François et Thérèse Mise à jour novembre 2020
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  • novembre 2020
    Ajout de la lettre pour Justine
  • septembre 2019
    Refonte de la page avec l'ajout des lettres familiales
  • janvier 2012
    Création de la page

Claude Gour ne manquait jamais d'évoquer Thérèse avec reconnaissance pour se souvenir des sacs de pomme de terre qu'elle leur expédiait quand les privations dues à la guerre de 40 étaient plus dures à Toulouse qu'à Prats-de-Mollo.

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Petite particularité, le ménage vivra toute sa vie avec Justine la sœur de François. Lillette en parlait toujours comme quelqu'un qu'elle appréciait beaucoup, et Anne-Marie qui ne l'a connue qu'âgée se souvient d'une personne très austère et renfermée.

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Nous savons que François fut :

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Mascara

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Mascara, le 13 octobre 1895

Mes très chers parents,

Nous avons reçu hier votre chère lettre, les premières nouvelles depuis que nous vous avons quittés. Oh oui, la maison a dû vous paraître bien grande et moi ici, je trouvais la table vide comme si vous étiez parti d’ici.

Nous nous portons très bien, Dieu merci, nous désirons ardemment que vos chères santés soient bonnes aussi.

A Mascara, rien de nouveau, tout continue d’aller son petit train et nous aussi tous les jours nous sortons avec Prosper. Il est mignon tout plein, mais turbulent et volontaire au possible ;

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il trouve agréable de s'étendre par terre tout son long, nous avons dû lui acheter encore une autre paire de souliers, ceux qu'il portait à son départ de Prats ne tiennent plus, ceux que nous lui avons acheté sont noir, il était tout étonné de se voir les pieds noirs, et s'arrêtait pour les regarder, il les faisait voir, tout heureux de ses souliers. A… toujours que c'est plaisir, il prend une espadrille par ses côtés et le voilà les promenant par la maison. Au jardin avec son ballon, il a failli se battre avec deux bébés de son âge; ces derniers voulaient le ballon et notre chéri ne voulait pas le lâcher, l’un le tirait par la broderie de sa robe, notre pauvre ratou s'est vu perdu, il fallait voir sa figure ; les place étaient à payer.

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Ce matin, je le croyais endormi, je me coiffais avec mille précautions pour le pas l’éveiller, j'entends derrière moi une petite voix qui faisait : cac – c'était Prosper qui me faisait coucou avec ses rideaux. Mais le polisson vous a totalement oublié, j'ai beau parler de bonne-maman, bon-papa, oh c'est peine perdue et il n'a pas oublié de faire non avec la main. En arrivant, j'ai dû lui acheter un chapeau pour tous les jours, celui qu'il portait est arrivé en lambeaux. Celui-ci est en paille blanche, tout à fait petit garçon. Je vais avoir une tenue de travail de couture, Justine a entièrement décousue ma robe verte que je vais remonter, puis les échantillons vont arriver et nous ferons un choix. N'oublie pas chère maman, ces mesures de la chemise, aussitôt qu'il va commencer à faire froid j'enverrai à papa la toque pour la maison.

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La fête de Saint-Michel a été brillante, tant mieux on sait s'amuser à Prats, et la foire a été belle ?

Donnez le bonjour de notre part à… ils ont été bien aimable en vous donnant des pommes, les nôtres se vident mais se conservent bien, les personnes à qui nous en avons données ont été bien contentes, surtout des champignons. Les haricots sont délicieux, les avez-vous goutés ? Je fais de la bonne (houillade) avec la sagi et le lard. Le jambon est aussi bien bon, les saucissons auraient dû être mangés plus tôt.

Il fait encore chaud ici, nous sortons tous les jours après souper. Prosper nous amuse, il veut s'assoir à tous les trottoirs.

Je vais écrire à Emmanuel, je ne voudrais pas être brouillé avec lui.

A bientôt de vos nouvelles, nos amitiés à tous ceux qui s'intéressent à nous. Nous vous embrassons tous les quatre bien tendrement.

Thérèse

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Mascara, le 21 avril

Mes chers parents bien aimés

Je vous recommande d’écrire toujours bien régulièrement, quand votre lettre a un ou deux jours de retard, nous sommes inquiets. Nous allons très bien, caresses

Nous sommes après souper, François et Justine jouent avec Prosper, son père fait rouler un petit plat rouge et il va vite le chercher avec des petits cris, on le tient bien entendu mais il fait beaucoup de progrès.

Voilà deux jours que j'attends votre lettre, et elle ne vient pas, aujourd’hui, ce silence m'inquiète, il y a 17 jours que nous avons reçu votre dernière lettre, seriez-vous malades ? Il me tarde d’être à demain. J'aurais peut-être de vos nouvelles.

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Les nôtres sont très bonnes, nos santés sont excellentes, grâce à Dieu, nous espérons que les vôtres le sont aussi, encore un mois et demi et nous irons nous en assurer. Quelle joie d’aller vous voir, il y a si longtemps que je n'ai eu ce plaisir, et si je vous disais que vous quitter encore attriste ce jour, nous resterons avec vous au moins trois mois et demi. Quelles longues causeries, nous en oublierons de faire le diner bien souvent, qu'en dites-vous ? François et Justine ont souvent des discussions au sujet de l’emplacement de votre jardin, François dit qu'il est au-dessus de ceux des parents, Justine affirme qu'il est sur la route près du jardin Maillard, lequel des deux a raisons ?

En attendant de savoir, il doit se faire bien beau, tous vos légumes doivent pousser à vue d’œil, et des poules en avez-vous ? et des lapins ?

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J'ai acheté aujourd’hui un coq magnifique que j'ai payé 32 sous. Je le farcirai et je le mettrai en sauce avec des petits poids, il y en aura pour les deux repas avec une soupe quelconque. Un poulet me direz-vous un lundi ! eh bien pour vous dire que ces repas me reviendront meilleur marché que d’autres.

J'ai déjà travaillé, nos quatre matinées sont faites, elles sont très coquettes, j'ai fait deux chapeaux au petit, un blanc en mousseline coulissée ; puis un autre en batiste bleue à pois blancs coulissé aussi et garni au bord d’une petite dentelle. Voilà mon fils coiffé.

Pour son baptême, j'en ferai un autre pour mettre avec sa jolie robe en piqué. Nous avons commencé la lessive.

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Hier nous l’avons coulée, comme c'était dimanche aujourd’hui on la lavera demain. Les beaux jours sont revenus, tout d’un coup, il fait chaud, c'est ainsi dans ce pays. Nous avons toujours la même bonne le long nez, nous ne sommes pas trop mal… J'ai reçu une lettre de Léontine qui m'apprends la mort de Rose Clarens. Elle est mariée, elle laisse une petite-fille de deux mois, quel malheur, la mort aussi de Mme Larroque, subitement e eux s'en vont à Salon, Bouches du Rhône ; une injustice qu'on a faite à son père l’a forcé à donner sa démission, il a trouvé un emploi là-bas, ils y vont tous, ils sont désolés de quitter Carcassonne mais la nécessité les y oblige.

Voilà bien des tristesses. Je vous laisse il se fait tard, Prosper s'impatiente. Je vais le mailloter pour la nuit, il vous envoie mille bisettes et nous nos plus tendres caresses.

Thérèse

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Chers grands-parents

Vous avez dû trouver que je suis paresseux mais excusez-moi car j'ai beaucoup de travail. J'ai appris notre nomination en France et j'étais content car je savais qu'on vous verra plus souvent et le refus de papa m'a fait beaucoup de peine. S'il n'a pas pu accepter, c'est bien que le bureau ne valait rien car après tant de temps de demande, il lui tardait comme à vous que nous rentrions en France quoique qu'il ait refusé ce poste et il faut encore avoir de l’espoir car le bon Dieu que je prie bien ne nous oubliera jamais.

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Aussi, soignez-vous bien et ne faites pas d’imprudences.

Moi, je travaille de mon mieux et maman qui est venue passer la journée de hier dimanche 17 novembre a été bien contente de mon travail, mais je continue à être content de mes maîtres.

Je pense souvent à vous et je me rappelle vos gâteries des vacances passées et je me vois courant dans les châtaigneraies à la recherche de champignons que bonne-maman trie et faisait cuire à la poêle.

Il me tarde de vous revoir et de vous embrasser. Moi je me porte très bien et le régime du Lycée me va. On nous nourrit très bien et on nous soigne. Nous avons un garçon pour nous servir et nous aider à nous habiller, n'ayez crainte, nous ne manquons de rien.

Je vous embrasse mille fois de tout cœur,

votre petit-fils,

Prosper

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Mascara, le 7 mars 1897

Mes biens chers parents

Je viens de coucher Prosper qui protestait énergiquement qu'il n'avait pas sommeil et je n'avais pas fini de le déshabiller qu'il dormait déjà, maintenant que notre turbulent dors, nous allons causer.

Comment avez-vous passé le carnaval à Prats ? Tout s'est-il bien passé, le froid n'est-il pas venu troubler la fête ?

Il parait qu'à Perpignan on a fait des merveilles pour ces jours de carnaval, deux Indépendants que nous envoie ce soir même M. Puiségur de Palalida qui est à Dublineau, nous apprennent toutes ces brillantes fêtes.

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Ici, triste carnaval, quelques espagnols de Babali se déguisent salement, et c'est tout, d’ailleurs, le temps n'était pas beau, beaucoup de vent et de poussière. Nous sommes sortis pour aller à l’église pour les quarante heures et c'est tout.

Cette semaine dernière nous avons eu la lessive, le linge a été d’une blancheur éclatante. Tout est en ordre, Justine a tout repassé pendant ce temps, je taillais les chemises pour François, nous avons maintenant de l’ouvrage devant nous, mais je préfère faire de la lingerie que des robes, cela va tout seul, il n'y a qu'à coudre.

Ce soir, nous avons eu un vrai régal pour souper, j'avais préparé un gros farci dans la soupe, le bouillon était délicieux et le farci aussi. Il avait musique ce soir, nous y sommes allés, François sorti à quatre heures était avec nous, comme il avait plu avant, Prosper a trouvé le moyen de se crotter à tel point que j'ai dû le ramener à la maison pour le cirer de nouveau. Quel espiègle nous avons là. Il y a deux ou trois jours, je l’entends qui s'écrie : voilà bonne-maman, voilà bonne-maman. Je lui demande ce qu'il dit, alors il raconte qu'il est monté sur une barque qui faisait chouf chou et puis qu'il est arrivé à Port-Vendres et que bonne-maman attendait. Il entend que nous en parlons et il fait déjà comme s'il y était. Je puis vous assurer, bien chers parents, que vous serez bientôt amis avec notre raton, et qu'il vous racontera des histoires à perte de vue. Je lui ai acheté un petit marteau et des petites tenailles, et il faut le voir travailler, il userait tout un magasin de clou si on voulait lui en tenir, et des cordes pour en faire des brides ! Tous les jours il en faut de nouvelles, encore quatre mois, pas même et vous le verrez vous-mêmes.

En attendant, nous allons dormie, j'espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé, comme nous. Je compte avoir de vos nouvelles de bon matin demain. Hier soir, il n'y avait pas de France. François va par cette lettre vous envoyer l’argent du maçon. Tous les quatre nous vous embrassons bien tendrement.

Thérèse

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Mascara, le 8 septembre 1898

Bien chers parents,

Vous trouverez que ma lettre tarde beaucoup, j'attends pour vous écrire d’avoir reçu le colis de Paris. Nous l’avons reçu hier, tout était selon la commande. Vite aujourd’hui je me suis mise à l’ouvrage, j'ai arrangé le collet et les bonnets de nuit presque finis,

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Je ferais le colis demain pour vous l’envoyer. Chère maman, je n'ai pas trouvé de ruban de percale large pour les attaches dans tous les magasins de mercerie de Mascara. Je suis forcée de te les envoyer sans brides à Prats. Tu en trouveras ici on ne porte pas de bonnets de nuit. Dans le colis, il y aura : le collet et bonnets de nuit, deux savonnettes, un demi-mètre de soie noire pour le coffre nègre et un peu de café pour compléter l’envoi.

J'ai fait venir un béret marin pour Prosper, il est bleu marine avec Masséna en lettres d’or. Il lui va très bien, puis des tous petits mouchoirs pour lui encore. Pour nous des tricots, des bas de laine, une boite de savonnettes, puis de l’étoffe pour faire des corsages de matin. Nous voilà pas mal d’ouvrage devant nous , mais Dieu merci, nous nous portons bien. Votre chère lettre nous a fait bien plaisir, nous voyons le jardin bien clôturé, je lis une partie de la lettre à haute voix, Prosper est content, il dit : tu vois papa, eh bien tout ça, bon-papa le dit à moi puis quand la lettre est lue, il veut la garder.

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Notre fils est un élève sérieux, il lit et écrit constamment, il faut lui enlever la plume et l’alphabet des mains. Pendant que je vous écris, il roupille sur la table, je vais le coucher, et nous coucher ensuite, nous avons bien travaillé, j'ai sommeil. Soignez-vous bien surtout. Je vous ai toujours présent devant les yeux. Il fait beau maintenant mais la semaine dernière il a plu constamment. Aussi le froid s'était amené mais et reparti, est-il allé chez vous ?

Nous vous embrassons bien tendrement.

Thérèse

Ps: Dites à Emmanuel que je suis une paresseuse, qu'un de ces jours il aura une de nos lettres.

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Mascara, le 21 décembre 1898

Bien chers Parents,

Laissez-moi d’abord commencer par le sujet de ma lettre. Nous venons, chers parents, vous offrir les vœux ardents que nous formons pour votre bonheur. Vous savez n'est-ce pas que ce n'est pas une formule banale mais bien l’expression bien sincère de nos cœurs.

J'ai surtout souci de vos chères santés que souvent mes prières ne se composent que de cela.

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Votre chère lettre que nous avons reçue hier nous a causé un bien grand plaisir, elle était longue pleine de détails, nous vous remercions de vos bons souhaits de bonne année. J'ai écrit hier à Emmanuel et lui ai envoyé ton portrait, cher papa, pensant lui faire plaisir.

Enfin les dates vous sont parvenues, vraiment, je tremble avec ces colis, vous dites qu'elles sont bonnes, nous ne les avions pas vues, nous vous les avons fait expédier d’une maison d’Oran, nous garderons son adresse puisqu'elle nous a bien servi.

François a envoyé sa réclamation pour l’autre colis. Pourquoi ne veux-tu pas, chère maman, que je t'achète un autre collet, nous recevrons l’indemnité de 15 Fr. pour celui qui est perdu, je te ferai d’autres bonnets et je les enverrai par la poste.

Ici le temps est beau mais froid, ce matin il y avait un peu de glace sur la terrasse. J'ai des engelures aux mains.

Nous avons préparé notre cochon mercredi et jeudi, il était gras et bien en chair ! Il nous revient tous frais payés à 17 sous et ½ le kg, il a pesé vivant 83 kg et mort 77 kg. Ici, on les garde un jour sans manger avant de les tuer, les jambons sont bien faits, tout est réussi nous voilà avec des provisions, j'ai pris la laveuse 2 jours le soir du 2e jour tout était fini et astiqué. J'ai fait un peu de …

Prosper a étrenné son beau manteau pour la Noël, il est allé à la grand-messe ave la pension, il avait pris son air le plus sérieux et voyez si notre raton vous aime, quand la charcuterie a été finie, il a dit il faudra en envoyer à bon-papa et bonne-maman.

Nous avons reçu les nougats, et ils été les bienvenus, vous dites que vous avez été gourmands de gouter les dates de suite, eh bien François l’a été davantage, il a fallu qu'il goute les nougats à la Poste. En voilà des pigeons à présent, vous avez trouvé le joint. Les lapins, les choix, le céleri, les rouquettes, tout va bien, tant mieux. C'est Prosper qui est content de tous ces détails, il lui semble qu'il est à Prats.

Pauvre M. Guin, il faire bien piètre mine, dites-lui que nous faisons des vœux pour son prompt rétablissement. Justine et moi nous sommes souvent allées à la messe de minuit. Le nuit était très belle, l’église comble, à une heure, tout était fini. Je finis moi aussi, je n'ai plus de place. Je vous embrasse bien tendrement.

Thérèse

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Cher bon-papa, chère bonne-maman

Cette fois-ci il va vous falloir une heure pour lire tant de prose, aussi ferez-vous bien de vous installer sur une chaise pour faire la lecture de tous ces petits billets à bonne-maman et je parie que vous commencez à déchiffrer le beau compliment de votre petit raton. Puisque vous avez terminé la lecture de toutes ces missives, jetez un petit coup d’œil sur mes quelques lignes qui se résument tous les ans de la même façon : je désire et demande à Dieu pour vous de vous accorder une excellente santé exempte de chagrins.

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Voici le compliment que Prosper a appris pour vous. Je lui tiens la main et pendant qu'il récite, il le copie :

La petite hirondelle pour fêter et bénir ceux qui s'occupent d’elle n'a rien que son gazouillement, mais pour sa mère, elle est toujours charmante. Moi je suis comme l’hirondelle, je ne sais qu'un compliment bien court, toujours le même et le voici chers grands-parents : je vous aime !

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J'espère que l’Enfant Dieu exaucera mes prières. C'est là mon souhait le plus cher. Espérons-en la réalisation. Je termine en vous embrassant.

Ne nous oubliez pas auprès de la famille Guin. Dites-lui que nous faisons des vœux pour le prompt rétablissement de leur cher malade.

Tous mes vœux de bonne santé accompagnent cette longue lettre, affections.

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Mascara, le 10 avril

Je suis heureuse que vous soyez tous les deux en bonne santé, ménagez-vous bien ; le logement du 1er étage sera magnifique. C'est dommage qu'il ne soit pas loué…

Je vous embrasse

Oui, j'ai touché les 5 000 Fr. placés, ici nous serons plus tranquilles. Si vous-même vous aviez des fonds non placés, ici vous retireriez 7%. Je vous embrasse tendrement.

Bien chers parents,

Nous avons reçu aujourd’hui votre dernière lettre, nous sommes bien heureux des bonnes nouvelles de vos chères santés ainsi que celle d’Emmanuel. Il m'avait promis une lettre à son arrivée à Castelnaudary, je l’attends encore. Enfin, pourvu qu'il se porte bien, son silence n'est que paresse.

Dans votre avant dernière lettre, il neigeait à Prats et maintenant … il y fait chaud.

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Ici, le temps se continue très beau, la semaine dernière nous avons fait la lessive et nous avons tout séché le même jour, les récoltes sont très belles, l’orge est déjà en épis.

Enfin ! Cette permission de faire le bassin est venue, ils y mettent le temps, maintenant comme vous dites, c'est trop tard pour commencer les travaux, ceux de la chambre vous occupent, elle sera belle cette chambre ainsi toute neuve, les fenêtres se trouvent être à la dernière mode, maintenant, le grand genre est aux châssis cintrés et à petits carreaux.

Nous n'avons pas bien compris ce que vous avez mis dans cette grande chambre à la place de l’armoire de gauche. Cher papa, je crois que tu as oublié un mot. N'y mettez pas aux moins aucun des meubles de votre appartement ? Heureusement que vous êtes là, sans cela, toutes ces réparations couteraient bien plus cher.

Nous avons reçu les 5 000 de la maison d’Alger. François en a déjà placé 3 000 à 7%, 1ère hypothèque, cela nous fait tout de suite 210 ou plus, intérêts payables d’avance.

La fête de Pâques est passée comme d’habitude en ce pays si peu chrétien, il n'y a euque deux beaux sermons le jeudi et le vendredi saint. Prosper a eu 8 jours de vacances, aujourd’hui il est revenu à l’école ce lui était un peu dur néanmoins il n'a rien dit. Le lundi de Pâques, François était de service, hier il était libre, nous en avons profité pour aller goûter dehors, nous sommes allés à l’hippodrome, il y a bien 4 km, la journée était délicieuse.

Il fallait bien dire à BO de rectifier ses mesures pour la largeur de mes souliers. Pour Prosper, je vous envoie la mesure de son pied, Chitou a celles de François. Dites de lui faire une paire de souliers jaunis richelieu. Mme Graule pourrait les prendre aussi, sinon, faites un petit colis postal. Ici on en prend 16 et Chitou en a demandé 13 et ce sera mieux fait. Vous ne me dites pas si vous avez reçu le bonnet, vous avez le bonnet, vous avez dû l’avoir le samedi Saint, il était recommandé.

11 avril, je me lève, je vais habiller Prosper pour l’école puis j'irais au marché, nous allons très bien, nous vous embrassons bien tendrement, nos amitiés aux Guin.

Thérèse

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Mascara, le 8 septembre 1899

Bien chers Parents

Nous avons reçu votre lettre qui était très intéressante, accompagnée des 4 000 Fr, ils seront placés avec toutes les garanties possibles. Ci-joint, le bon sur papier timbré, signé de nous deux. François s'occupera aussi de la rentrée des intérêts et vous les enverra régulièrement.

Nous comprenons si la famille Guin doit être contente d’avoir M. Charles à Prats, complimentez-les de notre part.

J'ai reçu les 4 000, je les ai placés de suite au comptoir en attendant les placements. Je n'ai pas pu faire un placement de 1 500 parce que l’on a trouvé que je demandais trop à réfléchir. Un autre l’a fait, je veux des choses sures. Louez comme vous l’entendrez, si vous louez une partie du second à quelqu'un de stable, vous pourrez faire un bail à la chambre de derrière du second et celle du premier pourront peut-être se louer un jour. Tout va bien ici. Tendresses.

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Alors, le restaurant va devenir un grand hôtel, quinze chambres ! Voilà qui va faire allonger bien des figures à Prats, M. Pompidor logera ses gens chez lui.

Votre idée est bonne de descendre au premier et de louer le second moins la chambre du rincou et la terrasse bien entendu, ce sera certainement plus facile, nous en retirerons moins, mais ce sera toujours autant en attendant mieux.

Votre expérience est bonne, vous voyez que cela ne vaut rien de louer garni, il faudrait avoir de vieux meubles auxquels on ne tient pas, car ses gens se figurent que parce qu'ils payent un bon prix pour quelques jours, ils peuvent mettre tout à sac. Je parie que vos meubles ont été plus abimés en ces quinze jours que pendant toute la durée de leur existence. Alors la société a fait peau neuve, cela doit être, puisque toi, chère maman, tu as voulu y retourner. J'aurais voulu voir tout cela.

Mme Boixeda (fournal) ne doit plus tenir dans ses anciens corsages depuis sa dignité de présidente et Mme Guin en fait-elle encore parti ? Et Monsieur Coderch ? Tous les Berny doivent faire la roue de nouveau, la place entière doit leur appartenir.

Nous, nous en sommes toujours là, un pied levé en attendant le signal. Le gouverneur est rentré à Alger depuis deux ou trois jours. Le receveur de Mostaganem est parti en congé et à son départ, il a vendu ses meubles, sachant qu'il ne reviendra pas.

qui est revenue orageuse, nos santé sont très bonnes, hier soir nous avions fait deux perdrix au chou, le chou était très gros, il n'en n'est presque rien resté, vous voyez que l’appétit va bien, quel dommage que le gibier ne se conserve pas, nous vous enverrions souvent des perdrix. Je les avais payés 0,60 chaque. Nous avons maintenant du bon raisin et des figues délicieuses pour 4 et 9 le kg. Si capitaine Parès doit revenir ici prendre ses meubles, il se chargera volontiers d’un saucisson et de quelques champignons. Des champignons, voilà bien plus d’un an que nous n'en avons mangés.

La broderie du drap avance, il y en a plus de la moitié de fait, la bande à 7 cm de large. Prosper joue avec ses petits camarades après avoir lu sa leçon avec toute la mauvaise grâce possible. Il vous aime bien, il lui tarde d’aller vous voir.

Donnez de nos nouvelles à Emmanuel, il vous amènera sans doute Valentin. Embrassez les pour nous, mille tendresses.

Thérèse

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Mascara, le 27 avril 99

Bien chers parents

Nous avons reçu votre chère lettre hier lundi, que nous avons lue avec un bien grand plaisir. Je prie si instamment le Bon Dieu de vous donner une bonne santé. Les nôtres sont bonnes aussi. Depuis trois ou quatre jours la chaleur commence à se faire sentir, nous avons déjà 27°, la chaleur de Prats en été, ici, elle ne durera pas, nous aurons encore des jours frais. Dimanche dernier François avait congé, le receveur nous a invité à aller avec sa voiture, un joli break qu'il a récemment acheté avec un bon cheval de 7 ans, - à aller, dis-je au lac de aïn-fékan à 21 km d'ici passer la journée, nous avions emporté chacun des victuailles en quantité.

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En passant à Tizi, le receveur de cette localité possédant aussi une voiture et cheval s'est joint à nous avec sa famille, nous étions en tout 12. La journée a été magnifique, cet endroit est une oasis de verdure, la végétation en est luxuriante, splendide, des sources qu'on voit surgir de terre alimentent le lac, l’eau sortant ensuite par une écluse forme un canal et arrose la plaine de fékan. Autrefois, les eaux n'étant pas dirigées se répandaient partout, croupissaient et rendaient l’endroit insalubre tandis qu'aujourd’hui, ces beaux arbres ombragent de plantureux diner qu'on vient y faire sur l’herbe, pour cela, il faut avoir une voiture à son service. Le receveur et sa femme nous a offert de nous amener souvent, cela nous permettra de bien connaître les environs : nous sommes rentrés à 9h ½ du soir. Nous attendons Mme Graule et les souliers que Citou met tout son savoir à faire les souliers jaunes de François.

Oui, certes elle doit être jolie cette chambre, elle est complétement neuve, les locataires y rentreront avec plaisir, seulement ils devraient y rester plus d’un an à cause des déjeuners qu'il a fallu faire ; ils auraient dû, ne restant qu'un an, payer un semestre d’avance pour vous dédommager. Nous n'aurions jamais pensé que ce fut.

Ce Gustave Chatar qui dut venir chez nous, posséderait une maison à Prats, et pas en mauvais état, il était dans la province de Constantine.

Pour quant à la petite chambre, si vous avez trouvé bon d’enlever le carrelage, vous avez bien fait. Notre maison sera je crois maintenant une des mieux de Prats. François priera le notaire de l’avertir d’un bon placement pour vos 4 000 Fr. Ici ils peuvent vous rapporter 7%. Pour l’envoi de l’argent des réparations aussitôt qu'il vous le faudra nous vous l’enverrons.

François a touché près de 80 Fr. de son mois d’intérim et 50 Fr. de gratification du supplément de travail causé par les élections. C'est bien joli pas vrai. Il y aura des mises à la retraite de receveur, nous l’attendons avec un peu d’impatience, si le bon Dieu voulait que nous soyons compris dans le mouvement, c'est que ses appointements augmenteraient de 2 000 Fr.

Faites nous le récit du…

Bon soir, je vais me coucher, Prosper dort depuis une heure.

Dites à Emmanuel que j'attends la lettre qu'il ma promise il y a deux mois.

Thérèse

Je ne connais pas les intentions de M. Chatard, mais il faut tomber bien d’accord. Louez pour un an au moins, ne pourrait-t-il pas passer un bail ? Faites payer au moins un semestre d’avance. S'il voulait tout payer de suite, cela irait mieux, vous finiriez de tout payer. Des briques rouges remplacées, gardez les bonnes en bas et si le corridor d’en bas et d’en haut en ont de vilaines, faites-les remplacer. Plus tard, nous ferons le corridor du premier en mosaïques. Combien cela couterait-il ? Les briques du grenier sont en bon état ? Oui, les fonds rapportent au moins 7% , le principal sera de trouver les plus grandes…
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L’autre jour, un monsieur à qui François a annoncé une nouvelle heureuse à laquelle il ne s'attendait pas, une fortune qui lui arrivait, amène Prosper au bazar et lui a acheté un cheval, un fusil à deux coups, un sabre de cavalerie avec le ceinturon et un fouet chambrière, notre Prosper en était ahuri, il ne savait plus ce qui lui arrivait,

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il n'en a pas diné de saisissement en contemplant sa petite fortune, il en était aussi heureux que le monsieur avec sa vraie fortune, le soir, il s'est endormi avec le cheval dans les bras, à l’heure qu'il n'est rien n'est encore cassé, il avait aussitôt convié ses amis du premier à venir contempler son bazar. Je vous laisse, il est tard, nous vous embrassons bien tendrement.

Thérèse

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Cher bon-papa, chère bonne-maman,

je ne vous oublie pas, je pense à vous, je vous aime beaucoup, j'irais bientôt à l’école, je tâcherai d’être attentif, les poires sont-elles mûres ?

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Mon jardin est-il joli ? Avez-vous vu mon cousin Valentin ? Je vous embrasse bien tendrement, 100 bises.

Prosper

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Dimanche 26 octobre 1901

Cher bon-papa, chère bonne-maman

J'ai des devoirs et des leçons à réciter. J'ai des leçons sur l’histoire de France, j'ai des leçons aussi sur le nom commun et nom propre. Je suis content de vos nouvelles, mon petit ami et parti, nous nous amusions bien ensemble. On joue à Guignol, on rit beaucoup. Avez-vous des petits lapins et les petits pigeons ? Comment vont-ils ? Je vous embrasse de tout mon cœur et je vous fais mille bises.

Prosper Tailleur

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Sidi-Bel-Abbès, le 27 décembre 1906

Chers grands-parents,

Voilà le renouvellement de l’année, je viens vous offrir tout ce que mon petit cœur contient d’amour pour vous deux. Nous sommes toujours exilés les uns des autres. J'aurais été si content de vous embrasser réellement. Je prie Dieu pour qu'Il vous maintienne tous les deux en bonne santé et qu'il vous conserve longtemps à mon affection.

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Je me souviendrai toujours des bonnes journées passées auprès de vous à Prats, de votre amour pour moi, et comme vous me gâtiez ces quelques mois de liberté.

Je suis en vacances pour cinq jours et je vais m'amuser tous les jours chez Mme Gillet avec son fils qui est revenu du Lycée. Le premier mois chez M. Mazoyer n'a pas été très brillant pour moi mais ce mois-ci j'ai mieux travaillé et aurai une meilleure place.

Recevez les plus tendres caresses de votre petit-fils qui ne regrette qu'une chose : c'est de ne pas vous voir.

Prosper

Après votre petit-fils, c'est moi chers parents qui vient vous offrir avec le meilleur de mon cœur mes vœux de paix et de santé pour vous deux. Hélas, c'est toujours de loin qu'il faut vous faire tenir nos vœux et le ciel reste sourd à nos supplications, on ne veut pas nous retirer de Bel Abbès. Je crois que M. Viviani a simplement répondu qu'une note spéciale avait été remise à notre ministre nous concernant. Peut-être viendra-t-il quelque chose dans le courant de janvier, car en ce moment on ne fait pas de nominations, les comptes sont tous arrêtés. Il fait froid, Noël a été dans l’eau. Nous avons déjeuné ce jour-là chez Mme Gillet qui nous a reçu on ne peut mieux. Mais nous n'avons pas même étrenné nos chapeaux tant le temps était mauvais. Et vous, chers parents, le mauvais temps a dû vous emprisonner auprès de feu. Les journaux disent qu'il fait très mauvais dans le pays. La… n'est arrivée que hier soir au lieu de dimanche et le bateau de Marseille n'est parti hier.

Nous vous embrassons bien tendrement à tous deux. Votre fille qui vous est toute dévouée.

Thérèse

Lundi, je vous ai envoyé une boîte de marrons glacés et l’almanach à effeuiller. La boite était recommandée. Tenez-vous au chaud avec ce mauvais temps.

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27 décembre 1906

Je joins tous mes vœux de bonne année à ceux de vos enfants. Soignez-vous bien afin de continuer à bien vous porter. Nous allons bien et n'ayez aucune inquiétude pour nous. Je vous embrasse tendrement.

Mes chers parents

L’année dernière à pareille époque j'étais parmi vous et je fus heureuse de vous offrir de vive voix tout le bonheur que je souhaite pour votre vie tranquille et douce. Malgré la distance mon affection vous demeure acquise et je demande à Dieu de vous protéger contre tout indisposition. Vous savez combien votre vie nous est précieuse et nous prions toujours pour que vous soyez tous deux en parfaite santé.

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La mort de madame de Carèfe a bien surpris, surement elle était encore jeune et son pauvre fils a du cruellement en ressentir le vide.

Maurice Payre a répondu à Prosper par une carte postale de Sorèze où il est en pension. Voyez-vous souvent la famille Boixeda ? Vous aurez l’obligeance de nous rappeler à leur souvenir ainsi qu'aux familles Guin, Carrère, Guisset et autres qui se souviennent de nous.

A bientôt le plaisir de vous lire. Je vais céder la plume à François qui vous enverra l’expression de ses sentiments.

Je vous embrasse affectueusement.

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Cher bon-papa, chère bonne-maman

Je suis bien heureux de pouvoir vous écrire une belle lettre pour vous envoyer les meilleurs souhaits de bonne année qu'un petit garçon qui vous aime bien peut envoyer à ses grands-parents. Je souhaite que vous viviez bien longtemps.

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que le Bon Dieu que je prie le matin, et le soir pour vous exauce ma prière et vous ne serez jamais malades, et puis que nous allions bientôt vous voir à Prats.

A l’école, je travaille, le maître est content de moi, il l’a mis sur le carnet mensuel, que je porte à la maison tous les mois. J'ai encore gagné une place. Je vous dis cela parce que vous serez content de votre petit Prosper

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Les tourons étaient bien bons, je vous remercie. Je vous embrasse bien tendrement, votre petit-fils

Prosper

M. et Mme Moy

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Saumur, le 7 octobre 1913

Chère maman,

J'attendais pour t'écrire de pouvoir en même temps accuser réception de la raquette, mais ladite raquette est allée sans doute rejoindre le corsage que je t'avais envoyé, car à ce jour, qui fait le douzième de l’envoi, nous ne l’avons point vue.

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Tu auras la bonté quand tu écriras de nous envoyer le reçu du colis afin de pouvoir le réclamer auprès des chemins de fer.

Comment vas-tu chère maman ? voici malheureusement venir les jours courts et tristes et alors ces jours qu'on dit courts sont très longs…

Le beau temps nous favorise jusqu' à présent, mais depuis hier, la pluie est à demeure. Nous avons lu dans les journaux la terrible catastrophe de Cerbère, avez-vous eu le contre coup de cette trombe d’eau à Prats ?

François est à Anger depuis ce matin pour la commission d’avancement des employés. Prosper est allé le rejoindre à 1h, c'est si près, ½ heure pour aller chercher à la bibliothèque d’Angers des ouvrages d’économie politique dont il a besoin pour son concours. Ses notes sont toujours très bonnes ; il travaille d’ailleurs avec grand zèle, quittant très peu son perchoir, et alors il vient dire un mot d’amitié au jambon qui se ressent de cette affection je t'assure. Puis comme je te le disais, il s'est inscrit pour le brevet militaire, dès sa première leçon de cheval, l’adjudant a été étonné de sa façon de se tenir et n'a pas cru que c'était sa première leçon. Par contre, son pauvre derrière a bien fait voir que c'était sa 1e leçon, c'était un vrai bifteck !

Et cette tombe, avance-t-elle ? Maury est-il venu chercher les 200 fr ? A-t-il donné reçu ? Où en est-on ? La pluie a dû les empêcher de travailler. Je te laisse chère maman en t'embrassant pour tous les quatre bien tendrement.

Thérèse

Emmanuel est-il monté à Prats en allant chercher les poulains qu'il avait achetés ?

Bien affectueuses amitiés à l’aimable Marthe ainsi qu'à sa mère et sa sœur.

Avez-vous de bonnes nouvelles de François ?

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Saumur, le 8 octobre

Chère maman,

Nous avons reçu ta lettre hier soir, le mienne était faite et déjà, au bureau, François l’a été chercher afin de répondre au contenu de ta lettre.

Nous sommes étonnés de la promptitude avec laquelle la tombe a été faite, surtout contrariés par la pluie comme les ouvriers ont dû l’être très souvent. Fais-la voir à des personnes compétentes afin de savoir si le travail é été bien fait.

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Ne paie pas entièrement le maçon, il lui est du 450 fr, retiens 80 fr sous réserve le grand mur pourrait s'effondrer ou se crevasser. Un délai d’au moins 3 mois est nécessaire pour s'en assurer. Tu recevras ci-joint 760 Fr. Maury ayant reçu 200, il lui reste du 300. L’inscription sur pierre ou sur marbre doit se mettre dans le mur. Le prix n'en n'a pas été débattu avec le tailleur de pierre, cela ne pressant pas, la pierre ne devant contenir que ces mots, Famille Tailleur – Cabanat ne doit pas être bien grande. Demande à Maury son prix. J'écris à Sauveur pour cette question de pétrole et d’alcool. Il ne devrait avoir en magasin que la consommation de la journée et le reste devrait être tenu loin de la maison, c'est ainsi que cela se pratique dans les villes.

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Si le maçon préfère toucher la somme entière tout de suite, il doit faire une déclaration signée par lui : comme quoi si le travail fait par lui se crevassait ou s'effondrait dans le délai de 6 mois, il s'engage à le réparer à ses frais.

N'oublie pas chère maman de nous faire donner cette garantie ou une retenue sur la somme ou la déclaration !

Nous ne repensions pas que cela irait si vite, nous supposions que cela durerait à 4 ou 5 mois.

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Nous venons de recevoir la raquette intacte, elle était d’ailleurs si bien emballée qu'elle aurait pu faire encore bien du chemin sans s'abimer. Prosper me dit de t'envoyer un gros baiser pour ta peine.

Mille affections

Thérèse

Chère Marthe, tu vas avoir bien de la besogne avec tous ces reçus à contrôler, veille qu'ils soient faits avec soin ainsi que la déclaration que je demande à maman de faire faire au maçon, le mur pouvant s'effondrer comme il arriva aux BO. Rassure-moi quand tu auras le temps nous donner les nouvelles de Prats.

Affections à vous.

Nous nous expliquons le retard de la raquette que nous avons cru volée, elle arrivera peut-être aujourd’hui.

Mes voyageurs sont rentrés hier soir d’Angers pour souper. Prosper heureux d’avoir vu une belle ville et une fort belle bibliothèque, mais les livres ne peuvent être lus que sur place.

Le soleil nous est revenu, magnifique.

Nous sommes heureux que tu te portes bien, les légumes envoyés ont-ils pris racine ?

Baisers affectueux,

Thérèse

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Niort, le 4 juillet 1909

Baisers pour vous deux, suis à Niort avec Prosper il compose en ce moment, pourvu qu'il ne se trouble pas. Allons bien/

Thérèse

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Fontenay, le 3 février 1911

Monsieur Cabanat à Prats-de-Mollo

Je vous ai envoyé les paines hier, vous devez les avoir eus ce…

Nous allons très bien tous quatre et espérons qu'il en est de même pour vous deux. Votre bonne lettre nous a réjouis, Amitiés à nos parents, mille baisers pour vous.

Thérèse

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Abonnement à l’Echo de Paris au printemps 1915

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Lettre à Thérèse

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Lamotte-Beuvron, 6 octobre 1915

J'ai la douleur de vous faire parvenir la nouvelle douloureuse de la mort du soldat Roger que vous m'aviez recommandé. Je le voyais assez souvent mais le major ne m'inquiétait pas, j'étais allé à Blois lundi, pendant mon absence, une crise d'urémie est survenue et le pauvre enfant est mort dans la nuit sans que M… ait pu le voir, ni moi.

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C'est une grosse peine pour moi qu'il soit ainsi parti sans être préparé. Les circonstances l’ont voulu ainsi, mais j'ai confiance que Dieu est infiniment miséricordieux pour tous ceux qui meurent martyrs pour le pays.

L’enterrement ayant eu lieu aujourd’hui au milieu d’une foule nombreuse, mais sans aucun parent du défunt.

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Je n'ai pu, étant rentré hier soir seulement vous prévenir au cas où vous auriez voulu venir.

Dès que je le pourrai, je dirai une messe à son intention.

Veuillez croire madame, la peine que je suis… vous causer en vous annonçant cette nouvelle et agréer l’hommage de mon profond respect.

J. Peltier

1928, Mariage de Prosper et Marie-Louise

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14 juin 1928

A Justine Tailleur,

Que deviens-tu ma chère sœur ? Nous pensons à toi tout le temps. Les jeunes sont allés hier à Tlemcem pour faire des achats arabes, ils sont rentrés ce soir. Il a fait hier une journée de chaleur accablante.

Aujourd’hui ça va mieux. On active les préparatifs, ce sera très beau à l’église. Je serai une des plus simples. Il me tarde d’être huit jours plus tard. Nous allons bien quoique chaudement.

Demain grande fête du Sacré-Cœur, nous en serons tous 6h ½ du matin.

Tendres baisers de nous deux,

Ta sœur Thérèse

Dossier militaire de François

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Lettre d'une amie

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Saumur, le 20 décembre 1941

Chères amies

Pardonnez ce long silence. Je veux espérer que vous allez bien ainsi que vos enfants et que vous ne souffrez pas trop du temps présent avec les restrictions qu'il comporte. Hélas, ce n'est pas le plus pénible pour moi. Je vous avais dit être malade d’une sciatique. Depuis Pâques je me suis traînée, souffrant nuit et jour, malgré tous les médicaments, piqures, etc… Quand il y a deux mois j'ai dû m'arrêter complétement ne pouvant poser ma jambe gauche à terre. Un examen à la radio a révélé une cassure du col du fémur, et voilà huit mois que les docteurs me soignaient pour des rhumatismes !! C'est un coup sur mes os friables, la fatigue et aussi l’âge. Il faut du repose et peut-être pourrais-je me guérir. Heureusement, Germaine est avec ce moment. Dieu lui a trouvé un bon et gentil mari. Un lieutenant d’artillerie coloniale sortant de polytechnique, famille chrétienne. Mais il a du s'embarquer pour Dakar et il ira le rejoindre. Alors je serai seule.

Il faudra me résoudre et tout liquider pour aller sans doute à la maison de santé de Bagneux y finir bien tristement ma vie.

Maurice et sa femme ont déjà assez à se soigner eux-mêmes. …Jean est toujours à Marseille travaillant avec ardeux pour conquérir Saint-Cyr. Ils sont bien reconnaissants et gentils tous les deux. Elle s'est mariée le 8 septembre à Guéret chez son père.

Je vous quitte en vous envoyant tous meilleurs voeux pour que l’année qui vient vous soit propice ainsi qu'à vos enfants.

Je vous embrasse bien affectueusement.

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26 février 1941

Chère amie

Je n'en puis plus étant toujours si souffrante. Tout ce que je puis faire est de me traîner dans la maison à l’aide d’une canne et de préparer quelque paquet pour aller à Bagneux, le reste ira chez mon frère qui habite à 300 m de là et ce que nous ne voulons pas garder. L’important est à vendre. Je me résigne avec bien du chagrin, 52 ans de bail mais Ginette part demain à Marseille pour rejoindre son mari à Dakar.

Jean suit son concours pour Saint-Cyr à Marseille et travaille avec ardeur et je ne peux rester seule avec une locataire aussi infirme que moi. Vous m'avez écrit que M. Prosper venait. J'espère que vous avez pu jouir de sa présence et que tous vont bien. Quant à nous, les ans nous gagnent. Je suis tombée d’un seul coup car je tenais toujours malgré les fatigues surhumaines parfois entassées. Je vous en prie, soignez-vous bien toutes les deux. Je vous embrasse de tout cœur. Sentiments affectueux. H. Grand