Le temps de notre jeunesse doit beaucoup à Albert et Louise, Louise parce que Villefranche est la maison où elle a vécu la totalité de sa vie, la maison qu'elle a aimée et façonnée ; Albert parce que, même s'il y a très peu séjourné, il lui a donné ses lettres de noblesse avec ses initiales au-dessus de la porte d'entrée, son statut de cavalier avec le tableau le représentant à cheval, son armure dans l'escalier, l'écurie et la sellerie.
Hubert, 2018
Cette famille ne fut surtout unie que le temps de cette photo prise vers 1890.
Albert menait une vie d'officier de cavalerie, Louise avait un caractère difficile, cela a pesé sur la vie du ménage.
Albert, viendra à sa retraite s'installer à Villefranche dans l'espoir d'y mener une seconde carrière, pourquoi pas dans la politique. Rien ne marchera comme il l'avait voulu et il disparaîtra dans sa 53e année.
Louis, lycéen à Janson de Sailly, en chemin pour préparer Saint-Cyr, pose avec le regard approprié à sa nouvelle situation d’homme de la famille.
Louise, désormais chef de famille, peut poser une tête attendrie sur l’épaule de son fils, avec un regard qui en dit long.
Jeanne nous interroge de ses yeux bleus, sans doute comme elle s’interroge elle-même ; que ce soit sur l’une ou l’autre des photos.
Le temps passe insensiblement sur le groupe que Louis continue à photographier. Il n’y a plus de maris, pas d’épouse nouvelle et aucun enfant n’est venu. Il n’y a que l’herbe folle pour envahir les allées du jardin et le regard de Jeanne est toujours aussi transperçant. L’armistice de 1918 laissera Jeanne, Louis et Denise bien seuls dans le jardin de Villefranche.
Revenons à Albert, la tradition familiale transmise par Arlette rapporte qu’il avait surtout des dons comme cavalier.
Engagé dans la cavalerie, il participera à la guerre de 70, sera maître écuyer à Saumur puis à l’école militaire.
Jean de Langautier pensait beaucoup de mal de cette grand-mère qu’il n’avait pas connue.
Les documents qu’il a collectés ne pouvaient que le conforter dans cette direction.
La maison de Villefranche est le point d’ancrage de la famille.
Vers 1900, le jardin a été remanié. Une végétation importante a été mise en place. Par la suite, celle-ci est devenue envahissante et il a fallu opérer des coupes sévères.
Toulouse, le 14 septembre 1913
Monsieur,
À mon retour de Biarritz, je recouvre votre lettre que l’on a négligé de me faire parvenir en villégiature, ce qui explique mon retard à y répondre. Je me serais fait un devoir de vous donner rapidement les renseignements que réclament votre… de fils, sans le contretemps dont personne n'est responsable.
Louise a souffert de diabète jusqu’à la fin de ses jours en 1918.
Le régime que j'ai du devoir prescrire lors de ma consultation à Villefranche ne me parait pas devoir être modifié dans ses lignes essentielles, c'est le régime lacto-végétarien et malgré un certain degré de diabète, j'estime qu’il vaut mieux encore absorber certains aliments plus ou moins féculents que de devoir tomber dans l’abus des produits azotés, tels que viandes de toutes sortes. Le diabète, quand il n'est pas accompagné de… et n'évolue pas chez un sujet jeune, est compatible avec une existence réglée.
Ce que l’on a dénommé diabète gras n'a pas en général de gravité. Le fâcheux serait de prescrire des régimes artichauts, céleri, choux, carottes, navets ;
Je ne défends pas l’usage modéré de la volaille, et ce que je recommande par-dessus tout, c'est l’abstention de sel qui sera remplacé par divers condiments. Malgré la soie, il ne faudra pas boire plus qu’un litre et demi de liquide, lait compris. La réduction des boissons contribue en général à la disparition rapide des œdèmes.
Vous me demandez mon avis sur l’avenir de madame votre mère ? Il serait imprudent de vous rassurer entièrement mais la situation actuelle est susceptible d’amélioration et si une complication imprévue, mais toujours possible, n'intervient pas, l’existence peut se prolonger.
Mon optimisme ne va pas au-delà, c'est… qu’il est relatif. Après mure réflexion, j'estime qu'il est préférable pour vous de ne pas accepter un poste éloigné.
Vous pouvez être rappelé auprès de madame de Langautier pour une crise, peut être grave, une bronchite, une congestion pulmonaire. Vous serez plus tranquille si la distance qui vous sépare de votre foyer familial n'est pas trop grande et il est donc sage de ne pas démesurément s'éloigner de Villefranche.
Je voudrais pouvoir mettre dans ma lettre plus de confiance dans l’avenir, j'exprime uniquement le fond de ma pensée et je sais que tel est votre désir ; je répète que madame de Langautier a une maladie qui s'améliorera certainement… préalablement mais il existe dans l’état général des symptômes… à localisation cardiaque et rénale, comportant un pronostic réservé.
À titre de médicament, je recommande, au cas où la quantité d’urine serait insuffisante, … cuillères d’une p… dont la formule est ci-jointe.
Croyez, cher monsieur, à mes sentiments très dé… et agréez l’expressions de ma parfaite considération.
Docteur Le Borel, 11 rue de Metz
8 septembre 1860 – 19 ans, Chasseur au 7e régiment de Chasseurs
15 avril 1861, Brigadier au 7e régiment de Chasseurs
1er janvier 1863, Maréchal des logis au 7e régiment de Chasseurs
3 février 1863, Maréchal des logis 1er maître de manège à l’Ecole de Cavalerie
5 octobre 1863, Maréchal des logis 1er maître de manège à l’Ecole spéciale militaire
20 mars 1867, Adjudant second instructeur à l’Ecole spéciale militaire à Saint-Cyr
3 février 1868, Adjudant maître de manège à l’Ecole spéciale militaire à Saint-Cyr
3 mars 1869, Sous-Lieutenant au 7e régiment de Hussards
10 juillet 1873 – 32 ans, Lieutenant au 12e régiment de Dragons
9 décembre 1878, Capitaine au 12e régiment de Dragons
16 août 1880, Capitaine au 8e régiment de Dragons
3 octobre 1881 – 40 ans, Capitaine écuyer à l’Ecole Supérieure de Guerre
Campagne contre l’Allemagne, du 19 juillet 1870 au 9 avril 1871, en captivité du 29 octobre 1870 au 9 avril 1871
Le 23e régiment de Dragons était à l’époque en garnison à Reims, s’il s’agit bien d’Illy dans les Ardennes, c’est à moins d’une centaine de km.