Communication Maraval Mise à jour janvier 2020
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Communication en janvier 2014

En janvier 2014, Michel Maraval, avec qui nous partageons les mêmes ancêtres Lamarque nous a proposé les éléments suivants quant à son grand-père Victor et ses deux frères François et Joseph. Ils trouvent tout naturellement leur place dans ces pages ouvertes aux collatéraux.

Victor Maraval

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Mon grand-père est né en 1878 (mort en 1950) et était encore jeune quand son père est mort. Son père était juge d’instance et titulaire de sa charge, il avait fait la grève d’un jour pour n’avoir pas à prendre en référé l’expulsion des congrégations de Carcassonne en 1888 et est mort l’année suivante, juste après l’échec d’une liste électorale à laquelle il participait et menée par le père du Général Laperrine à Carcassonne (l’oncle de sa femme née Lamarque). Mon grand-père qui avait onze ans se rappelle les cris de haine de la foule sous le balcon familial quand la nouvelle de la mort de son père avait été connue. Il avait fait condamner M. Marcou qui devint maire, pour fraude électorale lors d’une élection précédente.

Mon grand-père a fait Saint-Cyr en 1899 dans la promotion Marchand, une des rares promotions dont le nom de baptême avait été donné à une personne encore en vie. En mars 1906, affecté à Alençon, il s’était fait porter pâle pour ne pas avoir à participé aux inventaires. Suite à cette affaire, le Général Sarrail laïcard et de Carcassonne qui connaissait l’affaire de son père l’a mis en indisponibilité sans solde, après une peine de 30 jours de forteresse et une dégradation.

Pour refaire sa vie, il est parti créer avec Maurice de La Rochère officier en disponibilité qui avait participé à la pacification du Sénégal (mort à 77 ans en déportation pour avoir été dans les créateurs du mouvement de résistance du musée de l’Homme), une compagnie commerciale qui commerçait en Afrique occidentale Française (Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali). À tour de rôle, pendant 6 mois, ils visitaient leurs comptoirs pour voir ce qui pouvait être importé contre des bicyclettes, des machines à coudre, des armes, etc.

Les récits qu’il en a fait nous font plonger dans Tintin au Congo, il lui est même arrivé de manger de l’homme par inadvertance.

Au Sénégal lors du déclenchement de la Grande Guerre, il est incorporé à l’encadrement des tirailleurs sénégalais. Il est ainsi intervenu dans le sauvetage de ce qui restait de la colonne du colonel Laverdure.

En 1916, il est venu en France avec ses tirailleurs et a fait Verdun, la Somme etc. Cet épisode marocain lui a sans doute sauvé la vie car la plupart des pertes se sont opérées au début de la Guerre. Il raconte les charges de ses tirailleurs portant des colliers d’oreilles ou de têtes séchées. Connaissant un peu l’allemand, il annonçait au préalable qu’ils allaient attaquer et les Allemands s’éclipsaient avant leurs charges pour éviter d’être suppliciés. Il nous a laissé une photo de sentinelle allemande prise avec son accord, dans la tranchée en face à une centaine de mètres, au milieu des barbelés, on distingue des corps qui n’ont pu être récupérés.

En 1917, son bataillon est le seul de son régiment à ne s’être pas rebellé. En 1918, il est passé dans un régiment d’infanterie qui ne comportait plus de Sénégalais et a terminé la Guerre par la prise de Sedan et au grade de commandant.

Par la suite, il s’est marié, a fait l’occupation de la Ruhr avec des Sénégalais. Il a ensuite quitté l’armée et pris un poste d’intendant au grand orphelinat de Meudon. Il a eu 4 enfants, Jeanne en 1921, Anne Marie en 1923, Bernard (mon père) en 1925 et Louis en 1930 (encore en vie).

François MARAVAL

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François a fait une carrière dans la marine et a participé à la bataille des Dardanelles. Voici un résumé de sa carrière :

Né le 23 février 1872 à CARCASSONNE (Aude) - Décédé le 24 février 1958 à TOULON (Var).

Entre dans la Marine en 1890, Aspirant le 5 octobre 1893; port BREST. Au 1er janvier 1894, sur le cuirassé "FORMIDABLE", Escadre de Méditerranée (Cdt Hilaire FIÉRON). Enseigne de vaisseau le 31 janvier 1896. Au 1er janvier 1897, sur le cuirassé garde-côtes "JEMMAPES", Escadre du Nord (Cdt Henri MANCERON). Au 1er janvier 1899, port BREST. Le 2 avril 1899, Second sur le torpilleur N° 126, Défense mobile de la CORSE. Au 1er janvier 1901, port BREST. Aux 1er janvier 1902, 1903, sur le croiseur cuirassé "LATOUCHE-TRÉVILLE", Escadre de Méditerranée (Cdt Émile TERNET puis Victor ROSSEL).

Lieutenant de vaisseau le 19 octobre 1903. Au 1er janvier 1904, port TOULON. Au 1er janvier 1906, sur le cuirassé "BRENNUS", Division de réserve de l’Escadre de Méditerranée (Cdt Alphonse GUILLOU). Le 9 mars 1907, Commandant le torpilleur autonome submersible "CIGOGNE", 1ère Flottille de sous-marins de Méditerranée. Au 1er janvier 1909, Second sur le croiseur "DU-CHAYLA", Escadre du Nord (Cdt Jean RATYÉ). Chevalier de la Légion d’Honneur. Au 1er janvier 1911, port TOULON. Au 1er janvier 1912, Second sur le croiseur "LAVOISIER", en ISLANDE (Cdt Jacques BOISSIÈRE). Au 1er janvier 1914, Second sur le torpilleur "HUSSARD", 1ère Escadrille, 1ère Armée navale (Cdt Antonin ESTOURNET). De mars 1915 à mars 1917, Commandant le contre-torpilleur "COUTELAS", il est cité à l’ordre de l’Armée navale : " Commandant le COUTELAS.

Dans les opérations entreprises aux Dardanelles les 25 et 26 avril 1915 a donné une aide efficace aux troupes de débarquement et a combattu avec énergie dans des conditions particulièrement difficiles.". Croix de Guerre.

Capitaine de frégate le 30 mars 1917. Au 1er janvier 1918, port TOULON. Officier de la Légion d’Honneur. Le 5 mars 1919, Commandant l’artillerie du Front de mer du secteur de MARSEILLE.

Mariage de Joseph : Un évêque en correctionnelle

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S. G. Mgr Beuvain de Beauséjour , évêque de Carcassonne, comparaissait mardi devint le tribunal de sa ville épiscopale. Il lui était reproché « d’avoir, le 2 juillet dernier, célébré le mariage religieux de Mlle Marie-Antoinette Fondi de Niort avec M. Joseph Maraval, alors que le mariage civil n’avait pas eu lieu », délit puni par l’article 199 du Code pénal d’une amende de 16 à 100 francs.

À cette inculpation, l’évêque de Carcassonne répondit ; je me suis trouvé en présence d’un cas de force majeure, puisque l’absence d’officier d’état civil rendait impossible le mariage à la mairie. Je ne pouvais donc pas refuser d’unir les jeunes époux. À tous les curés qui se sont informés auprès de moi de ce qu’ils devraient faire dans des cas semblables, j’ai répondu : « Mariez tous ceux qui viendront vous le demander ».

Par suite de la grève des municipalités, il n’y avait plus, en effet, d’officiers d’état civil pour cela, et le préfet de l’Aude n’avait désigné personne pour remplir cet emploi. Le mariage religieux n’avait, d’ailleurs, été célébré qu’après que M. Fondi de Niort, conseiller général de l’Aude, eut, en son nom, au nom de sa fille et au nom de son futur gendre et des parents de ce dernier, fait constater par huissier l’absence d’officier d’état-civil.

M. Fondi de Niort ayant exposé à l’audience ses diverses démarches et leur inutilité, le président appelle Mgr de Beauséjour. Le prélat, qui est de taille élevée, s’avance à la barre d’un pas ferme et assuré. Il est en soutane violette, ses mains sont gantées de violet, il porte autour du cou la chaîne d’or à laquelle est suspendue la croix pastorale.

— Pourquoi avez-vous commis ce délit ? demande le président, était-ce pour violer la loi ?

— Pas le moins du monde, réplique le prélat, mais après avoir réfléchi, j’ai cru que dans les circonstances présentes, les municipalités étant toutes ou presque toutes démissionnaires, la loi n’obligeait pas. Puisque les portes des mairies étaient closes, il ne m’est pas venu à l’idée, en égard aux démissions municipales, à la situation anormale qui pouvait durer longtemps, qu’il avait lieu de tenir compte de l’article de loi auquel en temps normal, le clergé s’est toujours soumis. C’est dans ces conditions qu’à défaut de mariage civil j’ai procédé au mariage religieux.

Le président, sortant de la question, allègue la jurisprudence de la Cour de cassation, qui maintient, après la séparation des Eglises et de l’Etat, la priorité obligatoire du contrat civil.

Mgr de Beauséjour ramène l’interrogatoire sur son véritable terrain, Je n’ignore nullement la situation juridique, mais elle ne s’applique pas du tout, à mon sens, au cas présent ; je ne me suis pas placé en face de la séparation des Eglises et de l’Etat, je me suis seulement vu en face de cette situation qu’à défaut d’une municipalité procédant au mariage civil, je devais procéder au mariage religieux. J’ai été, je l’avoue, surpris de la poursuite, j’ai eu égard à toutes les circonstances de fait anormales, anarchiques même, dans le sens le plus gracieux du mot. si vous voulez bien le prendre, et ne croyez pas que j’ai agi ainsi parce qu’il s’agissait de la fille de M. Fondi de Niort ; non, qui que ce soit viendrait me demander de le marier dans les mêmes conditions, je le ferais. Au surplus, j’avais promis depuis longtemps déjà de célébrer ce mariage. J’ai donc tenu ma promesse simplement.

Le procureur de la République estime que le cas de force majeure n’excuse pas ; les fiancés n’avaient qu’à attendre. M. Colondre, avocat de Mgr de Beauséjour, n’a pas de peine à démontrer que pour qu’il y ait contrat civil avant mariage religieux, il faut que le mariage civil soit possible. S’il ne l’est pas en fait, il ne peut y avoir délit.

Cependant, le tribunal, tout en reconnaissant la bonne foi de l’évêque de Carcassonne, estime que celui-ci n’avait pas le droit de procéder au mariage religieux sans exiger la preuve du mariage civil, et il le condamne à 50 francs d’amende avec sursis.

À la sortie, une discrète ovation a accueilli le vénérable prélat.