Prosper Tailleur avait, tout au début des années 1950, conservé cette documentation qu'il avait constitué pour des terres qu'il avait en gestion.
Nos préoccupations sont aujourd’hui diamétralement différentes, mais l’éclairage qu'ils apportent n'en n'est pas moins très intéressant.
Dans l’immédiat d’après-guerre, la modernisation de l’agriculture française était un impératif absolu :
Voilà un pays dont les aptitudes agricoles sont incontestables et incontestées un pays dont on voudrait faire approvisionneur l'Europe en denrées alimentaires et qui n'arrive même pas couvrir ses propres besoins, qui est un importateur net de produits agricoles.
[…] Il faudra réaliser un immense effort investissement […] il avait en 1946 10 millions hectares remembrer, 1.600.000 hectares à assainir, 3 millions hectares drainer, 250.000 hectares irriguer, plus de 100.000 km de cours eau aménager, 500.000 km de chemins construire, des centaines de milliers hectares de forêts planter. Il restait encore à apporter électricité à 2.500.000 ruraux pour la plupart agriculteurs, renforcer la plupart des réseaux existants, apporter eau courante une dizaine de millions de ruraux dont plus de la moitié agriculteurs. La moitié des bâtiments agricoles étaient à remplacer. Les industries fournissant agriculture en moyens de production devaient se moderniser également de manière être en mesure de satisfaire des besoins accrus. Il fallait commencer par fournir agriculture 250.000 tracteurs et en renouveler ensuite 40.000 par an compenser insuffisance du renouvellement du matériel pendant occupation allemande etc.
Cette agriculture modernisée devrait consommer des quantités élevées d'engrais, 500.000 tonnes azote, 1.000.000 de tonnes d’acide phosphorique et autant de potasse.
Joseph Klatzmann (1953) Revue économique via Persée
Soixante-dix ans plus tard, l’analyse sera largement différente :
Au sortir de la guerre, il existe un courant influant insistant sur la nécessité d’une modernisation des pratiques et des structures agricoles appelée à profiter aussi bien au pays qu'aux paysans eux-mêmes. En témoignent les prises de position de René Dumont, ingénieur agronome et professeur à l’Institut d’Agronomie de Paris, très investi au sein du Commissariat général au plan, qui se fait à l’époque le héraut de l’augmentation des rendements par la mécanisation et le recours aux engrais comme il l’exprime dans Le problème agricole Français. Esquisse d’un plan d’orientation et d’équipement, (1946) ou dans Voyages en France d’un agronome, (1951). Ce n'est que plus tard que le futur candidat écologiste à l’élection présidentielle de 1974 prendra ses distances avec ce modèle de développement sans pour autant totalement rompre avec celui-ci.
Or, dans Renaissance agricole comme dans l’immense majorité des œuvres vantant les mérites de la modernisation alors en germe, la question des dépendances grandissantes ne se pose pas. Les seuls flux entrants évoqués concernent les dons issus du plan Marshall et le film documentaire insiste avant tout sur la croissance de la production alimentaire. Cela revient à laisser dans l’ombre la dépendance aux hydrocarbures, aux semences et aux produits phytosanitaires dont les implications en termes de prélèvements sur la ressource, peuvent être importantes, iront croissant et ont des conséquences environnementales sur les écosystèmes locaux sensibles dès les années 60.
La motorisation de l’agriculture française, tout comme la généralisation de produits phytosanitaires, fait l’objet de profondes incitations de la part des pouvoirs publics. Soulignons cependant, à la suite de travaux récents qu'elle ne s'opère pas sans débat ni controverse. Y compris au sein des institutions traditionnellement considérées comme les chantres de ces transformations, tel le Commissariat général au Plan ou encore les Chambres d’agriculture. Sont mis en cause non seulement les perspectives d’endettement pour les paysans mais aussi les risques de dégradation des sols par la monoculture des labours mal menés, ou encore l’abandon de la fumure consécutive à la fin de la traction animale. Des associations comme l’Homme et sol créée au sortir de la guerre ou l’Académie d’agriculture soulignent ainsi le risque d’une rupture des équilibres précieux et sensibles qui fondent la vie du sol de manière intéressante. On retrouve la notion d’équilibre, utilisée cette foi comme fondement de la critique des processus de modernisation en cours.
Alexis Vrignon (2022) France grise, France verte. Une histoire environnementale depuis 1945, page 27, Armand Colin
Dichloro – Diphényl – Trichloroétahne (DDT)
Hexachlorocyclohexane (HCH – Lindane)
Remarques :Ne pas traiter les parties comestibles des végétaux au SOPROCIDE, les pommes de terre ainsi que les arbres fruitiers après la nouaison pour éviter de transmettre un goût désagréable.
Ne pas traiter pendant la floraison.
Toxique pour les abeilles.
Thiosphosphate de Diethyle et de Paranitrophenyl (SNP)
Les spécialités contenant du Thiosphospate de Diethyle et Paranitrophenyle doivent être conservées dans leurs emballages d’origine et détenues dans les locaux ou meubles fermés à clef, à l’écart des denrées alimentaires et des boissons.
Pendant la préparation des bouillies ou des solutions, les opérateurs éviteront l’inhalation des vapeurs des spécialités, les contacts de ces spécialités avec la peau et toute ingestion.
Pendant les traitements, les opérateurs se placeront de manière que le vent écarte d’eux les matières projetées sur les végétaux.
Après usage, les appareils et instruments seront vidés et lavés sur les lieux même de travail. Les produits résiduels inutilisés seront enfouis dans le sol loin des sources et des puits. En aucun cas, ils ne devront être rejetés sur les bas-côtés des routes ou dans les fossés, mares et cours d’eau. Les emballages vides devront être détruits.
Après traitement, les opérateurs quitteront leurs vêtements de travail qui devront être nettoyés. Ils se laveront les mains et le visage avant de prendre toute nourriture. Arrêter les traitements trois semaines avant la récolte des parties comestibles.