Jacques Loze la fait commencer avec les Espinasse, seigneurs de Cardonne, rapportés par Villain. Le lien se ferait par un Jean qui de seigneur au sud de Toulouse deviendrait roturier et marchand en Rouergue. En l’absence de relevés probant, cette hypothèse est laissée de côté.
Il existe un Toulousain célèbre qui porte le nom Espinasse. Il se prénomme Esprit-Charles-Marie. Il fut général et homme politique. Il est né à Castelnaudary le 2 avril 1815, mort à Magenta le 4 juin 1859, et il n’a aucun rapport avec notre famille.
La population du Rouergue de la fin du Moyen Âge au xviiie siècle. Durement frappé par la peste noire jusqu’au xvie, puis par les guerres de religions : « Villefranche est prise en 1562 par les Protestants qui la quittent la même année en la détruisant ». Aux pestes, s’ajoutent au xviie siècle les révoltes populaires, très violentes, urbaines comme les troubles de la Gabelle à Espalion , rurales comme le soulèvement de 1636-1637 et surtout celui de 1643 , sans doute le plus intense en France à cette époque, au point que Croquants et Rouergueurs deviennent synonymes . Les témoins de l’époque insistent sur le mécanisme : intempéries – mauvaises récoltes – cherté des grains – misère – émigration .
Etienne Cabrol (1860) Annales de Villefranche-de-Rouergue Bousquet (Juin 1958) Les troubles de la Gabelle à Espalion et en Rouergue auxviesiècle via Congrès des sociétés savantes de Rodez V. Cabrol (1910) Document sur le soulèvement des paysans du bas-Rouergue dits Croquants, au commencement du règne de Louis XIV Boris Porchnev (1963) Les soulèvements populaires en France de 1623 à 1648, p. 93 via Sevpen, Paris Témoignage de François du Buysson, bachelier en droit, de Villeneuve, à l’enquête de Jean de Cayla sur la misère en Rouergue via AD Aveyron, ET 64 Fonds Trézières Le xviiie siècle reste en Rouergue un siècle de crises, même si les bonnes années se font plus nombreuses. À la veille de la Révolution, le Rouergue est revenu à un niveau de population déjà atteint au début du xive siècle et au xvie siècle. À la misère endémique, une seule solution : partir. Depuis le Moyen Age, le Rouergue apparaît comme une inépuisable réserve de migrants. En période de crise la mobilité déjà grande de la population s’accentue, s’enfle de ceux qui ne savent où aller sinon ailleurs. Sous l’Ancien Régime, le Sud (Languedoc), et l’Ouest (Quercy, Albigeois) sont des régions d’attraction pour les Rouergats. Le chemin de fer leur permettra de monter à Paris à partir du début du xxe siècle où ils rejoignent les Auvergnats. Quand, à diverses époques, on vient en Rouergue (du Gévaudan, d’Auvergne) c’est pour le traverser, non pour s’y fixer. En 1771 le curé de Laussac écrit : « Les valides vont gagner leur vie ailleurs, les invalides rampent dans le bourg. »
Alain Guery Persée
Il règne à Toulouse à la veille de la Révolution, un étrange contraste entre une population souvent misérable et ses dirigeants vivant dans l’opulence. En un siècle, elle a gagné un peu moins de 10 000 habitants, soit plus de 2 %, pourcentage très inférieur à celui de la moyenne nationale (4 %). Voilà un signe très net de stagnation, pour ne pas dire de régression par rapport aux autres villes et provinces françaises.
Or, si l’on compare les chiffres des baptêmes sont nettement inférieurs à ceux des enterrements. Seule une forte immigration a permis à Toulouse de progresser quand même au cours du xviiie siècle, malgré le bilan négatif du mouvement naturel de la population.
Cette immigration, qui se nourrit du trop-plein misérable des campagnes environnantes, semble avoir été le fait de milliers de vagabonds, de manouvriers à la recherche d’un travail, descendus des Pyrénées, de la montagne Noire, des causses du Quercy ou venus de Gascogne.
L’économie toulousaine n’est pas à même d’accueillir tous ces arrivants, en effet, il n’y a pas à Toulouse, à la fin de l’ancien Régime, une grande industrie naissante capable d’absorber cet excédent de population en lui fournissant du travail. Dans la mesure ou l’aristocratie parlementaire investit sa richesse dans la propriété foncière, les autres groupes sociaux l’imitent, du bas en haut de l’échelle. Dès qu’un Toulousain réalise quelque économie, il achète un peu de terre, un pré, une vigne, voire une maison, mais il n’investit pratiquement jamais dans l’industrie. La faiblesse, pour ne pas dire l’inexistence, de l’industrie, explique l’inexistence du commerce, les échanges étaient surtout locaux. Aussi ne faut-il pas s’étonner de la faiblesse relative des fortunes bourgeoises par rapport à celles de l’aristocratie, et de l’orientation des enfants de la bourgeoisie vers les professions libérales et la fonction publique plutôt que vers le négoce
Philippe Wolf (1984) Les toulousains dans l’histoire via Privat
Tout aussi naturellement ils se sont retrouvés dans le quartier Saint-Aubin. Ce quartier comme les Espinasse vont prospérer au xixe.
À l’emplacement de l’actuelle place Dupuis s’élevait l’église Saint-Sauveur qui sera détruite sous la révolution et qui a donné le nom à ce quartier.
On entreprit en 1685 l’aménagement du port Saint-Sauveur au point où le canal approchait le plus des murs de Toulouse, à hauteur du faubourg Saint-Etienne. Ce fut le port Saint-Sauveur, terminé en 1708 et agrandi en 1828.
Le monopole de la navigation appartenait à la famille Riquet qui le concéda à des bateliers.Des entrepôts bordent le port Saint-Sauveur sur le canal du Midi : par là ce vieux quartier se rattache à un quartier, très réduit en superficie, est unique en son genre à Toulouse. Il fait la jonction entre le faubourg Saint-Étienne proprement dit et le faubourg Saint-Aubin, qui abrite dans ses vieilles et vilaines maisons une population assez mêlée.
Le quartier, à l’époque encore « hors les murs » est le lieu d’accueil de tous les nouveaux habitants.
La prospérité arrivant, ce quartier sera réaménagé et de nombreux bâtiments seront construits dont la halle aux grains en 1861.
Jean Coppolani (1954 ) Toulouse, étude de géographie urbaine via Privat-Didier