Grace à Cepet, la guerre avait peu touché les Guillou . A la Libération, la nouvelle génération Guillou disposait d’un grand domaine pour inviter et accueillir, d’une voiture pour se déplacer, de vin pour alimenter les surprises parties
Je ne tiens pas compte du STO auquel, Bernard devenu soutient de famille à la mort de Robert, avait échappé de justesse (ses valises étaient prêtes pour le départ).
Leur jeunesse n'avait plus qu'à s'épanouir, ces photos en sont la mémoire.
Sacré cœur de Toulouse
Commençons le récit avec les amis de toujours.
Alix (Kiki) de Montbel, amie d'Annie jusqu'à ses derniers jours souvent accompagnée de ses sœurs Bernadette et Madeleine , toutes les trois filles de ..., amie d'Henriette.
Jacqueline de Saint-Roman que nous allons trouver sur de nombreuses photos était la fille d’Alix, amie d’Henriette Guillou. A ce titre, elle avait fait de nombreux séjours à Cepet et était liée d’amitié avec Madeleine.
Jacqueline de Saint-Roman deviendra Mme Budd et ira s'installer en Argentine dont son mari était originaire. Fidèles en amitié, ils ne manquaient pas de passer voir Madeleine à chacun de leurs séjours en France et j'ai souvenir, qu'enfants nous avions plaisir à les apercevoir.
Jacques de Sulzer, cousin germain de Jacqueline était l’ami d’enfance de François.
Gabrielle (Brizette) Jonquières d’Oriola habitait au 2bis en dessous des Guillou et était très proche d'Annie. Elle avait trois frères, Bernard, Yves (Friquet) et François. Sur les photos, nous apercevrons aussi Nénette, cousine germaine.
Brizette Jonquières d'Oriola épousera Christian de Marmiesse et habitera avec lui l'appartement du 2bis où elle avait été élevée. J'ai encore le souvenir d'un après-midi alors que je ne devais pas avoir 10 ans, à admirer avec leur fils Bernard le magnétophone à bande que ses parents venaient de lui acheter. Concentré de technologie pour l'époque, je revois encore le micro que nous avions utilisé et me demande toujours depuis ce qu'il a bien pu enregistrer.
J'ajoute pour la forme Jean de Langautier qui avait rencontré Bernard à la faculté et s'était tout autant lié d'amitié avec François. Jean et François son frère, apparaissent sur les photos dès 1949 même s'il faudra attendre 1956 pour que Jean entre dans la famille Guillou en 1956.
Du point de vue des archives, ces photos proviennent à la fois de négatifs et de l'album d'Annie. La différence de qualité est notable et se repère facilement.
Certaines de ces photos ont été prises le 28 février 1954, date de l’accident de crémaillère qui relie Luchon à Superbagnères. Voici, transcrit de mémoire, le récit d’Annie :
En fin de notre journée de ski, nous nous sommes retrouvées avec Madeleine dans la crémaillère qui faisait le retour sur Luchon. Assez vite nous nous sommes rendu compte que la crémaillère avait décroché et que le train prenait de la vitesse sur les voies.
Assez rapidement, voyant que la situation ne faisait qu'empirer, quelques skieurs ont débloqué les portières du wagon et ont commencé à sauter sur la voie. Mais, sautant du côté de la montagne, ils se voyaient renvoyés sous les roues des wagons où ils se faisaient déchiqueter. Ce seront les seuls passagers victimes de la journée, mais nous ne l’avons évidemment appris que plus tard.
Je n'ai pas eu le temps de prendre conscience de ce qui allait nous arriver ni de m'inquiéter pour ma propre vie, j'étais surtout préoccupée par la façon dont le convoi allait bien pouvoir s'arrêter en arrivant dans la gare à Luchon.
La motrice a fini par tomber dans le ravin et fort heureusement, le convoi a pu s'arrêter tout seul, freiné par l'un des essieux du premier wagon qui s'était cassé assez vite.
Nous avons alors pu descendre sur la voie et remonter vers la station. Le passage au niveau des corps des skieurs qui avaient sauté fut un moment difficile. Il l’a été aussi pour François et le reste de notre groupe qui attendaient pour prendre le train suivant et qui, mis au courant de l’incident, étaient eux aussi descendu sur les voies pour venir à notre rencontre.
Nous avons fini par descendre et rentrer à Luchon. Henriette qui n'était au courant de rien nous a seulement accueilli en nous faisant remarquer qu'elle nous avait attendu pour diner.
La vie ensuite continué sans plus d’émotion que cela. En général, s'ensuit des remarques sur les cellules de support psychologiques dont manifestement on pouvait facilement se passer dans le temps.