Nous savons :
que Pierre (1758-1794) s'est engagé dans l'armée à 18 ans en 1777 comme simple soldat. Après 17 années de service à l'occasion desquelles il participera à la campagne d'Amérique de 1782. Devenu officier, il trouvera la mort des suites d'une maladie contactée au siège de Thionville (encore que le siège date de 1792 et que sa mort ne survienne qu'en 1794) ;
que Pierre épouse Alexise Baldé qu'il a rencontré à Verdun ;
que leur fils Louis Grégoire, né en 1791 c’est-à-dire dans l’année du mariage de ses parents – sa mère avait 38 ans ;
qu'Alexise devra persévérer 6 années avant de toucher une pension pour l'aider à élever son fils.
Alexise
Extrait du registre de baptême de la paroisse Saint-Victor à Verdun. L’an 1752, le 31 mai une fille à Maurice Baldé et Marie-Anne Fourier son épouse
Mariage de Pierre et Alexise
L’an 1791, le 18 janvier,… entre Pierre Tailleur, sergent au Corps royal des Mineurs, fils majeur de 32 ans de défunt Jean Tailleur et de Catherine Koch ses père et mère, originaires de Rurange au diocèse de Metz et d’Alexise Baldé fille majeure de 38 ans de défunt Maurice Baldé et Marie-Anne Fourrier ses père et mère, originaires de la paroisse Saint-Victor de cette ville d’autre part.
Louis Grégoire
Extrait de registre de baptême de l’église de Verdun, l’an 1791, le 23 décembre, est né Louis Grégoire Tailleur fils légitime de Pierre Tailleur, sergent de la 3e compagnie de mineurs et d’Alexise Baldé son épouse mariée au mois de janvier dernier. La marraine Barlee Baldée tante maternelle de l’enfant.
Son mari est né le 18 mars 1758, est entré au Service le 4 septembre 1777, il a été promu au grade de sergent le 1 septembre 1785 et à celui de Sous-lieutenant le 20 octobre 1792 ainsi qu'il est justifié par le Brevet ci-joint.
Brevet de second lieutenant.
Pour le citoyen Pierre Tailleur, né le 28 août 1758, entré au service le 13 septembre 1777, sergent le 1 septembre 1785.A fait les campagnes d’Amérique, s'est trouvé à cinq combats. ? au bombardement de Thionville.
La 3e compagnie de Mineurs se trouve Le 1er janvier 1792 en garnison à Strasbourg. En janvier 1793, 25 hommes sont à Metz, 11 à Thionville, 28 à Namur. En 1793, Capitaine en premier Mouzey et Capitaine en Second Pelletier.
Metz, le 1 décembre 1794
Etat-major des Mineurs du génie
Compagnies de Mineurs
Les compagnies de Mineurs sont initialement attachées à l’arme de l’artillerie. Le corps des mineurs était séparé en 6 compagnies éparpillées dans les Armées.
En 1793, le commandant du corps des mineurs était le Colonel Gallois, commandant d’artillerie à Verdun. Chaque compagnie de mineurs comprend un effectif de 4 officiers et 63 sous-officiers et hommes de troupe.
Alain Pigeard Le 23 octobre 1793, les compagnies de mineurs quittent l’arme de l’artillerie pour rejoindre l’arme du génie. La séparation est effective le 15 décembre 1793. La Convention ordonne la formation de 12 bataillons de sapeurs le même jour.
Laurent Brayard Association SEHRI, dont le site a disparu brusquement en janvier 2012, et dont heureusement nous avons pu retrouver in-extremis une copie dans le cache Google.
Extraits du registre d’ancienneté des Compagnies de Mineurs pour servir de témoignage des services du Citoyen Tailleur, officier de la 3e compagnie, mort à Thionville le 4e jour sans… an 2 Républicain.
Savoir :
Pierre Tailleur, fils de Jean Tailleur et de Catherine Koch, né en 1759 à Rurange, département de la Moselle,
Engagé le 13 novembre 1777,
Sergent le 1 septembre 1785,
Sous-lieutenant, le 10 septembre 1792
A fait campagne d’Amérique, s'en est trouvé au combat naval des Saintes du 12 avril 1782 sur la Ville de Paris où il a été fait prisonnier de guerre par les Anglais à la Jamaïque.
La bataille des Saintes se déroule du 9 avril au 12 avril 1782, pendant la guerre franco-anglaise, entre une flotte britannique dirigée par George Rodney et une flotte française dirigée par le comte de Grasse qui désirait envahir la Jamaïque alors colonie britannique.
Le combat tourne au désavantage des Français et le Britanniques finissent par attaquer le Ville de Paris, navire amiral de de Grasse qui est isolé. Le combat est particulièrement acharné et dure plus de cinq heures. La légende dit que de Grasse, qui a épuisé toutes ses munitions, fait tirer une dernière salve en chargeant quelques canons avec sa vaisselle d’argent puis se rend. Son vaisseau n'est plus qu'un ponton sanglant et démâté.
Les pertes françaises sont de 2 000 morts ou blessés et 5 000 prisonniers.
S'en est trouvé à Thionville pendant tout le bombardement en 1792 .
Le siège de Thionville fut mis le 24 août 1792 par une armée coalisée de 20 000 Autrichiens et 16 000 émigrés français commandée par Frédéric Louis de Hohenlohe-Ingelfingen. La ville défendue par Georges Félix de Wimpffen tint tête aux coalisés pendant un mois jusqu'à ce que ces derniers lèvent le siège le 16 octobre.
Metz, le 1er décembre 1794
Etat-major des Mineurs du Génie
Extrait du registre d’ancienneté de la Compagnie de Mineurs pour servir de témoignage des services du citoyen Tailleur, officier de la 3e Compagnie, mort à Thionville.
Nous médecin de l’hôpital militaire de Thionville, certifie que le citoyen Pierre Tailleur, lieutenant des mineurs, Compagnie de Ronay, a été traité par moi d’une fièvre maligne. Laquelle maladie a été occasionnée par les forts travaux qu'il a effectué pendant le siège de ladite ville, et autres ouvrages antérieurs à ce siège .
De laquelle maladie il est mort dans le deuxième jour…
3e compagnie de Mineurs
Nous soussigné sous-officier Mineur composant un détachement employé à Thionville pour le service des fortifications de cette place depuis le 4 mai de l’année 1792 vieux style jusqu'au 3e jour complémentaire de la 2e année de la République (19 septembre 1794) sous les ordres du citoyen Pierre Tailleur lieutenant en second à la dite compagnie, certifié que ledit Pierre Tailleur était présent au bombardement de la susdite place, qu'il s'y est acquitté de ses fonctions avec toute l’activité d’un vrai Républicain et qu'ayant éprouvé de la fatigue très considérable occasionnée par les travaux du siège de le susdite ville, il lui est survenu une maladie très grave dont les suites funestes l’ont conduit au tombeau le 19 septembre 1794 (3e jour complémentaire de la 2e année Républicaine).
A Großwinternheim, le 20 Ventose an 3 (10 mars 1795) de la République française une, indivisible et démocratique.
Signé Laurent (Mineur), Gross (Mineur) Hasfis (Mineur), Saint-Pierre (Caporal), Prime (Sergent)
Quittance de la contribution foncière pour l’année 1793 acquittée par la citoyenne Marie Barbe Baldée… de Pierre Tailleur Sergent de Mineur, la somme de treize livres le 3 septembre 1794
14 novembre 1794, certificat de la commune de Verdun qui constate que le secours lui est absolument nécessaire et qu'elle ne possède aucun bien en fond ni autrement…
27 novembre 1794, le Conseil Général certifie que la pétionnaire ne possède aucun fonds
24 janvier 1795 (5 pluviose an 3), certificat Moudon greffier
Le 22 juin 1795 (4 Messidor an 3)
A la citoyenne veuve Tailleur à Verdun
La commune vous invite, Citoyenne, à lui envoyer le plus tôt possible, les quittances de vos contributions pour l’année qui a précédé la mort de votre mari.
Il ne manque plus que cette pièce à celles que vous lui avait fait parvenir pour obtenir la pension que vous réclamez. Si vous n'étiez pas imposée, il faudrait en fournir un certificat.
Dès que cette pièce lui sera fournie, la Commune présentera au Comité de secours le rapport de votre affaire.
Le 8 juillet 1795 (20 Messidor an 3)
Citoyens
Je croyais bien vous avoir envoyé cette pièce et c'est par oubli que je ne l’aurais pas mis à la… vous la trouverai ci-jointe. Je me recommande à vous, sans doute êtes-vous sensibles aux malheurs des veuves, vos occupations sont multiples et le trop grand nombre en cause le retard des uns et des autres, mais si je suis digne que vous vouliez vous souvenir de moi, sans toutefois que je cause la moindre peine à vos occupations, ce n'est qu'autant que vous me trouverai digne de vos attentions.
Daignez Citoyens vous souvenir de moi et vous obligerai infiniment,
Votre concitoyenne,
Salut et fraternité
Le 19 juillet 1795 (1er Thermidor an 3)
…
Cette veuve qui est dans l’indigence et qui d’ailleurs a produit tous les papiers exigés par la loi du 4 juin 1793, réclame les faveurs décrétées en faveur de Pierre mort au service de la République. Elle est mère d’un enfant en bas âge.
On propose de lui accorder une pension de 467 livres.
17 août 1795
Nous certifions que la Citoyenne Alexise Baldé veuve du citoyen Pierre Tailleur n'a jamais divorcée…
C'est la seconde fois Citoyen que la commission vous prévient qu'il faut pour établir légalement les droits que la femme… aux Secours… en faveur des veuves des défenseurs de la Patrie.
Vu un certificat du chirurgien qui a traité son mari pendant le cours de sa dernière maladie, constatant que sa mort est une suite de la chute de cheval qu'il a faite à la retraite du…
23 septembre 1795 (1er Vendémiaire an 4)
Citoyens,
J'avais depuis 11 mois fixé ma demeure à Verdun, c'est ce qui m'a beaucoup retardé à vous faire passer le certificat que le Comité des Secours publics de la Convention exige et j'ai eu de la peine à l’avoir de Thionville et je vous l’envoie ci-joint avec celui de notre Commune qui sans doute me connait très bien ainsi qu'à Thionville j'avais un homme de sentiment pour moi comme j'en avais pour lui et nous étions bien éloignés de venir à un excès aussi ridicule que celui du divorce, j'ai que trop perdu en le perdant.
Citoyens, daignez prendre égard à ma triste position d’être séparée d’un homme qui sans doute aurait fait mon bien et celui de mon fils.
Veuillez donc citoyens pressez le travail de mes papiers pour que je parvienne bientôt un bienfait de la loi et vous obligerai celle qui n'oubliera jamais les peines que vous voudrez bien prendre pour moi.
Salut et fraternité, votre Concitoyenne,
Alexise Baldée veuve Tailleur
25 octobre 1795, accord pour la pension alimentaire
19 novembre 1795
Citoyen Laureni
Je vous ai envoyé la quittance de mes contributions que vous m'avez demandé par votre lettre en date du 19 Messidor dernier ou vous dites qu'il y n'y manquait que cette pièce.
Pas celle que vous m'avais… le 26 Thermidor, vous m'annoncez que la Commission vient de faire le rapport de mon affaire. J'ai envoyé le certificat de la Municipalité comme je n'étais pas divorce que vous me demandiez par cette dernière me disant que tous mes papiers seraient parfaitement en règle dès que les certificats vous seraient parvenus.
Voici près de 3 mois que j'ai fait cet envoi et n'ai plus entendu parler de rien.
Cependant, Citoyen, j'ai de plus en plus grands besoins pour moi et mon fils. Il m'est impossible de gagner ma vie dans un temps aussi malheureux ou tout est d’un prix que moi et bien d’autres ne pouvons atteindre. Ce qui me fait vous supplier d’avoir la bonté de ne pas oublier de m'envoyer mon brevet de pension ainsi que les arrérages depuis qu'elle m'est promise.
Salut et fraternité
Pour la veuve Tailleur, rue de la Glacière à Verdun-sur-Meuse
Le 11 février 1796 (22 Pluviôse an 4)
Je vous envoie Citoyenne le brevet de la pension que la Convention nationale a accordée à la Citoyenne veuve Tailleur.
17 février 1796, courrier du bureau de Verdun au ministre
6 avril 1796, bureau des veuves qui approuve la demande de pension d’Alexise
12 novembre 1798, Certificat qu'Alexise ne jouit pas d’un revenu net de 300 francs et qu'elle a un enfant lequel ne jouit pas d’un revenu de 150 francs et qu'en conséquence, elle a droit à la pension accordée aux défenseurs de la Patrie morts en combattant.
Certificat du 18 novembre 1798 (28 brumaire an 7
Liberté Egalité
Verdun, le 19 septembre 1800
Citoyen Ministre
Pierre Tailleur, lieutenant en second de la troisième Compagnie de Mineurs, mort à Thionville, le 19 septembre 1794, à la suite des fatigues et des travaux occasionnés par le bombardement de cette place ; a laissé un enfant nommé Louis Grégoire, né à Verdun le 23 décembre 1791, dont il était l’unique…
Sa veuve ne trouvant ni dans le travail le plus assidu ni dans la pension que le gouvernement lui accorde, le moyen d’élever son fils dont l’éducation exige tous les jours de nouveaux soins et de nouvelles dépenses ; craignant de ne pouvoir atteindre le but qu'elle se propose qui est d’en faire un sujet utile à l’Etat et un Bon Citoyen, d’ailleurs pleine de confiance en vos Bontés paternelles pour les malheureux, Monsieur Citoyen Ministre, vous prier de prendre en considération sa position et d’accorder à son fils la même paye dont jouissent beaucoup d’autres enfants du Corps des Mineurs ; dix-sept ans de Services de la part de son père et sa mort honorable assurant sans doute auprès de vous le succès de la pétition que j'ai l’honneur de vous présenter.
Salut et respect
Alexise Baldé, veuve Tailleur
20 septembre 1800, certificat
Rapport du 13 octobre 1800 (21 vendémiaire an 9)
La veuve du citoyen Pierre Tailleur, ci-devant lieutenant en second de la 3e compagnie de mineurs, demande pour son fils âgé de 9 ans, la paie comme enfant de Mineurs.
Cette proposition est en outre motivée sur les anciens services du citoyen Tailleur mort l’an 2 par suite…
Le général Gillier qui transmet cette demande fait l’éloge du père de l’enfant mort au service de la République et recommande sa famille.
21 septembre 1800 (4e jour complémentaire an 8)
Courrier du Général Saint-Hillier au ministre de la Guerre
18 octobre 1800 (26 vendémiaire an 9)
Approbation du général Saint-Hillier
Approbation du bureau du personnel
14 août 1801
Secours Public
La citoyenne Alexise Baldé expose…
Cette veuve est dans l’indigence et qui d’ailleurs à produit toutes les pièces exigées par la loi réclament les secours décrétés en faveur des citoyens morts au service de la Patrie.
On propose de lui accorder une pension alimentaire de 467 livres…
Je le laisse pour se rappeler de cet homonyme trouvé dans les dossiers de Vincennes, amusant parce qu'il a fait aussi la campagne d'Amérique.