur Singer, de l’Université de Maryland fait un exposé de la question au Planétarium de New-York ; il a en vue le lancement d’un petit objet ne pesant que quelques kilos.
C'est alors que l’idée fut prise en considération par les services de recherche de l’armée américaine où travaillait Von Braun et qui possédait tout un stock de fusées de guerre de divers calibres. En l’espace d’un an on met au point un système de fusées à plusieurs étages susceptible de lancer un satellite contenant divers appareils de mesure et un petit émetteur de T.S.F.
Les services de recherche de l’armée américaine avaient rapidement bricolé une fusée gigogne à trois étages en sciant au besoin des fusées existantes et en les raccordant par des intermédiaires assez peu aérodynamiques. Le premier étage était constitué par la fusée classique Jupiter, le second comprenait six fusées à poudre côte à côte, le troisième une seule fusée à poudre en arrière du satellite Explorer, mais comme on le verra dans un instant, le lancement de l’engin, interdit par le gouvernement américain n'aura lieu que quelques années plus tard.
Avant de vous raconter ce nouvel épisode, je m'excuse d’avoir encore à vous exposer quelques notions théoriques, mais la plupart d’entre vous supposent que le lancement d’un satellite artificiel soit autour de la terre, soit vers la Lune ou la Planète Mars exige des calculs difficiles et des connaissances transcendantes alors qu'au contraire les calculs préliminaires sont tellement simples que vous pourrez les exécuter vous-mêmes dans un instant.
La Terre étant une sphère de centre 0 et de rayon r, je suppose qu'en un point de sa surface on lance un projectile de masse m à la vitesse V dirigée suivant une direction perpendiculaire à la verticale.
Si le projectile n'était soumis à aucune force, il continuerait à se déplacer en ligne droite à une vitesse constante, mais pour qu'il décrive une circonférence autour du point 0, il faut qu'il subisse une attraction dirigée vers ce point et égale à :
m (V / r)
C'est là un résultat qui est connu depuis plusieurs siècles des mathématiciens.
Pour que le projectile continue à tourner indéfiniment autour de la terre, il faut que cette force soit égale à son poids m g qui l’attire vers la Terre, il faut donc que l’on ait :
m ( V² / r) = m g
ou V = g r
le rayon de la Terre r = 6.370.000 mètres, g = 9,81 et on obtient ainsi :
V = 7.900 mètres par seconde ou 7,9 km par seconde.
Mais afin d’échapper à la résistance de l’air lançons le projectile d’un point A situé à l’altitude h de plusieurs centaines de kilomètres avec la vitesse V toujours dirigée perpendiculairement à la verticale.
Pour que le projectile continue à tourner indéfiniment autour de la Terre suivant une circonférence, il faut que l’on ait :
V² = g' r' avec r' = r + h
g' étant l’intensité de la pesanteur au point A et comme celle-ci varie en raison inverse du carré de la distance
V2 = g r' (r² / r'²)
V2 = g ( r² / r')
V2 = g (r² / r + h)
Cette formule permet de calculer pour une altitude quelconque h la vitesse V qui fait tourner le projectile autour de la Terre à une vitesse constante.
Si l’on adopte l’altitude h = 600 kilomètres, on trouve V = 7,6 km par seconde.
A cette distance de 600 km de la Terre notre projectile fera 16 fois le tour de notre globe en l’espace de 24 heures et ce sont là sensiblement les données qui correspondent à la première fusée soviétique.
Mais que va-t-il se passer si la vitesse dirigée horizontalement n'est pas exactement de 7,6 km par seconde ?
On devine aisément que si la vitesse est inférieure à celle-ci, le projectile retombera sur le sol, mais, si elle est supérieure, il va décrire une ellipse plus ou moins allongée, le point où il passe au minimum de distance de la Terre est toujours le point A appelé périgée et qui correspond, comme nous l’avons dit, à l’altitude h, tandis que le point où il passe au maximum de distance est le point B appelé apogée qui correspond à l’altitude h'.
Si l’on désigne par 2a cette distance AB qui est le grand axe de l’ellipse décrite par le projectile on a la formule rigoureuse :
V² = g r² ( 2/r' – 1/a)
V² = 1 g r² ( 1 /(r + h) – 1/(2r + h + h')
et il est facile de s'assurer que dans le cas du mouvement circulaire a étant égal à r' nous retombons sur la formule déjà décrite
V² = g (r² / r')
Si nous adoptons encore 600 km comme altitude du point A, la formule ci-dessus permet de calculer la vitesse qui correspond à un point B situé par exemple à l’altitude de 1.400 km, on trouve alors V = 7,8 km par seconde et ce sont là sensiblement les données qui correspondent au lancement de la deuxième fusée soviétique. On voit qu'une augmentation de la vitesse relativement petite provoque un important allongement de l’orbite.
A mesure que la vitesse initiale augmente, le grand axe de l’ellipse s'allonge d’une manière qu'il est facile de calculer jusqu'à ce que ce grand axe soit infini, 1/a est alors nul et la formule devient
V² = 2 g r² / r'
la trajectoire n'est plus une ellipse mais une parabole, le projectile ne tourne plus autour de la Terre, il s'en éloigne indéfiniment.
Si le projectile est lancé à 600 km d’altitude cette dernière formule donne une vitesse de 10 km par seconde.
Si la vitesse est supérieure à 10,7 km par seconde le projectile échappe définitivement à l’attraction terrestre, quelle que soit d’ailleurs sa direction.
C'est donc à une vitesse initiale de 10,7 km par seconde qui lui permettra d’atteindre n'importe quelle planète.
Pour qu'un projectile devienne un satellite de la Terre, il faut donc qu'à une altitude de plusieurs centaines de kilomètres il ait acquis perpendiculairement à la verticale une vitesse comprise entre 7,6 km et 10,7 km par seconde. Or, nous avons vu qu'une fusée simple ne peut guère dépasser la vitesse de 3 km par seconde quand son combustible propulseur achève de se consumer, toutefois le V2 par exemple qui, au départ, pesait 12,5 tonnes, a encore une charge utile de 1,5 tonne, soit une masse huit fois moins grande quand il arrive au terme de sa combustion.
Comme l’avait signalé Esnault Pelterie, supposons que cette charge utile soit constituée par une seconde fusée qui sera automatiquement amorcée au moment voulu. Dans les hautes couches de l’atmosphère où la résistance de l’air devient très faible, cette seconde fusée pourra, en fin de combustion, atteindre la vitesse de 6 km par seconde. A ce moment, on pourra disposer d’une charge utile huit fois moins grande que 1,5 tonne, ce qui donne 180 kg.
Ce poids de 180 kg est suffisant pour constituer le troisième étage d’une fusée qui pourra atteindre une vitesse de 8 km par seconde, donc suffisante pour que le projectile devienne un satellite de la Terre, la masse de ce satellite étant huit fois moindre que 180 kg, ce qui donne environ une vingtaine de kilos.
Ce sont là sensiblement les données du premier satellite américain qui pesait 13 600 kg.
Mais encore faut-il que la fusée décrive la trajectoire calculée jadis par Oberth et qui lui permettra d’atteindre la direction et la vitesse convenables avec une dépense d’énergie minimum.
Le départ de la fusée doit avoir lieu suivant la verticale pour qu'elle traverse le plus rapidement possible les couches denses de l’atmosphère, mais ensuite la trajectoire doit s'incliner peu à peu.
La fusée doit donc être guidée et pour cela on agit sur la direction de la tuyère d’évacuation des gaz, bien que celle-ci soit à une température de l’ordre de 2 000 degrés.
Le problème serait simple si la fusée ne tournait pas autour de son axe, mais comme elle tourne au contraire sur elle-même d’une manière imprévisible, il a fallu mettre en œuvre un dispositif électronique délicat pour donner à tout instant à la fusée la direction convenable.
La vitesse, que la fusée doit atteindre au point A, n'est pas exactement celle que nous avons calculée car cette vitesse dépend de la direction de l’orbite par rapport à la Terre dont la vitesse de rotation va s'ajouter à la vitesse de la fusée si celle-ci est dirigée vers l’est, tandis qu'elle va s'en retrancher si le lancement a lieu vers l’ouest. Telle est la raison pour laquelle tous les satellites sans exception ont été lancés vers l’est.
Le gouvernement américain, craignant que l’expérience n'ait un caractère trop belliqueux, interdisait à l’armée la mise en exécution de son projet, tandis que la Maison Blanche,, au cours d’une conférence de presse dont le compte rendu paraissait dans tous les journaux, faisait connaître que la marine américaine était chargée de mettre au point le dispositif de lancement de plusieurs satellites artificiels au cours de l’année géophysique internationale 1957-58, et cela dans un but strictement scientifique qui a d’ailleurs été exposé en grand détail aux journalistes.
Tandis que la marine poursuivait activement recherches et expériences sur le lancement des satellites au moyen de fusées à plusieurs étages, les Américains mettaient en service des engins tactiques nouveaux d’une formidable puissance, telle par exemple la fusée intercontinentale Atlas de 100 tonnes qui devait transporter à 8 000 km de distance les plus grosses bombes à explosif nucléaire ou encore la fusée Bomarc qui, devant transporter ces mêmes bombes à quelques centaines de kilomètres, est propulsée au début de sa course par un réacteur classique disposé sur le côté de l’appareil ; mais pour en revenir à nos satellites, la marine reprenant entièrement le problème, a minutieusement étudié les mécanismes de la fusée et les dispositifs électroniques qu'elle devait transporter avec elle, si bien qu'elle a dépensé 35 milliards pour la mise au point de la fusée Vanguard de 10 tonnes et de son satellite Pamplemousse pesant 10 kg. Mais, demanderez-vous, quels sont les buts scientifiques justifiant une pareille dépense ? Leur énumération vous paraîtra fastidieuse, mais peut-on les passer sous silence alors que leur réalisation, marquée d’un si brillant succès, a coûté plusieurs centaines de milliards à l’humanité.
Ces buts constituent les résolutions prises par les spécialistes de la haute atmosphère au Congrès International de Géodésie et de Géophysique de 1954 en vue d’étudier divers phénomènes que l’on ne peut expérimenter autrement qu'en effectuant des mesures à haute altitude.
Jusqu'à 100 km on peut se contenter d’appareils portés par des fusées simples, aussi le programme de l’Union Géophysique Internationale comporte-t-il le lancement d’un grand nombre de ces engins, mais au-dessus de 100 km il faut avoir recours aux satellites artificiels.
Même si ceux-ci ne contenaient aucun appareil de mesure, ils pourraient déjà nous donner des renseignements d’un haut intérêt scientifique.
Ainsi la résistance de l’air rapprochera peu à peu le satellite de la Terre. L’observation précise de son mouvement fera donc connaître la densité de l’atmosphère aux diverses altitudes, élément qui intervient dans de nombreux problèmes et que l’observation des satellites est seule capable de nous fournir.
Les ondes de T. S. F. sont déviées d’une façon qui dépend de la densité des ions dans la haute atmosphère. On comptait déduire celle-ci de la comparaison entre la direction des ondes émises par le satellite et la direction du satellite lui-même, (nouvel élément essentiel qui permettra en particulier de mieux comprendre la transmission des ondes de T. S. F. à grande distance.
Une fois l’orbite d’un satellite bien déterminée, ses positions observées permettront de connaître avec précision la longitude et la latitude de l’observateur et voilà les méthodes de la cartographie extraordinairement transformées et simplifiées.
Ce sont là des résultats pratiques importants ne faisant intervenir que des observations terrestres, mais les satellites doivent transporter dans leurs flancs de nombreux appareils de mesure et voici en particulier ceux qui devaient faire partie de l’équipement du Vanguard.
Tout d’abord un compteur de Geiger qui doit servir à la mesure des rayons cosmiques avant que ceux-ci n'aient heurté les premières particules de l’atmosphère. il faut donc opérer à très haute altitude.
Ces mesures devaient avoir lieu automatiquement toutes les 30 secondes, soit 180 fois au cours de chaque révolution d’une durée prévue de 1 heure et demie.
On se proposait de mesurer avec une grande précision le champ magnétique terrestre dont les variations singulières restent encore à expliquer, les mesures devant être également transmises au sol par T. S. F.
On devait aussi étudier le rayonnement ultraviolet du Soleil.
A cet effet, les rayons solaires traversent un filtre ne laissant passer qu'une raie spectrale de l’ultraviolet ; ce rayonnement est projeté sur une cellule photoélectrique dans laquelle se développe un courant électrique qui dépend de son intensité lumineuse et qui est transmis au sol par T. S. F.
On prévoyait la mesure du rayonnement du Soleil et de la Terre d’après la température de quatre petites boules, l’une blanche, l’autre noire et les deux autres différemment teintées.
On voulait être renseigné sur les perforations éventuelles d’une paroi mince de l’engin par la poussière météorique rencontrée en cours de route, cette paroi étant celle d’une enceinte sous pression le rythme de la diminution de pression devait faire connaître la dimension des trous.
En outre, un détecteur d’érosion permettait d’évaluer l’usure provoquée par des poussières météoriques beaucoup plus fines.
Il va sans dire que la transformation de ces mesures délicates en signaux de T. S. F. a soulevé des problèmes difficiles, mais, quoi qu'il en soit, toutes les mesures devaient être enregistrées sur magnétophone à ruban, puis transmises au sol sur l’ordre d’une télécommande actionnée par une station terrestre et ainsi dépouillées tout à loisir, les initiés pouvant seuls en déchiffrer le sens.
Il est vraiment remarquable qu'on ait pu rassembler tant d’appareils dans une sphère de 50 centimètres de diamètre ne pesant qu'une dizaine de kilos. Celle-ci, parfaitement hermétique devait contenir un gaz inerte sous pression, afin d’augmenter sa résistance tout en isolant les circuits électriques.
Signalons encore que certains appareils électroniques du Vanguard avaient été exécutés en France.
Les ingénieurs américains achevaient de mettre au point fusée et satellite quand, en juin 1957, le journal « La Pravda », organe gouvernemental de l’U.R.S.S. faisait paraître une communication du Président de l’Académie des Sciences, le Professeur Nesmejanov, annonçant qu'un premier satellite soviétique serait prochainement lancé et qu'à l’occasion de l’année Géophysique Internationale, c'est-à-dire pendant la période juillet 1957 – Décembre 1958, les Russes lanceraient plusieurs satellites et 125 fusées, tandis que les Américains devaient lancer 12 satellites et environ 200 fusées, les Japonais 80 fusées.
Malgré cette annonce et de nombreux articles parus pendant les mois qui suivirent, dans les journaux illustrés de l’Union Soviétique, la nouvelle du lancement d’un nouveau satellite de la Terre réalisé le 4 octobre 1957 et paru en manchette dans les journaux le lendemain 5 octobre, produisit dans le monde entier une impression sensationnelle.
On apprenait peu de jours après que le satellite, c'est-à-dire en russe le Spoutnik était une sphère de 58 cm de diamètre pesant 83 kg 600 et qu'il évoluait à faible distance de la fusée porteuse avec une vitesse de 28.800 kilomètres à l’heure, lui faisant accomplir une révolution en 1 h. 35, soit 15 révolutions par jour autour de la Terre, son périgée étant à 210 km d’altitude, son apogée à 945.
Il a été lancé d’un point élevé de la chaîne du Caucase avec une inclinaison de 65° par rapport à l’équateur afin qu'il puisse être observé de tous les points de la Terre situés entre les latitudes -65° et +65°.
Ce nouvel astre mis dans le ciel par la main de l’homme a suscité de tous côtés la curiosité du grand public et comme son orbite passait successivement au zénith de tous les points de la Terre situés entre les cercles polaires, on a pu l’observer facilement à l’œil nu de tous les pays civilisés un peu avant le lever du jour ou peu après la tombée de la nuit alors que lui-même situé à grande altitude était illuminé par le Soleil, tandis que les sanfilistes étaient prévenus de son passage par ses « Big, Big, Big » émis sur 15 mètres de longueur d’onde.
Quoiqu'un peu dépités par une réalisation dont ils pensaient avoir le monopole, les Américains furent cependant les observateurs les plus acharnés de cet astre qui venait faire concurrence à leur industrie.
Malgré la rigueur de la saison, des postes d’observation s'organisèrent sur les buildings, et leurs, nombreuses places furent rarement inoccupées devant des appareils à miroir permettant de regarder le ciel commodément sans lever la tête et en restant assis.
Ce furent surtout les techniciens des satellites qui furent surpris en apprenant le poids du Spoutnik qui, d’après leurs calculs, nécessitait une fusée initiale de 40 à 50 tonnes, mais ils furent littéralement bouleversés par le lancement effectué le 3 novembre 1957 d’un deuxième Spoutnik qui avait le poids formidable de 508 kg 300 et qui évoluait sur une orbite beaucoup plus excentrique que la précédente, entre les altitudes extrêmes de 210 km et 1 680 km, enfin le monde entier fut mis en émoi en apprenant que la chienne Laïka était à l’intérieur de l’engin et que des appareils de T. S. F. devaient transmettre régulièrement les pulsations de son cœur, la pression de son sang, le rythme de sa respiration, la température et la pression à l’intérieur de sa niche.
Elle avait été préalablement entraînée à conserver contre elle les divers appareils enregistreurs, tout en restant à peu près immobile ; elle recevait toutes les trois heures une boule alimentaire, alors qu 'un suintement d’eau, le long des parois de sa niche lui permettait à tout instant de se désaltérer. Ce régime n'était d’ailleurs prévu que pour quelques jours, à la fin desquels une dernière boule contenant un violent poison devait mettre fin à ses jours.
Après le coup de théâtre des deux Spoutniks, il est à présumer que les Américains poursuivirent avec une activité fébrile la mise au point de leur Vanguard, mais qu'ils le lancèrent sans doute prématurément, car celui-ci fit explosion au départ le 6 décembre 1957 en détruisant le satellite Pamplemousse aux subtils mécanismes électroniques.
Une nouvelle fusée Vanguard étant tombée en panne sous la pluie en janvier 1958, l’armée américaine fut autorisée à sortir de la naphtaline sa fusée Jupiter, équipée par Von Braun depuis 1955 avec ses trois étages et son satellite de 13 kg 600 dénommé Explorer.
Ce lancement, qui eut lieu le 31 janvier, aurait pu être facilement réalisé trois années auparavant. Il fut un succès, car l’Explorer a longtemps gravité autour de la Terre, entre les altitudes 320 km et 3 200 km.
Le 17 mars, nouveau succès américain, la Marine lançant son premier Vanguard, qui atteint à l’apogée l’altitude de 4 000 km ; le 26 mars, l’armée américaine réussissait le lancement d’un second Explorer avec une fusée à 4 étages.
Le 15 mai dernier, lancement sensationnel d’un troisième Spoutnik du poids extraordinaire de 1 327 kg dont près d’une tonne d’appareils scientifiques. Celui-ci a pu être facilement observé à l’œil nu ; en réalité ce n'est pas le satellite lui-même mais la troisième fusée porteuse que vous avez pu apercevoir, et comme celle-ci tournait sur elle-même assez rapidement, sa trajectoire dans le ciel a été marquée par une série de 15 à 20 apparitions et disparitions successives.
Cette troisième fusée porteuse a été désintégrée par l’atmosphère au début de décembre après avoir accompli 2 800 révolutions tandis que le Spoutnik continue sa ronde autour de la Terre.
Signalons encore le lancement d’un quatrième satellite américain type Explorer réalisé le 26 juillet dernier.
Découvertes scientifiques obtenues par les satellites.
Nous ne connaîtrons qu'à la fin de l’année géophysique l’ample moisson de découvertes qui sera le fruit de tant d’efforts et de dépenses ; voici cependant quelques résultats généraux.
La région où évoluent les satellites est moins vide qu'on ne le supposait et l’on devra réviser les théories actuelles sur la pénétration des rayons solaires dans ce milieu relativement dense.
Par contre, les rayons cosmiques tout comme la poussière météorique sont moins à craindre qu'on ne l’avait cru jusqu'à présent.
La température des satellites, qui subissent successivement 45 minutes de jour et 45 minutes de nuit, s'est maintenue entre 10° et 30°, ce qui conviendrait à un organisme humain, mais par contre on a mis en évidence à partir de 400 km d’altitude des radiations radioactives particulièrement dangereuses et dont les futurs voyageurs interplanétaires devront se protéger efficacement.
La réception des signaux de T. S. F. émis par les satellites n'a pas trompé nos espérances, car elle a fourni des résultats précis sur la densité des électrons libres aux diverses altitudes, ce dont on peut attendre des applications pratiques importantes.
Mais une question primordiale restait à élucider ? Comment les Russes avaient-ils pu lancer un satellite de plus d’une tonne alors que le poids des engins américains ne dépassait pas 20 kg ?
On sait que le fameux rapport des masses, rapport de la masse de la fusée au départ à la masse encore utilisable en fin de combustion varie en raison inverse de la vitesse d’éjection des gaz.
Avec une vitesse de 2 km par seconde, le rapport des masses est sensiblement égal à 8 pour chaque fusée considérée isolément. Le rapport entre la masse et la fusée initiale et celle de la masse utilisable propulsée par le troisième étage est 8 X 8 X 8 soit environ 500. Une fusée de 10 tonnes ne pourrait donc, suivant cette théorie, lancer un satellite pesant plus de 20 kg, mais pour lancer un satellite de 1 300 kg il faudrait alors une fusée pesant 6 à 700 tonnes ce qui représente le poids des trains les plus longs circulant actuellement entre Paris et Toulouse.
On n'a jamais supposé que les Russes avaient mis en œuvre une fusée d’un poids aussi fabuleux, mais alors fallait-il admettre qu'ils venaient de faire une grande découverte en ce qui concerne les Propergols, c'est-à-dire les produits combustibles des fusées sur lesquels ils ont toujours conservé la plus grande discrétion.
De tous côtés, les chercheurs se sont mis au travail pour découvrir la clé de l’énigme, et ce ne fut pas sans succès car on est parvenu, avec les mêmes corps, à doubler la vitesse d’évacuation des gaz, ainsi la combustion de l’alcool méthylique dans l’oxygène liquide donne lieu actuellement à une vitesse de 4 000 mètres par seconde au lieu de 2 000, ce qui permet de multiplier par 8 le poids d’un satellite sans modifier celui de la fusée initiale.
On a également découvert de nouvelles combinaisons susceptibles de donner des vitesses d’évacuation des gaz notablement plus grandes, mais chacune des réactions envisagées présente de sérieuses difficultés d’application, par exemple l’action du fluor sur le bore ou le lithium ; en effet, le fluor a des propriétés tellement corrosives qu'il attaque le verre, la porcelaine et tous les métaux précieux à des températures peu élevées ; que sera-ce si celles-ci atteignent plusieurs milliers de degrés. On cherchait donc à réaliser avec des matériaux synthétiques des chambres de combustion résistant à toutes ces attaques. Malheureusement, nous n'avons que des renseignements fort incomplets sur ces recherches qui intéressent la défense nationale, mais on peut être assuré que certaines ont abouti si l’on en juge par le dernier lancement américain d’un satellite de près de 4 tonnes.
Cette remarquable performance, qui a été réalisée au moyen de la fusée Atlas portée de 100 à 120 tonnes et équipée avec des Propergols nouveaux, est cependant du même ordre que celle du troisième Spoutnik dont les 1 300 kg ne représentaient que le poids des appareils scientifiques et de leur enveloppe ; en y ajoutant le poids du cône antérieur et de la fusée porteuse, on arrive sensiblement aux 4 tonnes du satellite américain.
Maintenant que le lancement des fusées et des satellites artificiels semble rentrer dans le domaine de la banalité, on peut essayer de faire un pas nouveau en cherchant s 'il est possible d’y remplacer les robots électroniques par des observateurs vivants.
La question de la température se trouve réglée par des expériences récentes puisque celle des satellites n'a varié qu'entre les limites fort convenables de 10° et 30°.
L'entretien de la respiration ne présentera pas non plus de trop grandes difficultés car on peut avoir une importante réserve d’oxygène comprimé et les gaz viciés peuvent être facilement évacués vers l’extérieur. La poussière météorique et les rayons cosmiques semblent moins agressifs qu'on ne pouvait le craindre.
S'il ne s'agissait que de s'élever à quelques centaines de kilomètres d’altitude pour redescendre suivant la verticale le problème ne présenterait pas de difficulté théorique.
Au départ et pendant toute la période de combustion, le poids du voyageur serait seulement doublé, ce qui serait pour lui sans inconvénient s'il prenait soin de s'allonger sur un matelas.
Arrivé à une vitesse nulle au terme de son ascension, il pourrait effectuer la descente en restant à l’intérieur d’une enveloppe métallique relativement légère mais sérieusement calorifugée afin qu'il ne soit pas incommodé par une forte augmentation de la température extérieure due au frottement contre les molécules d’air, les ouvertures successives de plusieurs parachutes adaptés à la vitesse et à la densité de l’air devant lui permettre de revenir au sol sans dommage. Son impression serait la même que celle d’un parachutiste s'élançant dans le vide.
C'est là une expérience qui a déjà été réalisée 14 fois par les Russes avec des chiens dont toutes les réactions étaient transmises au sol par T. S. F. et qui ont pu reprendre pied sur la terre en bonne forme mais jusqu'à présent aucun homme n'a encore tenté l’aventure.
Cependant on ne peut encore songer à mettre des voyageurs dans les satellites qui circulent à près de 30 000 kilomètres à l’heure car deux questions essentielles restent encore à régler ; d’une part la nourriture dans un milieu privé de pesanteur, d’autre part les possibilités de retour sur la Terre.
La force centrifuge due au mouvement de l’engin autour de la Terre est exactement compensée par son poids, de sorte que les voyageurs ne pèseront plus ; il leur sera désormais impossible de distinguer ce qui est en haut de ce qui est en bas, ils flotteront pour ainsi dire dans leur cabine et au moindre mouvement de leurs muscles iront en cogner durement les parois.
Tous les objets devront être solidement arrimés au risque de flotter, pêle-mêle, dans un indescriptible désordre. On aura beau déboucher une bouteille et la retourner, il n'en coulera rien.
Des expériences d’impesanteur ont été faites en France et en Amérique à bord d’un avion qui, étant à grande altitude se laisse tomber par son propre poids, mais qui, bien entendu, actionne de nouveau ses moteurs avant d’arriver au sol afin d’éviter la catastrophe.
Pendant la chute, les occupants ne pèsent plus, ils sentent le plancher se dérober sous eux, impression plutôt fâcheuse que vous pourriez avoir dans un ascenseur dont le câble serait tout à coup rompu.
Ils ont été photographiés flottant dans leur cabine, tantôt allongés, tantôt recroquevillés, touchant indifféremment le sol et le plafond, mais dans l’impossibilité d’accomplir aucun geste utile, cependant une fois revenus dans des conditions normales, ils ne ressentirent aucun malaise particulier. Il est vrai que l’expérience, faite au centre d’essai de Brétigny et dirigée par l’aviateur Lelièvre, n'avait duré que 15 secondes, ce qui paraît déjà long quand on ne sait pas comment va se terminer l’aventure.
Les Américains sont parvenus à faire durer l’expérience plus longtemps, 45 secondes.
Le major Stallings et le docteur Gerathewohl ont expérimenté dans des conditions analogues les effets physiologiques de l’impesanteur ; ils avaient emporté avec eux un chat, une balle de golf attachée à une ficelle, une bouteille d’eau et un petit maillet de caoutchouc.
Alors qu'un chat retombe si bien sur ses pattes quand il est sur la Terre, celui-ci, lancé dans la cabine pendant la période d’impesanteur, y est resté suspendu les pattes en l’air, ne sachant plus de quel côté se trouvait le sol.
La bouteille a dû être secouée pour que l’eau puisse en sortir, mais elle est restée en l’air sous la forme d’une grosse goutte.
Le Major et le Docteur furent dans l’impossibilité d’absorber un liquide avec une paille et tandis que le Docteur vérifiait ses réflexes avec le petit maillet de caoutchouc, celui-ci lui échappa des doigts, l’objet se mit à flotter dans la cabine et vint le frapper fortement sur l’occiput.
Bref, les voyages d’agrément dans les espaces célestes ne sont pas encore tout à fait au point et ils le sont d’autant moins que nos voyageurs seraient exposés à bien d’autres mécomptes que l’impesanteur.
C'est ainsi que la résistance du milieu diminuera peu à peu leur altitude jusqu'à ce que le frottement contre les molécules d’air à une centaine de kilomètres au-dessus du sol ne dégage une chaleur si intense que le projectile serait volatilisé à la manière d’une étoile filante.
Pour que nos voyageurs aient quelque chance de revenir sains et saufs sur la Terre, il est nécessaire qu'un système de fusées diminue peu à peu la vitesse afin que celle-ci soit suffisamment réduite pendant la traversée de l’atmosphère et que l’engin vienne se poser doucement sur le sol en évitant tout accident d’atterrissage, mais alors cette dépense supplémentaire d’énergie presque aussi importante que celle qui est mise en œuvre pour le lancement, serait hors de proportion avec la masse de nos satellites actuels de sorte que le problème du, retour sur la Terre de voyageurs occupant des satellites n'est pas encore résolu.
Le problème serait grandement facilité si l’on se contentait de vitesses un peu moindres, aussi peut-on prévoir dès à présent que pour les voyages à la surface de la Terre, le véhicule de l’avenir sera une combinaison de l’avion à réaction et de la fusée assurant un déplacement très rapide en dehors des couches denses de l’atmosphère.
La direction de marche d’un tel engin devant passer en cours de route de la verticale à l’horizontale, toute circulation des voyageurs y sera rendue impossible. Ceux-ci auront à subir d’importantes variations d’accélération qui pourront tantôt doubler leur poids, tantôt le réduire à néant ; on ne pourra donc songer à leur servir des repas, ce qui importe peu, si les plus longs trajets ne durent que quelques instants.
Les voyageurs ne seront cependant pas incommodés par ces conditions exceptionnelles s'ils restent allongés sur des couchettes, auxquelles ils seraient solidement fixés par des courroies et qui s'orienteraient automatiquement de manière à leur donner l’impression qu'elles restent à l’horizontale, tandis qu'autour d’eux les parois du véhicule prendraient des inclinaisons tout à fait inquiétantes.
Vous penserez sans doute que le pilote sera fort peu à son aise, mais il n'y aura plus de pilote, l’engin devant être exclusivement dirigé par télécommande électronique, ce qui lui permettra de circuler même sans aucune visibilité.
Les Américains étudient, paraît-il, un engin de ce genre qui atteindrait 6 000 kilomètres à l’heure, vitesse assurément très inférieure à celle des satellites, mais avec laquelle la simple résistance de l’air permettrait d’effectuer un freinage efficace. La durée du trajet Paris-New-York serait ainsi réduite à trois quarts d’heure, mais on fera mieux par la suite.
Vous étiez venus m'écouter en caressant le rêve de voyages prochains dans des planètes idylliques et il est bien temps de songer à quitter la Terre pour voyager en pays plus lointains.
Vous vous souvenez qu'une vitesse initiale de 10,7 km par seconde permet d’échapper à l’attraction terrestre sans échapper pour cela à l’attraction du Soleil autour duquel notre projectile va tourner comme une petite planète.
Un calcul analogue montre qu'il faut une vitesse de 42 kilomètres par seconde pour que le projectile soit libéré de l’attraction solaire et qu'il puisse évoluer parmi les étoiles, mais comme la durée de la vie humaine est insuffisante pour atteindre les étoiles les plus proches, nous nous contenterons d’envisager les possibilités de voyages à l’intérieur du système solaire qui présentent déjà une difficulté suffisante.
Cherchons tout d’abord dans quelles conditions nous pourrions lancer un projectile sur la Lune.
Le calcul montre qu'il faut pour cela lui donner une vitesse initiale supérieure à 10 kilomètres par seconde, l’attraction de la Lune aidant à la propulsion ainsi d’ailleurs que le mouvement de rotation de la Terre sur elle-même si l’on a soin de lancer le projectile vers l’Est.
Il y a entre la Terre et la Lune un point situé à 345 000 km de la Terre où les attractions des deux astres se font sensiblement équilibre.
Avec la vitesse initiale de 10 km par seconde, notre projectile passerait en ce point à une vitesse nulle, cette vitesse est donc un peu insuffisante, elle doit être au moins portée à 11 km par seconde, soit 40.000 km à l’heure si l’on veut avoir quelque chance de le faire arriver jusqu'à la Lune.
Si la vitesse est insuffisante pour atteindre le point d’égale attraction, le projectile retombera sur la Terre comme il est advenu à la suite des deux dernières tentatives faites par les Américains.
Ceux-ci ont tout d’abord utilisé la belle fusée Thor à 4 étages de 30 mètres de hauteur pour le lancement vers la Lune des Pionniers I et II, mais la 1" fusée fit explosion le 17 août à 15 km de hauteur. L’expérience renouvelée le 12 octobre ne fut qu'un demi-succès, le Pionnier ayant atteint l’altitude de 126.000 kilomètres ; enfin vous avez encore en mémoire la tentative infructueuse du 6 décembre dernier qui a permis d’atteindre l’altitude encore insuffisante de 104.000 kilomètres.
Comme on pouvait le prévoir, ces deux derniers projectiles sont retombés sur la Terre, n'ayant pas atteint le point d’égale attraction.
Au contraire, si l’un d’eux avait franchi ce point, deux cas auraient pu se présenter.
Une vitesse dirigée vers la Lune l’aurait évidemment précipité vers elle, tandis qu'une vitesse dirigée un peu sur le côté, lui aurait fait décrire une parabole autour de notre satellite dont il aurait abandonné l’attraction sans recevoir aucune impulsion supplémentaire, le simple jeu des forces de gravitation faisant de lui une petite planète tournant indéfiniment autour du Soleil sur une orbite très excentrique analogue à celle des comètes périodiques.
Or, c'est là exactement le sort de la fusée lunaire soviétique du 2 janvier dernier dont le lancement constitue un remarquable succès scientifique et technique.
Tandis que les satellites artificiels de la Terre sont rapidement freinés par la résistance de l’air, c'est pendant l’éternité que celui-ci va poursuivre sa ronde autour du Soleil.
Bien que dès à présent ses appareils émetteurs de T. S. F. soient réduits au silence et que son éloignement ne nous permette plus de l’observer, même avec nos instruments les plus puissants, son orbite traversant celle de la Terre, on peut prévoir que nous nous en rapprocherons à intervalles réguliers de l’ordre de plusieurs années et il est permis d’espérer que nous aurons parfois l’occasion de le découvrir dans le champ photographique de nos astrographes.
Un immense progrès vient donc d’être réalisé en matière de propergols puisque cette fusée russe n'avait que deux étages, comme d’ailleurs la dernière fusée américaine, ce qui n'est encore pas leur seul caractère commun, puisque l’une et l’autre étaient munies d’un dispositif de guidage par télécommande électronique actionné depuis la Terre ; toutefois ce guidage ne peut être efficace que pendant la période d’ignition, c'est-à-dire tout au plus pendant les dix premières minutes de vol.
Mais, demanderez-vous, sommes-nous éloignés du temps où l’on pourra prendre un billet pour la Lune ou la planète Mars aussi facilement que nous prenons une place dans l’avion de New-York, ce qui aurait paru vraiment chimérique au début de ce siècle ?
Cela est encore impossible aujourd’hui, mais ne le sera peut-être plus demain car l’esprit humain n'est jamais à court de ressources et voici quelques-unes des solutions qui sont actuellement envisagées :
On pourrait, par exemple, effectuer la première moitié du trajet en accélérant sans cesse le mouvement avec le rythme que donnerait la pesanteur à un corps qui tombe sous son poids et la seconde moitié du trajet en diminuant la vitesse suivant le même rythme ; à tout instant l’accélération serait égale à celle de la pesanteur, ce qui aurait l’avantage de laisser au voyageur et à ses bagages leur poids habituel, de diminuer considérablement la durée du trajet et d’arriver au sol à une vitesse nulle.
Mais le problème n'est pas encore résolu car il faudrait disposer pendant toute la durée du trajet à l’aller comme au retour de l’énergie formidable que la fusée met en œuvre au départ pendant quelques minutes, encore ne suffit-il pas d’une dépense d’énergie que les réactions nucléaires pourraient nous fournir sous un minimum de poids et de volume car la fusée ne peut être propulsée qu 'en abandonnant seconde par seconde une fraction importante de sa propre masse qui, de toutes façons, se trouvera réduite à néant en l’espace de quelques minutes, alors que nous aurions besoin de disposer de cette énergie pendant quelques heures consécutives, ne serait-ce que pour atteindre la Lune et être certains d’en revenir, de sorte que dans l’état actuel de nos connaissances cette solution reste encore irréalisable.
En voici une autre. Nous ignorons complètement la cause et le mécanisme de l’attraction universelle qui attire tous les corps les uns vers les autres et qui provoque en particulier la pesanteur.
On a pu jusqu'à présent rattacher l’attraction universelle à aucun phénomène connu tel qu'électricité, magnétisme, chaleur, lumière, etc., mais quand on sera parvenu à découvrir cette énigme, il sera peut-être possible d’agir sur la pesanteur, de la supprimer ou de la rétablir à volonté, ce qui modifierait complètement le problème et donnerait à l’humanité des possibilités nouvelles. tout à fait extraordinaires.
Mais pourrons-nous jamais vaincre cette pesanteur dont jusqu'à présent le caractère semble tellement immuable ?
Le problème de la propulsion des fusées resterait commandé par la vitesse d’expulsion des gaz.
On ne peut espérer qu'une réaction chimique dégageant de la chaleur permette de dépasser une vitesse d’expulsion d’une dizaine de kilomètres par seconde, mais s'il était un jour possible de provoquer à la base de la fusée, la projection de myriades de particules atomiques infiniment petites, à la façon d’un rayonnement lumineux, c'est-à-dire à la vitesse de 300 000 kilomètres par seconde au lieu de 10 seulement, les voyages interplanétaires ne présenteraient plus désormais aucune difficulté et l’on a peine à imaginer toutes les applications qui pourraient être faites d’une si étonnante découverte ; vous pouvez donc être assurés que la science vous ménage encore bien des surprises.
Supposons, par anticipation, que le problème soit résolu et que nous soyons à même de nous déplacer rapidement à l’intérieur du système solaire dans des engins aussi confortables que nos wagons-lits, en nous ravitaillant même en cours de route dans ces futures villes-laboratoires de l’espace dont on nous a présenté les maquettes à Moscou, pouvons-nous espérer beaucoup d’agrément ou de profit d’un séjour dans la Lune ou dans quelque autre planète.
L’élément essentiel de la réponse est sans doute que jamais nous ne pourrons vivre librement ailleurs que sur la Terre.
La matière vivante a une extraordinaire faculté d’adaptation, mais celle-ci ne s'exerce que fort lentement. Il a fallu peut-être un milliard d’années pour qu'une évolution progressive quoique discontinue ait pu réaliser à partir d’un protoplasma informe le mécanisme compliqué de nos fonctions vitales ; or, celui-ci est si bien adapté aux conditions qui règnent à la surface de notre globe que la température et la pression rendraient notre vie impossible à dix kilomètres seulement au-dessus ou au-dessous du niveau de la mer, en supposant donc que nous ayons le moyen de nous transporter dans une autre planète, nous ne pourrons sortir d’un engin blindé, climatisé, sans être aussitôt suffoqués par la chaleur ou transis par le froid ; nous manquerions d’oxygène ou bien nous serions asphyxiés par des gaz délétères ; nous ne trouverions certainement pas les aliments convenables. Tous les astres sont strictement inhabitables pour l’homme.
Sur la Lune par exemple, nous serions privés de ces deux éléments indispensables pour nous que sont l’air et l’eau.
Pendant le jour lunaire qui dure 14 de nos jours terrestres, le sol de la Lune est porté à une température supérieure à 130 degrés, tandis que pendant la nuit elle descend à 150 degrés au-dessous de zéro. Toutes ces circonstances y rendraient notre vie impossible.
La planète Mercure n'a pas davantage d’atmosphère, et la température y dépasse dans la journée 200 degrés.
Les atmosphères de Vénus et de Mars sont totalement privées d’oxygène, elles ne conviennent donc pas à notre respiration.
Sur Jupiter, la température est inférieure à 135 degrés au-dessous de zéro, et l’atmosphère est principalement composée de vapeurs d’ammoniaque.
Quant aux autres planètes, elles sont littéralement glacées.
Si donc nous avons un jour le moyen d’entreprendre des voyages dans les espaces interplanétaires à l’intérieur d’une confortable soucoupe volante qui reste encore à inventer, nous pourrions rendre visite à la Lune et aux planètes sœurs de la Terre qui, depuis si longtemps, excitent notre curiosité, mais sans sortir cependant de notre véhicule astral qui nous permettrait de survoler leurs surfaces inhospitalières afin de les apercevoir de tout près dans nos hublots.
Mais pouvons-nous espérer qu'il sera un jour possible de fouler le sol d’une planète autre que la Terre, après avoir endossé un scaphandre à vide muni d’un appareil à oxygène pour l’entretien de la respiration et qui aurait aussi pour but de nous protéger contre des températures trop rigoureuses, mais surtout contre des radiations radioactives particulièrement dangereuses dans le vide.
Cette possibilité reste encore très aléatoire en ce qui concerne la Lune, mais comme celle-ci présente le grand avantage de se trouver tout à fait dans notre voisinage, c'est certainement vers elle que se porteront nos premiers efforts, bien que nous aurions peut-être plus de chances de réussir sur des planètes plus éloignées, Vénus et Mars dont les conditions de température diffèrent moins des nôtres.
Il est vrai que la température de Vénus peut atteindre 70 degrés, ce qui est bien chaud et que sa surface reste constamment voilée à nos regards par des nuages de brume et de poussière, ce qui n'est guère engageant.
Au contraire, la planète Mars a un ciel toujours limpide, nous connaissons les détails géographiques de sa surface dont on a dressé la carte ; dans certaines régions d’égale latitude on a même constaté des variations saisonnières d’aspect que l’on attribue généralement à de la végétation. Justement, les biologistes admettent que certains organismes terrestres, tels que bactéries, champignons, algues et mousses résisteraient à son atmosphère d’azote et de gaz carbonique raréfiés, ainsi qu'à ses variations de température oscillant chaque jour entre + 10° et -60°, mais peut-on en conclure qu'une évolution progressive a développé sur cette planète des êtres doués de l’intelligence.
Cela n'est pas impossible, mais comment nous en assurer autrement qu'en allant là-bas, et quelle entreprise serait pour nous plus passionnante ?
A la vitesse moyenne de 10 kilomètres par seconde, qui exigera une vitesse initiale de 14,5 km par seconde soit 53.000 kilomètres à l’heure, il faudra 66 jours soit à peine plus de deux mois pour atteindre la planète Mars au moment où celle-ci est la plus proche de nous, ce qui n'a rien de prohibitif.
Aussitôt arrivés à destination, nous aurons hâte de revêtir notre carapace de verre, de métal et de caoutchouc qui essayée avec succès dans le vide et qui laisse paraît-il une grande liberté de mouvements. On peut espérer que nous la supporterons sans fatigue, la pesanteur atténuée de la planète Mars ne nous donnant que le tiers seulement de notre poids.
Plus légers et plus alertes que jamais avec quel enthousiasme nous lancerons-nous à la découverte de ce monde nouveau où nous aurons peut-être l’inestimable surprise de rencontrer des habitants.
Espérons qu'ils seront moins agressifs que ceux qui furent jadis décrits par Wells dans « La guerre des Mondes », ce qui permettra peut-être d’établir avec eux des relations cordiales et de profiter de leurs connaissances supraterrestres.
Nous pourrons assurément les photographier, mais l’atmosphère raréfiée de la planète Mars ne permettant pas une propagation convenable du son de la voix ni de l’harmonie musicale, nos rapports avec des Martiens resteront toujours difficiles ; enfin il ne serait certainement pas prudent de nous éloigner beaucoup de notre véhicule interplanétaire dans lequel nous ne tarderons pas à reprendre notre place, et il est à craindre que malgré son confortable factice, nous ne soyons sujet à une pénible impression d’emprisonnement pendant les deux mois que durera notre voyage de retour sur la Terre.
Aussi est-il à prévoir qu'à la suite de cette expérience nous ressentirons mieux encore que par le passé tous les liens qui nous rattachent à notre planète et nous n'apprécierons que davantage les bienfaits de notre bonne vieille Terre si décriée, mais nous aurons vécu cependant une extraordinaire aventure.