Nous savons, dans les grandes lignes :
1840, Jules est élu maire d'Auriac-sur-Vendinelle
26 février 1848, Jules prend possession de la sous-préfecture de Villefranche (les premiers événements à Paris datent du 22 février)
18 juin 1848, Jules dissout le conseil municipal de Revel
18 juin 1848, Jules est dénoncé pour n'avoir pas payé l'impôt des 45cent
2 juillet 1848, plainte d'Auberjon contre Jules qui aurait dissout toutes les municipalités de son arrondissement
26 août 1848, destituion de Jules
19 août 1849, Mandat de comparution
3 décembre 1851, Jules signe la proclamation contre le coup-d'état de Louis Napoléon
11 décembre 1851, Jules est recherché par François Sans, maire de Toulouse
13 janvier 1852, un mandat d'arrêt est émis contre l'anarchiste Jules
17 janvier 1852, Jules est inscrit dans la liste des compromis par le préfet Galli
11 avril 1854, Jules est assigné à résidence à Albi
16 juin 1854, Jules est assigné à résidence à Sorèze
1854 - 1855, Jules est empéché de se déplacer et multiplie les correspondances
6 octobre 1855, Jules est grâcié
27 novembre 1855, Jules obtient un sauf-conduit pour se déplacer librement
Nous maître des requêtes préfet de la Haute-Garonne, vu la loi du 21 mars 1831 ; vu les procès-verbaux d’élection de la commune d’Auriac ; arrêtons au nom du roi,
Article premier M. Pebernad Jules est nommé maire de la commune d’Auriac
Article deux la prestation de serment et l’installation de M. Pebernad auront lieu en séance du Conseil municipal dont la réunion est autorisée à cet effet.
Fait à Toulouse le 20 août 1840.
Signé Joseph Floret
Villefranche le deux septembre 1840
Monsieur,
J'ai l’honneur de vous transmettre ampliation de l’arrêt de monsieur le préfet qui vous nomme maire de la commune d’Auriac.
J'ai l’assurance monsieur que vous justifierez la confiance que l’administration a mis en vous et que vous lui prêterez votre loyal concours.
Ci-joint ampliation de l’arrêté de monsieur le préfet qui nomme le sieur cor Pascal adjoint de votre commune je vous prie de bien vouloir lui en faire la remise.
Vous voudrez bien me transmettre le procès-verbal que qui aura été dressé lors de votre installation et de celle de votre adjoint
M. Pebernad Jules, maire d’Auriac
La période, suivant Bertrand Bonnet, peut se classer :
…en fonction des trois périodes que l’on distingue généralement : la période révolutionnaire, de février à mai ; la période réactionnaire, de mai 1848 à novembre ; celle enfin du coup d’État de décembre 1851 aux premiers mois de 1852.
Toulouse a depuis la Révolution la réputation – fondée – d’être une « ville rouge », ce n’est pas pour autant une ville industrialisée, et, dans ce « grand village » qu’elle est encore, la population ouvrière est très faible [ ]. On s’expliquera ainsi sans peine le peu de poids du socialisme (au sens strict) dans l’agglomération : par « ville rouge », il faut comprendre une ville à forte tradition républicaine avancée, avec même un certain héritage « jacobin ». Toujours est-il que la vie sera [en 1851] désormais très dure pour les républicains du département.
Il ne se passe à vrai dire pas grand-chose au moment du coup d’État dans le département, qui n’est pas soumis à l’état de siège, à la différence de certains départements voisins comme le Gers, où des milliers de paysans prennent les armes ; la répression n’y sera donc pas aussi « traumatisante ». Toutes proportions gardées, elle sera quand même extrêmement lourde, avec nombre de sentences de déportation ; elle paraîtra d’autant plus arbitraire, puisque, en l’absence d’actes insurrectionnels constatés, tous les condamnés le seront uniquement pour leurs idées.
Jules et son beau-frère Vivent se lanceront dès 1848 dans l’aventure de la seconde république, puis s’opposeront au coup d’état du 2 décembre 1851 par lequel Louis Napoléon pris le pouvoir, ce qui leur vaudra de faire les frais de la répression qui s’en suivra.
PEBERNAT-LANGAUTIER, PEBERNAD-LANGAUTIER ou PEBERNARD (Jules). Beau-frère de Vivent ; propriétaire, sous-commissaire du gouvernement provisoire à Villefranche-de-Lauragais en février 1848 ; considéré comme le chef du parti socialiste dans ce canton, signataire de l’appel de L’Émancipation et de La Civilisation du 3 décembre 1851, il parvient à s’enfuir, puis est condamné par la Commission mixte de la Haute-Garonne à l’internement hors du département et à la surveillance de haute police le 24 février 1852. Il sera autorisé à rentrer à Toulouse le 8 décembre 1855.
A.D. -G., 4 M 74 : Bonne moralité, à part l’exagération de ses opinions et son antipathie pour le pouvoir actuel, Pebernad est un citoyen irréprochable
VIVENT (Joseph François). Beau-frère de Pebernat-Langautier ; minotier, juge au tribunal de commerce de Toulouse, administrateur des hospices, membre du Conseil municipal durant quinze ans, membre de la Commission provisoire municipale et départementale présidée par Joly au début de la iie République, il effectue un certain nombre de révocations au nom de ce dernier ; signataire de l’appel de L’Émancipation et de La Civilisation du 3 décembre 1851, il est arrêté pour cette raison le jour même ; la Commission mixte de la Haute-Garonne le condamne à l’éloignement temporaire du territoire français le 21 février 1852, mais sa peine est commuée en celle de la surveillance le 4 avril suivant.
Bertrand Bonnet (2005-2006) la répression politique sous la IIe république, mémoire de recherche présenté Via Université des Sciences Sociales de Toulouse
Pleins pouvoir du Commissaire extraordinaire,
Reçu le samedi 26 février 1848
A 3h du matin
Préfecture de la Haute-Garonne
Monsieur et cher concitoyen
Le gouvernement républicain étant définitivement installé à Paris, il importe de régulariser le mouvement et de remplacer sans délai les autorités instituées par le gouvernement déchu.
En conséquence, à lettre vue, vous irez à Villefranche requérir de Monsieur le sous-préfet au nom du gouvernement provisoire, de résigner ses fonctions entre vos mains.
Vous révoquez le maire actuel nommerez une commission municipale provisoire, et convoquerez la Garde Nationale pour lui demander son adhésion à la nouvelle forme de gouvernement.
En un mot vous prendrez, en vertu de la présente délégation, toutes les mesures qui vous paraîtront nécessaires pour assurer la tranquillité publique dans les circonstances nouvelles où le pays se trouve placé.
Recevez Monsieur et chers concitoyens, l’assurance de ma considération la plus distinguée.
Le Président de la Commission municipale et Départemental.
Joly – H. Vivent
Voir à la préfecture de la Haute-Garonne, aux archives, le dossier de Pebernad ce qui suit en est extrait.
Je suppose que ces documents ont dû être recopiés par Marcellin
Pour respecter l'ordre chronologique, j'ai déplacé certains textes qui ne sont plus à côté de leur source
Sous-préfecture de Villefranche, Haute-Garonne.
Ce jourd’hui, 26 février 1848, en vertu des pouvoirs à nous, confiés par les membres de la Commission départementale de la Haute-Garonne, nous nous sommes présentés à l’hôtel de ville de la sous-préfecture de Villefranche.
Nous avons sommé l’ancien sous-préfet de résilier en nos mains le pouvoir qu’il tenait du gouvernement déchu. Il n’a voulu le faire qu’après avoir dressé une protestation ci-après transcrite et que nous avons signé ne voyant aucun inconvénient à cette formalité.
Immédiatement après, l’ancien sous-préfet a fait monter les employés de ses bureaux, nous a fait reconnaître par eux comme son successeur et nous a livré le cachet et les archives.
Suis la protestation.
L’an 1848 et le 26 février s’est présenté dans l’hôtel de la sous-préfecture, M. Pebernad Langautier, lequel nous a présenté une délégation du président de la Commission départementale de la Haute-Garonne qui lui confère les pouvoirs de sous-préfet de l’arrondissement de Villefranche et nous a sommés de lui livrer le sceau et les archives de la sous-préfecture, à quoi nous nous sommes refusés, le motif pris de ce que nous n’avons reçu aucun avis officiel et direct des autorités nouvellement constituées, ni des autorités antérieures.
Mais ledit, M. Pebernad nous ayant fait donner connaissance par M. Abeillon, lieutenant de gendarmerie, des ordres que cet officier avait reçus de ses supérieurs et émané du ministre de la guerre. Nous avons cru ne pouvoir nous opposer plus longtemps à la prise de pouvoir qui a eu lieu immédiatement. Ont signé avec nous et M. Pebernad les personnes présentes, Auguste Faure, ex-sous-préfet Pebernad Langautier délégué du gouvernement provisoire, Godefroy Calès docteur en médecine, Mouchan avoué et Désarneaux, signé à l’original Pebernad signé pour copie conforme.
Proclamation.
Citoyens et gardes nationaux.
Nos frères de Paris viennent d’instituer le gouvernement républicain. Ce gouvernement si conforme à notre civilisation. Honneur à eux, sachons nous montrer aussi bon citoyen en adhérant de toutes nos forces à ce pouvoir qui consacre les droits de tous, que les idées de désordre, de pillage, d’anarchie ne soient pas confondues avec celles qu’on doit se faire d’une République.
Citoyen , soyez tous pénétrés de cette vérité pour assurer la durée d’un gouvernement quelconque et surtout d’un gouvernement républicain, il faut respect absolu à la propriété, aux personnes aux consciences et aux lois.
Vive la République !
À l’hôtel de la sous-préfecture de Villefranche, le 26 février 1848.
Le membre délégué de la Commission départementale pour l’arrondissement de Villefranche.
Pebernad Langautier signé
Pardon, mon cher M. Pebernad ,
Une lettre de Calès m’est arrivée et quoique à votre adresse, je ne sais comment cela s’est fait, la cire tient amollie sous mes doigts ; il me semble à présent que vous m'y avez autorisé… Lisez, lisez, vous en verrez de belles et encore, il ne veut pas tout dire. Où allons-nous, mon Dieu ?
Que s.. vous direz le préfet ; ses deux lettres pour le Ministre sont-elles une bourde ou une déception pouvons-nous moins flatteur… si lequel qu’il soit de pouvoir vous conserver parmi nous.
Fais une lettre de cour non-nulle foin, nous ce n’est pas être de Durailh, ce n’est pas mon plus mettre aussi Vaquier, c’est vous, c’est vous qui devez et qui serez membre du Conseil général, ne nous endormons pas et agissons en conséquence, ils ne vous veulent, ils vous subiront.
Autre lettre de Fauri, ici de p… même matin, il a bien de la peine de ce qui nous arrive, et seulement de faire quelques jours que vous avez fraternisé, s’il pouvait nous être utile voyons. Vous pouvez du foin de leur cousin de Nevi, c’est-à-dire sans aucune retenue réserve.
Adieu, adieu, mes hommages respectueux à toute votre famille et recevez expression franche et sincère de ma bien vive amitié que les heures qui la… ne changent jamais.
A vous de celui
Mouchan
Ce lundi soir
Nous viendrons demain ; dans le cas contraire un mot par…
Le Faget, le 12 mars 1848
Le sieur Mercier Toussaint demande qu’étant second de la commission, l’écharpe lui soit remise par l’adjoint.
Bon, mon cher ami. Je remercie de l’attention que tu as pour moi de me porter, membre de la commission de notre commune. Tu me feras plaisir de m'écrire à qui doit appartenir l’écharpe de l’ancien adjoint. Si c'est à l’un ou à l’autre, il me semble qu’étant nommé le second de la Commission, elle devrait m'appartenir à moi. Notre président n’a pas voulu nous faire aucune explication sur cela.
Je pense que comme il se trouve un peu ambulant et qu’il veut donner l’écharpe à qui ne doit pas appartenir, je te demande une explication de ta part le plus tôt possible. L’écharpe appartient à la commune.
Je me suis occupé de te chercher une famille pour Langautier que Madame m'a prié. Les bonnes familles sont placées, comme il se trompe un peu, ta Madame Vivent m'a dit aussi de chercher une autre.
Je ne peux remplir ni pour toi, ni pour l’autre, les familles de cinq hommes braves sont rares, mais je travaille toujours pour vous autres deux
En attendant le plaisir de te voir, je te salue de tout mon cœur.
Mercier Toussaint
Dourgne, le 20 mars 1848, pétition Caraven, répondu le 29 mars 1848
M. Jules Pebernad Villefranche
Dourgne, ce 3 mars 1848
Mon cher Jules
Haute…est ma belle épouse mais elle a aussi du pays. Je viens vous en donner la preuve aujourd’hui. Vous rendrez service au pays et à dix amis.
Le major Caraven voudrait faire appuyer auprès de M. Joly un certificat pour l’école d’Alfort afin d’y faire recevoir son fils.
Si vous pensiez nous servir dans cette action nous en aurions tous ici une totale reconnaissance.
Adieu, recevez mes compliments sur notre pouvoir et soyez sur de ma vielle amitié…
de Momalm
Dourgne, le 18 mars 1848
Mon cher cousin
Je viens te prier au nom de la famille Caraven d’avoir la bonté de prier M. Joly, commissaire du gouvernement, de vouloir bien appuyer auprès du ministre de la Guerre la pétition de Paul Félix Caraven qui sollicite une bourse à l’école militaire vétérinaire d’Alfort. La bourse lui avait été promise, mais le défaut de taille l’en priva l’année dernière, le jeune homme n’avait que 1m635, et à l’époque du tirage au sort il en avait 1m650 ; peu de choses pour avoir la taille demandée.
Né le 23 janvier 1827 à Dourgne dans le Tarn, décédé de maladie, le 10 avril 1861 à Saigon où il était sergent dans un régiment de Chasseur à pied.
Il est très bien peut même avoir la taille pour son entrée à l’école. Il serait cependant nécessaire d’adresser cela à M. Joly et de le prier d’obtenir du ministre de la Guerre la dispense de taille. Le jeune homme apporté le numéro 85 et…
Persuadé mon cher cousin que tu emploieras tout ton crédit pour la réussite de cette affaire et que le bon M. Vivent auquel je te prie de faire bien mon affectueux et respectueux, compliments voudra bien aussi donner son concours.
La famille Caraven, qui se trouve dans une position tout à fait intéressante vous en tiendra le plus grand compte ainsi que votre cousine et Martin qui ne t'oublie point, mon cher Jules t'en sauras le meilleur gré.
Je suis charmé que cette occasion me procure le plaisir de te faire mon compliment de félicitations au sujet de la place que tu occupes et de te renouveler l’assurance des sentiments que je conserve toujours pour toi et pour toute ta famille.
Ta bien affectionné, cousine.
Amélie Fabre
PS. Embrasse pour moi, je te prie, tes cher petits enfants et ne manque pas de faire bien mon amitié à Félicie et Alix.
Dourgne, 20 mars 1848
A monsieur le sous-préfet à Villefranche
N'ayant pas l’honneur de connaître, le commissaire du département du Tarn, je viens, monsieur le sous-préfet, vous prier d’avoir la bonté d’apostiller la pétition ci-jointe que fait mon fils tendant à demander une bourse à l’école militaire vétérinaire d’Alfort. En connaissant depuis longtemps votre obligeance, j'ose espérer que vous voudrez bien l’envoyer à M. Joly, commissaire général pour le département du Tarn, et le prier de bien vouloir l’adresser lui-même au ministre de la Guerre après l’avoir recommandé à M. Le ministre sur votre recommandation.
Je vous adresse aussi une lettre de Mademoiselle Fabre, votre cousine et de M. Eugène de Momalm de Lagardiolle qui veulent bien intercéder pour moi
Attendant cette complaisance de vous, j'ai l’honneur d’être Monsieur le sous-préfet, votre très humble et dévoué.
Caraven ainé
Vive la république
Au citoyen commissaire extraordinaire de la Haute-Garonne
Villefranche de Lauragais, 25 mars 1848
Ses fonctions auraient dû l’attirer plus souvent. Nous comptons sur votre justice après vous être éclairés sur les faits.
Salut et fraternité
Louis Peyret maçon, Gd Peyret fournisseur du gravier
Adressé au citoyen sous-commissaire à Villefranche
Villefranche, le 24 mars 1848
Les ouvriers soussignés, maçons-charpentiers de Villefranche au commissaire extraordinaire du gouvernement
Citoyens commissaires
Il est de notoriété publique que le sieur Avignon, agent-voyer directeur de travaux de cet Arrondissement jouit d’une triste considération puisqu’il a subi deux suspensions pour des faits reconnus très graves en 1843 et 1846 sous une administration toujours prête pourtant à combler de faveurs et de complaisance ceux qui, comme le sieur Avignon et Durand juge, étaient ses courtiers ou limiers d’élections.
Depuis ces punitions infligées justement de nouvelles fautes, les unes plus compromettantes que les autres, ont entièrement fait connaître le sieur Avignon qui jusqu’ici n’a dû son salut qu’à P. des intrigues électorales et par conséquence impures.
MM. De Cazeneuve de Villenouvelle et de Saint-Martin d’Ayguesvives ont fait connaître à l’administration les faits vrais sur lesquels ils basaient leur juste plainte contre le sieur Avignon occupé à faire très souvent des expertises, ce qui est cause qu’il n’a pas le temps de régler les comptes des entrepreneurs du chemin n° 6 et de presser les travaux des chemins de grande communication n° 20 par exemple ; cependant, il en est parmi nous, à qui il est du 300 francs à prendre sur le 10e de retenue pour garantie. Il eût été donc de notre intérêt que le sieur Avignon fût resté strictement à ses travaux et non occupés aux expertises.
Le sieur Avignon a toujours obtenu ce qu’il a voulu en mettant en œuvre sa ruse, tantôt audacieuse, tantôt timide mais plus souvent occulte et toujours flexible en face de l’homme du pouvoir. Triste exemple de morale donné à des ouvriers par un directeur de travaux, par un agent-voyer !!
Le sieur Avignon a été suspendu pendant deux mois en 1843 pour avoir été surpris, faisant travailler les cantonniers pour son propre compte, couper le blé de sa métairie par les agents voyers cantonaux, Lagarde, Bourrel, carrière, Delpoux. Tabou payé cependant au traitement de 600 francs par an.
Les plaintes de MM. Saint-Martin et Cazeneuve signalaient également il y a deux mois des complaisances non gratuites, peut-être, du sieur Avignon pour certains propriétaires de Nailloux et de Lanta en faisant faisant opérer en leur faveur et parce que cela les arrangeait, des redressements sur un chemin vicinal de grande communication et dont le tracé est approuvé depuis 1842 par arrêté préfectoral.
C'est fait qu’une enquête ou une instruction ferait connaître, ainsi que beaucoup d’autres (si l’administration trouvait qu’il n’y en a pas assez avec ceux précités) tout l’arrondissement les connaît. Aussi depuis ces suspensions, l’agent-voyer Avignon n’est-il entouré de la moindre estime nécessaire, indispensable surtout chez l’employé qui, n’est que l’ouvrier de l’administration et du gouvernement républicain.
Le sieur Avignon était dévoué au gouvernement déchu, il l’a prouvé aux élections dernières, surtout en se faisant l’acolyte des sieurs Durand juge, Vieu, etc.
En conséquence des faits signalés dans les plaintes encore à la préfecture et sur lesquelles il n’a pas été statué, nous avons la conviction, citoyen commissaire, que votre administration n’hésitera alors à prendre une détermination que les hommes du pouvoir en fuite ne savaient qu’éloigner par des suspensions réitérées ou de violents reproches adressés au sieur Avignon, généralement très peu estimé et nullement aimé par les ouvriers, au milieu desquels.
La Rebeleso
Cant patriotico coumpousat le 26 mars 1848 à l'ouccasero dé la fourmacio de l Club de la Fraternité à Rebel, Haute-Garonne
Au citoyen Pebernad Langautier, commissaire de l'arrondissement de Villefranche par l'auteur
Get ainé
Vice-président du club de la fraternité
Labruguière, le 8 avril 1849
Mon cher Jules
Eh bien, la justice, Baroche, Falloux et compagnie a prononcé, les voilà, ces hommes, ces apôtres de la révolution, ces martyrs de la cause populaire, les voilà condamnés non pour un attentat, non pas pour excitation à la guerre civile. Non, car aucun témoignage n'est à leur charge. Non, ce n'est pas pour cela. Mais c'était un procès de tendance, c'était un procès à la Philippe, c'étaient des Babeuf, il fallait une condamnation à tout prix. Ils le sont, non à cause de tout ce que l'accusation voulait leur faire supporter, mais bien à cause de leurs principes, de leurs idées républicaines et sociales. Eh bien donc courage suppo du despotismes nous vous n'arrêtez pas si bon chemin. Il y a encore des ennemis sur la brèche, vous avez encore des Montagnards, vous en avez parmi nous assemblée hypocrite et réactionnaires, lancez contre eux vos dogues affamés, voleurs tripoteurs de la Banque enfermez-les.
Aussi dans vos infectes casemates,… sous vos triples verrous, enfouissez les dans cette tombe vivante, et alors vous pourrez marcher à toute vapeur dans le chemin de l'escroque cris de la corruption et de la honte, car enfin. Il faut bien nous le dire, vous êtes des voleurs qui vous engraissaient avec la sueur de tous ceux qui produisent en France. On vient de nous le prouver à la tribune et les robespierristes de notre époque. Ne vous a-t-il pas traîné dans ces bourbiers honteux ou vous vautrez à propos de la question de l'Italie ? Courage, donc courage.
Mais aussi, nous disons-nous, patience, patience ! Oh que ce mot est dur à prononcer, mon cher ami, patience. Eh bien, soit patience, puisqu'il le faut. Mais aussi ne voyez-vous, pas imbéciles, lâches que vous êtes, ne voyez-vous pas que du fiel mêlé de vinaigre, vous ne ramassiez pas au fond du cœur du peuple. Ne voyez-vous pas que la mesure sera tantôt comble. N'êtes-vous pas éclairé par 18 ans de règne passé ? Non vous ne voulez pas y voir clair, la machine éclatera bientôt. Et alors ?
Soyez sûr, ce ne sera plus un 24 février. Non, ce sera terrible, ce sera affreux. Que de sang ne va-t-il pas couler ! Peu vous importe à vous car vous devez vous faire le raisonnement suivant, cela durera assez de temps, jouissons. Et puis, quand nous ne serons plus, Peu nous importe les autres, voilà ce qu'est au fond de notre pensée. Mais misérable et vos enfants, vos enfants, mais que dis-je ? Vous n'avez pas le cœur d'un père ? Non, vous n'avez pas d'enfant, vous osez car en général, chez vous, ils sont le fruit de l'adultère. Et d'ailleurs en auriez-vous de légitimes que vos jouissances à vous passent avant vos enfants ! À vous, ce sont les sucres de 1000 francs, les voilà ceux que vous aimez et que vous caressez du soir au matin, mais ne vous bercez pas dans cette douce idée que ceci peut durer longtemps non 1 000 fois non !
La justice divine laissera continuer vos débordements, l'heure sonnera bientôt. Et alors Dieu, armant son peuple de son glaive, que dis-je de son glaive ? Non, ce serait trop noble pour vous, non, c'est le supplice du talion qu'il vous faut subir. Il vous faut mourir par où vous avez pêché. C'est l'or que vous avez tant aimé, tant caressé. C'est cet or qui doit être votre supplice, c'est cet or entré en fusion qu'on doit vous faire avaler. Et si j'ai un vœu à former avant de terminer cette trombe que philippique, mon cher Jules, c'est que, ce que je viens de leur souhaiter soit exaucé. Qu'en dites-vous ?
D'après votre dernière lettre, vous deviez venir bientôt. Dans cette croyance vous m'avez cloué à Labruguière et j'avais quelques petites courses à faire que j'ai bien sacrifié pour avoir le plaisir de vous voir. Tirez-moi donc de cet état d'incertitude fort pénible pour moi et dites-moi quand je dois aller Revel vous prendre ?
Nous allons tous bien. Claire n'est pas fort grosse, ni fort grasse, mais elle est fort gentille. C'est peut-être une illusion paternelle, vous en jugerez,
Et votre chère Félicie, comment va-t-elle ?
Vos aimables enfants ?
Adieu mon ami, c'est avec le cœur, navré de douleur à l'aspect de tous ce qui se passe, que je t'embrasse de cœur et d'âme.
Votre dévoué ami.
Henri Pinel
Henri Pinel a fondé en 1846 à Labruguière une fabrique de bonneterie orientale : chéchias, tarbouches, fez, kalabouches.
Républicain
Castres, le 11 novembre 1880
Une douloureuse nouvelle nous arrive aujourd'hui, Henri Pinel de Labruguière est mort hier au soir à 11h00 des suites, nous assure-t-on, d'une piqûre de mouche.
La fin prématurée de cet honnête homme et de ce républicain convaincu surprendra beaucoup les nombreux amis qui l'ont connu naguère, il y a quelques jours à peine, radieux de santé et de bonne humeur.
Pinel était dans notre pays castrais, un des plus anciens champions de l'idée démocratique bien avant la Révolution de 1848, il ne faisait pas mystère de ses idées républicaines pendant la campagne des banquets réformistes. Il se distingua au premier rang parmi les courageux citoyens qui réclamaient l'institution du suffrage universel.
Après le 2 décembre, il se rangea spontanément du côté des irréconciliables, toujours et partout la liberté et la fraternité n'eurent pas de plus noble et de plus convaincu défenseur.
Nous saluons avec respect la dépouille mortelle de notre malheureux ami. Le parti qui s'honorait de le compter au nombre de ses meilleurs soldats, n'oubliera jamais les services rendus par Henri Pinel à la cause de la République.
(14 novembre 1880) Le Réveil du Tarn via Gallica
Ps : Bien des choses Mme Pebernad de la part de tous.
Je pars pour Alby où il doit y avoir une réunion de tous les délégués des cantons pour arrêter la liste des députés. On est décidé, je pense, à faire fusion avec les bleus, c'est, je crois, le seul moyen de faire succomber dans le Tarn la faction blanche.
Je serai de retour mardi. Écrivez-moi de suite et dites-moi dans votre lettre le jour que je dois me trouver à Revel. Adieu.
Toulouse, le 11 avril 1848
Lettre au commissaire gouverneur
Commissariat général de la République
République française, Toulouse, le 15 avril 1848
Citoyen
À mon retour de muret et de Saint-Gaudens, je partirai pour Villefranche jeudi prochain, j'y serai rendu à 11h00 du matin. Réunissez pour 07h00 tous les maires et adjoints, ainsi que le…, enfin autant de populations qu’il sera possible. Je rentrerai à Toulouse, le soir, c'est vous dire que je renonce à aller à Revel et qu’il ferait bien qu’il eût quelqu’un de ce pays à Villefranche. Vous ferez mettre la garde nationale sous les armes, elle viendra à ma rencontre ainsi que la gendarmerie.
Prévenez à… pour que les autorités et la garde nationale se trouvent sur mon passage et que je puisse leur parler.
Salut et fraternité.
Joly
Dourgne, 1er avril
M. Jules Pebernad commissaire du gouvernement à Villefranche
Dourgne ce 12 avril 1848
Mon cher parent et ami
Je viens vous dérober un instant à vos nombreux et utiles occupations pour réclamer tout ce que vous pourrez être à même de faire en faveur d’un père de famille employé dans les… à Baziège. C'est un homme de bien en toute réalité d’expression citoyen, plein d’honneurs chargés d’une famille pour laquelle un emploi est du pain. C'est mon ami et j'ai dû apprécier ses qualités pendant plusieurs années de fréquentation intime, son nom et M. Tanchon.
Je ne doute pas, mon cher parent, que votre bon cœur ne vous dicte pour lui des actes de bienveillance en ces temps de justice.
Je saisis cette occasion pour me rappeler à votre bon souvenir, vous prier de présenter mes respectueux hommages à Mme Jules, à croire à l’affection sincère et à la parfaite estime de votre parent et ami.
L. Abrial
SOUS-PREFECTURE DE VILLEFRANCHE (HAUTE-GARONNE)
Villefranche, le 17 avril 1848
CITOYEN MAIRE,
Au moment où la France va commencer le plus grand acte qu’une nation puisse faire, et d’où dépend son avenir, heureux ou tranquille, pénible ou tourmente, suivant les candidats qu’elle enverra a la Représentation nationale , je crois qu’il est de mon devoir de vous donner quelques instructions, et sur l’esprit qui doit animer les électeurs dans le choix des candidats, et sur la pratique matérielle pour l’émission de leur vote.
Et d’abord, nous Membres du Gouvernement, devons-nous agir, influencer les elections? ma réponse ne peut être qu’affirmative. Ne trahirions-nous pas, n’abdiquerions-nous pas notre droit de franc républicain, si nous ne cherchions à éclairer, de tout notre pouvoir, ceux de nos amis que les intrigues contre-révolutionnaires, malgré leur impossibilité, cherchent à égarer. D’ailleurs, n’étions-nous pas, ne sommes-nous pas républicains avant d’être fonctionnaires ?
En agissant ainsi, nous n’imiterons point les fautes du gouvernement déchu. Quoi de commun entre nous ? Ses agents semaient la corruption, le mensonge ; et nous, la vérité rien que la vérité. Ils faisaient appel à l’égoïsme, cette basse passion qui tue les Sociétés ; et nous, aux sentiments généreux qui les retrempent. Ils voulaient des esclaves, nous voulons des hommes libres. Ils achetaient des consciences ; nous les affranchissons. Je vous le répète, qu’y-a-t-il de commun entre nous ?
En quoi ! nous qui sommes libres depuis hier seulement; nous qu’on avait montres sans cesse a la Nation, comme des hommes de spoliation, de meurtre, de pillage et de désordre , nous n’aurions pas le droit de dire à cette nation qu’on l’avait égarée ? Et cela parce que nous sommes membres du Gouvernement ?
Non, interprétons mieux nos devoirs. Apôtres de la Revolution, défendons-la par nos actes, par nos paroles, par nos enseignements. Vigilants et résolus contre tous nos ennemis, faisons tomber leur masque ; ne nous laissons point intimider par de vains sophismes. Répétez ct répétez sans cesse a tous vos administrés, que la liste des candidats, que nous avons arrêtée en assemblée cantonale, est la seule qui représente franchement le parti républicain, et la seule que vous appuyez de toutes vos forces. Propagez-la par tous les moyens qui sont en votre pouvoir : vous aurez bien mérite de la Patrie. Réchauffez, ranimez les sentiments républicains qui animent votre âme. De la vigilance, de l’activité , du zèle ! Le peu de temps qui nous sépare des elections générales n’aura pas été perdu, et vos efforts seront récompensés, si nos candidats sortent victorieux de l’urne électorale.
En ce qui concerne la pratique matérielle pour l’émission du vote, voici les instructions que j'ai à vous donner.
Le Maire du canton vous enverra un arrêté, qui fixera le jour ou votre commune sera appelée à voter, et le rang qu’elle occupe pendant l’appel. Il vous indiquera l’heure à laquelle le scrutin doit être ouvert et fermé chaque jour; l’heure à laquelle il doit être fermé définitivement.
Faites publier cet arrêté a son de caisse, pour que vos administrés en aient une entière connaissance. Dites-leur que c'est leur droit, leur devoir d’aller voter.
Que leur vote, s’ils veulent s’en retourner avec la commune, doit être émis pendant l’appel seulement de la commune. Cependant si, après l’introduction de votre commune dans la salle des elections, un citoyen retardataire se présentait pour voter, il en a le droit, mais après l’appel de la commune entière. Tout citoyen qui ne se serait pas rendu à l’appel de votre commune pour émettre son vote a le droit de demander d’être admis à voter dans le laps de temps qui s’écoulera entre la fin de l’appel des communes, et la fermeture du scrutin.
Faites savoir à vos administrés qu’après l’appel général de toutes les communes du canton, il sera procédé à un rappel pour ceux qui n’auraient pu voter.
Vous devez assembler tous vos administrés en colonne, de deux de front et, autant que possible, selon l’ordre d’inscription à la feuille d’appel ; vous mettrez à leur tête pour les conduire à la salle du vote. Si vous en étiez empêché pour cause légitime, vous seriez remplacé par votre adjoint, ou un des membres de la municipalité provisoire selon l’ordre de leur inscription.
Vous devez prendre place au bureau avec voix consultative. Ayez soin d’apporter avec vous un double de la liste des électeurs, afin de vérifier et contrôler les opérations de l’appel. Il va sans dire que vous devez être revêtu de votre écharpe. Après le vote de la commune, engagez chaque électeur à se retirer afin d’éviter le désordre. Prêtez le concours moral de votre appui à l’autorité supérieure pour le maintien de l’ordre. Chaque électeur de votre commune devra être porteur, en entrant dans la salle des elections, 1º de la carte d’entrée, que vous lui aurez fait remettre ; 2° de son bulletin écrit à l’avance, et renfermant les candidats qu’il veut porter.
Ce bulletin peut être écrit à la main, ou lithographié, ou imprimé. Aucun ne peut être fait dans la salle d’élection. A l’appel de son nom, le citoyen remettra la carte d’électeur a un des scrutateurs, qui en coupera un coin, et son bulletin au Président : cela fait il doit se retirer. Apres l’appel et le rappel, le scrutin doit rester ouvert pendant une heure, quand même le Président aurait déclaré le scrutin fermé ; si un électeur retardataire se présentait pour émettre son vote, on ne pourrait l’empêcher, pourvu toutefois, que la boite du scrutin n’ait pas été matériellement ouverte. Citoyen Maire, lisez cette instruction, pénétrez-vous de son esprit, expliquez-la a tous vos administrés en assemblée publique. Pour ce faire, divisez cette instruction en deux parties et dans deux assemblées distinctes des habitants de votre commune ; lisez-la, expliquez là.
SALUT ET FRATERNITE
Commissaire de la République pour l’arrondissement de Villefranche.
Pebernad Langautier
Saint-Julia, le 12 mai 1848
Citoyen commissaire
Le dernier article de la réponse m'a navrée de douleurs, je comprends que je suis victime de quelque dénonce calomnieuses. Je pardonne de mon cœur, à l’exemple de mon divin maître, celui qui s’en est rendu coupable, ce qui m'afflige le plus, c'est que vous, mon cher, ayant pu apprécier ma conduite à l’époque de votre première communion. Vous ne veuillez pas sans m’avoir entendu me mettre au nombre des prêtres fautifs qui perdent la religion. Mon cœur, vraiment, s’emballe, se soulève à cette pensée. Aussi je viens me faire un devoir de vous éclairer sur mon compte et tâchez de taire ces préventions injustes que l’on vous a fait concevoir à mon égard.
Mes explications, je l’espère vous persuaderont de fonctionner plutôt comme ami que comme fonctionnaire public, vous le lirez aussi avec la confiance d’un ami.
Comme vous, je suis convaincu qu’en matière politique, le prêtre, dans ses augustes fonctions, doit rester neutre. J'ai tellement mis en pratique ce principe que jamais il ne m'est échappé en chair, une expression qui fit la moindre allusion à un gouvernement quelconque. Aussi avant de lire le mandement de Monsieur l’Archevêque concernant les élections, j'ai pu dire avec vérité à l’auditoire, vous savez, mes chers frères, que je ne vous ai jamais entretenu ici, ni de gouvernement, ni de politique. Je me suis servi de vos mêmes paroles mon Royaume n’est pas de ce monde.
Seulement, j'ai recommandé de la part de Monseigneur de faire un bon choix dans le candidat parce que comme le disait le mandement de là, dépendait le bonheur de la religion et de la patrie. J'ai rassuré mes paroissiens sur la crainte qu’ils avaient de voir la République actuelle ressembler à celle de 93. Je me suis même appliqué à les convaincre par le fait que la religion n’en servait que plus libre et plus vénérée.
J'ai expliqué à leur au peuple les expressions profondes et sublimes de l’évangile liberté fraternité et égalité avec le ton qui convient à la chaire de vérité et non avec celui qui convient à un club. Tant pis pour le prêtre qui l’oublie jusqu’à ce point, je n’ai jamais compromis la dignité de la chaire chrétienne ni du tribunal de pénitence et je ne le ferai jamais. Je crois pouvoir déclarer que dans le sanctuaire comme dans la rue, j'ai parlé en faveur du gouvernement républicain. J'ai peut-être trop fait connaître mes convictions car quelques personnes de l’ancienne aristocratie qui m'étaient dévoué ce sont très refroidies à mon écart, que voulez-vous que je fasse dans une position aussi embarrassante, vous Monsieur, vous me retirez le mandat parce que je n’ai pas assez travaillé dans les intérêts de la République et d’autres m'en veulent parce que je l’aime trop. Je crois que le meilleur parti pour le prêtre est de s’effacer entièrement du tumulte politique.
Le meilleur parti pour le prêtre est de s’effacer entièrement du tumulte politique aujourd’hui que les bons principes républicains paraissent jetés de profondes racines et que nous deviendrons tous libres, tranquilles et bon frère, nous nous tiendrons. Nous l’é… du Seigneur dans la solitude et nous vous laisserons vous livrer vous, hommes du monde à la discussion et aux actes du monde.
Lorsque dans ma première lettre, je vous ai dit que le gouvernement perdrait la religion s’il ne payait pas les prêtres, j'ai voulu parler du traitement en général du clergé. Je sais bien que quelques faits isolés ne font rien, mais vous en conviendrez avec moi, que si chaque commissaire ou sous-commissaire, enlève le mandat à quelques curés où vicaires de son diocèse ou arrondissement parce qu’ils n’auront pas eu l’opinion républicaine ou qu’ils auront fait quelque faute contre leur ministère ; Il ne se corrigeront pas ils seront que tout irrité, et alors Ils seront plus acharnés contre le gouvernement et ses commissaires et leur susciteront des ennemis tant qu’ils pourront. C'est une opinion, la mienne serait dans ce cas de prévenir qui de droit,
Je veux dire l’archevêque pour le sermonner et le ramener à tordre et à la soumission, chacun doit rester dans ses attributions si l’archevêque voulait s’aviser de votre administration, surtout de vous blâmer de quelque acte, ne seriez-vous pas en droit de lui dire cela ne vous regarde pas de même pour les blâmes et punitions ecclésiastique il convient que les supérieurs ecclésiastiques les donnent et les imposent.
Je me permets ces observations avec vous comme ami pour votre gouverne particulière. Quant à moi, je recevrai toujours avec reconnaissance tous les avis que vous voudrez bien me donner, je croirai qu’ils seront dictés par l’intérêt que vous pouvez me porter, je vous prie de me le continuer vous ne me trouverez ni ingrat ni injuste ni insensible ni incorrigible c'est le propre des grandes âmes de reconnaître leur tort mais il faut qu’ils existent réellement.
J'admire mon cher, tout ce que vous dites de bien, de merveilleux, de sublime sur notre Sainte Religion et sur les grandes vertus qu’exigent le gouvernement du prêtre pour la faire aimer, respecter et pratiquer. Mais à l’exception de quelques membres, il me semble que le clergé de France, surtout celui du diocèse de Toulouse, se conduit, selon vos belles maximes, il est vrai, j'en conviens, que certains prêtres ayant perdu l’esprit de leur État ont compromis leur conscience, leur devoir et s’honorent… sacerdoce et font beaucoup de mal à la religion, mais heureusement je ne suis moi ni je n’ai jamais été de ce nombre, grâce à Dieu, je puis me glorifier de ne pas appartenir à cette triste classe.
J'ai l’honneur et le bonheur d’être le bon prêtre qui bénit qui bénit le seigneur. Je connais mes 5 engagements et je crois y être fidèle. Si quelqu’un demi vous a dit le contraire, il vous a totalement trompé. Je ne crois donc être du nombre des prêtres qui perdre la religion, je n’ai jamais mis mon saint ministère au service d’un parti, vous me connaissez qui bénit mon esprit et mon caractère d’indépendance pourrait avoir ma tête, ma vie mais mon inconscience, je n’ai jamais l’esprit et la domination ni d’ambition. En preuve, je vous apprendrai. Si vous ne le savez pas, que j'ai refusé un poste à Toulouse et autre part bien supérieur sont sous tous les rapports à celui que j'occupe.
Si vous consultez des personnes sensées capables de jugement, elles vous diront que j'ai les défauts contraires, je manque de…. L’esprit de richesse ni du monde. J'ai eu l’honneur de vous dire dans la précédente au lieu de ramasser et acheter, j'avais des dettes, je ne puis vous assurer que jamais au non jamais je ne chercherai à acheter quelques chemises et que je ne trouve pas le moyen. Mais le direz-vous vous avez une voiture, un domestique, un cheval,
Oui j'ai une une de 400 francs dont mon frère m’a embarrassé et de laquelle.
Je ne puis me défaire, je l'ai laissée mise en vente chez un carrossier sans pouvoir la vendre, d'ailleurs, c'est un cadeau de mon frère. Elle est très modeste car elle n'est qu'à deux places et a un cheval et ne voyons-nous pas le moindre propriétaire, même des gens de bas métier aller en voiture, aujourd'hui, ce n'est plus extraordinaire. Le cheval m'est absolument nécessaire parce que la paroisse est en étendue et moi vieux, 54 ans, usé par un travail continuel, même forcé, je ne puis aller longtemps à pied.
Je n'ai le domestique que depuis 8 mois. Je l'ai pris plutôt pour l'Église que pour moi. C'est un orphelin que j'ai tiré de la misère. Il me quitte, il est soldat. C'était l'Église qui lui payait ses gages. J'ai à la vérité 2 000 francs de ma paroisse plutôt moins que plus et 500 francs de rente de ma famille eh bien mon cher ne faisant que la dépense la plus nécessaire je suis toujours en arrière. Je tire toujours le diable par la queue. Les pauvres et les réparations de l'Église en sont les causes principales. Les misérables sont en grand nombre chez nous et la fabrique très pauvre à cause de l'orgue que nous sommes obligés d'entretenir à grand frais. Quant à l'esprit du monde, mon cher, s'il y a des prêtres qui en sont animés, pour moi, je l'arbore. Il n'y a pas de prêtre qui soit plus sédentaire que moi, je passe des 15 jours sans faire une visite. Seulement, dans 30 années, j'ai fait deux voyages, l'un de 15 jours, l'autre de 3 semaines. Je me trouve bien de la solitude. Je suis trop convaincu que le moindre ne fait que des dupes et des malheureux.
Pardonnez-moi, cher ami, si je vous ennuie par des détails si minutieux, mais j'avais besoin de verser à nouveau dans le vôtre et vous prouver. Que je ne suis. Pas de ces malheureux et exécrables prêtres qui perdent la religion, pourtant par votre air… ? Paraissez le croire et par là retenue de mon mandat, vous confirmez et prouvez votre opinion. Ce n'était pas cette retenue qui m'a peiné, mais bien le motif qui me jette dans une profonde tristesse. Je vous prie. De dire aux dénonciateurs, je le connais, je vous. Déclinerait son nom un jour que nous serons en tête-à-tête ? En attendant, vous pouvez lui déclarer qu'il vous a complètement mis dans l'erreur sur mon compte.
N'ajoutez pas foi facilement aux déviances qui sont très ordinairement dictées par quelque ressentiment d'un intérêt particulier. C'est un ami d'expérience qui vous donne ce bon conseil. Une des meilleures preuve que vous vous que vous êtes trompé, c'est que vous avez livré des mandats à des prêtres qui se sont remués dans les élections 20 fois plus que quelqu'un à qui vous les retenez.
15 mai 1848
M. Pebernad, sous-commissaire à Villefranche, Haute-Garonne
Très pressée
Voilà mon cher ami, les renseignements vrais positifs que vous demandiez sur mon compte, vous avez la bonté de me déclarer qu’émanant de moi-même, vous y auriez confiance. Comptant sur votre promesse, j'aime à me persuader que je serai pleinement réhabilité dans votre esprit. Vous avez montré trop de droiture de cœur pour ne pas me rendre justice et c'est ce à quoi je tiens le plus, votre confiance. Quoi qu’il en soit, je n’en demeurerais pas moins votre sincère ami.
Salut et fraternité. Votre dévoué et affectueux serviteur.
Duprat, curé à Saint-Julia
Ps : Je vous prie, Monsieur de m'honorer d’une prompte réponse, ne serait-ce que pour me rassurer sur votre opinion, vous pouvez croire que vous m'avez rendu malade, je suis très souffrant, je n’ai pas pu vous développer mes idées comme je l’aurais désiré. Veuillez me dire si je dois compter sur mon mandat, oui ou non ? Je n’en puis plus. Que de misères dans ce bas monde.
Que nous serions cependant, heureux si nous observions tous ces grands et éternels principes Liberté Egalité Fraternité, mais qu’ils sont mal compris et même de la plupart de ceux qui se disent bons républicains. Il y en a peu mon cher comme vous et comme votre ancien père spirituel, nos cœurs tout à l’unisson, je me réjouis, je m'en félicite ainsi.
Labastide-Beauvoir
Le citoyen François Gamelsy
Citoyen, commissaire
Nous vous avons déjà bien fatigués et nous sentons que vous nous portez sur les épaules plus que dans le cœur. Nous sommes aussi fatigués que vous. C'est pour vous une peine de demander autant qu'à vous de nous écouter.
Mais si la fatigue d'un administrateur et la preuve de son zèle et de son activité pour le bien de ses administrés ; la persévérance dans les réclamations fondées atteste le bon sens des réclamants et leur amour de la justice et de l'ordre et c'est pourquoi nous vous écrivons encore avec la confiance que vous daignerez nous lire. Notre nouvelle observation est importante, vous apprécierez vous-même son opportunité.
Votre arrêté concernant les élections pour la nomination de la municipalité a été affichée dimanche. Il renferme un article qui rend les élections inacceptables parce qu'elles seraient illusoires. Cet article porte que les élections n'auront pas de valeur si elles ne sont pas faites par 180 votants. Nous avons eu l'honneur de vous exposer 2 fois que les seuls réclamants étaient les propriétaires qui seuls avaient intérêt à une administration probe et réglée.
Nous vous avons dit aussi que le nombre des propriétaires résidants n'était que de 104. Il faut 76 maîtres valets pour arriver au chiffre de 180, c'est 70 hommes étrangers à toute commune et par suite indifférents aux choses communales. Pourriez-vous les forcer à prendre part à l'élection ?
D'une municipalité qui n'est point pour eux et si, au nom de la liberté, ils veulent jouir de leur indifférence, voilà donc les élections mises à néant. Et si sur ces 76 nécessaires, un seul fait défaut encore, les élections annihilées. Cela est-il possible ? Le vœu unanime des propriétaires peut-il être sacrifié à l'apathie des maîtres valets ?
Citoyen, nous ne voulons pas préjuger, mais cet article de l'arrêté nous force à vous demander si vous voulez sincèrement les élections comme moyen de connaître la volonté de la commune et d'y faire droit ou comme la voix sûre qui vous ramène au maire actuel il semblerait qu'il y a là un chemin détourné pour sauver ce fonctionnaire. Lui-même le croit et se vante en narguant la commune de rester maire aussi longtemps qu'il voudra.
Citoyen nous vous demandons la suppression de l'article il est inconciliable avec le désir manifesté d'être favorable aux justes demande de la vraie commune et de calmer l'agitation des esprits encore retenue par l'espérance de votre justice.
Nous vous prions de nous faire connaître votre volonté et d'enjoindre au maire de ne pas la tenir 8 jours dans sa poche.
Nous sommes avec respect vos humbles serviteurs.
François Gamelsy maire de Labastide-Beauvoir du 3 juillet 1848 au 26 août 1855.
Le maire en titre dont il est question dans ce courrier est Pierre Gamelsy, maire du 7 juin 1820 au 3 juillet 1848
Avignonet, le 7 juin 1848
Citoyen
Je n'ai jamais été proprement dit le débiteur de Monsieur... puisqu'en principe, je ne lui ai jamais rien emprunté. Mais j'ai été le dépositaire de son petit pécule au moins depuis du 18 avril avril 1832 jusqu'au 20 juin 1841 et depuis cette époque, je n'ai pas eu à ma disposition 1 centime de lui. Monsieur… pressé pour avoir quelque argent et il était obsédé pour les demander. Son empressement pour s'y soustraire, il pria dessus la … malade de lui… mais… elle… ou qu'elle ne fut plus, il me les confia et j'en ai été son dépositaire de tantôt plus et tantôt moins tantôt moins jusqu'au 20 juin 1841 où je lui ai remis pour solde de tous nos comptes 1 178,68 francs.
Je désire, citoyen, que cette explication puisse vous satisfaire.
Salut et fraternité.
de Raymond Cahuzac
A Paris, 7 juin 1848
Rapport du maire à l’occasion de la plantation de l’arbre de la liberté et d’un banquet.
Odars, le 7 juin 1848
Citoyens, sous-préfet
Quelles sont belles ces fêtes nationales ? Quels fonds d’impression sur les cours, surtout quand le calme, le bon ordre, la tranquillité y règne. Non citoyen, sous-préfet, jamais la commune d’Audenarde n’a été si joyeuse, si fraternisé, comme dans la belle journée de dimanche 4 juin. Nous nous faisons un devoir citoyen de vous faire les détails de tout ce qu’il se passa à l’occasion de cette fête civique :
À 08h du matin, toute la garde nationale, dont une partie armée se rendit sur les lieux qui lui étaient destinés pour se livrer aux exercices. À 10h, elle alla assister à la messe paroissiale où étaient les autorités et la municipalité de la commune. Immédiatement après eu lieu par le pasteur, la bénédiction du magnifique arbre de la liberté.
Vous voyez citoyens sous-préfet, une foule immense groupée autour du signe qui en lui-même annonce et fait connaître la liberté des citoyens naguère dans l’esclavage.
Notre bon curé a prononcé de de une estrade à lui destinée une allocution très analogue à la République. Il termina en faisant entendre à haute voix les cris de vive la religion, vive la République. Des larmes de joie ruisselées et sera un grand nombre de figures. La cérémonie se termina par le chant du Te deum.
Après 1 h de repos, le tambour battit le rappel. La salle préparée à la célébration du banquet ouvrit ses portes et citoyens sous-préfet. C'est là que lieu cette réunion de fraternité, cette Assemblée paisible.
Près de 150 personnes qui composent notre garde nationale vinrent s’asseoir chacune à la place qui lui fut conférée. L’égalité régnait partout, riches, savants, pauvres ignorants, rien ne donnait lieu à aucune distinction. Nous étions tous frères.
La salle présentée, un aspect riant est magnifique, de superbes guirlandes de laurier ornaient les parois des murs et la voûte du cénacle, des sentinelles à une consigne sévère en défendait l’entrée ; quelques couplets du sublime chant patriotique de la Marseillaise ouvrir ce banquet frugal. Ce champ de délivrance se répétait maintes fois, rendant le repas.
Après cela la garde nationale reprit ses armes et alla assister à l’office du soir dans le même ordre qu’à celui du matin à la sortie tous les citoyens se dirigèrent vers l’arbre de liberté forma le cercle et et au milieu du silence, le plus parfait, un des membres de la municipalité, le citoyen Pailhès, fit ressortir dans une courte harangue la nécessité et les grands avantages de la République.
C'est alors citoyen sous-préfet qu’on entendit de toutes les bouches les cris mille fois répétés de vive la République, vive la religion, vive les autorités, etc. Etc.
Enfin, le tout se termina par un feu de joie qui eut lieu à l’issue du jour. Tout citoyen rentra dans ses foyers, la retraite mit le sceau à la fête patriotique.
Nous pouvons vous assurer citoyens sous-préfet que jamais faites n’avait été célébrée avec une si grande tranquillité.
Maintenant citoyen. Nous ne formons qu’un même cœur pour vous offrir nos remerciements en ce que vous avez mis notre commune parfaitement d’accord.
Veuillez avoir la bonté de croire.
Citoyen, sous-préfet que nous sommes et serons à jamais vos très dévoués citoyen et vos fidèles serviteurs.
Salut et fraternité au nom de tous les citoyens d’Odars.
Le Maire
Léon furet
Dans plusieurs localités du ressort de la cour de Toulouse, des manifestations séditieuses ont devancé ou suivi la nouvelle de l’attentat commis à Paris le mercredi, 13 juin dernier ; il est incontestable que, dans ces localités, les hommes connus par leurs opinions démagogiquess’efforçaient de préparer les esprits à un mouvement insurrectionnel. Un fait significatif a révélé partout leurs coupables espérances ; c’est que les emplois publics étaient déjà distribués entre des individus dont tout le monde répétait les noms.
[…]
Le lundi, onze juin, dans la soirée, la ville de Toulouse était parcourue par une bande de sept ou huit cents individus, qui criaient ; vive le drapeau rouge ! vive Ledru-Roilin ! vive la république romaine ! à bas les prêtres ! à bas Oudinot ! Lorsqu’ils passaient devant les sentinelles ou des postes militaires, les mêmes individus se découvraient, et faisaient entendre les cris de vive là ligne, vive la république romaine.
Un attroupement considérable s’élail formé sur la place du Capitole, ou y disait ; il faut en finir, il faut les assommer ! Qui ? demanda un citoyen; les bourgeois et les maîtres, lui répon dit-on; ce citoyen menacé, frappé, poursuivi, se réfugia dans le café Richelieu; un parent qui l’accompagnait était l’objet des mêmes violences, et fut obligé de chercher un refuge dans le même café; un troisième habitant, eu butte à une agression semblable, se résigna à prendre la fuite. Vers minuit, d’autres habitants étaient rencontrés dans la rue Boulbonne , par un attroupement qui les arrêtait, les insultait et les menaçait du poing.
Le mardi 12 juin dans la soirée, on voyait les mêmes attroupements, mais ils se formaient et se concentraient sur la place du Capitole; leurs cris étaient les mêmes que la veille, leur altitude était plus hostile; un groupe devant lequel le général de division passaità cheval, proférait ces paroles : Arrêtez ce brigand et flanquez un coup de pistolet.
[…]
Je m’y trouvai, a-t-il dit dans un premier interrogatoire, en réunion d’une trentaine de personnes, parmi lesquelles se trouvaient les rédacteurs de ce journal et le citoyen Pégol-Ogier, ancien représentant. L’agitation qu’avait soulevée à la Chambre la discussion des affaires d’Italie, nous avait fait prévoir la possibilité d’événements prochains ; aussi nous convînmes de nous tenir prêts. – A quoi faire ? demanda le juge d’instruction. Dans la prévisions du renversement du gouvernement , c’était , a répondu Villa , nous emparer de l’autorité dans tout le département; ainsi je devais remplacer le sous-préfet de Muret que j’aurais fait partir sous bonne escorte pour Toulouse , afin qu’il ne lui arrivât aucun mal. Le sieur Pebernad devait prendre la sous-préfecture de Villefranche et je suppose qu’un des rédacteurs de l'Émancipation, le sieur Lucet, aurait ôté préfet de la Haute-Garonne.
(7 décembre 1849) Journal de Toulouse : politique et littéraire via Gallica
ASSISES DE LA HAUTE-GARONNE.
Affaire dite du complot du 13 juin. — Ses ramifications dans la Haute-Garonne.
Fin de l'audience du 8 décembre.
M. le président passe à l'interrogatoire de Villa. Alliez-vous souvent à l'Émancipation ? lui demande-t-il. — R. J’allais à l'Émancipation pour savoir les nouvelles chaque fois que je venais à Toulouse. Je n'avais, du reste, aucun rapport avec les rédacteurs.
Le jour en question, j'allais à l'Émancipation pour voir les nouvelles de Paris : elles n’étaient pas arrivées encore; je pris alors un journal de la ville, et me mis à une fenêtre pour le lire.
Un instant après, je sortis. Je restai environ une demi-heure dehors. Je rentrai les Murétains nétaient pas arrivés encore. Je sortis une seconde fois, et j’allai sur la place attendre les nouvelles ; je rentrai de nouveau quelques instants après. En entrant dans la salle d'attente, j'aperçus plusieurs personnes ; il y en avait aussi beaucoup dans la cour. Une certaine agitation était peinte sur toutec les physionomies. J'allai dans la cour. Cest la que j'entendis divers propos : les évènenements sont graves, la position est bien tendue, disait-on de tous cotés.
A ce moment les journaux arrivèrent, nous entrâmes tous dans la salle. M. Lucet alla dépouiller la correspondance ; nous lûmes avidement les nouvelles, et nous apprîmes que Paris était en insurrection.
Peu de temps après, je revins dans la cour : chacun s’entretenait des évènements. A ce moment, j'aperçus deux personnes que je ne connaissais pas qui causaient entr'elles avec assez d'animation ; je m'approchai d'elles et voici ce que j'entendis : Si des nouvelles graves survenaient dans la nuit, disait l’un des interlocuteurs, que ferions-nous ? Car enfin, si le parti de Ledru-Rollin l’emporte, il faut bien donner des chefs au peuple pour ne pas le laisser se livrer à lui-même. Oh ! répondit l’autre interlocuteur, il y a dans toutes les localités des hommes capables de marcher à la tête du peuple, ainsi, Lucet est bien digne d'être le chef du gouvernement à Toulouse, et un autre citoyen qu'il nomma à Villefranche.
J’abandonnai ces deux Messieurs et j'entrai dans les bureaux.
M. le président, à Villa : Je vous demande si à cette conversation dont vous venez de parler, il y avait d’autres personnes que les deux interlocuteurs ? — R. Je ne sais ; tout le monde se promenait dans la cour; l’atmosphère, l'air étaient à la révolution; l’avis de cet homme me parut très sage ; ainsi, il eût été Irès convenable que I on mit le citoyen Lucet que j'estime, parce que je le trouve très sage, à la tête du departement. On nomma ensuite Pébernad pour sous-préfet à Villefranche, et on parla de moi connue sous-préfet à Muret ; je remerciai les personnes d'avoir pensé a moi. Du reste, ces personnes n'allèrent pas dans les bureaux, elles me quittèrent sans entrer.
D. Prîtes-vous au sérieux ce que disaient ces personnes , vîtes-vous tà un mandat qui vous fût formellement donné ? — R. C’était pour le cas où le parti Ledru Rollin aurait eu le dessus; dans ce cas, plutôt que de laisser le peuple sans chef, je me serais mis a sa tète pour éviter des malheurs. Lorsque Forest arriva à Muret, on avait déjà appris la nouvelle portant que
Paris était en état de siège; je l’avais déjà entendu crier par deux fois différentes , et Forest ne m'était nullement envoyé pour me l’annoncer.
D. Que s’est-il passé à Muret pendant la soirée ? Y a t-il eu agitation , tumulte ? —- R. L’exaltation avait déjà commencé depuis que les diligences étaient passées, annonçant la nouvelle de la mise en état de siège de Paris. L’arrivée de Forest n’occasionna aucune agitation.
Vers les neuf heures ou neuf heures et demie du soir, quelques personnes vinrent sur la place. J’entendis quelques rumeurs; quelqu'un se prit à crier : Il laut aller à la sous-préfecture, s'emparer du sous-préfet et le noyer.
Ma conviction est que la personne qui a poussé ce cri est une personne mal intentionnée, qui n'a fait cela que dans l’intention de me nuire; on voulait me forcer à quitter le pays.
D. Avez-vous pris quelques mesures vous-même pour empêcher des excès, et notamment pour qu il n'arrivât pas d accident a M. le sous-préfet. — R. Dans ma conscience, à moi-même je me dis : Si une nouvelle plus grave arrivait de Paris ; si l'insurrection était vicvorieuse, il faut, je dois protéger , sauver les autorités. Tu choisirais, me dis-je à moi-même, quelques personnes pour conduire le sous préfet a Toulouse.
I). Aviez vous organisé une escorte et deviez-vous faire accompagner par cette escorte M. le sous prefet a Toulouse? — R. J aurais fait tout cela, si notre parti eût triomphé.
(12 décembre 1849) Courrier de Tarn-et-Garonne via Gallica
Les pouvoirs accordés aux préfets et sous-préfets après la révolution de février ont cessé ; tout a dû rentrer dans l’ordre légal.
Cependant on annonce que M. Pebernat, sous-commissaire à Villefranche, vient, de sa propre autorité, de dissoudre le conseil municipal de Revel. M. Laroche ignorait complètement cet acte arbitraire, et a témoigné aux délégués de Revel qui se sont présentés chez lui, combien il était étonné de la conduite de M. Pebernad. Quant à nous, cette conduite ne nous étonne pas ; mais nous demanderons quand est-ce qu’enfin la République se résoudra à n’avoir pour administrateurs que des hommes qui la fassent aimer et respecter ?
(19 juin 1848) Journal de Toulouse Via ,Bibliothèque de Toulouse
Paris, le 2 juillet 1848
Citoyen Préfet, je vous transmets une plainte formée par le citoyen Louis d’Auberjon contre le sous-commissaire de l’arrondissement de Villefranche. Vous apprécierez la suite qu’il convient d’y donner.
Salut et fraternité.
Pour le ministre, le sous-secrétaire d’État. Carteret, signé.
Monsieur le ministre de l’Intérieur
Le citoyen Pebernad sous-commissaire à Villefranche, département de la Haute-Garonne, a dissout depuis plus de deux mois toutes les municipalités de son arrondissement sans même en avoir donné avis aux membres qui en faisaient partie. De la même manière qu’il les a dissous, il les a reconstituées.
Ces nominations sont bien loin d’être l’expression populaire. Elles ont soulevé partout l’indignation générale. Nos populations des campagnes se demandent en voyant de pareils actes, si le gouvernement de la République est un gouvernement d’injustice, d’exclusion et de servitude. Avec de pareils sous-commissaires, la République est impossible. Nous espérons, Monsieur le Ministre, que vous voudrez bien faire attention à ma plainte.
Il est une autre question, Monsieur le Ministre, sur laquelle je viens appeler votre attention. C'est sur l’impôt des 45cent, la récolte qui va être coupée se présente d’une manière assez médiocre.
18 Juin, Saint Félix, arrondissement de Villefranche, Haute Garonne.
Nos populations qui ont cru que sous l’avènement de la République, il y aurait plus d’impôts, il sera matériellement et moralement impossible de lever cet impôt dans son intégrité. Si la moitié de cet impôt était abandonné, je ne doute pas que l’autre moitié ne rentrât de suite. Pour mon compte, je me charge de faire rentrer la moitié des 45cent de presque toute ma commune qui paye un impôt régulier de 50 000 francs.
Un citoyen sous-commissaire de Villefranche, notre arrondissement qui y possède une belle terre, n’a pas encore voulu payer les 45cent, ce qui encore encourage nos populations à ne point payer cet impôt que la crise financière rend si excessif… Avec des sous commissaires aussi exclusifs que celui de notre arrondissement, l’autorité sera bientôt méconnue.
Agréer monsieur le ministre l’expression de mon dévouement républicain et fraternel.
Louis d’Auberjon (signé).
Je n'ai pas de documents l'attestant à cette date, mais le document suivant en est une bonne indication.
Il est quelque chose qui frappe dans le républicain, c'est l'énergie de ses convictions et de sa bonne foi. Si, prenant le masque, quelques prétendus patriotes nous trompent. Nous sommes sûrs que notre bonne mère, la République, nous donnera assez de force. Et de patience pour attendre le jour marqué par le destin pour découvrir le menteur, le filou et les audacieux.
La population entière de Villefranche fut surprise de la révocation brutale du citoyen Pebernad sous-préfet de cet arrondissement. La nouvelle s'en répandit bientôt dans toute la contrée et chacun voyait avec terreur le progrès de ce fléau que l'on nomme réaction faisant ravages et frappant de nouveau le rare patriote, que la méchanceté, l'envie, la jalousie avaient respecté
Les amis les plus fermes commencent à s'émouvoir. Ce fut sous cette impression que les citoyen soussignés virent arriver à Toulouse le sous-préfet de Villefranche, meurtri, blessé mais non découragé de la brutalité calculée du préfet Cazavan .
Et nous décidâmes que nous ne pouvions laisser un ami, un bon patriote, sous le coup d'une pareille injustice, et qu'il fallait rechercher par tous les moyens qu'elle intrigue secrète, qu'elle puisse en occulte. Avaient présidé à cette infamie.
Une Commission de 4 citoyens fut désignée pour se joindre au citoyen Pebernad et se transporter à la préfecture pour demander des explications à M Cazavan.
En conséquence, le 18 août à 12h00, nous fûmes demander à Monsieur le préfet de nous recevoir, nous fûmes introduits.
Le citoyen Pebernad prit la parole, demanda des explications sur le motif de sa révocation. Le préfet, embarrassé, mais néanmoins ne perdant pas de cette audace d'un homme qui doit tenir tête à l'orage, lui répondit avec un aplomb et un sang-froid imperturbable que jamais il n'avait écrit à Monsieur le Ministre, pour ou contre M. Pebernad , que sa destitution provenait sans aucun doute du fait du ministre lui-même.
Notre cœur indigné ne connut plus de borne et le citoyen Vivent lu alors à M. Cazavan la lettre qu'il venait de recevoir du citoyen Joly qui lui faisait part de son entrevue avec le ministre. Celui-ci déclara que si M. Pebernad avait été frappé, c'était sur la demande expresse de M Cazavan lui-même pour cause d'incapacité.
À la lecture de ce passage, son audace changea un peu. On le voyait accablé sous le poids d'une pareille accusation, mais se ravisant bientôt, il nous répondit : je ne sais, Messieurs, de quel œil je dois regarder votre présence ici. Si vous parlez à un ami, ce mot sacré sorti de cette bouche mensongère, je suis prêt à vous répondre. Si c'est au magistrat, il vous dira que vous n'avez pas le droit de vous immiscer dans son administration.
Notre réponse fut brève, mais serrée. Un de nous lui dit, donne dans notre partie Monsieur, nous avons le cœur assez grand pour accueillir un ami quand il le mérite et nous sommes prêt à tous les sacrifices pour lui venir en aide. Si vous n'êtes pas coupable de ne pareille infamie, déclarez-nous par écrit que jamais vous n'avez écrit au ministre contre notre ami Pebernad .
Si vous me parlez en ami, nous dit-il, je vous déclare que jamais je n'ai écrit à M. Senard que dans des termes favorables pour M. Pebernad . M. Senard s'est servi de moi comme besoin de sa cause et pour se défendre devant la députation du département de la Haute-Garonne. Qu'il était fâcheux pour lui, que M. Senard, qu'il croyait son ami, lui aussi légèrement sacrifié pour se sortir d'un aussi grand embarras.
Nous fîmes observer à notre tour à M. Cazavan qu'il était peu croyable qu'un homme comme M. Senard puisse s'attacher à de pareils moyens, qu'il était occupé d'affaires trop graves pour descendre à de pareils tripotage bureaucratique que nous ne pouvions nous empêcher de lui déclarer que notre entretien avec lui, ne changeait en rien nos convictions et que pour mieux apprécier tout ce qu'il avait à nous répondre ou à nous dire, nous avions réuni 4 témoins tout prêts à certifier la vérité de la déclaration que nous faisons.
La ténacité de son mensonge ne nous a guère surpris. Nous l'avons quitté après 2 h de séance bien certain d'avoir constaté un mensonge, lui accablé de sa propre audace dont nous avons acquis la preuve.
Toulouse, le 27 août 1848.
Y. Vivent, juge au Tribunal de commerce
Y. Monnié, avocat, administrateur des hospices
Deler Conseiller municipal
Pebernad Langautier, sous-commissaire politique
Passeport à l’intérieur, valable pour un an.
Nous, Saturnin Raffit, maire de la commune de Villefranche, chef-lieu d’arrondissement du département de la Haute-Garonne.
Invitons les autorités civiles et militaires, à laissez-passer et librement circuler de Villefranche, département de la Haute-Garonne à Paris, département de la Seine.
Le citoyen peut Pebernad Langautier Jules, profession de sous-préfet provisoire et propriétaire, natif de Auriac, département de la Haute-Garonne, demeurant à Villefranche et à lui donner aide et protection en cas de besoin. Délivré sur sa demande.
Fait à Villefranche le 27 août 1848.
Raffit (signé).
28 août 1848
M. Calès, représentant
Rue Port-Mahon, 10 - Paris
Villefranche, 24 août 1848
Mon bien cher ami
Que je vous raconte un peu ce qui se passe ici à mon sujet d’abord, vous saurez qu’après avoir lu la lettre de Joly dans laquelle il dit que c'est le préfet de Toulouse qui a exigé ma destitution pour cause d’incapacité….
Je pris avec moi Piru, Vivent, Ville, Monier Jacquet, Deler tous ensemble nous nous rendîmes auprès de M. Caraven. Je lui lus le passage en question et lui demandait une réponse précise parce que, lui disais-je, j'aimais les positions tranchées….
Il répondit : comme administrateur je n’aurais rien à répondre, mais comme ami,… je crois parler à des amis politiques, je vous dirai, c'est faux. Il appuya, répéta, parla beaucoup dans ce sens et nous nous retirâmes. Il nous pria de ne pas m’assurer de la fausse position où nous le mettions...
Le soir, immédiatement après que nous l’eûmes quitté, il écrivit au ministre, insistant avec ardeur sur la maintien de Bergougnoux à Saint-Gaudens et sur le mien à Villefranche… Cela nous fut redit par Vésian…. Malgré cela, j'avais quelques raisons de ne pas me croire tout à fait édifié sur ces dires. Passe, quand je promets de croire, je crois.
Mais voilà autre chose et bien étrange ! Le 23 de ce mois, je reçois une lettre de la préfecture signée Vésian par laquelle, on m'annonce, que le 25 suivant vendredi, M. Le préfet viendra visiter le chef-lieu de mon arrondissement. Il dit de convoquer les maires des diverses communes, les gardes nationales du canton, les autorités. En sus. Veut de faire de l’esbroufe pour l’arrivée de monsieur le préfet…
Je me rends de suite à Villefranche car j'étais allé passer 24 h sur ma propriété ; je trouve une partie du travail déjà expédiée. J'avais toujours là le bon Mouchan, et vous savez qu’il n’est pas fainéant à mon endroit…. Quelle bon ami !
Cependant, j'avais réfléchi en route au rôle que moi destitué j’étais appelé à remplir dans cette cérémonie. Il me semblait que ce n’était pas très normal…
Vaille que vaille, j'avais passé par-dessus tous ces scrupules… Quand je vois le Moniteur du 21 qui nomme Bergougnoux à ma place en remplacement M. Pellenc. Alors je ne trouve ma position plus tenable…
J’y réfléchi deux fois, trois fois quand je me décide enfin à prendre la plume à contremander les gardes nationales et à écrire à M. Caraven (par ordonnance) ce qui suit.
Monsieur, la position que le Moniteur du 21 vient de me faire est beaucoup trop tranché pour que je ne doive la faire cesser immédiatement.
Votre visite semblerait l’aggraver encore aux yeux de mes administrés et porterait atteinte à ma dignité ainsi qu’à l’estime que tout homme doit avoir de lui-même.
Je me vois conséquemment forcé de vous prévenir que je ne serai pas demain à la sous-préfecture de Villefranche.
J'attends l’issue de ma missive, mais toujours est-il que demain 25 vendredi à 06h00 du matin, je pars pour chez moi à moins que par le retour de l’ordonnance, M. Le préfet, comprenant la part d’inconvenance qu’à son voyage vis-à-vis de moi, me prévienne qu’il l’ajourne.
Le fera-t-il ? Il le devrait, mais j'en doute alors veut-il passez nous dire et d’une autre… de comme il est normand au cas où ma conduite pourrait être mal rapportée au ministre, veuillez avoir la bonté de la lui expliquer si besoin, comme aussi de le narrer à M. Joly auquel vous ferez mes plus vifs remerciements.
Quant à vous ressouvenir vous de ce que je vous dis dans ma dernière et comptez-y… encore pour du soleil pour vos vieux jours…
Tous les miens jouissent d’une bonne santé et vous font mille et mille compliments affectueux et je n’oublierai pas, ni Mme Calès, ni votre excellent fils, comment vont-ils ? Comment allez-vous ? Bien réelles, espère de toute la puissance de l’amitié que je ressens pour vous. Mon grand-père et fils avec qui je vis, comme vous le savez, vont bien et vous disent bien des choses.
Pebernad Langautier
Au procureur de la République
Villefranche, le 30 août 1848
Monsieur,
Veuillez par retour du courrier, répondre aux quelques questions que je vais vous faire.
Le maire est-il tenu effectivement, ou doit-il, est-il obligé de recevoir les déclarations des témoins qu’une partir lésée veut faire consigner afin de la transmettre à qui de droit pour servir en tant que de besoin ? Le maire s'y refusant, quel moyens prendre pour l'y contraindre ? D'après l'attentat qui viens d'être commis contre ma personne, et malgré les articles 10, 40,… du code de l'institution communale, le maire s'est refusé à avoir en ma présence des témoins que la… publique m'avait désignés.
Je ne vous laisserai pas ignorer que le trouve la Justice excessivement tranquille au sujet du procès-verbal relatant l'attentat sur… en date du 25 août 1844.
Et… que le code d'instruction… avait tracé aux divers agents de la Justice une marche plus prompte !!! à moins… à que moins…. Tout cela me donne de noires pensées.
Je pense de mon devoir de vous prévenir afin que ma petite formalité manquait ou peut la remplir pour que plus tard la forme l'emportât sur le fond.
J'ai été en face d'un monsieur qui en voulait à mes… intention ? Je suis dans son… et sur le qui-vive/
Vous demander ce qui prélude sera assez je suppose.
Recevez mes salutations fraternelles
Pebernad Langautier
Les Cadets, le 3 octobre 1848
Avec quel plaisir mon cher Jules, j'ai reçu votre lettre. J'étais dans une telle impatience que j'allais écrire de nouveau à Mme Pebernad dont les réponses se faisaient attendre pour me tirer de l'état d'inquiétude où je me trouvais. Mais enfin votre lettre et venue me sortir d'embarras et me prouver que ce pèlerinage lointain s'était fait sans aucun danger.
Vous… , mon cher, sur la marche du siècle, sur la voie que suit cette soi-disant république… et quelle est le cœur vraiment démocrate qui ne s'y émeut pas, qui ne suit que à l'aspect de tant d'iniquités, tant d'iniquités, le temps d'apostasie populaire. Si nous jetons un regard en arrière, nous trouverons là un grand enseignement. Là, nous verrons la lutte éternelle des deux ordres, voyez comme cherchant à établir sa république sur des bases démocratiques et ayant à lutter instamment contre cette race, cette caste ignoble de l'aristocratie et à cause de cette lutte acharnée dans les foyers de cette guerre intestine, la république croule tombe et le pouvoir despotique impérial s'empare du pouvoir.
Si je vous cite ce passage historique de la République romaine, c'est absolument pour vous montrer la similitude qu'il y a entre la nôtre et celle-là, et pour vous dire que c'est selon moi, le remède que vous auriez dû employer.
En effet, aujourd'hui, ne nous voyons pas comme à Rome, l'aristocratie au pouvoir, toutes les places envahies par elle, la lutte acharnée qu'elle livre aux plébéiens, ne les entendons-nous pas dire à toute occasion qu'il existe sur la terre des classes d'hommes, l'une faite pour jouir, l'autre pour souffrir. Que dis-je ? Ils ne se contentent pas de le dire, ils l'ont écrit puisqu'ils ont refusé de mettre en tête de la constitution le droit au travail. Eh bien, d'après ce petit tableau, ne trouvons-nous pas la similitude avec la République romaine ?
Ne voyons-nous pas où cela peut nous faire rétropédaler ? Eh bien quand on a de pareilles enseignements, que…a le passé pour un exemple, le curatif le plus sûr est celui qui ferait disparaître de sur le sol de la patrie ces êtres qu'on peut nous… comme des fratricides puisqu'ils cherchent vouloir les mettre en dépendance comme s'il n'était pas sorti du même sein qu'eux.
Oh malheur, 3 tués. Malheur à ces renégats populaires. Il viendra un jour où la justice de ce peuple qui dans le principe, a été si fraternel S'appesantira sur un. Alors peut-être, ils crieront Aussi, claire, osé, égorgeurs. Mais qui leur voulut ? Qui en aura été moteur ? Sûr et toujours eux.
Vous me dites aussi, mon ami, d'être ferme dans vos opinions, à qui le dites-vous ? Je sais mon être loup aux abois à ce qu'il donne les blessures les plus mortelles à ceux qui le harcèlent, et qui ne voit que sous la puissance du monstre.
S'il vous tarde, mon cher Jules, de me voir, croyez qu'il y a réciprocité de ma part, mais je pense que malgré ma bonne volonté, je ne pourrais y aller de quelques jours. Je suis obligé d'aller à Cambon pour faire charger le reste de mes blés.
J'ai vu avec plaisir que vous allez arriver dans le courant du mois avec la famille et ainsi que Mme Vivent avec quelle impatience ces 15 jours vont être comptés.`
Ne nous oubliez pas auprès de Madame et de toute la famille.
Adieu, votre plus dévoué ami.
Henri Pinel
Ps: Si vous me trouviez un éleveur de Castres un éleveur de p. vous ferez bien de me l'acheter mais une mule
Langautier, 17 mars 1849
Bien cher ami ou allons-nous grand Dieu, que veut-on faire de la France si belle, si généreuse ?
Je crois que le neveu veut humilier autant que l'oncle la remplit de gloire, à voir ce qui se passe, ne dirait-on pas, Dieu me pardonne, qu'ils ont le vertige ou que quelque malfaisant génie souffle dans les conseils du président. Et cependant, si l'on compare l'époque actuelle à quelque chose, on est forcé de prendre la réaction thermidorienne pour comparaison. Même peur, même haine, même moyen. Je veux dire la calomnie, le mensonge, la corruption. Ils n'osent pas y ajouter les exécutions qui font couler le sang. Mais ça institue des commissaires militaires, ils entassent dans les pontons, ils associent aux galériens ces hommes généreux et fiers, dont le seul crime est d'avoir été vaincu, d'être trop républicain.
Il crée une justice exceptionnelle pour l'attentat du 15 mai… et que l'on fait à… les lois d'éternelle justice ; la rétroactivité, cette loi de tous les âges, de tous les bons sens, on peut dire, il la violent… Cette constitution qu'ils ont faite, ils la violent, et s'ils ne la brisent pas encore, c'est que le cœur leur manque… ou plutôt c'est qu'ils sentent le vide dans lequel ils se meuvent, le peu d'appui qu'ils ont… et cependant, c'est nous qui sommes des anarchistes ! Des hommes de désordre, de sang, et de meurtre. Mon cœur frémit , se gonfle d'indignation quand sur mes journaux je lis tant de bassesse, tant de méchanceté…. Et tout cela, pour quelques vils et misérables intrigants, toutefois riches possesseurs de la fortune… mais sur la moralité de laquelle il ne fait pas demander une enquête… Oh les hommes !! moi qui dans ma simplicité, du soin de ma thébaïde de Langautier… avoir paré de toutes les vertus ! qu'ils sont hideux à l'œuvre !
Et maintenant, les soldats français, les républicains par excellence, qui vont devenir les soldats de la foi. Mais ils veulent combler la mesure tracassière à l'intérieur, avilissement à l'extérieur, misère, gêne partout. Qu'espèrent-ils de tout cela. Croient-ils que parler qu'ils accuseront les républicains, on les croira sur parole. Mais où sont ces républicains qui dirigent nos affaires d'après depuis 10 mois ? Enfin, jamais l'horizon ne m'avait paru si noir, si gros d'orages.
Et les élections prochaines ? Qu'en dit-on ? Que veut-on faire à Paris ? Rien ne transpire si sur cela vous savait voir que la province attend le signal de la capitale. Aussi tout est calme. Toutefois, je pense que nous ne devrions pas rester dans cette espèce de torpeur qui peut nous devenir funeste et attirer des mots incalculable sur notre cher patrie. Les bigarrés se réunissent et se concertent et toujours nous devancent. Ne réaliserions-nous pas au parfait la gageure du lièvre et de la tortue. Nous sommes trop confiants dans La sainteté, la sublimité, la vérité véritable de notre cause bas. S'ils ont, l'idée et pour nous la raison la logique les faits nous aident de leur puissance à la démocratie l'avenir donc nous avons le temps et cependant la tortue arrive la première neige pas raison que serait-ce si vous portiez une maison ?
Comment formerons-nous ces listes. Je pense qu'il serait convenable, prudent, adroit en même temps de faire une liste avec les modérés républicains vrais qui viendraient s'allier à nous. Admettons sur les listes, moitié de chaque candidat modérés et rouges, avec instruction et observation expresse de ne pas porter, d'exclure nos liste les modérés qui seraient sur la liste des arlequins renards mais voudraient une chambre composée moitié de modérés et moitié des nôtres que moitié des premiers moitié des bleus, blancs verts.
Que voulez-vous, il leur faut une revanche, une victoire, peu leur importe qu'elle soit le produit de la fraude et du mensonge… il leur faut une victoire… non pour nous effrayer, ils en sont incapables, mais pour nous tracasser, pour se venger de la… qu'ils ont eu il y a 13 mois environ… Si la vengeance ne les frappe jamais ; nous pourrons bien dire, à chacun selon ses œuvres ! Cette idée de triompher contre que… est tellement vraie, que je vais vous rapporter venant d'une de mes connaissances, partisan effréné de la bigarrure quoique n'étant ni bleu ni blanc ni vert ni rouge…
Comment lui disais-je, après l'arrêté de dissolution du conseil municipal de Toulouse ; … vous autres, amis de l'ordre, qui sans motif aucun, du moins plausible, faite des actes révolutionnaires comme celui-là ? et on voulait nous en servir ? Nous nous étions trompés
Dans nos dernières élections, nous voulons prendre une revanche et si vous vous trompiez encore ? Nous y reviendrons après lui avoir dit beaucoup de choses, je lui tournais le dis en pensant qu'ils comptaient dans l'hôte… un mot de la solution, je vous prie aux questions que je vous adresse.
Permettez-moi d'user de votre bonté
Pour vous adresser une pétition que vous aurez la complaisance de remettre au ministre des Travaux publics. Je ne vous dis pas d'y joindre votre influence… avec le gouvernement que nous avons, ce serait vous faire une injure.
Ma famille va très bien. Elle est toute oreilles et toute joyeuse quand une lettre arrive de Paris et que je dis, c'est Calès… Elle ne doit plus avoir peur gardée par la… faucher… un serrement de main à votre bon Jules, un souvenir à nos amis les montagnards, à mes cousins, à vous, toute l'amitié que je vous ai vouée.
Vive la république démocratique et sociale.
Pebernad Langautier
Langautier, le 15 avril 1849
Mon bien cher ami
Il y a près d'un mois, je pense que j'ai eu le plaisir de vous écrire en même temps, de vous adresser une pétition pour un citoyen afin de la remettre au ministre compétent et je n'ai reçu aucune réponse. Est-ce que par hasard vous ne l'auriez pas reçu par le temps qui court tout est possible. Je vous serais bien reconnaissant de me le savoir dire par le retour du courrier sans quoi sur quoi je vais croire que vous ne relevez pas celui-ci.
Je vous assure que cela me tracasse. Non que je craigne quant au contenu car ce que je vous dis au sujet de la politique peut se dire tout haut. Mais je crains que le gouvernement sans vergogne ajoute une turpitude de plus à celles qu'il commet journellement. Ainsi, rassurez-moi par une prompte réponse.
Les élections approchent, il faut choisir des candidats, nous devons nous réunir pour le faire aussi tiendrai-je à savoir (ce que je vous demandais) si une fusion avec les modérés, quant aux personnes, serait une bonne manœuvre ? Je le crois et je préférerais une chambre mi-parti modéré mi-parti républicain qui mi-parti modéré et mi-parti blanche. Je pense à revoir les beaux jours de 1815.
Bon, je me suis servi de modéré et de républicain, ne pensez pas que j'approuve ce vocabulaire. Car je ne voudrais pas plus un modéré qu'un exalté. On est républicain franchement, entièrement sans arrière-pensée, ou on ne l'est pas;
Bon, je pense que toute ces dénominations ne sont que des moyens échappatoires pour ceux qui les acceptent et qui sont républicains à la façon de charrette.
J'espère que vous ne ferez pas le voyage de Toulouse et que les élections ne soient bonnes, car qui mieux que vous méritez à tous égards d'être continué dans son mandat ? Fermeté inébranlable de principe, assiduité dans l'action, intelligence marquée, goûts simples et populaires, sans ambitions ni désirs autres que ceux de voir se réaliser le gouvernement républicain démocratique, c'est-à-dire social, tout par tous et pour tous. Qui mieux que vous est digne, je le répète, d'aller encore défendre le gouvernement ?
Aussi, prudence exige que vous ne veniez parmi nous que lorsque le résultat sera parfaitement connu, nous prouvera que le suffrage universel tant vanté n'est qu'une arme dangereuse dans des mains ignorantes tant que l'instruction ne sera pas gratuite et obligatoire.
Lentement ils ont bien compris nos tartuffes effrontés de gouvernants actuels, le projet Carnot est dans le tapis, tant mieux. Ils font tous leurs preuves quant aux résultats des élections. Voilà mon appréciation. Je les compare à celles de Toulouse pour le Conseil municipal, une majorité infime partout en France, mais que, en somme, paraîtra leur donner l'unanimité en France, parce qu'ils l'auront au Parlement.
Voudront ils braver ? La poignée de faction comme il vous appelle alors que nous serons aussi nombreux qu'eux… Ils savent bien que le courage véritable n'est inspiré que par la foi, par la conviction.
Mais voilà le résultat immanquable qu'il prépare pour un avenir prochain ils ont peur de la social, c'est à dire de l'abolition de l'exploitation de l'homme par l'homme et pour par l'homme et pour obtenir leur majorité, ils vont faire appel aux besoins du crainte matériel tel que l'allègement des impôts, etc. Or croyant que le peuple se laissera encore prendre à ces vérités,… une fois au pouvoir, ils les éluderont, mais comme rien n'est moins compris de personne comme l'intérêt matériel. Une nouvelle révolution ? Le complément de tout éclatera, et ce sera cette fois aux cris de la sociale.
Cette réalisation qui est pour moi et le bonheur sur cette terre, en attendant que l'autre bonheur que nous a promis la… arrive. S'il y en a nos vœux seront satisfaits. Que nous soyons en vainqueurs ou non à ces élections. Mais une crainte terrible, s'empare de moi lorsque je pense que c'est le triomphe de nos ennemis qui amènera notre triomphe. Car alors pourrons-nous diriger et manœuvrer la nouvelle révolution ? Ne se jettera elle pas dans les excès, toujours mauvais pour elle-même ? Ne mourra que le plus malade comme l'ont dit, mais voit-on toujours ma crainte j'espère que les bons sens éclairés du peuple d'ici là me répondra et me rassurera.
Toutefois, ne nous endormons pas et faisons d'autant moins que nous voyons davantage l'avenir…
Tenez-moi au courant de ce qui se fera à Paris afin que dans ma petite sphère, je marche à l'unisson. L'Union fait la force mais non, pas l'union nécessaire, comme les alliances monstrueuses du gouvernement actuel. Et la vraie force ne se traduit que par la durée, d'où petit avenir à Bonaparte.
Nous allons tous bien. Bien des choses aux vôtres, des miens et de moi.
Votre ami.
Pebernad Jules
Castres, le 16 juin 1849
République française démocratique et sociale, liberté, égalité, unicité, fraternité !
Les soussignés, pour resserrer les liens sympathiques qui les unissent déjà ont formé à Castres maison Nauzières , rue d'Empare une société sous le nom de cercle d'industriels démocratiques. Ils s'adjoindront le nombre des membres qui le jugeront convenable. Les membres devront être âgés de 21 ans au moins, jouir de leurs droits civils et politiques. Ils adhéreront aux règlements constitutifs suivants, qui sera obligatoire pour tous.
Amédée Nauzières
… Il appartenait à une famille riche et influente. Son grand-père, Jean Nauzières, l'un des plus importants manufacturiers de la ville, avait été maire de Castres. Son père, Amédée Nauzières, en épousant Pauline Ouradou, s'était allié à l'une des plus brillantes familles du Sidobre….
(2006) L'illustre Raymond Nauzières était né un 1er novembre via La dépêche
Article 1er
Pour être admis à faire partie du cercle, il faut être présenté par un membre 8 jours au moins avant la séance d'admission et réunir les 2/3 des voix des membres votants. Tout citoyen. Dont l'admission a été rejetée ne pourra être représentée que 6 mois après son rejet.
Article 2e
Le droit d'admission est fixé à la somme de 5 francs qui doit être versé pour chaque sociétaire. À son entrée au cercle, la cotisation annuelle est aussi de 5 francs, payable le premier janvier et exigible de tout récipiendaire à quelque époque de l'année qu'ait lieu son admission.
Article 3e
Les membres du cercle se réuniront le premier lundi de chaque mois pour traiter de leurs affaires intérieures. Ils élimineront au préalable un bureau composé d'un président, de vice-président, 3 commissaires qui remplaceront les membres du Bureau en cas d'absence. Ils nommeront un trésorier. Le Bureau sera chargé de la police, des réunions et de l'exécution du règlement. Il sera nommé pour 6 mois. Il ne pourra être réélu en totalité ou en partie qu'une 2e fois, ainsi que le trésorier, les commissaires et le président, ou en son absence les vice-président et à défaut de ceci. Les sociétés ont le droit de faire des conventions extraordinaires.
Article 4e
La révocation d'un manque peut être demandée, elle. Sera appuyé par d'images membres au moins et basés sur des motifs très graves. Elle ne peut avoir lieu que par décision des 2/3 des membres votants. Cette révocation ou le retrait d'un sociétaire ne donne lieu à aucune indemnité.
Article 5e
Des décisions de l'Assemblée sont prises. Par. Assis et levé ou au scrutin secret s'il est demandé par 10 membres et à la majorité absolue, les votants exceptés pour les admissions et les rejets.
Article 6e
Les délibérations du cercle sont inscrites sur un registre par un des secrétaires qui lie et fait adopter. À la plus prochaine séance le procès-verbal de la réunion. Ce procès-verbal est signé par le Bureau.
Article 7e
Le trésorier, peu sur mandat du président ou en son absence des vice-présidents, il est tenu de présenter le suivi mensuel des comptes. Ces comptes seront vérifiés par les commissaires.
Article 8e
Les dépenses qui dépasseront 20 francs seront ordonnées par le président ou, en absence, par le vice-président.
Article 9e
Les dépenses faites au nom du cercle et votées par lui ou ordonnées par le président en son absence par le vice-président aux conditions de l'article 8 sont obligatoires pour tous les membres.
Article 10e
Les étrangers pourront être reçus dans les salons du cercle quand ils seront accompagnés d'un des membres; il aura une exclusion à la quatrième fois pour les citoyens de la ville seulement.
Article 11e
Aucune solidarité n'existe entre les membres du cercle pour les dépenses de consommation. Les objets de consommation sont à la charge de celui qui les demandent.
Article 12e
Les jeux d'intérêts ne sont autorisés que pour les montants de la consommation journalière de chaque membre. En conséquence, il est expressément défendu au concierge d'accepter au compte d'aucun sociétaire la charge ou la décharge des consommations des jours précédents.
Article 13e
En cas de dissolution du cercle, le matériel sera vendu au profit de ses membres à l'exclusion des démissionnaires.
Suit la légalisation du maire de Castres.
Nous allons tous bien, mille choses à votre famille de la part de tous à Paris. Il parait que ça chauffe. Les journaux de l'opposition sont arrêtés.
Votre ami dévoué.
Henri Pinel
Mandat de comparution
Nous premier président de la cour d'appel de Toulouse agissant en vertu de l'arrêt d'évocation du 19 juin dernier mandons et ordonnons au sieur Pebernad ancien sous-préfet de l'arrondissement de Villefranche demeurant dans le canton de Caraman de comparaître devant nous le jeudi 23 août courant à 12h00 précise dans notre cabinet au palais de justice de ladite cour pour être entendu sur les inculpations dont il est prévenu.
Mandons à tout huissier ou agent de la force publique de notifier le présent.
Donné à Toulouse le 19 août 1849
C. Piou signé
L'an 1849 et le 21 août nous Alphonse Tassain, huissier pour le tribunal civil et ordinaire de la cour d'appel de Toulouse y demeurant soussigné à la requête de Monsieur le procureur général que la cour d'appel de Toulouse qui élit domicile en son parquet avant signifié au sieur Pebernad
Ancien sous-préfet de l'arrondissement de Villefranche demeurant à La Salvetat canton de Caraman le mandat de comparution décerné contre lui le 19 août courant par Monsieur le premier président de la cour d'appel de Toulouse dont copie lui est donnée en tête du présent aux fins de l'ignorer se faisant sommation lui est faite de se conformer aux dit mandat dont acte. Baillé cette copie au sieur Pebernad
En son domicile, parlant en sa personne.
Compté 9 francs 60 à Tassain
Dans la journée du mercredi, 3 décembre, des groupes nombreux parcoururent la ville de Toulouse et se portèrent sur la place du Capitole, où la foule était déjà assez nombreuse. A deux heures, quelques chefs du parti démocratique débouchèrent par la rue de la Pomme et se présentèrent à l'entrée de l'hôtel-de-ville, dont l'accès leur fut interdit par la troupe qui croisa sur eux la baïonnette. Ce groupe quitta alors la place du Capitole et se dirigea sur d'autres points de la ville par la rue Saint-Rome.
[…]
A la suite de ces événements, des troupes nombreuses vinrent garder les abords du Capitole et de l'h ôtel de la préfecture. La cavalerie chargeait avec fureur sur des groupes de curieux. Plusieurs citoyens furent maltraités, d'autres arrêtés brutalement par la nouvelle police qui venait de faire irruption sur les places du Capitole et de la préfecture. Cette police était composée d'agents venus on ne sait d'où....
Vers trois heures, le peuple, refoulé et chargé à chaque iustant, se mit à lancer quelques pierres contre la troupe postée sur la place du Capitole. Les sommations légales furent faites, et une charge de cavalerie et d'infanterie avec la baïonnette fit évacuer complétement la place.
Le préfet Piétri fit alors afficher la proclamation suivante, dans tout le département de la Haute-Garonne :
« Habitants de la Haute- Garonne, les signataires de la proclamation incendiaire publiée aujourd'hui par l'Émancipation et la Civilisation ont été arrêtés, et la Cour d'appel de Toulouse, sur les réquisitions du procureur général, vient d'évoquer, ce soir même, la connaissance de cette affaire, qualifiée complot, ayant pour but d'exciter les habitants à la guerre-civile, ainsi que la tentative d'assassinat dont M. Forgemol, capitaine, aide-de-camp de M. le général commandant la division, a été l'objet aujourd'hui.
Les commissaires instructeurs sont : M. le premier Président et MM. les conseillers Tarroux et Denat. Les arrestations ont été opérées sans résistance. Toulouse jouit depuis ce moment de la plus grande tranquillité.
Les autorités civiles et militaires sont en mesure de réprimer toute nouvelle tentative de désordre,
Toulouse, le 3 décembre 1851.
Le préfet de la Haute-Garonne, PIÉTRI. »
La circulaire dont il est question dans la proclamation du préfet Piétri, renfermait une protestatio n contre les agissements du gouvernement de Bonaparte. Elle fut imprimée par les presses de l'Émancipation répandue en grand nombre sur la voie publique, et reproduite dans les journaux la Civilisation et l' Émancipation, qui furent ensuite supprimés sans jugement, sans tenir aucun compte des pertes qu'on faisait éprouver, par cet acte arbitraire, aux actionnaires de ces deux feuilles et aux abonnés.
[…]
On lit dans le Journal de Toulouse du 19 décembre : « On a arrêté, dans la nuit de mercredi à jeudi, une vingtaine d'individus compromis dans l'affaire de l'émeute du 3 courant ; on assure que deux cents personnes sont sous le coup de mandat d'amener. MM. Denat et Tarroux, conseillers à la Cour d'appel,instruisent cette procédure. »
[…]
Maintenant, voici la liste des personnes de Toulouse qui furent arrêtées à la suite des événements du 3 décembre, durant la nuit, avec violation de domicile et de personnes, et déposées dans les prisons du Sénéchal et du Palais: MM. Isidore Janot ; Marcel Lucet, avocat; Armand Duportal;
[…]
Les mesures qui pourront être appliquées suivant le degré de culpabilité, les antécédants politiques et privés, la position de la famille des inculpés, sont les suivantes :
« Le renvoi devant les conseils de guerre ;
« La transportation à Cayenne ;
« La transportation en Algérie (deux classes exprimées par ces mots : plus, moins) ;
« L'expulsion de France ;
« L'éloignement, momentané du territoire ;
« L'internement, c'est-à-dire l'obligation de résider dans une localité déterminée ;
[…]
M. le colonel Espinasse, aide de camp du prince-président de la République, arriva à Toulouse le 2 avril, chargé de l'inspection des travaux des Commissions mixtes dans les départements de l'Aude et de l'Hérault. C'est le même colonel dont il est si souvent parlé dans l'ouvrage de M. Eugène Ténot, sur le coup-d'État à Paris.
M. Vivent, qui avait été condamné par la Commission mixte de la Haute-Garonne à l'expulsion du territoire français, et MM. Achard, Gardes, Albert Brun et Frédéric Mondouis, qui avaient été mis par la même Commission sous la surveillance de la haute police,obtinrent la remise de leur peine, décision prise, dit-on, par M. le colonel Espinasse.
Alphonse Brémond (1870) Histoire du coup d'État dans le département de la Haute-Garonne (1851-1852) via Gallica
CITOYENS, HABITANTS DE LA HAUTE-GARONNE
La Constitution de la République, solennellement proclamée par les mandataires du peuple, dispose :
« Art. 68. Toute mesure par laquelle le président de la République dissout l'Assemblée nationale, la proroge ou met obstacle à l'exercice de son mandat est un crime de haute trahison.
Par ce seul fait, le président est déchu de ses fonctions. Les citoyens sont tenus de lui refuser obéissance. Le pouvoir exécutif passe de plein droit à l'Assemblée nationale.
« Art. 110. L'Assemblée nationale confie le dépôt de la présente Constitution et des droits qu'elle consacre à la garde et au patriotisme de tous les Français. »
Il n'y a plus de Constitution !
M. Bonaparte, qui avait juré devant Dieu et devant les hommes, de lui rester fidèle, l'a déchirée de ses propres mains.
Il n'y a plus d'Assemblée nationale !
Monsieur Bonaparte, qui devait la respecter et la défendre comme l'expression de la souveraineté populaire, la dissoute et dispersée par la force.
Il n'y a plus de République !
Monsieur Bonaparte, sous prétexte de salut public, concentre provisoirement en lui seul tous les pouvoirs en promettant de restituer au peuple convoqué dans les comices et appelés à sanctionner d'abord l'usurpation commise, puis à statuer sur lui.Il n'y a plus de président !
Monsieur Bonaparte traite et parjure n'est plus qu'un criminel d'État que réclame de la Haute Cour nationale. Les citoyens sont tenus de lui refuser obéissance et quiconque oserait lui prêter assistance deviendrait son complice.
Et ces horribles attentats, s'il faut en croire un placard officiel signé du nom d'un préfet de la République, Monsieur Bonaparte les aurait accomplis avec le concours de l'armée et aux applaudissements de la population si démocratique de Paris.
Mensonges ! Calomnies !
Des soldats de la République ne prostituent, pas au service d'un César, les armes que la patrie leur a confié pour la protection de ces frontières et pour l'honneur du drapeau.
On trompe le peuple afin de gagner du temps et de mettre sans doute les conspirateurs hors d'atteinte de sa justice.
Citoyen, le moment est venu où la France doit montrer au monde si elle est digne de la République et de la liberté, si abâtardie par la corruption et l'égoïsme, elle doit se résigner à courber la tête, esclave sous le joug d'un maître.
Quand le pacte social est brisé ? Quand l'autorité légale a disparu pour faire place à un pouvoir de fait, c'est au peuple seul qu'appartient le plein et entier exercice de la souveraineté. À lui de faire respecter son droit imprescriptible et inaliénable que ses mandataires ont déserté ou trahis.
Que les hommes de cœur avisent donc sans retard et que les bons citoyens leur viennent en aide ! Que partout des gardes nationales Sam pour la punition des coupables et la défense de la Constitution. Que dans chaque commune des comités révolutionnaires soient institués par réclamation avec le mandat d'organiser partout la résistance et aux besoins la lutte contre l'usurpation et l'usurpation, de suspendre provisoirement les fonctonnaires d'un pouvoir rebelle et pourvoir à la sécurité publique !
Citoyens, il n'y a pas d'obstacle pour celui qui veut : que chacun fasse son devoir !
Vive la République démocratique une et indivisible !
Vive la Constitution !
Signataires :
Les Citoyens : Paul Crubailhes, rédacteur du journal la Civilisation. Marie Achard, rédacteur du journal la Civilisation. Isidore Janot, rédacteur en chef de l'Émancipation. Armand Duportal, rédacteur de l'Émancipation. François Cazeneuve, rédacteur de l'Émancipation. Marcel Lucet, avocat, rédacteur de l'Émancipation.Napoléon Tachoire, rédacteur de l'Émancipation.Charles de Saint-Gresse, avocat. Bernard Debernat, rédacteur de l'Émancipation : Bauguel, ancien préfet de la République.Bernard Mulé, ex-membre de la Constituante. François Carolis père, mécanicien.Frédéric Mondouis. Joseph-François Vivent, minotier, ancien juge au tribunal de commerce. Frédéric Monnié, négociant, ancien juge au tribunal de commerce. Estenave, ex-sous-commissaire du gouvernement.Jean Baux, ouvrier ajusteur.Troy, ouvrier menuisier. J.-M. Méric fils, négociant. Frédéric Dosset, entrepreneur de voitures. Théodore Coudom, horloger. Etienne Rolland fils aîné, tailleur de pierre. Ariste Beaudéan, homme de lettres. Joseph Boé, ouvrier typographe.Jean-Joseph-Charles Fox, fondeur en caractères d'imprimerie. Jean Grillou, marchand boucher. J.-B. Bégué, négociant en blé. Pratviel-Lange. Pebernad, ex-sous-commissaire du gouvernement. Jacques Gerla, menuisier. Hincelin.Weillé. Bernard Mascaras, peintre-colleur. Albert Brun, sculpteur. Thomas Rouen. Antoine Taupiac. F. Lavigne, maire de Blagnac. Guillaume Durand. François Taupiac.Layerle.L. Amiel, avoué à la Cour d'appel de Toulouse. Pierre Pech, ouvrier en fer. J. Allaux, bijouter. Joseph-Edouard Abadie. Pélissier aîné. B. Rives. J. Balanzaç. Montel. Régeau, correcteur d'imprimerie. Rivière, bottier. Guillaume Rey, commissaire-priseur. Jean-Félix Baldairous, maître corroyeur.
Toulouse, le 11 décembre 1851
Monsieur
J'ai l'honneur de vous informer qu'en conformité des dispositions du code de procédure civile, il a été remis par huissier au secrétaire de mairie une copie d'acte judiciaire vous concernant comme n'ayant pas été trouvé à votre domicile.
Je vous invite à retirer cette pièce dans mes bureaux. J'ai l'honneur de vous saluer le maire. De Toulouse.
Villefranche, le 13 janvier 1852,
Monsieur le préfet de la Haute Garonne,
Ayant à vous adresser un travail aussi complet que possible, j’ai dû me livrer à de laborieuses recherches qui seules en ont retardé l’envoi. Vous trouverez, sous ce pli, Monsieur le Préfet, la liste exacte des individus de l’arrondissement connus pour professer ou propager des doctrines anarchiques. Terrifiés par la grandeur des évènements, ils sont restés calmes, mais leurs sentiments n’ont pas changé et la moindre issue entrevue favorable à leurs coupables desseins, les retrouverait, pour la plupart, ardents à la Lutte.
Vous remarquerez dans cette liste, Monsieur le Préfet, quelques noms de fonctionnaires municipaux : je prépare un travail ayant trait à leur révocation : il n’est retardé que par la nécessité d’apporter un discernement prudent dans le choix de leurs successeurs.
Le nombre des anarchistes que révèle le canton de Caraman ne permet pas de douter qu’il n’y ait eu là affiliation aux sociétés secrètes : je vais faire procéder dès demain à l’arrestation de quelques-uns d’entre eux, et j’ai lieu de croire que les investigations de la justice amèneront un résultat.
Je compte aussi faire opérer quelques arrestations dans les autres cantons afin d’amener partout, les population aux mépris des agents de l’anarchie. Vous recevrez à ce sujet, un rapport spécial.
Je vais m’occuper, dès demain, d’établir les catégories dont votre lettre de ce jour m’indique les degrés. Je suis d’ores et déjà amené à croire que la tranquillité publique n’est intéressée qu’à un très petit nombre de mesures.
Agréez, Monsieur le préfet, l’hommage de mon respect.
Le sous-préfet Ballu
Gendarmerie de la Haute Garonne. Confidentiel.
Toulouse, le 14 janvier 1852
Monsieur le préfet
Le Maréchal des logis et les gendarmes de Toulouse chargés hier au soir d’aller faire les recherches dans la commune de La Salvetat canton de Caraman, sont rentrés à 05h00 du soir.
Leurs mesures avait été si bien prises qu’ils étaient parvenus à cerner pendant la nuit la maison de campagne de M. Pebernad sans qu’aucune alerte ait pu être donnée. Ce n’est qu’à la naissance du jour que les chiens ont commencé à aboyer, mais alors personne ne pouvait plus fuir. Toute l’habitation et les bâtiments en dépendant ont été amplement fouillés. Mais le maréchal-des-logis Leclerc à bientôt été convaincu qu’il n’y avait personne de caché car les chambres étaient froides, les lits faits et froids, enfin aucun dérangement n’a annoncé la présence des habitants.
On se retirant, le maréchal des logis a eu une assez longue conversation avec le maire de Caraman, homme d’ordre, s’il en faut, ancien militaire très disposé à favoriser les vues du gouvernement de Monsieur le Président de la République. Il a assuré que si M. Pebernad avait paru à sa campagne, seul ou avec des étrangers, il en aurait été aussitôt informé. Monsieur le Maire de Caraman a promis de faire surveiller le retour de M. Pebernad et même de le faire arrêtez s’il reparaît dans les parages.
17 janvier 1852, cabinet du sous-préfet
Sous-préfecture de Villefranche
Monsieur le préfet,
Conformément à vos instructions et après m'être entouré de renseignements sérieux, prudemment contrôlés, je puis vous adresser un tableau indiquant les noms des personnes compromises et sous la Coupe d’un ordre d’arrestation.
Le sous-préfet Galli signé.
Canton de CaramanLangautier Jules, ancien sous-commissaire de l’arrondissement, demeurant à Auriac, le sieur Pebernad a été pendant 3 années, le chef avoué de l’anarchie dans l’arrondissement. L’esprit de désorganisation pas d’agent plus actif et c'est surtout dans son canton Caraman qu’il exerçait avec le plus d’ensemble et de succès.
Le sieur Pebernad signataire de la proclamation incendiaire de Toulouse, sous le coup d’un mandat d’arrêt a jusqu’ici échappé aux poursuites.
Dans l’intérêt de la paix publique il me paraît indispensable que le sieur Pebernad soit compris dans la catégorie des hommes dangereux que le gouvernement doit éloigner au moins momentanément de France, seul de l’arrondissement il me paraît devoir encourir cette grave mesure.
Laflèche Herculien, pharmacien à Caraman, Germier Louis-Antoine pâtissier à Caraman font partie des individus détenus à la maison d’arrêt. Ces 2 lieutenants de Pebernad dirigeaient le mouvement à Caraman et y répandaient la terreur parmi les hommes d’ordre. En correspondance, suivie avec le comité de Toulouse, on les voyait s’agiter à toutes les Sommation politique, tenir les propos les plus coupables et combiner des plans d’organisation. Cette attitude et de notoriété publique, Laflèche et Germier doivent être momentanément éloignés du département.
Pénavayré Victor, instituteur révoqué de Loubens, actuellement en fuite, doit subir le même sort, séide de Pebernad . Il s’est montré depuis 3 ans fangeux propagandiste et nul plus que lui, n’a contribué à à pervertir les esprits.
En me résumant, je crois que l’intérêt de la paix publique exige les mesures suivantes :
Éloigner momentanément de France, Pebernad Langautier Jules, propriétaire à Auriac, canton de Caraman.
Éloigner du département, Laflèche, Germier. Et cetera. Et cetera.
Signé Gally, sous-préfet
Renseignement confidentiel sur les démagogues poursuivis par la justice comme ayant pris part au mouvement du 2 décembre 1851 et jours suivants :
n° 52 – Vivent, minotier (bonne moralité, aisance douteuse « Ceci est écrit à l’encre rouge et d’une autre écriture »). Et un démocrate à la façon des Roquelaine, des Monnier, des Murlé etc.
Il jouit d’une jolie aisance et il occupe beaucoup d’ouvriers. En 1848, il joua un certain rôle dans les événements qui s’accomplirent et il n’a jamais modifié ses opinions. Comme homme privé, comme négociant, Vivent jouit de de l’estime publique, mais comme homme politique, il s’est aliéné celle des gens d’ordre. Il serait revenu très avantageusement sur la scène politique si la République outrée avait triomphé.
n° 78 – Pebernad propriétaire bonne moralité, riche (ceci est un cri à l’encre rouge) propriétaire à La Salvetat près Villefranche. Habite alternativement Toulouse et sa propriété. Il est beau-frère de Vivent, c'est à cette parenté et aux suggestions de l’ex-proconsul Joly qu’il doit le désagrément d’avoir abandonné son existence heureuse pour se jeter dans les aventures du républicanisme outré. Il dirigea en 1848 l’administration à Villefranche et personne n’a eu à se plaindre de lui lorsqu’il était aux affaires publiques. Les habitants de son village affirment aussi qu’il a de très bons rapports avec eux et qu’il est très serviable.
JOLY Jacques, François, Clair, Henry Né à Limoux (Aude) le 25 novembre 1790, mort le 4 septembre 1870. Avocat à Limoux. Représentant montagnard de la Haute-Garonne en 1848 et de Saône-et-Loire en 1849.
Il fut, aussitôt après la révolution de Février (du 25 février 1848 au 10 mai 1848), commissaire du Gouvernement provisoire dans la Haute-Garonne, le Tarn et en Tarn-et-Garonne. Ses adversaires de Toulouse l’accusèrent d’être un nouveau roi d’Aquitaine, un despote, ou un proconsul d’Aquitaine. Ce qui ne l’empêcha pas d’être élu à la Constituante, le 23 avril 1848, second sur douze, avec 73 146 voix.
Voir aussi : Discours Joly au banquet du Mans
Toulouse, le 21 janvier 1852.
Le Commissaire central de police, Cazeaux (signé)
Commission mixte
Procédure relative aux insurrections de décembre 1851
Étaient présent, Messieurs :
Le général de division Neveu ;
Dufresne, procureur général ;
Pujol, conseiller de préfecture, secrétaire général remplissant les fonctions de préfet par intérim.
page 19, séance du 23 février 1852.
Décision concernant le sieur Pebernad.
Arrête qu’il sera interné et mis sous la surveillance de Monsieur le ministre de la police générale.
Dufrêne, Pujol (signé)
Selon le fonctionnaire [le préfet Ballu] « le nombre des anarchistes que recèle le canton de Caraman ne permet pas de douter qu’il y ait eu affiliation en sociétés secrètes ». Les autres cantons de l’arrondissement sont moins touchés : sept suspects sont désignés pour celui de Lanta, neuf pour celui de Montgiscard, sept pour Nailloux, huit pour Revel et seize pour Villefranche.
Au premier rang de ces "républicains avancés", Jules Pebernad, sous-commissaire de la République dans l’arrondissement en 1848, considéré comme "chef du parti socialiste du canton", propriétaire dans la commune d’Auriac, en fuite. A Villefranche, le chef du « parti rouge » est le médecin Calès, qui se tient maintenant sur la réserve. Les jugements du sous-préfet sur ces adversaires sont sévères : « séides » ou « affidés » de Pebernad, « dangereux dans le succès » ou encore « dangereux propagandistes », « actif, intelligent, ardent ». D’autres sont qualifiés de « braillards », « peu intelligents », « bavards », « mauvais en paroles ».
[…]
Cette première liste des "suspects" est bien plus longue que celle que le même sous-préfet dresse peu après, sur demande du préfet, celle des individus à punir, avec proposition d’une sanction selon les catégories fixées par le gouvernement. C’est que « la tranquillité publique n’est intéressée qu’à un petit nombre de mesures ». Seul Pebernad devrait être éloigné momentanément de la France, comme « chef avoué de l’anarchie dans l’arrondissement » et signataire de la « proclamation incendiaire » publiée par L’Émancipation le 3 décembre. Il est en fuite, sous le coup d’un mandat d’arrêt. Le sous-préfet demande en outre, que soient éloignés du département quatre habitants du canton de Caraman (Laflèche, pharmacien ; Germier, notaire ; Panavayre, instituteur révoqué, Trantoul, voyageur de commerce) et deux du canton de Villefranche (Cazeneuve fils, expert géomètre, Lacion, ex sous-officier). Quant à Pitorre, Chardons, Pellegry, Alba, Monfrain et Belou, « que j’ai cru devoir mettre provisoirement en état d’arrestation, ce sont autant d’agents subalternes, plutôt égarés que coupables, qu’une leçon comme celle qu’ils viennent de recevoir suffira pour ramener à de meilleurs sentiments ». Ces six "lampistes" sont effectivement élargis dès le 17 janvier. La Commission condamnera le seul Pebernad, à l’internement dans un autre département.
[…]
Pebernad signalé par le sous-préfet de Villefranche comme l’un des chefs républicains de cet arrondissement, signataire de la proclamation du 3 décembre, connu pour l’exaltation de ses opinions, et l’efficacité de ses actions de propagande, sera interné et mis sous la surveillance de la police.
Germain Sicard (1998) La "commission départementale" de la Haute-Garonne et les républicains en 1852 via Books OpenEdition
Auriac, Pebernad Jules, propriétaire, 40 ans
Ancien sous commissaire de l’arrondissement – Chef du parti socialiste du Canton – En fuite, sous le coup d’un mandat d’amener.
Séides de Pebernad, lieutenants fidèles, actifs, dangereux dans le succès…
Affidés des précédents, à leur dévotion…
Chefs de l’anarchie dans la commune, en relation directe avec Pebernad .
Chefs du mouvement, en correspondance avec les comités de Toulouse. Lieutenants actifs de Pebernad, affidés au précédent, dangereux propagandistes.
Revel
Hommes à convictions perpétuellement vacillantes. Suivent assez fidèlement les impulsions de l’administration ; assez dévoués ; signataires de la révision de la constitution et de la prolongation des pouvoirs au Président.
Pebernad -Langautier Jules, ancien sous-commissaire de l’arrondissement, demeurant à Auriac.
Le sieur Pebernad a été, pendant 3 années, le chef avoué de l’anarchie dans l’arrondissement. L’esprit de désorganisation n’eut pas d’agent plus actif et c’est surtout dans son canton (Caraman) qu’il s’exerça avec le plus d’ensemble et de succès. Le sieur Pebernad signataire de la proclamation incendiaire de Toulouse, sous le coup d’un mandat d’arrêt, a jusqu’ici échappé aux poursuites.
Dans l’intérêt de la paix publique, il me parait indispensable que le sieur Pebernad soit compris dans la catégorie des hommes dangereux que le gouvernement doit éloigner, au moins momentanément de France. Seul de l’arrondissement, il me parait devoir encourir cette grave mesure.
Laflèche Herculien, Pharmacien à Caraman, Germier Louis Antoine, Praticien à Caraman, font partie des individus détenus à la maison d’arrêt. Ces deux lieutenants de Pebernad dirigeaient le mouvement à Caraman et y répandaient la terreur parmi les hommes d’ordre. En correspondance suivie avec le comité de Toulouse, on les voyait s’agiter à toutes les commissions politiques, tenir les propos les plus coupables, et combiner des plans d’organisation. Cette attitude est de notoriété publique. Laflèche et Germier doivent être momentanément éloignés du département.
Pénavayré Victor, instituteur révoqué de Loubens, actuellement en fuite, doit subir le même sort. Séide de Pebernad il s’est montré depuis trois ans fougueux propagandiste et nul plus que lui n’a contribué à pervertir les esprits.
Transtoul Henry, …
Caseneuve fils, Michel
À éloigner momentanément de France : Pebernad Langautier Jules, Propriétaire à Auriac, canton de Caraman (en fuite).
État des individus compromis dans les mouvements insurrectionnels qui ont éclatés en décembre 1851, dans le département de la Haute Garonne et que la commission mixte départementale a condamnés à être internés dans un autre département.
Attendu qu'il résulte de l'information que Pebernad propriétaire, a signé avec une parfaite connaissance de cause la proclamation du 3 décembre et qu'ainsi il peut être considéré comme ayant pris part au complot dont cet acte a manifesté l'existence, que d'ailleurs cet inculpé, par l'exaltation de ses opinions politiques et la propagande à laquelle il se livre, exerce une regrettable influence dans l'arrondissement de Villefranche, sur les habitants de la campagne, voisins de ses propriétés.
Arrête qu'il sera interné et mis sous la surveillance de M. le Ministre de la Police générale.
La peine prononcée contre Pebernad a été commuée par le Colonel Espinasse en celle de la Surveillance
Le sieur Pebernad a signé avec la plus parfaite connaissance de causes, la proclamation du 3 décembre et peut être considéré comme ayant pris part au complot dont cet acté a manifesté l’existence. D’ailleurs, cet inculpé par l’exaltation de ses opinions politiques et la propagande à laquelle il se livre, exerce une regrettable influence sur les habitants de la campagne dans l’arrondissement de Villefranche.
Toulouse, le 11 avril 1854
Monsieur
J'ai l'honneur de vous informer que la ville de Sorèze qui vous avait été assignée pour résidence obligée par décision ministérielle en date du 4 avril 1852, vient de vous être interdite et que c'est dans celle d'Albi, même département que vous devez résider à l'avenir.
Je vous invite à prendre vos dispositions pour vous transporter sans délai dans cette ville et pour ne plus venir dans le département de la Haute-Garonne sans y être régulièrement autorisé.
Je crois devoir vous faire remarquer qu'une infraction à cette défense vous exposerez à des mesures rigoureuses.
Agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Arrêté de M. Le préfet de la Haute-Garonne, le 11 avril 1854
Journal de Toulouse, 4 avril 1852 et 15 de la même année, la presse même date
Erreur de M. Migneret avec lequel nous devions finalement nous entendre ; quand il a été changé à Strasbourg, subitement.
Ces pièces ci prouvent qu'il n'y a pas eu de décision ministérielle prise contre moi.
La justice qui suite le prouve péremptoirement.
Les soussignés, habitants de la commune de Sorèze, Tarn, certifie que Monsieur Pebernad Langautier, propriétaire, demeurant précédemment à Auriac, habite la commune de Sorèze depuis le 20 avril 1852 où il paye les contributions personnelles et mobilières et des prestations en nature, que sa conduite tant sous le rapport moral que politique a été irréprochable, qu'il est de notoriété publique, ainsi que d'ailleurs les journaux l'avaient annoncé en 1852 que le colonel Espinasse lui avait fait remise de la peine de l'internement et de la surveillance qu'avait prononcé contre lui la commission mixte départementale de la Haute-Garonne.
Fais un Sorèze, le 16 avril 1854.
Suit la liste des signataires
17 avril 1854, Sorèze
Monsieur le préfet,
Permettez-moi de vous manifester l'étonnement que m'a causé la décision mentionnée dans la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire à la date du 11 courant, d'après laquelle je serai encore interné politique et à la résidence d'Albi qui me serait assignée.
Oui monsieur le préfet, elle a été d'autant plus grande ma surprise que j'étais en droit de m'y attendre le moins puisque monsieur le colonel Espinasse, chargé par le gouvernement de l'inspection des dossiers des commissions mixtes m'a fait remise pleine et entière à son passage à Toulouse le 4 avril 1852, ainsi qu'à d'autres condamnés comme moi de toute peine quelconque.
Encore pouvais-je penser qu'il pouvait en être autrement lorsque rien, absolument rien, n'est venu faire connaître aux autorités de Sorèze que je n'étais point gracié, que je n'ai été pendant 2 ans consécutifs, sujet à aucune surveillance quelconque.
Malgré que j'ai eu mon pouvoir, votre lettre du 11 courant qui m'interdit Sorèze comme quelque autre lieu à mon choix en me désignant tardivement Albi comme seul lieu que je doive habiter. Je ne puis y croire que votre religion a été surprise car sur quel fait pourriez-vous la baser ? Je ne puis l'imaginer depuis que j'habite Sorèze de mon plein gré, je vous dirais monsieur le préfet que je ne me suis occupé nullement de politique adonné et entraîné que j'étais par le règlement de mes affaires personnelles comme les les tribunaux peuvent en affirmer ; de plus, je fais le défi à qui que ce soit de me faire la preuve d'aucun fait compromettant à ce sujet.
J'espère, Monsieur le préfet, que, convaincu de ma fausse position, vous me permettrez de vous démontrer, avec les preuves en main de ce que j'avance. Et si ces preuves ne convainquaient pas encore votre religion, de m'accorder le temps nécessaire afin d'avoir les réponses du ministère à Paris.
Recevez, Monsieur le préfet, l'assurance de ma haute considération.
Pebernad Langautier.
Certificat des commissaires
15 avril 1854
Nous soussigné Labadens Jean-François, commissaire de police cantonale, résidant à Sorèze, canton de Dourgne, arrondissement de Castres (Tarn), certifie qu'il ne m'est jamais été donné connaissance que M. Pebernad Langautier, Jules Germain Marie Charles Victor fut interné à Sorèze et par suite placé sous notre surveillance. J'atteste en outre que depuis que M. Pebernad habite Sorèze, nous n'avons reçu aucune plainte contre lui. Tant sous le rapport moral que politique.
Fais à Sorèze le 17 avril 1854
Labadens
Ministère de l’Intérieur
Le 1 juin 1854
Monsieur le préfet, j'ai examiné l’arrêté que vous avez pris à l’effet d’expulser de votre département le sieur Pebernad (Jules) soumis à la surveillance, qui prétendait avoir été gracié et se livrait à des activités à menées politique.
J'aurais l’honneur de vous faire observer que les termes de cet arrêté doivent subir quelques modifications dans le sens du décret du 5 mars 1852. Le sieur Pebernad en effet, n’étant pas en rupture de ban, ne peut être soumis à l’internement par mesure administrative.
Je vous autorise à prendre et à soumettre à mon approbation un nouvel arrêté.
Agréez, etc.
Le directeur de la sûreté générale.
À Monsieur le préfet de la Haute-Garonne.
Albi, le 16 juin 1854
Monsieur le maire
J'ai l'honneur de vous informer que par décision de Monsieur le préfet de la Haute-Garonne tout séjour dans ce département et rigoureusement interdit au sieur Pebernad.
Jules condamné politique assujetti à la surveillance et résidant à Sorèze et que des ordres ont été donnés à la gendarmerie pour le faire arrêter dans le cas où il serait trouvé sans être muni d'une autorisation régulière.
Je vous prie de vouloir bien faire connaître cette décision à M. Pebernad
Et l'engager à s'y conformer.
Agréer Monsieur le maire l'assurance de ma considération distinguée
Le préfet du Tarn signé Montou
Permettez-moi de vous manifester l'étonnement que m'a causé le dernier... Pour la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire à la date du 11 courant, d'après laquelle je serais encore interné politique et la résidence d'Albi une vraie assignation.
Ma surprise est totale banale parce que ma grâce a été prononcée par M. Le colonel Espinasse chargé de l'inspection du dossier en commission mixte ; cette grâce a été connue de tous, elle a été publiée par le journal La Presse et aussi par le journal de l'Ordre dans son numéro du 4 août.
Pouvais-je penser qu'il en était autrement lorsque rien n'est venu faire connaître aux autorités de Sorèze que je n'étais pas gracié, je n'ai été assujetti à aucune surveillance, preuve évidente que je n'y étais pas tenu.
Je ne peux crois qu'une toute nouvelle décision qui m'ordonnerait le séjour de Sorèze, sur quels faits serait-elle basée ? Je ne puis imaginer, car depuis que j'habite Sorèze, je ne me suis nullement mêlé de politique. Je n'ai eu d'autre occupation que celle du règlement de mes affaires et je défie qui que ce soit de me faire la preuve d'aucun fait compromettant.
Vous... De M. Le préfet
Je suis certain d'avoir été gracié et je dois m'en procurer la preuve évidente : je vais la demander incessamment à M. Le Ministre de l'Intérieur... De vous la communiquer dès que je l'aurais reçue.
Ecrit à Me Favré, avocat rue du Canard à Toulouse, le 20 juin 1854, au sujet de demander l'autorisation d'aller dans la Haute-Garonne, au préfet de ce département d'après la signification que j'ai reçu du maire de Sorèze en date du 19 juin 1854, envoyée par M. Le préfet d'Albi du 16 juin 1854.
Monsieur,
Le cœur pénétré de vos bons côtés et des immenses services que vous m'avez rendus lors de mon voyage à Paris en mars 1852 pour obtenir la grâce de mon mari, c'est avec confiance que j'ose encore faire un appel à votre bienveillance et à votre justice. Voici de quoi il s'agit :
Mon frère Jules Pebernad Langautier avait été condamné par la commission mixte à l'internement et à la surveillance de la police. Monsieur de Maupas lui fit signifier cet arrêt mais monsieur le colonel Espinasse muni de plein pouvoirs pour examiner le travail des commissions accorda à mon frère grâce pleine et entière : " Pour être bien fixé sur sa position mon frère m'écrivit à Paris et j'eu l'honneur de me présenter chez vous, lors de votre passage à Toulouse le 4 avril 1852 pour vous informer de l'injonction que M. Bret préfet de la Haute-Garonne avait adressé à mon frère d'avoir à se rendre à Sorèze".
Vous eûtes la bonté de me donner une note pour la remettre à M. Balland directeur des grâces cette note fut suffisante puisque M. Balland m'affirma que M. Pebernad était bien et dûment gracié, M. Espinasse ayant agi selon ses pouvoirs ; M. Balland ajoute que je n'avais besoin d'aucune pièce provenant de lui et que la note que je lui apportais de votre part était suffisante.
Voici maintenant ce qui se passe :
Le 20 avril 1852 mon frère et sa famille se transportèrent à Sorèze qu'ils ont habité depuis mais de leur plein gré et après avoir affermé leurs biens, plein de sécurité sur sa position, il se livrait dans sa nouvelle résidence à l'éducation de sa famille et à ses affaires personnelles lorsqu'une lettre de monsieur le sous-préfet de Villefranche le mandat dans son cabinet ; mon frère s'y transporte le 15 de ce mois et là monsieur le sous-préfet lui tend une injonction de monsieur le préfet de la Haute-Garonne dont j'ai l'honneur de vous envoyer une copie par laquelle il lui en signifie d'avoir à se rendre immédiatement à Albi qui lui est désigné pour sa nouvelle résidence. Cet ordre de Monsieur le préfet de la Haute-Garonne se base sur l'arrêté de monsieur de Maupas du 4 avril 1852 qui a été annulé par la décision de monsieur le colonel Espinasse.
Le même jour M. Pebernad s'est présenté chez M. le préfet de la Haute-Garonne il lui a témoigné son étonnement des mesures de rigueur dont on le menaçait lui bien et dûment gracié lui qui ne peut plus être considéré comme condamné politique interné et soumis à la surveillance il lui a soumis les attestations de la municipalité de Sorèze et celle des principaux habitants de cette ville je vous en remet ci-joint une copie d'où vient que M. Pebernad
Avait été considéré comme interné à Sorèze département du Tarn que les autorités de cette ville nient Monsieur le préfet du Tarn n'ont reçu à son égard aucune instruction du ministère de la police générale et pourquoi le préfet de la Haute-Garonne est-il compétent en cette circonstance sur les attributions du préfet du Tarn ?
Monsieur le préfet a promis de surseoir, il va en référer au ministère ; veuillez donc Monsieur, nous continuer en cette circonstance le bienveillant appui que vous avez déjà accordé à mon frère et à mon mari ; que la position de M. Pebernad
Soit nette et précise, qu'il soit définitivement rayé de la catégorie des condamnés sur les registres de la Haute-Garonne et qu'il puisse dorénavant se livrer sans être inquiété à l'éducation de leurs enfants.
Vos bontés passées me donnent le droit de compter sur votre appui monsieur, si la note que vous avez eu la bonté de me faire remettre pour M. Balland par M. Dupuis en date du 7 avril 1852 et qui n'était pas signée avait besoin d'être affirmée par vous, vous voudrez bien dans votre justice remplir cette formalité en faveur de mon frère et faire assurer Monsieur le préfet de la Haute-Garonne de la décision formelle de Monsieur le colonel Espinasse.
Mille Et mille pardons monsieur, je ne crains point d'être importune auprès de vous qui êtes juste et bon,
Et je vous prie d'agréer d'avance l'expression de la vive gratitude de toute ma famille et l'assurance du profond respect avec lequel
J'ai l'honneur d'être,
Monsieur,
Votre très humble servante.
Toulouse, le 22 juillet 1854
M. Pebernad Langautier à Sorèze
Ce n'est qu'aujourd'hui et par l'intermédiaire de M. Calvet, adjoint au maire de Toulouse, que j'ai pu connaître l'intention de M. Le préfet sur le contenu de votre lettre du 3 de ce mois.
Ce magistrat consentira à ce que vous veniez à Toulouse pour régler votre affaire avec le Comptoir à la condition que vous rendant ici nous ne passerez pas par Caraman.
Veuillez agréer, monsieur, mes sincères salutations.
Le liquidateur du comptoir
Arnoux
Paris le 24 juillet 1854
Depuis la réception de votre lettre je cours dans l'intérêt de Pebernad. J'avais d'abord employé x qui m'avait donné des recommandations pour ses amis G. Et G. Chef et sous-chef de bureau chargés de ces sortes d'affaires au ministère de l'Intérieur. Les renseignements trop vagues ou trop discrets que je relevais de ces employés de me paraissaient pas suffisant ; j'ai dû faire intervenir M. F qui m'a donné ce matin une lettre très pressante pour M. Collet Maigret.
Je sors du cabinet du directeur de la sûreté générale qui m'a parfaitement bien accueilli en m'exprimant le désir de m'être agréable. Malheureusement le rapport du préfet de la Haute-Garonne est tel qu'il est impossible de rien espérer là si le préfet n'en modifie pas l'esprit. J'ai eu le dossier dans les yeux et j'ai lu moi-même la décision du commissaire extraordinaire Espinasse.
On a trompé Mme Vivent quand on lui a donné l'assurance que son frère Pebernad avait été gracié (celui dont on parle est ni Balland directeur de la police des grâces qui sur une note en date du 7 avril dernier depuis le ministère de l'Intérieur a répondu à Mme Vivent que son frère n'avait rien à craindre puisque ni le colonel Espinasse l'avait gracié. Ce qui depuis se placent dans la note qu'il adresse à M. Baland en disant ainsi : La décision du colonel Espinasse est formelle et on ne comprend donc pas comment elle a pu être notifiée), sans doute, il a été amnistié de l'internement mais le colonel Espinasse l'a soumis à la surveillance , et c'est en vertu de cette décision
Dont un double doit se trouver dans les bureaux de la préfecture de la Haute-Garonne que M. Migneret à pour connaître l'acte de rigueur dont souffre M. Pebernad .
J'ai eu beau insister, M. Collet Meygret m'a répondu qu'il ne pouvait pas se mettre en travers de cette décision dont la prérogative est responsabilité appartiennent au préfet qui a qui a disait-il le droit de refuser dans son département la résidence a un condamné à la surveillance.
M. Collet Maigret pense que le meilleur moyen pour arriver à connaître sur cette décision c'est de faire de nouvelles incessante auprès de M. Migneret préfet de la Haute-Garonne pour qu'il permette qu'on lui prouve qu'on l'a induit en erreur car n'étant que depuis peu dans le département, il est tout naturel qui n'en connaisse point toutes les intrigues.
Si je vous prie transmettre avec mon amitié cette réponse quoique défavorable qu'on ne se fasse pas illusion sur l'action ministérielle qui est enchanté de s'effacer et qu'on agisse auprès de Migneret avec qui l'on ne peut que réussir.
J'aurais préféré vous annoncer une entière bonne nouvelle mais toujours ce qui me contente c'est qu'il n'y a pas de ma faute car depuis trois jours je ne me suis occupé d'autre chose
Copie d'une lettre de Paris du 22 juillet 1854
A faire lire à M. Le préfet
Suite. En suivant cette prétention, tous les préfets ayant les mêmes droit on arriverait à chasser de France celui qui ne devrait être que surveillé. Ce n'est pas là le sens de notre connaissance de la surveillance !
Copie du maire de Sorèze du 11 août 1854 qui dénonce Pebernad interné comme il...
La clé du placard est la... Des deux à la poche du gilet. La clé de devant est dans le tilbury, dans le placard du petit-salon, la clé de la chambre de ma femme, sur la commode de la chambre ou dans le tiroir des clés de droite de la commande est la clé en dehors contient la clé du tiroir des...
Tous mes papiers concernant la politique et actes de partage de ma sœur, le livre de caisse Duravet, autre visite de comptes divers.
Ma chemise de nuit est dans le bureau, mon mouchoir, bonnet de nuit dans l'armoire de la chambre d'Albert, ouvrir les deux battants, les ciseaux à ongles dans ma toilette.
Bouteille d'eaux de noix, placard des liqueurs, pot jaune de graisse fine entamée
Manteau de Marcellin
La clé de la chambre est sur la cheminée du salon bas.
Albi, le 11 août 1854
Monsieur le Maire
Le sieur Pebernad condamné politique de la Haute-Garonne, interné à Sorèze, a demandé à M. Le Préfet de ce département l'autorisation de se rendre à Toulouse pendant quelques jours pour régler des affaires d'intérêt.
Je vous prie de faire connaître à cet intéressé que mon collègue ne s'oppose pas à ce déplacement mais qu'à son arrivée à Toulouse, il devra déposer entre les mains de M. Le Commissaire départemental, son passeport et indiquer son adresse.
Vous voudrez bien m'informer du départ et du retour de M. Pebernad.
Le préfet du Tarn signé, Montou
Pour copie conforme, la maire de Sorèze, Saisset
Passeport à l’intérieur, valable pour un an.
Nous, maire de la commune de Sorèze
Invitons les autorités civiles et militaires à laisser passer et librement circuler de Sorèze, département du Tarn à Toulouse, département de la Haute Garonne.
Le sieur Pebernad Langautier Jules, profession de propriétaire, natif de Lagardiolle, département du Tarn, demeurant à Sorèze et à lui donner aide et protection en cas de besoin.
Délivré sur sa demande.
Fait à Sorèze le 15 août 1854.
Le maire de Sorèze.
Nous soussignés maire adjoint de la commune de Sorèze Tarn certifions qu'il ne nous ait jamais été donné connaissance que M. Pebernad Langautier fut interné à Sorèze et par suite placé sous notre surveillance. Nous attestons en outre que depuis que M. Pebernad habite Sorèze, nous n'avons reçu aucune plainte contre lui tant pour le rapport moral que politique
En foi de quoi fait à la mairie de Sorèze le 17 août 1854
Guibert maire
Julia adjoint
Sorèze, le 19 août 1854
Monsieur le Sous-préfet
J'arrive de Toulouse où j'ai obtenu de Monsieur le préfet de pouvoir venir à Toulouse à Villefranche partout où mes affaires m'appelleront Caraman seul excepté. C'est une trop petite privation pour que je n'ai pas promis de m'y conformer entièrement, ceci n'est je pense qu'en attendant que Monsieur le préfet aurait reçu et pu lire la liste des 800 graciés à cause du 15 avril dans laquelle il espère me trouver.
Si le cas échéant je n'étais pas compris dans cette liste, c'est toujours affaire de faire fixer ce que Monsieur le colonel Espinasse m'en a donné qui est ma mutation de peine en surveillance ?
Comme je vous l'ai dit dans mes précédentes à ce sujet, plusieurs journaux de l'époque et les notes émanant du préfet de police et de M. Balland directeur des grâces alors me le disaient aussi.
En faisant fouiller à Paris par un de mes amis d'une manière attentive au mois de juin 24 dernier, il m'a répondu que le titre mention de ce travail de M. Le colonel Espinasse ne pouvait que le trouver dans les archives de la…
Une minute de lettre qui M. Bret, préfet de cette époque fit afin de faire parvenir à la Sous-préfecture de Villefranche ; en conséquence ce qui précède, je viens vous prier de voir ou à la copie de ma lettre ou à quelque dossier de cette époque ; de la date suivant, envoyée par celui qui s'est intéressé à moi à Paris le 7 avril 1852.
Une copie doit en avoir été envoyée à Villefranche dit mon ami, ou qu'il doit se trouver au chef-lieu de Préfecture. C'est la raison qui me fait tourmenter par vous directement étant la première hiérarchie pour moi.
Je vous serai très reconnaissant de vouloir encore m'adresser votre honorée réponse avenue de Muret, Moulin Vivent. Car, dans mes arrangements d'avant-hier avec les notaires avocats, il a été convenu que je dois arriver mardi prochain, 22 courant pour terminer mon règlement d'affaires. Que de plus, j'ai l'autorisation de M. Le préfet pour le faire et à cause de mes affaires, pouvoir passer où je voudrais pourvu que je n'entre pas à Caraman jusqu'à nouvel ordre.
Aussi suis-je arrêté à Revel aujourd'hui pour régler une affaire d'argent et ais-je déclaré à M. Le commissaire de Revel et M. Le brigadier de la gendarmerie et votre autorisation du 9 courant et celle du préfet d'hier 18.
J'espère que vous voudrez bien hâter votre réponse au sujet de cette lettre, comptant sur votre excellent vouloir à mon égard dont je vous tiendrais bonne reconnaissance en attendant mes remerciements.
Je pense que les détails vous mettront bien en mesure d'être au courant de ce qui se passe à mon sujet, c'est du moins mon intention.
Recevez, M. Le préfet, l'assurance de ma considération distinguée.
Pebernad Langautier
Villefranche, le 21 août 1854
Monsieur,
En réponse à la lettre que vous m'avez adressée le 19 de ce mois, je viens vous faire connaître qu'en conformité de la lettre de M. Le préfet du 7 avril 1852, mon prédécesseur informa M. Le maire d'Auriac que d'après les modifications apportées aux décisions de la commission mixte de la Haute-Garonne, M. Le colonel Espinasse, aide de camp du prince président, nommé commissaire extraordinaire pour réviser les décisions des commissions mixtes, commua la peine prononcée contre vous en celle de la Surveillance.
Agréez monsieur, l'assurance de ma considération très distinguée.
Le sous-préfet
Sous-préfecture de Villefranche.
Cabinet du sous-préfet.
Villefranche, le 9 septembre 1854.
Monsieur le préfet
En me communiquant le 4 de ce mois, la demande en grâce adressée à sa majesté l’empereur par le sieur Pebernad Langautier, vous me faites l’honneur de me demander mon avis sur la suite à donner à cette demande ?
Je regrette de ne pouvoir que persister dans l’appréciation politique que je vous ai transmis sur le sieur Pebernad le 8 avril dernier. Aujourd’hui, comme alors, je le tiens comme un homme dangereux pour l’arrondissement de Villefranche dans lequel il le serait plus que jamais.
Je connais bien les mêmes sentiments d’hostilité contre le gouvernement et contre l’empereur, la même résolution de le combattre aujourd’hui, mystérieusement plus tard, audacieusement, si les circonstances le permettaient. Je suis fermement convaincu d’ailleurs que la générosité ne produirait sur lui aucun retour de reconnaissance et s’il mettait possible d’avoir là le moindre doute sur ce que je viens d’exprimer, les termes réservés et équivoques qui terminaient la demande elle-même du sieur Pebernad ne pourrait qu’éloigner pour moi toute hésitation.
J'estime donc, Monsieur le préfet, que la demande en grâce du sieur Pebernad doit être rejetée et qu’il est indispensable que le gouvernement conserve une action directe sur lui et le tienne éloigné de l’arrondissement.
J'ai l’honneur d’être, etc.
Le sous-préfet Dumas (signé).
Le maire a remis au maréchal des logis la note de quelques personnes d’autres communes du département avec lesquelles Pebernad a des relations assez intimes pour y trouver un asile. Je vais donner des ordres pour qu’il soit recherché dans ces lieux-là.
Agréez, etc. Etc.
Le chef d’Escadron commandant la gendarmerie de la Haute-Garonne, d’Avany (signé).
Autre part est écrit.
Liste des condamnés :
…
Pebernad Langautier condamné à l’internement sans la surveillance de la police générale, signataire de la proclamation de Toulouse.
Ce jourd’hui 14 septembre 1854, sortant après 10 h du matin du Bureau de M. Viallon, Commissaire central de la Haute Garonne, je note ci-dessus.
Ce qu’il m'a dit pouvoir faire au sujet de mes voyages était présent aussi. M. Duchaylard, chef de la première division à la préfecture, et un autre dont j'ignore le nom, monsieur le Commissaire central m'a dit que je pouvais poursuivre, parcourir tel route qu’il me conviendrait, pourvu que je ne m'arrête point à Caraman à moins d’affaires urgentes de la justice de paix dont je pourrais justifier et que personne n’a le droit de m'entraver dans mes courses.
Ce 14 septembre 1854.
Pebernad Langautier
Conformément à ce que nous convînmes hier soir dans l'audience que vous me donnâtes dans votre cabinet, après avoir consenti et pris l'avis du notaires, maîtres Dupuy et son t… ; de mon acquéreur, Monsieur Galinier ainsi que de son conseil, Mre Faure, avocat à la Cour, il fut convenu d'un compromis accord et avis qu'il me fallait jusqu'à la fin mars prochain pour terminer et clôturer mes affaires personnelles, …ce qui regarde les intérêts de l'acheteur, ceux de ma femme par conséquent de mes enfants, mes intérêts aussi compris pour leur part.
De cet ensemble pour bien faire cette liquidation afin de rassembler les matériaux divers et épars chez tous mes créanciers et traitants, il a été convenu par ces messieurs que comme ayant le plus de loisir quand on vend, que je devais être que je devais être le plus en mouvement pour rapprocher dans la Carte Commune nécessaire et coordonner le tout ensemble et à que sont chez mes divers créanciers et de fait conformément au droit de chacun, tenir observation judicieuse et étant de toute exactitude.
J'ai l'honneur de vous faire-part et de plus de vous prier de m'adresser mon autorisation revêtue de votre seing qui me permettra de pouvoir me conformer à cette décision, aller et venir sans être, ni pouvoir être, inquiété par qui que ce soit et pour quel prétexte que ce soit : vous priant encore de me croire assez homme d'honneur pour tenir et guider mes actions exactement… ce que je vous déjà affirmé et promis.
J'espère, M. le préfet que, convaincu de ce que je vous dis, vous m'accorderez ce que je vous demande ; ce dont je vous tiendrais une grande reconnaissance ; en mes sentiments aussi les plus distingués que je vous prie d'agréer, recevez l'assurance de ma parfaite considération.
Toulouse, le 22 février 1855
Monsieur
J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien vous rendre ce soir avant 5 h, donc mon cabinet pourra affaires.
Veuillez recevoir, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Pour le commissaire Départemental en congé, le commissaire de police délégué.
Santeuil
Revel, 21 avril 1855
Monsieur le préfet
J'ai l’honneur de vous transmettre ci-joint un procès-verbal constatant l’arrestation de M. Pebernad et sa mise à votre disposition.
D’après les instructions que j'ai reçues de Monsieur le sous-préfet de Villefranche en date du 19 juin 1854 et 18 avril courant, j'ai dû me livrer à des investigation pour m'assurer qu’il ne circulait pas dans l’étendue du canton sans y être autorisé. Je l’ai arrêté aujourd’hui sur la place du marché où il parlait d’affaires d’intérêts avec un individu du pays.
Je suis avec respect…
Le commissaire de Revel Michel (signé).
L’an 1855 et le 21 avril à 03h00 de l’après-midi.
Nous, commissaire de police du canton de Revel (Haute-Garonne), agissant en vertu des instructions que nous avons reçues de Monsieur le préfet de Villefranche en date du 10 juin 1854. Et 18 avril 1857 concernant la surveillance à exercer sur le sieur Jules Pebernad Langautier condamné politique en surveillance à Sorèze (Tarn).
Nous trouvant aujourd’hui sur la place de cette ville, avons remarqué que le sieur Pebernad parlait avec un marchand de grains et paraissait avoir des affaires commerciales à traiter avec lui. Nous l’avons invité à venir au bureau de police ou après lui avoir demandé s’il avait l’autorisation de circuler dans le département de la Haute-Garonne, il nous a répondu que monsieur le préfet du Tarn lui a promis d’écrire à son collègue de à Toulouse pour lui faire obtenir la permission de circuler circuler dans ledit département.
Mais. Attendu que le lit sur Pebernad Langautier n’a pas pu nous représenter. Aucun titre qui l’autorise de s’absenter du lieu où il est en surveillance et qu’étant venu à Revel sans permission préalable, nous lui avons déclaré que nous allions le faire conduire devant Monsieur le préfet de la. Haute-Garonne, pour être mis à sa disposition ; ce à quoi il a adhéré. Nous l’avons remis à Monsieur le Maréchal des logis, commandant la brigade de gendarmerie de cette résidence pour, suivant le désir dudit sieur Pebernad être conduit extraordinairement devant Monsieur le préfet.
De ce que dessus nous avons rédigé le présent procès-verbal pour servir et valoir ce que de droit.
À Revel, an, mois et jour susdit.
Le commissaire de police Michel (signé)
Gendarmerie
Compagnie de la Haute Garonne, 13e légion
Ordre de conduite.
Le Maréchal des logis commandant la gendarmerie de Revel, Haute-Garonne, ordonne aux gendarmes Balix et Méry d’extraire de la Chambre de sûreté de cette ville et conduire de brigade en brigade à Toulouse devant Monsieur le préfet du département, conformément à la réquisition de Monsieur le Commissaire de police du canton de Revel, le dénommé Pebernad Jules, condamné politique en surveillance à Sorèze, Tarn. Pour être venu dans le département de la Haute-Garonne (qui lui est interdit) sans autorisation légale. La plus grande surveillance est recommandée aux sous-officiers et gendarmes successivement chargés de l’escorte de Pebernad de Jules.
Hijenne (signé)
Lettre du commissaire de police de Revel.
Sorèze le 4 mai 1855
Monsieur le sous-préfet
En attendant que le nouveau préfet soit arrivé à Toulouse, il vous est assez bon, usant des pleins pouvoirs accordés par Monsieur Migneret prédécesseur, à Monsieur le sous-préfet de Villefranche, de m'autoriser à aller à Toulouse pour passer un couple de jours afin de m'entendre avec mes acquéreurs. Pour convenir du jour où je devrais une dernière fois pour toute m'y rendre, avec Mme Pebernad.
Pour finir, il me conviendrait de partir de mon bien de Villeneuve-les-Lavaur en suivant la route de Castres à Toulouse passant par Saussens à partir du 30e kilomètre je serai rendu à mon bien susnommé le 7 du mois courant et je vous voudrais être à Toulouse le 9 suivant vers le soir en suivant la ligne tracée.
Veuillez m'adresser une réponse à Sorèze où je saurai jusqu'au lundi matin du 7 courant. Surtout ce que je vous demande m'accorder vu ma position pressée par la terminaison de mes affaires laquelle retardée encore, pourrait m'occasionner et à ma famille surtout des pertes d'argent considérables à ajouter à celles perdues.
J'espère que vous me comprendrez, Il relève de vous ce que je vous demande comme aussi de vous offrir mes sentiments de reconnaissance ainsi que ma considération la plus distinguée de votre très humble serviteur.
Pebernad Langautier
Rectification à la lettre… d'autre part.
Il conviendrait de partir pour Toulouse de mon bien de Villeneuve-Lès-Lavaur où je me rendrai par les routes du Tarn le 7 lundi prochain. Le 9 aussi prochain je partirai de là dans l'après dîner pour me rendre à Toulouse c'est monsieur Vivent, mon beau-frère, en suivant la route de Castres à Toulouse à partir du 30e kilomètre. J'y passerai le 10, le 11 et le 12. Sûrement je reviendrai à Grimaud, mon bien de Villeneuve-Lès-Lavaur, pour assister à la séance du Conseil de renfort le lendemain, dimanche, 13 courants à 1 h du soir.
Villefranche, le 15 mai 1855
Monsieur
En réponse à votre lettre sans date que je reçois de vous ce matin, je m'empresse de vous informer que je vous autorise à vous rendre à Toulouse dans la journée du 9 de ce mois en empruntant la route de Castres et à y séjourner les 10 et 11 pour en repartir le 12 suivant. La même voix, sans que vous puissiez vous arrêter sur aucun point de l'arrondissement, soit en allant, soit en revenant.
Recevez, monsieur, l'assurance de ma considération distinguée
Le sous-préfet.
Villefranche, le 15 mai 1855
Monsieur
En réponse à votre lettre en date d'hier, je vous autorise à aller à Toulouse dans la journée de demain en suivant la route d'Auriac, Caraman etc. Vous ne vous arrêterez qu'à Auriac pour voir Monsieur Calmet notaire ainsi que vous me le dites, vous resterez à Toulouse jusqu'au 20 de ce mois et retournerez à votre résidence par la route de Labastide à Saint-Félix.
Agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Le sous-préfet
Sorèze le 21 mai 1855
Monsieur le sous-préfet
Au reçu de votre dernier 19 courants et après avoir pris connaissance, j'ai été trouvé Me Dupuis, notaire de Monsieur Galinier. Je lui ai demandé s'il voulait me fixer un jour pour terminer la liquidation définitive avec Monsieur Galinier, son beau-père, il m'a répondu, lui ayant aussi fait part des longueurs que peut entraîner l'irrégularité des pièces du Bureau de bienfaisance d'Auriac. Il m'a répondu à ces deux questions que dans notre intérêt à tous deux, il me promettait pour vendredi prochain, 25 mai pour en terminer.
Assez satisfait de ce que Monsieur Dupuy venait de me dire. Malgré qu'il fût près de 12h00, je me suis hâté de dîner et suis parti de Toulouse en passant par Saint Félix comme votre lettre du 15 mai me le fixait. En conséquence de ce qui précède je vous prie de vouloir m'adresser à Sorèze votre autorisation pour pouvoir partir le 25 courant au matin en suivant la route Revel Saint-Félix Labastide pour m'arrêter à ce dernier endroit pour donner l'avoine. Mon départ de Toulouse sera dans la journée de samedi suivant 26 mai pour assister le jour de la Pentecôte à une cérémonie religieuse qui intéresse ma fille pour pour ses soins.
J'avais oublié de vous observer qu'il m'est impossible de pouvoir faire la course de à Toulouse sans donner à avoine, à l'auberge de Labastide.
Agréer monsieur le sous-préfet l'assurance de ma considération de ma reconnaissance.
Pebernad Langautier
Villefranche, le 22 mai 1855
Monsieur,
En réponse à votre lettre en date du 21 de ce mois, je vous autorise à traverser l'arrondissement par la route de Saint-Félix à Labastide pour aller à Toulouse le 25 de ce mois pour en revenir le lendemain 26.
Je saisis cette occasion pour vous rappeler que dans toutes les circonstances, vous devez suivre rigoureusement l'itinéraire convenu. Comment se fait-il cependant qu'ayant été autorisé à aller le 16 de ce mois à Toulouse en passant par Auriac, vous avez été dans les communes de Loubens et de Vendine jusqu'à votre propriété de Villeneuve, d'où vous êtes reparti pour Toulouse ?
Je vous prie d'éviter à l'avenir une inexactitude qui me mettrait dans la nécessité de vous refuser toute. Autorisation.
Agréez Monsieur, l'expression de ma considération distinguée.
Le sous-préfet
31 mai 1855
N'ayant pas rencontré Me Calvet, notaire chez lui en passant à Auriac ce même jour, je suis parti de là avec l'intention d'aller donner de l'avoine à mon cheval à mon bien du Tarn pour delà, m'embrancher sur Toulouse par la route de Castres comme votre lettre du 5 mai m'y autorisait.
J'ai fait comme vous me le dites, c'est par dires vous m'avez témoigné le moins possible dans ces deux villages m'a déterminé à agir comme je vous le dis. Dans ce cas, il ne serait pas fondé, et le reproche que vous m'adressez de traverser la commune de Loubens, celle aussi de Vendine car la route ne traverse nulle part la commune de Loubens. Dans ce cas aussi,… serait la menace que vous me faites dans votre dernière qui vous mettrait dans la nécessiter de me refuser toute autorisation… car non seulement cette route ne traverse pas la commune de Loubens mais je vous envoie ci-joint un certificat du maire de cette commune dont vous aurez la bonté de prendre connaissance et que vous voudrez apprécier à sa valeur.
Je reçois aussi de Me Fourtanier, mon notaire, une lettre à la date du 29 courant qui m'a joint pour le mardi 5 juin dans laquelle il m'engage à faire présenter à son étude à la même date, le sieur Cazalens de Loubens, acquéreur avec moi du bien de Grémondes et cela à la même époque.
Il m'annonce les deux dernières mains-levées qui sont en ses mains, ne restant que celle du bureau de bienfaisance ; mais qu'à notre dernière entrevue avec M. Le maire d'Auriac ; entre Auriac et Caraman nous avons liquidé 500 fr. de capital pour trois ans d'intérêts… total 590 fr.
En conséquence de ce qui précède, je viens vous prier de m'accorder l'autorisation pour aller à Toulouse le 5 juin par la route de Saint-Félix, l'avoine à Labastide… séjourner à Toulouse jusqu'au 14 inclusivement… comme aussi pouvoir aller à Villefranche si besoin est pour la solution de mes affaires, dans l'intervalle du temps que je passerai à Toulouse au domicile de M. Vivent mon beau-frère.
Je vous prie de m'excuser de la longueur de ma lettre; il vaut mieux, je crois, que vous la trouviez ainsi que si elle n'est pas assez explicite.
Veuillez avoir la bonté de regarder dans l'enveloppe de ma dernière lettre du 21 mai dernier ; vous y trouverez un timbre pareil que je vous adresse dans cette lettre que je vous envoyait pour l'affranchissement de votre dernière.
Recevez M. le sous-préfet, l'assurance de ma considération distinguée
Villefranche, le 1 juin 1855
Monsieur
En réponse à votre lettre en date du 31 de ce mois, je vous autorise à traverser l'arrondissement par la route de Saint-Félix et de Labastide pour aller à Toulouse le 5 juin prochain et pour en revenir le 13 du même mois de juin.
Agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Le sous-préfet.
Villefranche, le 8 juin 1855
Monsieur
En réponse à la lettre que vous m'avez adressée le 7 de ce mois, je vous autorise à aller à Toulouse dimanche prochain 10 du courant en suivant la route de Saint-Félix et la bastide et à rentrer ensuite chez vous le 15 de semaine. Par la route de Castres en et votre domaine de Villeneuve.
Agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Le sous-préfet.
Villefranche, le 18 juin 1855
Monsieur
Conformément au désir exprimé dans la lettre que vous m'avez adressée, ce jourd hui, je vous autorise à près vous êtes rendu à Grimonde par la route de Castres à rentrer à Sorèze de 18 du courant, par celle d'Auriac et de Revel.
Agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Le sous-préfet.
Villefranche, le 23 juin 1855 de Villefranche
Monsieur
Sur votre demande, je vous autorise à rentrer à Sorèze par la route de Revel ; à vous rendre à Toulouse mardi 26 du courant par la route départementale numéro 12, Aurine, le chemin de la Vendinelle pour aller rejoindre votre propriété dans le département du Tarn
;à vous rendre vendredi ou samedi prochain 29 et 30 du courant à Toulouse par la route départementale numéro 1.
Agréez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Le sous-préfet.
Villefranche, le 3 juillet 1855
Monsieur
Conformément à la demande que vous m'avez faite par votre lettre en date du premier de ce mois, je vous autorise à parcourir à partir de ce jour jusqu'au 12 du courant, les routes numéro 1 et 12, soit pour vous rendre à votre ancien domaine de Langautier, à celui qui se trouve dans le Tarn et de là à Toulouse et à séjourner enfin, soit à Auriac, soit à Revel pour y régler des affaires personnelles.
Agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Le sous-préfet.
Le 6 octobre. 1855, le préfet écrit au ministre de l’Intérieur pour transmettre la demande en grâce de Pebernad Langautier.
Albi, le 27 novembre 1855
Sauf-conduit valable pour aller de Sorèze à Toulouse
Le préfet du département du Tarn, vu les instructions relatives à la surveillance des condamnés politiques, vu la lettre du préfet de la Haute-Garonne en date du 22 novembre au courant, autorise le sieur Pebernad Jules, condamné politique en surveillance à Sorèze, à aller passer 15 jours à Toulouse pour y régler ses affaires avec sa famille, à la charge pour lui de se présenter en arrivant devant Monsieur le préfet de la Haute-Garonne.
Les autorités civiles et militaires sont invitées à laisser passer librement le sieur Pebernad et à lui donner protection en cas de besoin.
À son retour à Sorèze, le sieur Pebernad est tenu de remettre le présent sauf-conduit à Monsieur le Maire qui, après y avoir apposé son visa, nous le fera passer par l'intermédiaire de Monsieur le sous-préfet de Castres.
Le préfet du Tarn
Délai de 15 jours accordé à M. Pebernad par le sauf-conduit d'autre part a été étendu à deux mois par décision de M. Le préfet de la Haute-Garonne dont connaissance a été donnée au soussigné par M. Le sous-préfet de Castres dans sa lettre du 6 décembre courant ; que ces deux mois ont commencé à courir le 9 du présent mois de décembre.
En foi de quoi, fait à Sorèze, le 22 décembre 1855.
Le maire de Sorèze.
Guibert