Alix et Joseph Création février 2025

Al7_250224-2149_001

Alix, jeune sœur de Jules, a épousé Germain, un homme de son temps qui a géré son entreprise, s'est investi dans le cité et a, comme Jules, traversé la répression de 1851.

Jules, rentier ce n'est pas une situation !

Al7_250224-2149_002
xviiie
xixe
xxe
Henriette Auriol Langautier
Deux enfants, Jules et Alix
Félicie Olivier
Frère ainé d'Alix
Alix
Joseph Vivent
Minotier, membre du conseil municipal, membre de la chambre de commerce, juge au tribunal de commerce, administrateur des hospices, membre de la commission départementale de 1848, signataire de la protestation contre le coup d'état du 3 décembre 1851. Condamné par la commission mixte à l'expulsion du territoire français, il sera interné en Algérie.
Le ménage aura cinq enfants : Camille, Lucie, Germain, Paul et Octavie :
- Camille
Propriétaire à Léguevin
- Lucie
Joseph Toche
Installés au 45 rue de Turbigo à Paris, Joseph est négociant
- Germain
Angelina Gemet
Industriel à Paris dans une fabrique de boutons de corozo (fabriqué à partir de graines de palmiers). Maire du 19e entre 1912 et 1923
Petit fils de Jules, reçu chez les Vivent pendant son lycée à Paris
Germaine
Georges Rouliot
Voir le récit de leur mariage.
- Paul
- Octavie

Biens d'Alix

Al7_250224-2149_005

7 janvier 1836, Auriac

Sont comparus, Joseph Pompée Vivent, négociant à Toulouse au faubourg Saint-Etienne, 14 Grand Rue, âgé de 37 ans, né à Mougins, Var le 20 novembre 1799, fils majeur et légitime de feu Jean François Vivent et de Marie Elisabeth Roseline Rigord quand vivais, domiciliés à Toulouse,

d'autre part, Alix Marie Louise Catherine Charlotte Pebernad, propriétaire sans profession demeurant au château de Langautier, commune d'Auriac, âgée de 20 ans, née à Loubens le 30 avril 1816, fille mineure et légitime de feu Jean Pierre Pebernad quand vivait avocat et de feu dame Henriette Françoise Victoire Auriol Langautier, procédant avec le consentement d'un conseil de famille tenu devant le juge de paix de Caraman le 23 octobre 1835 représenté par Pierre Antoine Pebernad, capitaine en retraite demeurant à La Gardiole son oncle paternel élu pour son tuteur et par Jules Pebernad son frère bachelier en droit, propriétaire, domicilié à Langautier élu pour subrogé tuteur.

Al7_250224-2149_006

2 mai 1845

Par devant Me Amet notaire royal à Toulouse, ont comparu M. Jules Pebernad Langautier, propriétaire sans profession et domicilié à Auriac et M. Joseph Vivent, négociant et dame Alix Pebernad son épouse domiciliée à Toulouse, M. Vivent maître de ses cas dotaux.

Par acte du 7 juillet 1838, les comparus ont procédé au partage des successions de feu Jean Pierre Pebernad et de feu dame Henriette Auriol Langautier.

La part de Mme Vivent dans la succession paternelle fut fixée à 12 518 francs ce qui dût lui être payé à titre de soulte par M. Pebernad son frère auquel furent expédiés tous les biens de cette succession.

Le lot de Mme Vivent dans la succession maternelle se compose de :

  1. métairie cimetière vieux à Mascarville 27 299 francs

  2. une somme de 32 865 formant les reprises de la mère sur la succession de feu Jean Pierre Pebernad

  3. de 3 254 francs, créance sur Gilbert Mercié sur échange passé devant Sanches Notaire Faget un total de 63 418 francs. Elle avait droit à une somme de 8 000 francs, montant d'un leg de sa mère en son testament mystique chez Calvet notaire à Auriac le 28 novembre 1834 et une somme de 3 333 francs qui avait été laissée entre les mains de son frère pour servir la part à la charge de Mme Vivent de la rente viagère de M. Paumereau. Il résulte que les droits à 87 260 francs…

D'autre part, elle était créancière de la succession de feu François Marie Joseph Auriol de Saint Padou sur testament olographe déposé chez Me Cabanis à Toulouse le 14 juillet 1832 d'une somme de 18 000 francs.

Ainsi, l'entière fortune de Me Vivent est de 14 650 francs lors de son mariage le 24 décembre 1835… biens dotaux 69 767 francs et extra dotaux paraphernaux à 34 883 francs.

Reconnait avoir reçu en 1842 la somme de 22 764 francs en numéraire de son frère sous réserve de la rente Paumereau et en réemploi ont acquis à Jean Jacques Antoine Auriol inspecteur des douanes à Lyon et de Gustave Auriol un domaine Blancomme à Léguevin de 105 ha de 98 000 francs en 1843… enregistré à Toulouse le 2 mai 1845.

Enfants d'Alix et Joseph

Extraits de l'album de photo de Marcellin, le reste de l'album est dans la page de Marcellin.

Camille

Al7_250224-2149_007

Lucie

Al7_250224-2149_009 Al7_250224-2149_010 Al7_250224-2149_011 Al7_250224-2149_012 Al7_250224-2149_013 Al7_250224-2149_014

Paul

Al7_250224-2149_016

Octavie

Al7_250224-2149_018 Al7_250224-2149_019 Al7_250224-2149_020

Germain

Al7_250224-2149_022 Al7_250224-2149_023 Al7_250224-2149_024 Al7_250224-2149_025

1904, mariage de Germaine Vivent

Lettre à Louis de Langautier, son cousin issu de germain

Louis a été au lycée à Janson de Sailly, époque à laquelle il a du fréquenter les Rouillot. Outre Germaine, il s'entendait très bien avec Germain son père.

Al7_250224-2149_026
Al7_250224-2149_027

Mon cher Louis

Tu dois bien te douter de regrets immenses que me donne ton absence pour le grand jour de mes épousailles. Personne plus que moi ne le regrette aussi vivement. Comme tu le dis, nous avons grandi tous deux assez souvent l'un près de l'autre et je suis désolée de ne pas t'avoir près de moi ce jour-là

je suis fiancé depuis près de 3 semaines et si je ne t'ai pas écrit plus tôt c'est que j'en remettais le plus possible très peinée d'être obligée de te demander ce sacrifice.

Je suis fiancé à Monsieur Georges Rouillot, ingénieur des Mines, chevalier de la Légion d'honneur, président de la compagnie des mines, directeur des mines du Transvaal pour la plus riche maison du monde et associé avec eux. C'est le fils de ses œuvres d'une valeur que tout Paris apprécie. Il a joué pendant la guerre des Boers un rôle d'une importance énorme et a été le seul trait d'union entre la partie…, politique, minière et les Anglais. Lord Verner ne croyait et n'entendait que lui. A 30 ans il avait à peu de choses près le la situation qu'il a aujourd'hui.

Nature très gaie, jeune à l'excès, ayant travaillé pendant 15 ans, il veut jouir de la vie maintenant avec sa femme. Ses amis disent, il ne se marie pas, il prend une maîtresse légitime. Je préfère infiniment ce rôle, c'est enfin celui de mes rêves. J'ai une veine immense, il n'est pas possible d'être gâtée plus que moi, je le suis et le serai, rien n'est assez beau pour moi ; et c'est exquis pour une femme de voir un homme qui a tant commandé d'autres, qui a eu la main haute sur tant de choses importantes, être comme un enfant de 18 ans à ses pieds.

Je vais habiter l'avenue du Bois dans un hôtel merveilleux qu'il a fait construire. C'est un vrai palais, chevaux, voitures, autos, 14 domestiques et le désir d'une très joyeuse vie mondaine sans faire du tout abstraction de la famille.

La loge à l'Opéra va sans dire. L'été nous irons au château historique de Graville entre Moret et Fontainebleau. Immense bâtisse qui contient, sans les salons et appartements particuliers, dix-neuf chambres d'amis. Le parc est trois fois le bois de Boulogne, 780 ha de terres dont 380 de bois. C'est merveilleux et d'une magnifique allure.

Al7_250224-2149_028

Nous irons pour la great season à Londres où ses amis veulent recevoir dignement la femme de M. Rouillot.

Il a huit amis dont le plus pauvre a 30 millions. Son meilleur ami et associé, M. Darmer a 24 millions de rentes. C'est un luxe inouïe parait-il. Il m'a prévenu pour ne pas que je m'effraye que je pourrais recevoir de 400 à 500 000 francs de bijoux. C'est fantastique. Il me semble que je vis dans les mille et une nuits.

Et si tu voyais sa simplicité, sa bonté, sa largesse d'idée. J'ai eu une bien belle bague de fiançailles – une perle et deux diamants – un ami connaisseur nous l'a estimée à 10 000 francs. Toutes les semaines, je reçois une splendide corbeille de chez Lachaume, elles sont toutes presque de ma taille.

Pour mon anniversaire, il m'a donné un collier de perles de 12 rangs et 5 barrettes de diamants d'orient d'une régularité et d'une blancheur éblouissante. Il ne vaut pas moins de 40 000 francs et à l'entendre, ce n'est rien, c'est un petit commencement. La maman qui est une exquise vielle m'a donné un superbe trèfles en diamant et sa sœur, une bien jolie bourse en or.

Je t'assure que Georges Rouillot a été recherché à Paris, les Castellane, Noailles lui ont présenté leurs filles ou cousines. Il n'a pas vu moins de deux jeunes filles par semaine depuis un an et le tout Paris. Je suis fière d'avoir été préférée à toutes et cela paraît-il du premier jour. Et nous nous voyons depuis novembre. Je n'ai pas voulu me décider avant de le connaître bien.

Nous faisons des achats monstres tous les jours car nous avons deux maisons à monter ; les vendeurs quand nous leur demandons pour 10 000 francs de linge pour les domestiques 4 000 pour la batterie de cuisine etc. nous regardent ahuris, c'est très amusant de mon côté j'ai un trousseau très chic que me fait Roneff. Je cours toute la journée.

La mariage aura lieu le 5 à la mairie, et le 7 à Saint-Honoré d'Eylau. Mariage à l'église pour accéder à un vif désir de la maman, mais c'est la seule et dernière concession que mon fiancé veuille faire à la religion car il a nos idées. Après l'église, lunch et départ des mariés à 4 heures. Le reste est laissé à l'imagination.

Ecris moi, Louis, je serai heureuse de te lire.

Amitiés à tous, bons baisers de la fidèle

Germaine Paule Vivent

Lettre de Germaine
Al7_250224-2149_029

L'hôtel que je vais habiter et qui sera bientôt terminé est situé 37 rue Paul Valery et donne avenue du bois c'est une pure merveille pour laquelle les architectes Hernaud et Bouvard ont mis tout leur savoir ; les salons sont de style régence ainsi que le hall le premier et le 2nd sont de style Louis XVI ; mon appartement particulier se comporte d'une chambre, boudoir, cabinet de toilette, salle de bains et le tout est un véritable bijou jusqu'aux ferrures de portes et de fenêtres qui sont des objets d'art.

Le château de Granville où je ne reposerai de mes réceptions parisiennes, est historique, entouré de 750 hectares, il a 19 chambres d'amis…

Inutile de vous dire que je suis très aimé, presque le coup de foudre, sérieux, profond malgré la quantité effrayante de jeunes filles j'ai été choisi et préféré entre toutes.

Magdeleine à sa mère

Où Magdeleine se laisse dans un premier temps griser par les millions Rouliot de sa cousine Germaine Vivent pour finir par « aspirer à semer moins de millions ».

Al7_250224-2149_030

Lavaur – 29 février 1904

Chère maman

Merci des affectueux souvenirs adressés à Arlette à l’aurore de ses cinq ans révolus, je pourrais dire, à l’aurore de sa sixième année ; elle a écouté la lecture de ta lettre avec attention et émotion. Nous l’avons mesurée, elle a exactement 109 cm, elle a grandi de 4 cm depuis le 28 août. Les cadeaux affluent depuis ce matin : des braves Millet, une délicieuse chemise avec petits plis, points savants et volants de Valenciennes, œuvre de Cécilia, une belle image de fête de Denise, un gros bouquet de violettes et de jacinthes et un mignon sachet à odeur ; de Jeanne Jayet, un magnifique bouquet de fleurs de Nice ; nous sommes donc en festin depuis ce matin : cassoulet, foie gras, chapon farci, gâteau au riz, vins fins, même du Champagne et café, et cela pour tous ; puis Jeanne Gayot et Denise Millet invitées à goûter et à jouer. Ma fille exulte du matin au soir, elle est d’une gaîté exubérante, elle a mangé de tout et bu de tout.

Al7_250224-2149_031

Je n’aurai pas Finou qui est auprès d’un nouveau-né d’hier.

Maintenant, au conte de fées… !

Une primeur que je vais te servir toute fraîche ! Allons droit au but : Germaine Vivent va devenir, dans les premiers jours du mois de mai, l’heureuse femme d’un jeune homme d’une quarantaine d’années, ingénieur des mines, chevalier de la légion d’honneur, et qui va mettre au pieds de sa belle fiancée une fortune princière de quinze millions.

Quinze millions gagnés au Transvaal , absolument authentiques, réels ;inutile d’ajouter qu’il vit maintenant de ses rentes (plus de 500 000 francs).

Georges Rouliot, Président de la Chambre des Mines d’Afrique du Sud (1898-1902)

Famille parisienne très honorable. Lettre de Germaine reçue hier, suivant celle du père priant mon mari d’être le témoin de sa fille. « L’hôtel que je vais habiter et qui sera bientôt terminé est situé 37bis rue Villejust et donne Avenue du bois. C’est une pure merveille pour laquelle les architectes Hermant et Bouvard ont mis leur savoir. Les salons sont style Régence ainsi que le hall ;

Aujourd’hui, à l’angle de la rue Paul Valéry et de l’avenue Foch.

Al7_250224-2149_032

le premier et le second sont style Louis XVI. Mon appartement particulier se compose d’une chambre, boudoir, cabinet de toilette salle de bain, et le tout est un véritable bijou ; jusqu’aux ferrures des portes et des fenêtres qui sont des objets d’arts. Le château de Graville où je me reposerai de mes réceptions parisiennes est situé entre Moret et Fontainebleau. C’est un château historique, entouré de 750 hectares de terres et de bois ; il y a 19 chambres d’amis ; j’espère vous y offrir bientôt l’hospitalité.… Inutile de vous dire que je suis très aimée… presque

Al7_250224-2149_033

Le coup de foudre… sérieux, profond… depuis le mois de novembre, malgré la quantité effrayante de jeunes filles des meilleures familles et de la plus grande noblesse qu’on ait pu présenter à mon fiancé, j’ai été choisie et préférée entre toutes. »

Et la lettre du père est tout aussi vibrante d’une joie délirante. Cela se comprend d’ailleurs, car comme je te le dis au commencement de ce récit, c’est un vrai conte de fées. Le jeune homme revenant du Transvaal avec cette fortune extraordinaire achetait hôtel, château somptueux puis cherchant une femme « qui sera son luxe » nous a dit Germain, et cette femme étant Germaine, laquelle d’ailleurs n’est pas ordinaire.

Al7_250224-2149_034

Nous sommes invités tous les trois au mariage, étant du reste, à peu près, la seule famille. Mariage religieux à Saint-Honoré d’Eylau.

Mais une grande entrave : du 1er au 8 mai, empêchement à peu près absolu pour mon mari de s’absenter, et un voyage comme celui-là vaudrait au minimum un congé d’une huitaine ou d’une quinzaine, et ils paraissent absolument tenir à cette époque du 4 ou 5 mai ?

Maintenant, irais-je seule ou avec Arlette ? Ma fille n’est-elle pas encore un peu jeune ; beaucoup de fatigues, de risques pour elle dans ce grand Paris. Je tourne et retourne la question ; la laisserais-je à Auxerre ?

Entre temps, je pense aussi à la question toilette ; j’ai celle de l’année dernière qui pourra peut-être encore aller, mais au milieu de tant d’élégances ! Puis je m’en ferai faire une autre chic mais surtout pas endimanchée, pas cousine de province et que je pourrai remettre plus facilement ; j’ai trouvé le modèle dans un miroir des modes de mars ; tout en drap léger ou voile blanc crème garnie de guipures. Jupe nouvelle froncée avec plis bonne femme dans le bas. La mode des jupes est en révolution et les jupes en forme ne sont plus que vielles lunes. Mais tout cela n’est que projet. Pourrais-tu m’envoyer un ou deux fascicules du Miroir des modes, celui de Mars, que j’ai pu voir qu’un instant.

Al7_250224-2149_035

Peut-être pourrons nous nous rejoindre à Paris si j’y vais ? Tous ces projets vont bien t’étonner !

Entre-temps, Révision demain ici, réception à déjeuner, diner de la préfecture, à coucher aussi. Révision mardi, mercredi, et probablement départ pour Toulouse vendredi, à moins que le temps ne devienne trop sibérien.

Pour les Romand : nous nous sommes adressés pour leurs boites de foies à une femme d’ici qui nous les a fait payer tout compris, foie, boîte, soudure, façon, 5 la boite ; ils nous ont bien remerciés.

À la hâte, car j’attends les fillettes, baisers multiples et affections.

Magdeleine de Langautier

Hôtel Continental, 3 rue de Castiglione

Paris, le 5 mai 1904

Chère Maman

Al7_250224-2149_036

Arrivée à bon port, Marcellin à la gare plein de récits encore plus merveilleux… comme sur la place de Paris comme le roi de l’or des mines de Johannesburg ; 15 millions ne sont pas avoués que par modestie, il a en bien davantage, au bas mot, un million de revenus. Et tous les récits à ce niveau !

Enfin, à cette heure ça y est ! Marcellin m’a laissée, en se rendant à la mairie, à Saint-Augustin ; je suis allée voir les Nouat, reçue fort aimables ; ces dames iront curieuses à la bénédiction nuptiale.

Al7_250224-2149_037

Courses ensuite, cohue au Printemps, acquisition des grelots passementerie, puis de joujoux variés pour l’amour, entr’autres une ombrelle pour gogo poupée.

Que devenez-vous ? Ma pensée ne vous quitte pas, et pourtant ici j’ai trouvé quelque chose de bon et de cher.

Temps magnifique, quelle cohue et quelle foule partout ! Je n’ai plus que le temps de m’habiller.

Inutile de te refaire toutes nos recommandations, de n’avoir qu’Arlette en tête pendant trois jours ; déjà un de passé ! Tout le temps du voyage, j’ai regretté de n’avoir pas amenée Anna et de t’obliger, ma chère maman, à être bonne d’enfant. Je n’aurais voulu que tu n’eusses que la haute surveillance, mais ce n’est pas ma faute, et je croyais, d’après ce que tu m’avais écrit, que tu aurais Gabrielle, comme j’ai Finou, ou une certaine Marie, de 7 h matin à 8 h du soir pour habiller, coucher Arlette, en un mot remplacer Anna.

Al7_250224-2149_038

Je t’écrirai un mot demain, baisers en masse pour toute la maisonnée.

Magdeleine de Langautier

N’aie aucune crainte sur tes diamants. Par forcer Arlette sur la nourriture. Attention aux encombrements des rues du brillant Auxerre… je ne peux m’empêcher de faire des recommandations.

Al7_250224-2149_039

Hôtel Continental, 3 rue de Castiglione

Paris, le 6 mai 1904

Chère Maman

Quelques mots, chère maman, en attendant les longs récits de dimanche sur tant de splendeurs.

Merci d’abord des bonnes nouvelles, reçues à la première heure sur le cher trésor ; doit-elle bavarder et t’en raconter ! Hein, ce n’est pas une sinécure de la garder… !

Mariage civil extra pompeux, tout Belleville en rumeur, des cordons de sergent de ville, des tapis, des fleurs partout, des orchestres cachés dans des fleurs ; 4 000 personnes au moins dans les salons, le maire, Mathurin Moreau, mariant, assisté de deux adjoints, discours, etc., etc.,

Al7_250224-2149_040

À 8 heures moins le 1/4, nous quittions le Continental, très beaux tous deux, je m’étais bien coiffée, ta broche sur l’épaule.

Washington Palace, grand, immense salon de réception en rotonde éclairé, fleuri, délicieuse scène de théâtre en retrait ; 88 personnes. Marcellin donnant le bras à la sœur du marié, Mme Truchart, et moi, à un député du xixe, M. Charles Bos. Le marié, fort bien, très homme du monde, teint coloré, moustache brune, cheveux faisant un peu rares, mais en portant pas plus de 41 ans. Germaine, un poème de beauté et d’élégance, souverainement belle. Père et tante, à la note et des toilettes… ! Diner dans une magnifique salle par tables de 16 couverts ; nous étions à la table d’honneur.

Soirée, avec artistes de premier ordre ; buffet ouvert à minuit et bal, nous nous sommes retirés vers une heure.

Aujourd’hui, nous sommes conviés à un lunch à 4 h, en l’hôtel ; j’hésite à y aller car je n’ai qu’une robe de la bénédiction !

Al7_250224-2149_041

Germaine a seize robes neuves, sans compter les déshabillés, 3 pianos Erard.

Son coupé, toujours à deux chevaux et à cochet et valet de pied, sera étrenné demain par elle ; son mari ne veut même pas le violer en y montant dedans pour se rendre à l’église.

À la table d’honneur, mes milliardaires Anglais, les Vernet ; Mme avait pour manches des quadrillages de diamants et le reste à l’avenant.

« Ne vous étonnez pas, a dit Georges Rouliot à sa femme, si mes amis de Londres (ils s’y rendent en juin) vous offrent pour 5 ou 600 mille francs de cadeaux. »

Conclusion : c’est trop pour nous tout cela ! J’aspire à semer moins de millions.

Sauf avis contraire, je rentrerais à Auxerre demain soir vers 1 h du soir, je ne sais l’heure exacte.

Bons baisers pour vous trois

Magdeleine

Graville par Louis

Visite de Louis, sans doute tout juste avant la guerre de 14.

Al7_250224-2149_043 Al7_250224-2149_044 Al7_250224-2149_045 Al7_250224-2149_046 Al7_250224-2149_047 Al7_250224-2149_048 Al7_250224-2149_049 Al7_250224-2149_050 Al7_250224-2149_051 Al7_250224-2149_052 Al7_250224-2149_053