Agent de la terreur
à Verfeil Création août 2014

Dédicace spéciale pour Capucine qui a fait les recherches aux archives de Toulouse.

En pleine terreur , Antoine est nommé le 1 février 1794, commissaire pour le district de Verfeil avec pour mission d’épurer le conseil municipal et de relancer une collecte de grains et de chanvres pour la marine. Lui et son collègue Barateau y séjourneront 3 mois pour remplir leur mission.

Entre l’été 1793 et l’été 1794, la Terreur atteignit, à Paris et en province, son paroxysme, autorisant toutes les violences et toutes les surenchères. La seconde période débute par l’élimination des députés girondins avec les journées d’émeute des 31 mai et 2 juin 1793, et s’achève par l’élimination des Robespierristes, du 9 au 12 thermidor an II (27-30 juillet 1794). À partir de la mise en application de la loi du 22 prairial (10 juin 1794), cette seconde période est appelée la « Grande Terreur ». Source Wikipédia.

Nicolas Bourguinat, op. cit. : « De la fin de la Révolution au milieu du xixe siècle, la question des subsistances est encore une contrainte majeure pour l’ordre public. La liberté du commerce des grains, réalisée dans la loi depuis 1797, demeure l’objet d’un consensus fragile des élites dirigeantes et elle provoque périodiquement des vagues de contestation populaire. Autour des approvisionnements et des prix alimentaires, en effet, le peuple des consommateurs et les pouvoirs publics sont engagés dans un jeu instable et fiévreux, fait de demandes et de rétributions matérielles autant que symboliques ».

Les frères Barateau, membres de la petite bourgeoisie, sont les fils d’un « brodeur » sans fortune.

Source Pascal Roux, Ibid.

En décembre suivant, la terreur finie, la population de Verfeil donnera sa version de l’intervention des deux commissaires. Antoine fera un mois de prison.

Cette page est très intéressante dans la mesure où elle contient à la fois, les documents d’Antoine conservés dans la famille ainsi que les documents officiels conservés aux archives départementales de la Haute-Garonne.

La vie politique au village en l’an II

Extraits d’une étude qui dresse le paysage de l’intervention d’Antoine.

Imposer sa politique au plan local était pour le gouvernement révolutionnaire une nécessité vitale. Centre par excellence des solidarités communautaires, voué à l’intérêt de localité et dominé par des réflexes traditionnels, le village est-il, en dehors de toute expression politique véritable, l’obstacle sur lequel vient buter en fin de course la volonté du Comité de salut public ? […]

Les institutions locales relais indispensable de la politique de salut public

Les municipalités, d’après le Comité de salut public, devaient être « les bras qui meuvent le levier révolutionnaire ». Seules, elles étaient présentes dans toutes les communes, sans leur active collaboration rien ne pouvait s’opérer dans le milieu local. […]

Théoriquement, le décret du 14 frimaire an II associait les comités de surveillance locaux à l’application des lois et des mesures révolutionnaires. Dans la pratique leur rôle paraît très inférieur à celui des municipalités. Ils ne livrent en général qu’une documentation restreinte. Élus à la fin de 1793 ou au début de 1794, soit en assemblée générale, soit par le conseil général de la commune, ils sont dans la majorité des cas proches des équipes municipales en place. Dans certains villages ils semblent ne jamais avoir fonctionné.[…]

L’effort, inégalement couronné de succès, pour multiplier des instances locales à la fois complémentaires et concurrentes correspondait cependant à une double nécessité : assumer une tâche devenue écrasante, briser un monopole municipal qui risquait de favoriser incompétence, inertie, ou mauvaise volonté. Deux séries de questions se posent dès lors. D’une part les institutions locales ainsi élargies étaient-elles en mesure d’assumer de façon autonome le rôle que leur assignait le gouvernement révolutionnaire, et dans le cas contraire de quels moyens les autorités supérieures disposaient-elles pour les y contraindre ? D’autre part, quelles perspectives s’offraient pour l’expression d’une vie politique locale authentique et quelle pouvait être cette politique ? […]

L’inévitable intrusion dans les pouvoirs locaux

Le village constitue incontestablement une cellule de vie difficilement accessible aux influences extérieures. Les tensions internes y étaient à la fin du xviiie siècles plus marqués qu’on ne l’a dit parfois. Mais les solidarités de voisinage, les liens de parenté ou de clientèle, les pressions facilement exercées sur les autorités les plus proches, la conscience d’un intérêt de localité, favorisaient la cohésion face aux initiatives des pouvoirs englobant. Des silences complices à la résistance passive ou à la révolte, une longue tradition s’était établie, entretenue par l’isolement, du refus des exigences insolites, surtout lorsque, comme en l’an II, elles pouvaient aller à rencontre des mentalités les plus enracinées. Le réflexe était si profond que même les communes les plus acquises à la Révolution n’y échappèrent pas.[…]

Dès son arrivée en Haute-Garonne, Dartigoyte manifestait à l’égard des institutions villageoises une méfiance qui s’explique par les difficultés qu’il avait rencontrées dans le Gers.[…]

Le signe le plus concret et le plus précoce d’une intervention dans les pouvoirs locaux est leur épuration. La crise du printemps 1793 entraîna, dans l’Hérault et la Haute-Garonne en particulier, une première vague de destitutions pour fédéralisme, opérées par les représentants en mission en liaison avec les sociétés populaires. Mais peu de villages furent concernés.

La première phase d’un remplacement systématique des élus jugés faibles, incapables ou peu sûrs fut confiée aux communes elles-mêmes. Le décret du 14 frimaire an II rendit l’opération obligatoire pour les procureurs des communes « appelés à remplir les fonctions d’agents nationaux ». Il est révélateur que la plupart des municipalités, ou des assemblées générales convoquées à cet effet, se soient contentées de reconduire les sortants. Beaucoup de villages audois n’allèrent d’ailleurs pas au-delà jusqu’à l’été1794. Dans le district de Toulouse, au contraire, le 21 nivôse (10 janvier 1794), Paganel ordonnait l’épuration de tous les corps constitués par « le concours du peuple et des sociétés populaires ». Menée selon les cas en assemblée communale ou en séance publique de la société populaire, l’opération révéla de toute façon un bilan dérisoire. En dehors de quelques bourgs ou gros villages, où des clans rivaux risquaient de profiter de l’occasion pour régler de vieux comptes, cas relativement fréquent dans l’Hérault, il est évident que les villages refusaient de remettre en cause leurs précédents choix électoraux. Certains, d’ailleurs, continuèrent à convoquer des assemblées d’élection lorsqu’un remplacement s’avérait indispensable.

Une deuxième étape fut donc franchie avec la nomination par les administrations de districts ou les représentants en mission de commissaires cantonaux, secondés par les sociétés populaires des chefs-lieux de cantons.

C’est la solution adoptée par Dartigoyte en Haute-Garonne à partir de la fin janvier 1794, celle que l’on retrouve également dans l’Hérault et le Gard, et plus tardivement dans l’Aude. Elle a l’avantage d’échapper aux pressions du microcosme villageois tout en garantissant une proximité suffisante pour assurer une bonne information. Selon la même logique, Dartigoyte substitua aux comités de surveillance des communes des comités cantonaux, où chaque commune déléguait deux représentants. Ce sont également le plus souvent des commissaires choisis au niveau des cantons qui imposèrent dans les communes les mesures que les municipalités se révélaient incapables de faire appliquer.[…]

De toute autre nature, constituant parfois une troisième étape, est le recours aux commissaires pris hors du canton, devenu inévitable dans certaines circonstances pour secouer la « criminelle apathie » des communes, ou imposé par les sociétés populaires urbaines. Même l’ ex-cordonnier Barrau, agent national du district de Rieux, habitué à parcourir les villages, « montant en chaire pendant deux fois par jour » pour s’adresser au peuple en une incontestable éloquence « patoise » a bien du mal à faire partager son anticléricalisme militant.

L’intervention d’Antoine bien identifiée !

À plus forte raison ceux qui se montrent agressivement maladroits, comme Auriol-Langautier, commissaire du district de Toulouse, qui aurait traité de « bêtes et animaux » les « gens de la campagne » surpris dans l’église de Verfeil ; ou ceux qui, étrangers au district, y manifestent un arrogant zèle déchristianisateur, comme Barateau et Vinquery dans le Muretain, ou Orliac, de Montréjeau, dans la région de Toulouse.

Inégalement acceptées, inégalement efficaces selon les lieux, les moments, les domaines d’intervention, il serait trop long, et forcément hypothétique, de dresser un bilan de l’ensemble de ces intrusions dans le pouvoir local.[…]

26 décembre 1793, Ordre de réquisition

AA91e_Requisition_002
AA91e_Requisition_004

Commissaire de la république, recensement et appréhension des chanvres dans le canton de Verfeil n° 4.

Ne varietur , 6 nivôses an III (26 décembre 1793) Chamayon, juge de paix.

Indique que ce texte ne doit pas changer, qu’il est dans sa forme définitive.

L’administration du district de Toulouse, aux communes de l’arrondissement.

L’adjoint de la division nous demande avec instance l’exécution de la loi qui met en réquisition, pour la marine, tous les chanvres de la république. Cet objet doit être pris, par les communes, en grande considération, et il est de leur devoir de donner aux commissaires qui feront le recensement, tous les éclaircissements qui seront en leur pouvoir. Vous trouverez à la suite de la présente lettre de l’adjoint, et l’arrêté du conseil portant la nomination des commissaires. Veuillez les bien méditer et servir de guide auxdits s commissaires pour parvenir promptement à leur opération.

Salut et fraternité

Souchon président ; Toulza, Martin, Guichot, Lamarque, Laforgue, Calvet, Raymond Lezat, Sénegre, Naylies, Giraud, Periés.

26 décembre 1793, Réquisition des chanvres pour la marine

AA91g_Chanvres_002

Paris, le 28 nivôse de l’an second (26 décembre 1793) de la république française une et indivisible

Aux administrateurs du directoire du district de Toulouse.

Citoyens,

la loi qui met en réquisition pour la marine tous les chanvres de la république, en procurant des grandes ressources à cette administration, exige la plus prompte exécution dans le recensement de cette fourniture ; il existe des propriétaires qui le conservent avec soin, et attendent avec tranquillité qu’ils soient employés au service ; mais d’autres aussi, plus attachés à leurs intérêts qu’à leur patrie, ne s’occupent que des moyens de les soustraire à la loi, et cette infraction, en privant l’état d’une chose très utile, lui prouve qu’il a encore des ennemis en son sein.

Pour ôter tout prétexte aux malveillants, empêcher la cupidité des gens avides, et mettre dans le service de la marine la plus grande activité, le ministre a cru qu’il était aussi urgent qu’indispensable de faire le recensement de tous les chanvres, ainsi que leur rassemblement, sauf à réserver à chaque commune les quantités nécessaires à sa consommation ; il vous prie, en conséquence, de vous occuper de cette mesure avec célérité, et particulièrement d’ordonner le rassemblement dans le lieu le plus à portée des rivières, afin qu’il soit transportés avec le plus d’économies possibles.

Il vous sera envoyé, sur votre demande, les fonds nécessaires à l’acquittement de ces chanvres, suivant l’importance des quantités que vous aurez pu faire rassembler ; vous voudrez bien avoir l’attention de faire suivre les frais de transport jusqu’au port où devront arriver les chargements que vous expédierez.

Le ministre compte, à cet égard, sur votre attachement à la chose publique, et il est persuadé qu’il suffit de vous indiquer un moyen de lui être utile, pour être sûr de votre zèle à le remplir.

L’adjoint de la deuxième division.

David

1 février 1794, Nomination de Langautier et Barateau pour le Canton de Verfeil

AA91i_Nomination_002

Extrait du registre des délibérations du district de Toulouse

Du 13 pluviôse, l’an second (1 février 1794) de la république une et indivisible.

Un membre a dit, qu’il existe une loi qui mettait en réquisition, pour la marine, tous les chanvres de la république ; que cette opération exigeait la plus prompte exécution dans la recensement de cette fourniture, et que pour y parvenir, il était nécessaire de nommer des commissaires à l’effet de se transporter dans toutes les communes de notre arrondissement, pour procéder au recensement des chanvres qui s’y trouveront. Le même membre a encore proposé de nommer les commissaires de la société qui vont partir pour procéder à l’épurement des officiers des communes, afin que l’opération ne fût point retardée.

La proposition mise en délibération, le conseil du district arrête que :

  1. par les commissaires ci-après nommés, il sera de suite procédé au recensement de tous les chanvres ;

  2. ils dresseront un état exact de la quantité de chanvres, dans lequel ils énonceront le nom du propriétaire, la commune où il réside et le prix desdits chanvres ;

  3. ils réserveront à chaque commune les quantités nécessaires à sa consommation ;

  4. ils rassembleront tous les chanvres ainsi recensés, et les feront transporter avec célérité, et le plus d’économie possible, à Toulouse dans le dépôt du district ;

  5. et pour l’exécution du présent arrêté, l’administration nommé pour commissaires ceux déjà nommés pour procéder à l’épurement des officiers des communes ainsi qu’il suit :

    • pour la commune de Toulouse, les citoyens,

    • pour le canton forain de Toulouse,

    • pour le canton de Castanet,

    • pour celui de Lévignac,

    • pour celui de Verfeil : Langautier et Barateau ainé

    • pour celui de Villemur,

    • pour celui de Castelnau,

    • pour celui de Bruguières,

    • pour celui de Léguevin,

    • pour celui de Montastruc,

    • pour celui de Blagnac.

Souchon président, Trebos, secrétaire-greffier.

21 février 1794, Délibération du registre de Toulouse

AA91k_Deliberation_002

Un membre a dit : Citoyens, nous sommes autorisés par une lettre du représentant du peuple, du 17 pluviôse (5 février) de prononcer sur les petites difficultés qui pourraient s’élever… & Chaudron – Rouffau, du 1 du même mois, qui ordonne le versement des grains et farines dans les greniers publics.

Nous sommes également autorisés par la même lettre de prendre en considération les travaux pénibles des braves cultivateurs qui n’auraient pas assez de cinquante livres de grains pour leur subsistance d’un mois, en observant néanmoins de diminuer la portion des citoyens en bas âge et des citoyens oisifs.

Il nous est déjà parvenu plusieurs réclamations des municipalités, sur l’insuffisance des grains attribués aux cultivateurs, et sur le mode qu’elles doivent suivre pour la fourniture qui doit être faite périodiquement à tous les citoyens.

D’après cet exposé, j’invite le conseil à prendre cet objet en grande considération, et de prendre les moyens que lui dictera la sagesse, pour assurer à chacun la subsistance nécessaire et telle que le commandent les circonstances.

Sur quoi, le conseil, après avoir murement discuté sur ces propositions : considérant que les habitants des campagnes n’ont pas les mêmes ressources que ceux des villes pour fournir à leur subsistance, arrête,

  1. qu’il sera fourni sous tous les mois des grains ou farines mélangés pris dans les magasins publics, savoir habitants des campagnes, cultivateurs ou ouvriers, 70 livres ; aux enfants des campagnes, âgés de moins de 5 ans, fils de cultivateurs ou d’ouvriers, 50 livres, aux enfants des villes, âgés de moins de 5 ans, 40 livres, le tout poids de marc.

  2. que les municipalités sont autorisées à faires des bons aux citoyens, pour la quantité des grains et farines à fournir pour un mois à chaque individu dont il sera tenu un registre, lesquels bons ne pourront être donnés que sur les magasins où la commune a fait le versement.

Et dans le cas que quelque commune n’eût pas eu de versement de subsistance à faire, la municipalité tirera les bons sur les magasins publics voisins.

Et finalement, que la garde de ces magasins sera faite par les habitants du lieu, moyennant salaire, ainsi que tous les frais du magasin, auquel il sera pourvu par l’administration, d’après un arrêté des représentants qu’elle va solliciter.

Délibéré lesdits jours et an que dessus.

Signés Souchon président, Toulza, Martin-Bergnac, Guichot, Lamarque, Lafforgue, Calvet, Raymond Lezat, Senegre, Naylies, Geraud et Peries

30 mars 1794, Journal des opérations des commissaires Barateau et Langautier

AA91m_Journal_002
AA91m_Journal_004

Journal des opérations que nous, commissaires soussignés, avons faites dans le canton de Verfeil pendant le cours de la mission qui nous a été confiée pour ledit canton par l’administration du district de Toulouse.

  1. Partis de Toulouse nantis des pouvoirs qui nous avaient été donnés par l’administration du district de Toulouse et l’agent national près ce district en vertu de la mission qui nous avait été confiée, nous arrivâmes le 1e pluviôse (20 janvier) au soir à Verfeil. Due à l’heure tarde, nous ne procédâmes à aucune opération ni ultérieure ni préliminaire. De ce jour-là, nous nous contentâmes d’envoyer inviter le maire de Verfeil de venir à notre auberge et de lui exhiber, quand il fut arrivé, notre passeport et le diplôme qui nous avait été donné par la société populaire de Toulouse.

    Le lendemain, le 2e pluviôse (21 janvier), nous nous rendîmes à la maison commune du lieu de Verfeil, où, le conseil général étant assemblé, nous exhibâmes de nouveau nos passeports et nos diplômes, fîmes part au conseil de notre mission, et fîmes enregistrer nos pouvoirs ; de là nous passâmes au lieu des séances du comité de surveillance de la société populaire de Verfeil ; où après annoncé au membre qui le composent le sujet de notre mission et lui avoir montré de même les passeports, diplômes et pouvoirs dont nous étions nantis, les invitâmes de s’assembler

AA91m_Journal_006
  1. extraordinairement pour deux heures de l’après-midi jusqu’à cinq heures, c’est-à-dire jusqu’à l’heure où la société populaire de Verfeil s’assemble lorsqu’elle tient les séances et de procéder à un travail d’épuration tel que nous le lui indiquâmes pour qu’il se trouva prêt lors de la séance du soir de le société. Nous les invitâmes, 1° de procéder à une nouvelle épuration des membres qui composent les autorités constituées de la commune de Verfeil, 2° de prendre tous les renseignements qu’ils pourraient se procurer touchant les divers membres des autorités constituées des autres communes environnantes, 3° de nous faire part du résultat de leur travail lorsque la séance de la société populaire serait ouverte, ce qui fut exécuté.

    L’après-midi, nous remontâmes à la maison commune où trouvâmes derechef le conseil général de la commune assemblé et là, après que nous eûmes fait part aux membres qui le composaient de notre surprise de voir que des signes extérieurs du culte catholique paraissaient encore dans des lieux public de cette commune contre l’esprit de l’acte constitutionnel et de l’égalité qui en fait la base, esprit qui n’admet point de prédomination d’aucun culte sur un autre, il fut unanimement délibéré que les croix placées dans les lieux publics situés dans toute l’étendue de la commune seraient enlevées en plein jour des lieux où elles étaient plantées, à l’effet de bruler celles qui étaient construites de bois et de renfermer dans l’intérieur des églises celles qui sont de fer pour ensuite en faire une offrande à l’administration du district pour les besoins de la république.

AA91m_Journal_008

De là, l’heure de la séance de la société populaire que nous avions fait convoquer étant arrivée, nous nous y rendîmes, et là, après avoir instruit cette société du sujet de notre mission ; après avoir montré au président nos passeports, nos diplômes, et nous pouvoirs, nous invitâmes le comité de surveillance de faire son rapport du travail qu’il avait commencé dans l’après-midi, ce qu’il fit et il fut de suite procédé, en présence du peuple assemblé, à l’épurement des divers membres qui composent les corps constitués de cette commine ; ce qui fut exécuté ainsi qu’il est porté dans l’extrait du procès-verbal de cette séance et des procès-verbaux de cette commune, quottés n° 1.

  1. Le lendemain de ce jour, le 17 pluviôse (5 février), toute la journée s’est passée dans le chef-lieu du canton à prendre avec le comité de surveillance de la société populaire des renseignements relatifs à nos opérations, jusqu’à cinq heures du soir, heure de la séance de la société dont nous avions convoqué le rassemblement. La séance s’est passée en motions locales et générales, en lectures de nouvelles et en discussions sur l’incompatibilité des deux places sur une même tête ; à la suite de quoi ; il a été procédé à l’épuration de quatre membres de la municipalité ajournés de la veille et remplacés par quatre autres après l’avis de la société, ils ont été tenus d’op…

AA91m_Journal_010
  1. Le lendemain, 18, Barateau s’étant trouvé incommodé, Langautier s’est rendu Saint-Martin de la Vidière où il a procédé à l’épurement de la municipalité, et pris les renseignements prescrits pour le nombre et la destinée des déserteurs et des gens suspects, et reçu une réponse satisfaisante ainsi de la manière qu’il est constaté dans le procès-verbal de cette commune côté en n° 2.

  2. Le lendemain, 19, nous sommes montés à la maison commune de Verfeil où n’ayant trouvé le Conseil Général assemblé, lui avons fait enregistrer l’arrêté de l’administration du district de Toulouse reçu la veille, le premier que nous avions emporté s’étant trouvé incomplet. Nous avons de plus requis en conséquence le conseil de délibérer sans désemparer sur les moyens d’exécution de l’arrêté du représentant du peuple concernant le versement des grains. Ce qui a été fait. Nous nous sommes rendus ensuite à la maison commune de la municipalité de Saint-Jean-de-Pierre où nous avons procédé à l’épurement des officiers municipaux, avons requis l’exécution du versement des grains et puis les renseignements prescrits sur les déserteurs, les nobles et gens suspects de cette commune ainsi qu’il est porté dans les deux procès-verbaux de cette dite commune, cotés n° 3. Point de déserteurs, ni de nobles, ni de gens suspects dans cette commune

  3. Nous trouvant à Verfeil le jour de la décade, nous commissaires montâmes à l’église où les paysans de la campagne étaient assemblés pour la célébration de ladite décade. Langautier leur parla dû but, des motifs, des résultats heureux de l’arrêté concernant le versement des grains, des menées des malveillants pour les aveugles et les troupes ;

AA91m_Journal_012
  1. après que lecture eut été faite dudit arrêté. Il leur parla ensuite de la décade et de l’esprit révolutionnaire concernant la célébration de cette solennité civique ; de la liberté des opinions religieuses et de l’égalité des cultes religieux. Il leur parla enfin du respect dû aux lois et aux autorités constituées et des devoirs des fonctionnaires publics ; et de l’obligation de sévir contre les gens suspects de tout genre. Ce discours fut écouté avec attention et la séance aller se lever sans trouble ; sans une motion étrangère à tout ce qui avait été dit que fit un habitant de la campagne qui paraissait n’être pas content qu’on n’eut pas convoqué tous les cultivateurs et ménagers pour l’épuration et le remplacement des autorités constituées ; et sur ce prétexte, les paysans font du tumulte et… en laissant de côté la susdite motion ; contre le versement des grains ; ils s’émulent et la commotion se prolongeant jusque vers les trois heures de l’après-midi, les commissaires ne purent visiter aucune commune de ce jour-là. Le tumulte s’exclama dans la séance de la société populaire, ou les commissaires se rendirent sur l’invitation de deux députés des habitants de la campagne et à leur arrivée tout le trouble cessa.

AA91m_Journal_014
  1. Le 21e de pluviôse (9 février) nous nous rendîmes à Bonrepos où nous passâmes la journée à visiter les effets renfermés dans le ci-devant château ; à convoquer le conseil général de la commune ; et après qu’il fut assemblé, à procéder au nouvel épurement de la manière et ainsi qu’il est porté dans la procès-verbal d’épuration côté en n° 4. Point de déserteurs, points de nobles ou de gens suspects dans cette commune.

  2. Le 22e jour de pluviôse, soit par l’effet de l’esprit de rébellions et de mutinerie, soit ce qui est plus probable encore, par un mal entendu de suite de l’inquiétude de quelque fonctionnaire public que nous soupçonnons être l’agent de la commune ; étant à Verfeil, chef-lieu du canton, nous apprîmes qu’il s’était formé un rassemblement considérable d’habitants de la campagne dans la cité qui s’était constitué en assemblée délibérante dans l’église et sui s’est dissipé sans… Cet événement retarda le cours de nos opérations, et nous avons passé la journée à faire enregistrer nos nouveaux pouvoirs concernant la réquisition de la voiture limonière par canton ; le recensement du chanvre et la surveillance de l’exécution des lois relatives surtout aux agents suspects et aux déserteurs… si notre correspondance avec la société populaire de Toulouse, le district et certaines communes dépendent du canton de Verfeil.

AA91m_Journal_016
  1. Le 23e pluviôse (11 février), nous fîmes, après nous être transporté… Martin du Fauga ou des pierres, l’épurement du conseil général de la commune de la manière constatée par le procès-verbal d’épurement dudit conseil général ; et renvoyâmes à un autre jour celui des assesseurs qui fut exécuté le 6 ventôse (24 février). À notre retour, nous vîmes arriver nos suppléants et collègues Blanchard, et Delga suivis de la force armée de Toulouse.

  2. Le 24e pluviôse (12 février) fut employé par nous, commissaires, de concert avec le comité de surveillance de la société populaire et le conseil général de la commune de Verfeil à prendre des renseignements et à interroger les divers individus reconnus pour avoir eu la part la plus active dans ces troubles.

  3. Le 25e pluviôse (13 février), mêmes renseignements et mêmes opérations comme peut s’en convaincre par le procès-verbal des interrogatoires cotés n° 12, épuration de la commune de Saint-Marcel comme il… par le verbal d’épurement de commune n° 6.

  4. Le 26e pluviôse (14 février), Delga et Langautier se sont rendus à la maison commune du lieu de Pautel et ont procédé à l’épurement du conseil général de la commune comme ils conste par le procès-verbal d’épurement n° 4.

AA91m_Journal_018

Le 28e pluviôse (16 février), les commissaires Delga et Langautier ayant appris dans la commune de Saint-Jean des pierres ; il avait laissé en place un notable qui était l’agent d’un ci-devant nommé… d’Escalonne, se sont transportés dans la maison commune dudit lieu, ont convoqué le conseil général de ladite commune, étant destitué, le nommé Germain Marti comme il est porté par le procès-verbal de la séance dudit conseil général daté du 24 pluviôse et côté n° 13 (annexé au n° 3=

  1. Le 28e pluviôse après avoir conféré ensemble, les 4 commissaires Barateau, Langautier, Blanchard et Delga, et s’être concilié avec le comité de surveillance de la société populaire de Verfeil, et avoir rendu d’après les renseignements pris qu’il serait imprudent d’aller épurer les autorités constituées de Lavalette sans un détachement de la force armée, avons délibéré de la prendre et d’après l’avis du comité de surveillance, avons statué qu’il fallait destituer Medrane, maire et le faire arrêter, ainsi que Filouse, curé dudit lieu, Moras, le cordonnier, Moras l’huissier, la comme agent national de la commune et Germain Marti, habitant de Saint-Jean des Pierres, agent de David Escalonne, ce qui a été effectué par Delga et Langautier ainsi que suit : l’épurement a été fait dans la maison commune, tel qu’il est constaté par le procès-verbal d’épuration côté n° 8. Germain Marti, Medrane maire la Lavalette, la comme agent national dudit lieu et Moras cordonnier ont été arrêtés. Filouse et Moras l’huissier ont été manqués parce qu’ils étaient à Toulouse. Un autre détachement par mesure de sureté générale a aussi Savi Gardel ci-devant conseiller au parlement, habitant de la commune de Verfeil et un autre individu de Lavaur qui s’était trouvé dans le rassemblement populaire du 22e pluviôse.

AA91m_Journal_020
  1. le 29e pluviôse (17 février), les gens détenus pour cause d’insurrection le jour de la décade 20e pluviôse furent renvoyés à Toulouse ainsi que Medrane ci-devant maire de Lavalette et destitué par les commissaires comme suspect, et Moras cordonnier, Savi Gardel, l’individu de Lavaur, la comme ci-devant secrétaire greffier de la commune de Lavalette et remplacé d’après l’avis des commissaires Delga et Langautier, enfin Germain Marti, habitant de Saint-Jean des Pierres, et agent de David d’Escalonne ont été relâchés comme étant entachés d’aucun acte incivique d’après tous les renseignements pris sur leurs compte et leur conduite politique.

  2. Le 30e pluviôse, jour de décadi, la fête du décadi fut célébrée à 2 heures après-midi avec toute la pompe et ou la décence digne dans la semblable solennité. Le juge de paix Debar y fit la lecture du discours de Paganel prononcé dans le temple de la raison à Toulouse, le jour du décadi précédent. Il en fit la lecture en langue vulgaire du pays. Raynal maire fit aussi lecture dans le même idiome de divers décrets de la convention nationale et de divers arrêtés des représentants du peuple, ainsi que des nouvelles du jour. Barateau, commissaire, monta ensuite à la tribune et fait dans la même langue un discours énergique aux habitants de la campagne sur les dangers qu’ils avaient couru et la faute qu’ils avaient commise par leur insurrection précédente. Langautier succéda à Barateau. Ce dernier se servait du même idiome pour instruire les habitants des campagnes, 1° de la nécessité, utilité, motifs et résultats heureux du versement des mains, 2° de leurs droits qui

AA91m_Journal_022
  1. … et leurs obligations politique, c’est-à-dire, le respect dû aux lois et l’obéissance aux autorités constituées, 3° enfin, de l’institution du temple de la raison, de la fête de la décade et de sa supériorité sur les mômeries et vaines cérémonies et pasquinades des cultes religieux. Après quoi, il a chanté un hymne patriotique qui a reçu les plus vifs applaudissements ; et a fait prêter à la suite de son instruction le serment civique aux fonctionnaires publics présents à l’assemblée et jurée au peuple la haine des despotes, des aristocrates, des intriguant et la fidélité aux lois et à la nation, et la célébration s’est terminée par les cris mille fois répétés sur l’invitation de l’orateur de… la montagne, vive la république. Après quoi, l’assemblée a passer à la salle des séances de la société populaire où Blanchard et Delga ont fait chacun un discours précis et succinct mais énergique sur l’utilité du versement des grains qui a été couvert d’applaudissements.

  2. Le 1er ventôse (19 février), Langautier commissaire, s’est rendu à Gaure où il a procédé à l’épurement de cette commune, accompagné de Raynal, maire de Verfeil ainsi qu’il est constaté par le procès-verbal de cette commune, côté n° 9. Et le commissaire Barateau a resté au chef-lieu du canton pour surveiller l’exécution de l’arrêté concernant le versement des grains dont les préliminaires ont été commencé ces jours-là.

AA91m_Journal_024
  1. Le 2e ventôse (20 février), Langautier commissaire s’est transporté de même à Drémil-Lafage et à Mons, toujours accompagné de Raynal, maire de Verfeil. Ils ont procédé dans ces deux concernés à l’épurement des autorités constituées comme il constate par les deux procès-verbaux d’épuration cotés n° 10 et n° 11. Barateau est resté à Verfeil pour surveiller le versement des grains.

    Le 3e ventôse (21 février), le comité de surveillance nouvellement organisé sur l’invitation des commissaires Langautier et Barateau écrivit une lettre circulaire à toutes les municipalités du canton,

    1. pour procéder au recensement des grains et se tenir prêtes à faire le versement au premier ordre qu’elles en recevraient,

    2. pour que tous les agents vinssent le 7 au chef-lieu du canton pour se concilier sur les mesures à prendre concernant le fourniment de la voiture et l’attelage et videlles demandées à chaque canton par les représentants du peuple près les armées des Pyrénées orientales,

    après quoi, les deux commissaires Langautier et Barateau se transportèrent à la maison commune du lieu de Verfeil pour y vérifier le résultat du recensement des grains délibéré précédemment par le conseil général e la commune. Le soir, le commissaire Blanchard arrivé de Toulouse porteur de nouveaux ordres de l’administration du district dans lesquels Langautier est spécialement désigné commissaire pour le versement des grains.

    Le soir, les commissaires Barateau et Langautier voyant l’importance d’organiser un comité révolutionnaire du canton qui eut la surveillance du canton en provoquèrent dans la séance la société populaire sur les bases de l’organisation du comité révolutionnaire de Toulouse ainsi qu’il est marqué dans le procès-verbal de la société populaire de Verfeil de ce jour.

AA91m_Journal_026
  1. Le 4e ventôse, le frère Tatonat du lieu de Lavalette et Mercadier, ci-devant notable de cette commune destitué par Delga et Langautier lors de l’épurement à cause de son âge et parce qu’il avait été ci-devant huissier de la chancellerie et d’ailleurs fanatique, furent emmenés à Verfeil par la garde nationale de Lavalette par devant les commissaires et le comité de surveillance du canton, et comme il n’y eut aucune charge notable sur leur conduite, ils furent relâchés sur le champ.

  2. Le 5e ventôse (23 février), arriva de Toulouse le commissaire Delga porteur d’un arrêté du représentant du peuple Dartigoyte concernant la suppression des comités de surveillance des communes de campagne ; et il ne fut procédé à rien d’essentiel ce jour-là.

  3. Le 6e ventôse les commissaires Langautier et Barateau se rappelant que l’apurement des assesseurs du juge de paix n’avait pas encore été fait dans la commune de Saint-Martin du Fauga et des Pierres se transportèrent dans cette commune et y procédèrent ainsi qu’il constate par les procès-verbaux de cette commune, côté n° 14 à son retour, Langautier vérifia les greniers d’abondance du canton de Verfeil ainsi que les versements déjà faits.

AA91m_Journal_028
  1. Le 7e ventôse les agents des communes de l’arrondissement s’étant rendus sur l’invitation du comité révolutionnaire au chef-lieu du canton, et ayant pris séance avec les commissaires dans la salle des séances dudit comité, les commissaires leur renouvelèrent toutes les réquisitions déjà faites dans chaque commune analogues aux diverses commissions dont ils ont été chargé par l’administration du district, ensuite on y délibéra sur les mesures réciproques et les plus promptes à prendre pour le fourniment des videlles, chevaux, voitures et voituriers demandés ce jour-là par les représentants du peuple près les armées des Pyrénées orientales. Après quoi, Langautier et Barateau se rappelant que l’épuration des assesseurs du juge de paix n’avait pas été faite, se transportèrent dans la maison commune du lieu de Saint-des Pierres et procédèrent audit épurement comme il est marqué dans le procès-verbal d’épuration côté n° 15, comme il constaté par le procès-verbal de la séance du comité révolutionnaire du canton de Verfeil de ce jour.

  2. Le 8e ventôse, le commissaire Langautier a vérifié les opérations déjà faites concernant le versement des grains et à surveillé celle de ce jour-là, et plus n’a été procédé.

  3. Le 9e ventôse, Langautier a surveillé de même le versement des grains qui s’effectuait encore ce jour-là et plus n’a été procédé.

AA91m_Journal_030
  1. Le 10e jour de la décade, 1er décadi de ventôse, nous nous sommes rendus au temple de la Raison où le citoyen Langautier, après avoir lu dans l’idiome vulgaire les nouvelles aux assistants qui s’y trouvaient en grand nombre leur a prononcé dans le même idiome un discours touchant à l’essence et l’institution de la fête de la décade et touchant la supériorité de cette solennité civile sur toutes les vaines cérémonies des cultes religieux. Il a terminé ses instructions par le dernier couplet de l’hymne des marseillais qui a été chanté en cœur par tous les assistants et par un autre hymne patriotique de sa composition en langage patois. Le discours et l’hymne ont été entendus avec toutes les marques de la plus vive satisfaction ; après quoi on est sorti du temple de la Raison aux cris mille fois répétés de « vive la République, vive la Montagne » et au bruit du canon. La fête s’est terminée par des danses auxquelles ont assisté les commissaires et sui se sont prolongées bien avant dans la nuit, et par une farandole autour des arbres de la liberté conduite par le citoyen Langautier.

  2. Le 11e du mois de ventôse, départ de la troupe à force armée pour Toulouse ; correspondance avec la société populaire de Toulouse et avec l’administration du district et surveillance sur le versement des grains.

  3. Le 12e, il n’a été procédé à rien.

  4. Le 13e, correspondance avec l’administration du district et surveillance sur le versement des grains.

  5. Le 14e surveillance sur le versement des grains et réquisition pour les selles, brides, bridons et chanvres.

  6. Le 15e, voyage à Bonrepos pour l’épurement des assesseurs qui ne peut être effectué ce jour-là.

AA91m_Journal_032
  1. Le 16e, surveillance sur le grenier d’abondance et le versement s’est terminé ce jour-là.

  2. Le 17e, voyage à Saint-Martin de la rivière, autrement dit, pour l’épurement des assesseurs du juge de paix de cette commune qui s’est opérée ce jour-là.

  3. Le 18e, il n’a été procédé à rien.

  4. Le 19e, voyage à Paulel pour l’épurement des assesseurs du juge de paix de cette commune qui n’a pu avoir lieu ce jour-là.

  5. Le 20e fête de la décade au temple de la raison de la cité commune de Verfeil où Langautier a lu les nouvelles, prononcé un discours sur l’obéissance aux lois, l’union et la fraternité entre les patriotes ou républicains, et la haine irréconciliable que l’on doit aux aristocrates, fédéralistes, royalistes, fanatiques et autres malveillants, discours suivi d’une hymne patriotique de sa composition, le tout en idiome du pays. La fête s’est terminée par des danses et une plantation d’arbre de la Liberté ; où le citoyen Langautier a chanté une hymne patriotique analogue à ladite plantation en langage du pays et de sa composition.

  6. Le 21e, réquisitions aux diverses communes de fournir les états du versement des grains et les tableaux des chanvres, selles, brides, bridons, gents suspects et déserteurs ; de plus réception de selles et brides.

  7. Le 23e, rien n’a pu être procédé.

  8. Le 24e, envoi de la charrette limonière avec deux mules et un cheval à Toulouse

  9. Le 25e, départ de Langautier pour Toulouse pour rendre compte concernant le versement des grains.

AA91m_Journal_034
  1. le 26e, retour du commissaire Langautier à Verfeil.

  2. Le 27e, réquisition faite aux diverses communes d’envoyer l’état du recensement des millets.

  3. le 28e, épurement des assesseurs de la commune de Bonrepos.

  4. Le 29e, convocation du comité de surveillance du canton au sujet d’une dénonce contre Pillore, notaire ; et confection du tableau des versements des grains.

  5. Le 30e, repos et fête du décadi au temple de la Raison où les commissaires ont continué à coopérer au progrès de l’esprit public de la même manière que dans les décadis précédents

  6. Le 1er germinal (21 mars), convocation du comité de surveillance du canton par les commissaires au sujet de la dénonce faite contre Pillore, notaire, et apposition du scellé par la municipalité sur les papiers et registres renfermés dans l’étude dudit Pillore ;

  7. Le 2e germinal, correspondances avec les communes, confection des tableaux, travail de bureau.

  8. Le 3e germinal, même travail, visité de l’étude de Pillore dans lequel il n’est trouvé aucun registre ni aucune autre pièce de féodalité ; levée du scellé par la municipalité de Verfeil.

  9. Le 4e, continuation des travaux de bureau, départ de Barateau pour Bonrepos à l’effet de procéder à la nomination d’un officier municipal en remplacement de Laurens, nouvellement décédé. Départ de Langautier pour Toulouse, pour rendre compte à l’administration du versement des grains et subsistances de Verfeil.

AA91m_Journal_036
  1. le 5e germinal (25 mars), retour de Langautier venant de Toulouse et qui a passé par Revel, Caraman et Auriac pour prendre des renseignements sur le compte de Gaches, agent national de la commune de Verfeil et Debar, juge de paix de la cité.

  2. le 6e germinal, séjour de Langautier à Revel et à Auriac

  3. Le 7e séjour de Langautier à Revel et à Auriac

  4. Le 8e séjour de Langautier à Revel et à Auriac

  5. Le 9e retour de Langautier à Verfeil

  6. le 10e fête du décadi, mêmes exhortations de la part des citoyens Langautier et Barateau, mêmes hymnes patriotiques, et mêmes farandoles autour des arbres de la liberté conduites par le citoyen Langautier.

  7. le 11e, réquisition faite par les agents du district concernant l’appréhension des chanvres, selles, brides et bridons aux diverses communes d’envoyer au plus tôt l’état justificatif de ces divers objets déjà remis auxdits s agents.

  8. le 12e, travail de bureau pour procéder à la confection du tableau de selles, brides et bridons, et chanvres déjà… par les agents du district concernant la préhension de ces divers objets.

  9. le 13e, même travail, et réquisition à la municipalité de Verfeil de fournir une voiture pour transporter lesdits effets à Toulouse.

  10. le 14e germinal (30 avril), opérations terminées et clôturées par l’achèvement du travail de bureau.

  11. Langautier, Barateau fils

AA91m_Journal_038

Nous, membres du comité de surveillance de la société populaire du canton de Verfeil, district de Toulouse, département de Haute Garonne après avoir pris connaissance du présent journal présenté par les citoyens Langautier et Barateau commissaires nommés par l’administration du district, par la lecture que nous leur en avons faite par le secrétaire, avons reconnu que les opérations y… ont été faites par lesdits commissaires qu’ils se sont toujours comportés en bons républicains zélés et sans calottes et bons montagnards, et qu’on a que des éloges à donner à leur conduite. En foi de ce, leur avons délivré la présente attestation.

À Verfeil, en séance de comité, ce 10 germinal de l’an second (30 mars 1794) de la République française une et indivisible.

Signé Bousquet, P. Marqué

21 décembre 1794, mandat d’arrêt à décerner

AA91o_mandat_002

Le comité de surveillance de la commune de Toulouse, aux représentants du peuple Bouillerot et Mallarmé.

Citoyen représentant,

Nous vous envoyons ci-joint copie des renseignements que nous avons pris avec le citoyen Raynal, maire de Verfeil sur la conduite qu’ont tenue dans cette commune les citoyens Langautier et Barateau ainé qui y étaient envoyés en qualité de commissaire civils ; vous y verrez que ces citoyens n’ont pas manifesté les sentiments qui doivent animer les bons républicains.

Salut et fraternité.

Extrait du registre révolutionnaire du 19 décembre 1794

AA91q_mandat_002

Le citoyen Raynal, maire de Verfeil invité à passer au comité lorsqu’il viendrait à Toulouse, représente et il relate des renseignements qui lui ont été demandés que vers le mois de janvier 1794. Un détachement de la force armée, accompagné de deux pièces de canons ayant à leur tête Langautier et Barateau ainé se transportèrent dans la commune de Verfeil, malgré que le peuple se teint dans la plus parfaite tranquillité. Qu’étant arrivé, la municipalité la fit caserner et qu’elle resta pendant quinze jours sans rien faire, que pendant ce temps, Langautier et Barateau sous prétexte d’instruire le peuple ne cessaient de parler de guillotine et de répandre la terreur dans ce canton.

Le citoyen Raynal observe que se servant de ce même prétexte, lesdits Barateau et Langautier restèrent logés dans cette commune à la maison du citoyen Mascau pendant plus de trois mois sans faire autre chose que bien boire et manger.

AA91q_mandat_004

Le comité révolutionnaire du district de Toulouse certifie le présent extrait véritable à Toulouse, le premier nivôse (21 décembre) de l’an IIIe de la république française une et indivisible.

Les membres du comité

Broquères et Roumagniac

26 décembre 1794, rapport Chamayon

Enquête sur un potentiel enrichissement personnel.
Ce n’est évidemment pas le cas, mais cet inventaire de ce qui était leur quotidien est très intéressant.
AA91s_chamayon_002

Ce jour, 26 décembre 1794, Chamayon, juge de paix du septième arrondissement, sur réquisition de l’agent national près le district, nous nous sommes transportés, assistés de Lagarrigue notre greffier, dans la maison de la veuve Cadras, tenue à loyer par le Citoyen Deville, perruquier, située rue du Taur, huitième section, N° 15 où est le logement du citoyen Langautier, à l’effet de procéder à la levée des scellés par nous apposés, le deux du courant, où étant ayant la préférence dudit citoyen Langautier amené à cet effet de la maison de détention dite la Visitation, de la citoyenne son épouse, du citoyen Navarre Card et du citoyen François Lafitte, habitants de cette ville, sixième section. Après avoir reconnu l’intégrité des scellés apposés tant à la première chambre, à celle du second, male armoires, nous les avons levés et procédés à l’inventaire des effets comme suit.

Chambre du premier

Pour Antoine et Victoire, chambre et pièce à vivre

Deux lits composé d’un bois, paillasse matelas, couette linceul et couvertures, à l’un il y a des rideaux avec sur ciel d’un cadis vert que la citoyenne Deville ici présente a déclaré lui appartenir, une chaise longue rembourrée et couverte d’une étoffe de soie avec deux petits matelas, et deux traversins, un sofa de jonc avec un siège de cuir, trois fauteuils dont deux garnis de toile de coton brodée et un de jonc avec un coussin de cuir, deux chaises communes garnies de paille, une table de quadrille, une table de nuit, deux petits coussins de cuir, trois glaces dont deux en trumeaux et la troisième entre les deux croisées, une commode à trois tiroirs, cinq petits tableaux à ovale à cadre doré, deux estampes gravées avec cadre doré, deux estampes gravées avec cadre doré.

ans la commode nous avons examiné tous les effets y contenus. Nous avons distingué les hardes de la citoyenne Langautier que nous lui avons délivré sans autre énumération que celles de la simple inspection. Ceux pour l’usage du citoyen Langautier consistent en 18 chemises, 6 caleçons, six serres tête, dix mouchoirs de nez, quatre mouchoirs à cravate, six paires de bas de fil, douze paires de bas de soie, la plupart blancs. Nous avons trouvé plusieurs petites liasses de papier que nous avons examiné, la plupart sont relatifs à l’origine et aux affaires de la famille Langautier. Il y en a aussi qui regardent la famille de son épouse, et parmi ceux qui sont analogues à la révolution, nous n’avons trouvé de notables que cinq différentes commissions données au citoyen Langautier.

AA91s_chamayon_004

La première du... pluviôse de l’an II, par l’administration du district à l’effet de procéder à l’apurement des autorités constituées du canton de Verfeil, la seconde par la même administration du 25 pluviôse pour apurer le versement des grains dans le grenier de Verfeil, la troisième du 17 pluviôse pour la fourniture d’une charrette par canton, la quatrième du 13 pluviôse pour procéder au recouvrements de tous les ch. ?, la cinquième du 24 dudit mois pluviôse pour obtenir la remise des selles, brides, bridons, bottes, couvertures pour le service de la cavalerie.

Lesquelles cinq commissions nous avons paraphées avec ledit citoyen Langautier et les citoyens Navarre et Lafitte témoins, et que nous avons néanmoins laissées au dit citoyen Langautier qui nous a déclaré qu’à mesure qu’il a rempli lesdites commissions, il en a rendu compte à l’administration du district qui l’avait commis avec cette circonstance qu’il a fait tenir par chaque municipalité un état des objets appréhendés, et que le double desdits états joints aux divers tableaux contenant tous ces objets ont été par lui remis à l’administration du district de même que par son collègue Barateau. N’ayant pas reconnu dans le surplus de ces dits papiers aucun indice de suspicion de la conduite dudit citoyen Langautier.

Dans un cabinet de toilette, il y a une table très commune, un miroir de toilette et autre miroir, plus environ quarante volumes tels que la bibliothèque des romans, deux dictionnaires et quelques pièces de théâtre, plus sept ou huit cahiers de musique et un grand nombre d’a. parmi lesquelles il en est beaucoup de patriotiques. Nous avons remarqué que les assignats monnaie que nous avons trouvé dans la commode susmentionnée consistent en quatre carte de cinquante soles chacune et cinq cartes de dix livres chacune. Sur quoi, le citoyen Langautier nous a observé que cette somme d’assignats dérive d’un capital de huit mille livres que son frère ainé lui a prêté pour payer l’acquisition d’une petite métairie appelée En Bénech dans le district de Lavaur à raison de laquelle il doit encore quatre mille livres.

Une malle pour les affaires d’Antoine, une pour Victoire et une pour le linge de maison.

Dans une malle qui n’était pas fermée à la clé, nous avons trouvé une carmagnole de sanguin, fond vert, veste et culotte avec le Gillet de Silésie, cinq gilets en soie de différentes couleurs, deux habits en soie de différentes couleurs, un habit noir vieux, un gilet piqué, un gilet mi soie et un coton, six culottes de drap de coton blanc et quatre vertes de ? Fort vielles, deux vestes de barin usé, un caleçon de peau pour l’équitation et un chapeau blanc.

Dans un cabinet à la droite de l’escalier il y a une malle qui avait été par nous scellée. La citoyenne Langautier nantie de la clé en a fait l’ouverture. Trouvé dedans huit paires de draps, quatre douzaines de serviettes, six nappes, deux déshabillés blancs.

Ladite citoyenne nous ayant observé que ledit linge, hardes et ladite malle lui appartiennent en propre et qu’elle. Sur le trépoix, il y a une armoire à un ouvrant que nous avions aussi scellée, y celle ouverte par la citoyenne Langautier, nous avons reconnu qu’elle contenait des hardes à son usage composées de robes redingotes, chapeaux et autres ajustements que nous lui avons pareillement laissés comme lui appartenant.

AA91u_chamayon_002

Second étage

Pour Françoise Duclos et Henriette.

Au second étage, deux lits, chacun avec son bois, paillasse et deux couettes, traversin et couvertures. Au plus petit il y a deux draps à l’autre il y a aussi deux draps, plus un suspieds avec son garnement de colonnade à carreaux blanc et bleu, deux miroirs, trois tables, une armoire à deux portes et deux tiroirs, six chaises de paille communes, une en bois, un fauteuil en bergère avec son coussin couvert de cotonnade blanche et bleue, tous lesquels effets autres que ladite bergère, ladite Deville a déclaré lui appartenir, le citoyen Langautier en ayant seulement l’usage en sa qualité de locataire.

Mais aussi pour une armoire avec vaisselle et denrées pour la cuisine.

Dans l’armoire, nous avons trouvé trois pots remplis de canards confits, six couverts, les cuillères d’étain et les fourchettes de fer, quatre bouteilles, un verre de cristal dans son étui, deux gobelets en verre aussi réclamés par le citoyen Deville, six tabliers de cuisine. Dans le tiroir vers la fenêtre, il y a un pistolet de poche et une poire à poudre, deux piles de papiers relatifs à des procès anciens, plusieurs passeports, signalements et certificats. Au second tiroir plusieurs exemplaires de lois, un exemplaire de la constitution, quelques observations et projets de discours anciens.

Sur l’armoire un petit chaudron de cuivre, deux casseroles et une lèche frite de terre, une soupière en Fayence blanche, trois sacs de farine blé ou trois setiers dam, quatre saches, environ, trois boisseaux de fèves dans un sac, cinq pots de terre, une chaufferette, lesdits pots et chaufferette réclamés par ladite Deville. Une paire de chandeliers de cuivre dits ragots, une boite de fer blanc contenant du thé, trois tasses de Fayence, un moutardier avec sa soucoupe, une paire de salières doubles de cristal, un pot cléan avec sa cuvette sans couvert, réclamé par la citoyenne Deville, une casserole, une passoire, une râpe à s…, une bassinoire, une poêle et une broche.

Sur le trépoix, une armoire que nous avions scellée contenant des hardes de femme que la citoyenne Langautier a déclaré appartenir à la citoyenne Françoise Duclos sa compagne, et que nous lui avons laissé pour lui en faire délivrance.

Dans le cabinet voisin, il y a plusieurs têtes de volailles mentionnées dans votre procès-verbal d’apposition de scellés.

Ayant ainsi parcouru et inventorié, nous avons établi séquestre et gardien de tous les effets du citoyen Langautier, la citoyenne Deville ici présent, de tout quoi, nous avons dressé le présent procès-verbal qui a été signé par le citoyen Langautier, la citoyenne son épouse, le citoyen Deville séquestre, les citoyen Navarre et Lafitte témoins, nous et notre greffier, Auriol Langautier, Coulon Langautier,

AA91u_chamayon_004

Deville séquestre, Navarre cadet, signés. À l’instant de la signature, le citoyen Lafitte nous a déclaré ne savoir signer.

Le lendemain, 27 décembre 1794, nous juge de paix susdit ayant conféré avec l’agent national, à raison du séquestre sur les dispositions de vu l’arrêté des représentants du peuple contre le citoyen Langautier du 2 courant, il a été reconnu avoir lieu au séquestre. En conséquence, devant la présence du citoyen Langautier, nous l’avons réintégré dans tous ses susdits meubles et effets qu’il a reconnu être dans le même état ou ils étaient hier, lorsque le citoyen Deville ici présent en a été chargé en dépôt, et dont il demeure déchargé. De tout quoi, nous avons dressé le présent procès-verbal en présence des citoyens Lafont, fabriquant de bas et du citoyen Cassagnes, sellier, habitants cette ville.

Pour copie conforme à l’original, ce 28 décembre 1794.

Lagarrigue, greffier.


Voir dans une nouvel onglet

26 décembre 1794, rapport Palis

L’enquête auprès de la population de Verfeil.
AA91w_palis_002

Le 26 décembre 1794, nous Gabriel Palis, membre du comité révolutionnaire du district de Toulouse, nous sommes transportés dans la commune de Verfeil, chef-lieu de canton de ce district de Toulouse, département de la Haute Garonne, à l’effet de prendre des renseignements et instructions sur la conduite qu’ont tenue dans ladite commune les citoyen Barateau ainé et Langautier lorsqu’ils y furent envoyés en qualité de commissaires civils et autres faits relatifs à leur mission.

AA91w_palis_004

En conséquence, étant entrés dans le lieu ordinaire ou la municipalité tient ses séances et l’ayant trouvé assemblée, lui avons montré primo un arrêté en date du 22 décembre 1794 des représentants du peuple délégués par la convention nationale en séance à Toulouse par lequel les comité révolutionnaire du district est chargé de faire faire sur le lieu, les enquêtes nécessaires tant à charge qu’à décharge, relatives à la conduite qu’ont tenue les citoyen Barateau ainé et Langautier dans ladite commune.

2° , une lettre de l’agent national près le district de Toulouse

Pierre Jean Bernard, officier municipal

AA91y_palis_002

A comparu le citoyen Pierre Jean Bernard, officier municipal de Verfeil lequel sur invitation que nous lui avons faire de nous donner des renseignements sur la conduite qu’ont tenue les citoyens Barateau et Langautier dans la cité de Verfeil déclare qu’après que Langautier et Barateau eurent fait l’épuration de la municipalité dudit lieu, il la convoqua dans le temple de la raison pour la faire reconnaître par le peuple, et que pour lors, le citoyen Henri Mayol fils ainé habitant de ladite commune demanda la parole à Langautier, à Langautier attendu disait-il qu’il n’avait pas été présent

AA91y_palis_004

à ladite épuration que pour lors Langautier s’était emporté d’une manière violente contre ce dernier jurant et disant des gros mots, ne voulant pas absolument l’écouter et le peuple témoin de cette peine. Jean Dalleuse se retira disant que dès qu’on n’avait pas le droit de parler, c’était inutile de rester à cette proclamation. Le déclarant ajoute que Langautier et Barateau voyant la désertion totale du temple de la raison furent saisis de terreur et que ne se croyant pas en sureté quoique personne ne leur fit aucune menace, ils envoyèrent chercher à Toulouse cent cinquante hommes armés ou environs, accompagnés d’une pièce de six, lesquels ont resté dans ledit lieu environ un mois. Le déclarant observe que la municipalité n’a point été prévenue par lesdits commissaires de l’arrivée de la force armée.

AA91y_palis_006

a déclaré de plus que les susdits commissaires envoyaient journellement le sergent de la commune dans les différentes métairies de ladite commune pour prendre en payant aux habitants de la campagne des volailles, lesquels ne faisaient point difficulté de les donner à cause de la terreur qu’avait su leur inspirer lesdits Barateau et Langautier.

Ajoute de plus que les susdits commissaires parlaient continuellement de faire guillotiner et par ce moyen, ils avaient épouvanté les citoyens de Verfeil. Lequel a déclaré et signé la présente déclaration avec nous susdits commissaires et les membres de la municipalité présents à Verfeil le 26 décembre, Jean Bernard Raynal, Raynaud Palis commissaire, signé à l’original.

Pierre Laurens

AA920_palis_002

Ce jourd’hui, 26 décembre 1794, a comparu Pierre Laurens habitant de la commune de Verfeil lequel qu'invitation qui lui a été faite a déclaré que Langautier et Barateau se trouvant dans le temple de la raison de Verfeil et voyant une grande rumeur parmi les citoyens qui mécontents, sortirent dudit temple, Barateau et Langautier craignant pour leur personne, et que sur cela, ils envoyèrent chercher à Toulouse, 150 hommes armés accompagnés d’une pièce de canon de 6.

Le déclarant observe que Langautier et

AA922_palis_002

Gaches

Ce jourd’hui, 26 décembre 1794, a comparu le citoyen Salamon Gaches, habitant de la commune de Verfeil, lequel sur l’invitation pour faire l’épuration des corps constitués du canton de Verfeil et qu’après avoir fait l’épuration de la municipalité dudit lieu, ils la conduisirent dans le temple de la raison afin de lui faire prêter serment ordinaire et le faire reconnaître par le peuple, qu’en entrant dans ledit temple était ci-devant église, où l’on avait dit la messe quatre jours auparavant, lesdits commissaires aperçurent plusieurs citoyens de la campagne à genoux faisant leur prière, n’étant sans doute pas à la hauteur des circonstances à cause du peu de temps de la fermeture des églises que pour lors lesdits commissaires s’emportèrent de manière violente contre ces citoyens de la campagne en les traitants de bêtes et d’animaux, qu’ils les arrangeraient. Et qu’ils étaient venus pour affermir la république. Le déclarant pense que la manière virulente avec laquelle agirent les deux commissaires indisposa les esprits, après cette scène, les deux commissaires firent prêter le serment ordinaire à la municipalité et la proclamèrent.

AA922_palis_004

Pour lors, le citoyen Henry Mazel, habitant de la même commune se plaignit de ce qu’on avait fait cette épuration sans consulter les citoyens habitants la campagne. Que pour lors, Langautier s’emporta violement contre ledit Mazel, lui disant qu’il n’était point à lui parler, le menaça de prison, ce qu’il effectua quelques temps après. Lequel aurait été de suite arrêté s’il n’avait été l’entremise de la municipalité et de quelques bons citoyens.

AA922_palis_006

Les dits commissaires prirent prétexte, se trouvant en public, de parler d’un arrêté que la maire de la commune avait proclamé depuis peu au sujet du versement des grains dans le grenier d’abondance, que pour lors on entendit un murmure dans ledit temple, et que Langautier ne pouvant se faire entendre se mit à chanter des chansons. Ce qu’entendant, tout le monde sortit et laissèrent les deux commissaires presque seuls avec la municipalité, disant qu’ils n’étaient pas venus pour entendre chanter.

Cette sortie imprévue alarma beaucoup lesdits commissaires quoique la municipalité leur dit qu’il n’y avait rien à craindre pour eux, que malgré l’assurance de la municipalité, ils firent venir de Toulouse environ 150 hommes armés, accompagnés d’une pièce de canon de six.

AA922_palis_008

Et que lesdits commissaires ne prévinrent en aucune manière la municipalité de l’arrivée de cette force armée ce qui fit les citoyen de Verfeil furent dans les transes, et que la terreur était généralement répandue dans les esprits.

Le déclarant ajoute que lorsque les soldats furent arrivés, les commissaires cessèrent de proclamer qu’ils ne craignaient plus le peuple de Verfeil, et que maintenant ils étaient munis de la quenouille faisant allusions au canon. Ils les feraient venir à la hauteur des circonstances sans quoi la guillotine serait leur partage.

Ajoute de plus que les deux commissaires lorsqu’ils se trouvaient dans les lieux publics parlaient continuellement de guillotine et notamment Barateau qui avait mis l’épouvante dans le pays.

Le déclarant en sa qualité d’agent de ladite commune demanda un jour aux susdits commissaires qu’elle était la maison pour laquelle ils restaient encore dans ladite ville lui paraissant qu’ils avaient fini le mandat dont ils étaient chargés, lesquels lui répondirent qu’ils avaient une seconde commission qu’ils ne voulurent point lui montrer.

AA922_palis_010

Le déclarant observe que la demande aux susdits commissaires étaient fondés sur les plaintes continuelles des habitants des campagnes lui portaient en ce qu’ils étaient obligés à fournir à tout moment des volailles, pour les susdits commissaires et qui les faisaient acheter dans les campagnes par ordre de la municipalité malgré qu’elle n’en eut aucune connaissance.

Lequel a signé

AA924_palis_002

Debar

Ce jourd’hui, 27 décembre 1794, a comparu le citoyen Jean Baptiste Debar, juge de paix de Verfeil, lequel a donné des renseignements

A déclaré que les citoyens Langautier et Barateau, commissaires civils délégués par où ils firent d’abord enregistrer leurs pouvoirs sur les registres des délibérations du conseil général de la commune. Et à cette occasion, ledit Debar déclare qu’il était présent lorsque dans cette assemblée du conseil général de la commune, Langautier développa des principes révolutionnaires et recommanda à la municipalité d’achever promptement l’enlèvement des signes extérieurs de fanatisme, superstition et féodalité.

AA924_palis_004

La décadi suivante, Langautier et Barateau descendirent en pompe avec les membres du conseil général de la commune dans le temple de la maison. Le peuple aussi se rendit en affluence. Langautier monta à la tribune et se déchaina fortement contre la royauté, la noblesse et le clergé et faisait beaucoup l’apologie des progrès rapides de la guillotine. Il parla ensuite avec la même force contre les égoïstes, et cela le conduisit à parler du versement ordonné des subsistances dans un grenier public. Les jurements et autres expressions qu’il proféra dans un lieu qui naguère était regardé comme la maison du bon Dieu, indisposèrent l’auditoire contre l’orateur. Quelques mouvements d’improbation éclatèrent. Langautier crut être menacé et il redoubla de colère, mais craignant le danger d’une insurrection, il fit se réunir au corps municipal qui l’accompagna dans la maison commune. Les gens de la campagne ne connaissant pas les avantages du versement des grains, conçurent quelques soupçons et beaucoup de méfiance. Il craignit que cette mesure extraordinaire tendît à leur ravir leur subsistance.

AA924_palis_006

Cependant, les gens pacifiques parvinrent à étouffer dans la naissance ce petit orage populaire. Et quoiqu’il parût n’y avoir rien à craindre à cet égard, Barateau et Langautier par une espèce de ressentiment peut-être contre le peuple, envoyèrent le lendemain, un express à Toulouse pour requérir la force armée. Et en conséquence, deux nouveaux commissaires civils à la tête de deux pièces de canons et de deux cents hommes de la force armée, se rendirent à Verfeil dans un moment où personne ne s’en doutait. L’alarme et la terreur se répandirent dans les cœurs. Cette troupe armée séjourna pendant environ 15 jours dans la commune de Verfeil. Les commissaires civils firent entendre plusieurs témoins pour découvrir les auteurs du prétendu mouvement populaire.

AA924_palis_008

Le bruit se répandit même que les commissaires menaçaient les témoins qui ne déposaient pas à leur gré et suivant leurs désirs. Enfin, soit pendant le séjour de la force armée, soit pendant environs deux mois que Langautier et Barateau demeurèrent à Verfeil, leur conduite et leurs propos, et leurs discours au temple de la raison et dans les séances de la société populaire avaient répandu et propagé le système de terreur à un point extraordinaire. L’esprit public fut horriblement comprimé de manière que les gens les mieux pensants et ceux qui voulaient aimer la révolution par la voie de la persuasion à peine osaient-ils d’espérer.

Ajoute encore que la terreur fût si grande parmi les habitants de la campagne qu’au moindre signal, ils fournissaient en payant, les poules et autres denrées pour les contraindre qui tandis qu’ils prêchaient au peuple la diète et la frugalité, ne manquaient pas de faire bonne chair.

Le dit Debar a signé,

AA926_palis_002

Bigorre

Ce jourd’hui, 7 décembre 1794, a comparu le citoyen Etienne Bigorre, lequel sur invitation a déclaré que les deux citoyen Langautier et Barateau n’ont cessé de proclamer dans la cité de Verfeil pendant environ trois mois qu’ils y sont restés, l’esprit de crainte et de terreur, ne parlant soit dans la société populaire ou dans le temple de la raison que de guillotine ou de canon.

Le déclarant observe que les susdits commissaires par une crainte mal fondée firent venir de Toulouse, environ cent hommes armés accompagnés d’une pièce de canon et que l’arrivée imprévue de cette troupe armée acheva de mettre le trouble l’endroit surtout n’en n’ayant pas prévenu la municipalité.

AA928_palis_002

Déclare de plus que lesdits commissaires envoyaient journellement le sergent de la commune dans la campagne chercher des provisions comme poules, et que lesdits habitants les livraient de suite de crainte qu’avait su leur inspirer les susdits commissaires.

Lequel a signé la présente déclaration,

Berenguer

AA92a_palis_002

Ce jourd’hui, 27 décembre 1794, a comparu le citoyen Berenguer, lequel sur invitation déclare de plus comme président du comité révolutionnaire, nous avons été obligés de quitte le lieu de nos séances, attendu que ce qu’ils voulaient devait être, et que pour nous en défaire nous nous changeâmes sans les en prévenir pour travailler libres.

Lequel a signé sa présente déclaration,

Bernet

AA92a_palis_004

Ce jourd’hui, 27 décembre 1794, a comparu le citoyen Jean Bernet, lequel sur invitation déclare que les citoyens Langautier et Barateau vinrent dans ladite cité en qualité de commissaires civils pour faire l’épuration des corps constitués, de même qu’il firent porter le grain dans le grainier d’abondance par une seconde commission, qu’ils dirent avoir lesquels commissaires ayant parlé au temple de la raison au sujet du versement des grains, s’aperçurent d’un murmure vague qui régnait dans l’assemblée, quelque temps après la force armée vint de Toulouse accompagnée d’une pièce de canon, et que pour lors Barateau ainé dit en public, vous voyez que nous avons fait venir la force armée, et supposez qu’il n’y en eut pas assez, je ferai venir toute l’armée des Pyrénées. Ce discours mit la terreur dans les esprits et le déclarant ajouté que les deux commissaires dans le temps qu’ils restèrent à Verfeil parlait presque toujours de guillotine.

AA92a_palis_006

Le déclarant ajoute que les susdits commissaires mandèrent venir pour le service Salinier gendre du citoyen Pierre Vidal du canton de Verfeil à l’effet de prendre des renseignements avec lui contre le citoyen Gaches, agent de la commune de Verfeil, et parce que ledit citoyen Salinier ne voulant point déposer contre ledit Gaches, les deux commissaires les firent pour lors mettre en prison où il resta deux jours. Le répondant déclare que ce fait se passa devant tout le comité révolutionnaire qui fut indigné d’un pareil procédé.

De plus, déclare que les susdits commissaires envoyaient le sergent de la commune dans la campagne pour prendre chez les cultivateurs de poules et d’œufs. Le déclarant croit que si n’avait été la crainte et la terreur qu’avaient inspiré ces deux commissaires, ils n’auraient point trouvé chez les habitants tout ce qu’ils y envoyaient chercher.

Le déclarant ajoute que Barateau ainé dit à la société que la municipalité avait à faire à lui, seul et que supposé qu’elle ne fit point soucieuse il l’a ferait guillotiner.

AA92a_palis_008

Ajoute de plus qu’il s’est passé beaucoup d’autre choses dont il ne se rappelle pas.

Lecture faire de la présente déclaration,

Laurens, Notaire

AA92c_palis_002

Ce jourd’hui, 27 décembre 1794, a comparu le citoyen Jean Laurens, notaire public de la cité de Verfeil, lequel sur invitation

Lequel a déclaré que lesdits Barateau et Langautier étant arrivés à Verfeil le 4 février 1794, ils firent assembler le conseil général de la commune pour procéder à l’enregistrement de leur commission pour l’épuration des corps constitués et autres fonctionnaires publics dans le canton de Verfeil, qu’en procédant de leur commission, le déclarant cru s’apercevoir que lesdits commissaires sous le prétexte de l’incompatibilité des charges avaient affecté d’écarter du conseil général de la commune et de toutes les fonctions publiques toutes les personnes qui par leurs talents et leurs lumières pouvaient aider à faire aller le char de la révolution et surveiller les intérêts de la république.

Qu’il les a vu monter à la tribune dans le temple de la raison prêcher avec force et énergie la soumission aux lois, la haine pour les tyrans et les aristocrates.

AA92c_palis_004

Que lors du versement qui devait être fait dans le magasin public de toutes les subsistances, bien loin d’annoncer au peuple l’utilité de ce versement et l’avantage que chacun devait en retirer, le déposant crut s’apercevoir que lesdits Barateau et Langautier eurent plutôt des menaces que d’instructions ce qui occasionna parmi les paysans un certain murmure qui s’évanouit presque aussitôt qu’il fut produit. Ce qui donna lieu auxdits s commissaires de se concerter en conciliabules et demander la force armée, que le répondante quelques jours après ayant dit à Barateau qu’il aurait pu se dispenser de faire marcher cette force armée, n’y ayant point eu de sujet, il lui répondit qu’il l’avaient déterminée et que cela lui plaisait De plus qu’il a vu lesdits commissaires pendant environ trois mois pendant lesquels il y ont fait bonne chère tandis que tout le monde souffrait, que leur table était abondamment garnie en chapons, poulardes et en toute sorte de gibier qui leur était portés par les sergents municipaux.

AA92e_palis_002

Ajoute de plus qu’en société populaire, ledit Barateau parlant aux officiers municipaux leur dit : « Vous exécuterez ce que je vous dis et c’est avec moi que vous aurez à faire » avec un ton de morgue et d’impudence révoltante, que ledit Barateau après qu’il se sentit étayé de la force armée, il monta à la tribune dans le temple de la raison et morguant les paysans, il leur dit qu’il n’y avait pas à tortiller des fesses, nous avons des quenouilles pour vous mettre à la raison, faisant allusion aux fusils et au canon qui avait été conduit par la force armée, et plus n’a dit d’avoir fait et lu en présence du citoyen Raynal maire et Raynal officier municipal commissaires.

Lequel a signé avec nous

Baptista

AA92e_palis_004

Ce jourd’hui, 27 décembre 1794, a comparu le citoyen Antoine Marie Baptista,

Lequel a déclaré que les citoyens Langautier et Barateau ainé, après avoir fait lecture de l’épuration de la municipalité de Verfeil furent dans le temple de la raison pour lui faire prêter serment ordinaire le jour de la décade et la faire connaître au peuple assemblé, mais qu’auparavant de procéder à ladite installation, le citoyen Langautier monta à la tribune et prononça un discours plein de zèle pour élever l’esprit à la hauteur des circonstances. Après quoi, il parla relativement à la commission qu’il venait de recevoir concernant le versement des grains dans le grenier d’abondance, ce qui causa dans l’assemblée quelques murmures. Ce que voyant, ledit Langautier, il commença de suite à chanter des chansons. Ce qu’entendant, le peuple, plusieurs citoyens se levèrent

AA92e_palis_006

Ils dirent qu’ils demandaient plutôt du pain que des chansons, pour lors, Langautier ayant terminé ses chansons, attendit un moment que le calme fut établi, ce qui s’effectua bientôt après et voulut inviter la municipalité à prêter le serment requis. Lorsque le citoyen Mazel prit la parole pour demander au citoyen Langautier pourquoi les habitants de la campagne n’avaient pas été appelés lors de l’épuration, tandis qu’on les appelait pour leur faire verser les grains. Qu’alors le citoyen Langautier s’étendit en propre et en jurant qui scandalisèrent les habitants de la campagne dans un lieu qu’ils regardaient encore comme sacré. Qu’ils sortent tous ensembles en huant les commissaires qu’un instant après, tous les citoyens entrèrent en fracassant les chaises et criant, que le déclarant s’aperçut alors que lesdits commissaires étaient épouvantés, qu’ils restèrent dans le temple, seul avec la municipalité et quelques autres citoyens, et ce fut dans ce moment qu’ils firent prêter serment à la municipalité. Les dits commissaires se retirant prétendirent avoir entendu une voix s’élever en disant qu’il fallait leur Barateau pou lui avoir entendu dire à la municipalité que si elle ne se conduisait pas bien, elle aurait affaire à lui, et plus a dit ne savoir écrire, à lui faite de ladite déclaration, a dit contenir vérité et ne vouloir rien ajouter

AA92g_palis_002

Pro jeune

Ce jourd’hui, 27 décembre 1794, a comparu le citoyen Joseph Pro, habitant

Lequel a déclaré que les citoyens Barateau ainé et Langautier lorsqu’ils furent envoyés dans la cité de Verfeil en qualité de commissaires civils de ladite commune aux commissaires quand est ce que leur commission devait prendre fin, et que Langautier répondit alors que cela ne le regardait pas et certainement se il se souviendrait de lui. Lecture lui a été faite de la présente déclaration,

AA92i_palis_002

Faure

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen Jean David Faure, habitant

Lequel a déclaré que les citoyens Langautier et Barateau ainé se rendirent au temple de la raison à l’effet de faire prêter à la municipalité de Verfeil

AA92k_palis_002

Louis Pélissier

Ce jourd’hui, le 28 décembre 1794, a comparu le citoyen Louis Pélissier, habitant

se transportèrent dans le temple de la raison où ils trouvèrent une grande affluence de monde que le maire de ladite commune prenant la parole au sujet du versement de grain dit qu’on ne devait point craindre de souffrir de faim et qu’après qu’il l’eut assuré, les citoyens se retirèrent du temple. Pour lors, les commissaires civils n’étant pas sans doute accoutumés à entendre le bruit des sabots et de quelques chaises qui furent déclare de plus qu’il a vu des femmes et enfants dans la campagne porter au susdits commissaires des œufs et des volailles ; et qu’ils envoyaient eux même presque tous les jours le sergent de la commune dans la campagne pour aller en chercher. Lecture lui a été faite

Joseph Sales

AA92m_palis_002
AA92m_palis_004

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen Joseph Sales, habitant a déclaré que les citoyens Langautier et Barateau se trouvant un jour au temple de la raison, ils parlèrent au sujet du versement de grains, que pour lors, le citoyen Mazel ayant demandé la parole auxdits s commissaires, ils ne voulurent point la lui accorder. Et que Langautier se mit dans une grande colère en ce que on lui demandait la parole. Ce que voyant le peuple assemblé, plusieurs voix s’élevèrent disant qu’il fallait sortir du temple. Ce qui s’effectua de suite. Pour lors, les deux commissaires furent saisis de crainte, craignant que le peuple ne fût en insurrection, quoique le citoyen Henry Mazel fut les trouver leur disant qu’il n’y avait rien à craindre pour eux. Mais les deux commissaires peu rassurés et ne se croyant pas en sureté, envoyèrent à Toulouse chercher la force armée au nombre de cent cinquante hommes ou environ, accompagnés d’une pièce de canon, ce qui effraya au point extraordinaire les citoyens.

Le déclarant observe que les deux commissaires firent venir tous les soldats sans en prévenir

manque une feuille

AA92o_palis_002

Lambert Viguier

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen Lambert Viguier, habitant

A déclaré que les citoyens Langautier et Barateau ainé sur une plainte mal fondée de leur part, envoyèrent chercher à Toulouse la force armée au nombre d’environ cent vingt personnes accompagnés d’une pièce de canon. Ce qui mit l’alarme dans le pays et que lorsqu'après les deux commissaires eurent la force à la main, il ne cessèrent de proclamer qu’ils arrangeraient les gens de Verfeil avec la guillotine faisant allusion au canon ou avec la guillotine et qu’il leur fallait plus d’une tête.

AA92o_palis_004

Déclare de plus que les deux commissaires en voulurent beaucoup à l’agent national dudit lieu ; envoyèrent chercher les citoyens Carboussel, Salinier et meneurs auxquels lesdits commissaires firent beaucoup d’interpellations pour les faire déposer contre l’agent national dudit lieu. Mais que les susdits citoyens n’ayant rien à dire contre, pour lors les deux commissaires s’emportèrent vivement contre eux en menaçant de la prison, s’ils ne voulaient déposer, et représenteraient que n’ayant rien à dire contre, ils ne pouvaient pas dire qu’ils ne savaient pas, et de suite, ces deux commissaires les firent mettre en prison.

Déclare de plus que les deux commissaires lorsqu’ils se trouvaient en public ne parlaient que de faire guillotiner, et par ce moyen, ils avaient mis la consternation dans le pays, et notamment dans la campagne.

Déclare de plus, que ces commissaires envoyaient journellement chercher des volailles chez les habitants des campagnes et que ceux-ci lui ont qu’ils ne les auraient pas livrés s’il n’eut été la crainte qu’on leur avait inspirée.

AA92q_palis_002

Déclare de plus que les citoyens mangeaient du pain de la première qualité tandis que les habitants de la commune mangeaient que du pain de la second. Lecture a lui faite,

Pigasse fils

Ce jourd’hui, 28 décembre 179 ? a comparu le citoyen Barthélémy Pigasse, habitant

AA92s_palis_002

Lequel a déclaré que sur un certain bruit qui se passa au temple de la raison au sujet de l’épuration de la municipalité dudit lieu. Les citoyens Barateau ainé et Langautier craignirent pour leur personne et qu’ils remirent au déclarant deux lettres pour porter à Descombes à Toulouse. Que celui-ci partit de suite pour ladite cité et remit lesdites lettres à Descombes. Que le lendemain, le déclarant s’en revint à Verfeil avec une force armée accompagnée d’une pièce de canon.

Déclare de plus que les deux commissaires ont dit qu’il fallait bien se comporter, ou qu’autrement, la guillotine jouerait.

La lecture à lui faite,

Laville

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen Mathieu Laville, habitant

AA92u_palis_002

A déclaré qu’il ignore pour quelles causes les citoyens Langautier et Barateau ainé ont fait venir de Toulouse la force armée accompagnée d’une pièce de canon et qu’ils n’ont point consultés la municipalité à ce sujet.

Déclare de plus que les susdits commissaires lorsqu’ils étaient dans le temple de la raison parlaient très souvent de guillotine, de mettre la tête à la fenêtre et des quenouilles faisant allusion aux armes que portaient les soldats.

Lecture a lui faite

Mirepoix père

AA92u_palis_004

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen Mirepoix, habitant a déclaré que lorsque les citoyens Langautier et Barateau ainé se sont rendus dans cette commune en qualité de commissaire civils, tout a été assez tranquille dans le premier moment. Qu’ensuite ayant fait venir la force armée accompagnée d’une pièce de canon, cela porta la terreur dans le lieu, ajoute de plus que lesdits commissaires ont donné des marques de civisme en dansant aux farandoles autour des arbres de la liberté et chantant des chansons patriotiques.

Le déclarant ajoute encore qu’il est vrai aussi que dans d’autres moments, soit à la Société populaire ou assemblées de décades, ils ont comprimé l’esprit public en soutenant la terreur alors à l’ordre.

Lecture a lui faite

AA92u_palis_006

parler avec le citoyen Langautier. Celui-ci lui dit je suis bien fâché d’avoir trop écouté certains citoyens de cette commune. Je m’aperçois maintenant qu’on m’a trompé déclare de plus qu’un certain jour venant de promener avec le citoyen Barateau. Et venant à parler de la force armée qui était arrivé à Verfeil, ledit Barateau lui dit qu’on devrait avoir été bien surpris dans la ville de voir arriver cette force armée qu’il n’y avait que Langautier, Raynal maire et lui qui le sussent, qu’ils l’avaient délibéré tous les trois, mais qu’à la vérité, lui avait été le plus fort pour que cela s’exécutât promptement. Et alors ledit Barateau fit voir au déclarant la minute de la lettre qu’il avait écrite à Toulouse.

Déclare de plus que dans plusieurs circonstances à la tribune du temple de la raison, il a entendu ledit Barateau s’adressant au peuple leur dire qu’il était arrivé à présent une quenouille, faisant allusion au canon qui était arrivé et que s’ils faisaient la moindre résistance, ils feraient éclater ladite quenouille ainsi que d’autres propos menaçant pour intimider le peuple.

Lecture à lui faite

AA92w_palis_002

que de guillotine et qu’ils avaient fait venir des quenouilles de Toulouse qu’ils filaient bien faisant allusion aux fusils et au canon ; et que tous ces propos réitérés mirent la terreur parmi les esprits.

Déclare de plus que les susdits commissaires envoyaient le sergent de la commune dans la compagne pour chercher des œufs et des poules qu’ils payaient.

De suite lecture a lui faite

Germain Sadoul

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen Germain Sadoul, habitant

AA92w_palis_004

A déclaré ignorer la raison qui força Langautier et Barateau ainé à envoyer chercher la force armée à Toulouse accompagnée d’une pièce de canon tandis que le pays lui paraissait tranquille. Il observe que l’arrivée imprévue de ces gens armés mirent le trouble dans l’endroit. Et que lorsque les deux commissaires parlaient en public, leurs phrases étaient ordinairement terminées par les mots de guillotine, fenêtre et quenouille, faisant allusion au canon.

Déclare de plus que les deux commissaires ont été la cause de la perte des marchés à Verfeil pour la grande consommation de volaille qu’ils faisaient conjointement avec d’autres commissaires qu’on leur envoya pour adjoint.

Et qu’ils employaient journellement deux personnes pour les chercher dans la campagne.

Le déclarant ajoute que les deux commissaires bien loin de s’occuper continuellement de leur mission couraient de fêtes en fêtes dans les lieux circonvoisins de Verfeil et que par ce moyen, ils allongeaient leur commission de trois mois ou environ.

AA92y_palis_002

Déclare de plus que les deux commissaire s’étant rendus à Verfeil pour faire une pétition concernant ledit versement des grains pour pouvoir en garder chez eux en petite quantité, attendu que lesdits commissaires avaient dit la veille qu’ils ne pouvaient point en garder du tout.

Le répondant présume que lesdits Langautier et Barateau firent venir le lendemain par leur ordre la force armée, ce qui effraya beaucoup les gens de la cité.

Déclare de plus que les deux commissaires parlaient souvent à la société populaire et au temple de la raison, de la guillotine qui disaient-ils coupait à merveille. Ce qui ajoutait encore à la terreur dont était saisis les citoyens.

Lecture faite de la présente

Pelet

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen François Pelet.

AA92y_palis_004

A déclaré qu’il ignore par qu’elle raison les citoyens Langautier et Barateau ainé firent venir de Toulouse les force armée accompagnée d’une pièce de canon tandis que les habitants du pays jouissaient d’une grande tranquillité, et que l’arrivée imprévue de ces soldats effraya beaucoup les citoyens de ce pays.

Déclare de plus que les deux commissaires voulurent faire porter au déclarant une lettre pour le district de Toulouse, lequel refusa constamment de s’en charger vu la défense qui lui avait été faite par le maire de Verfeil et par Jean Bernard, officier municipal. Ce que voyant, les deux commissaires s’adressèrent au citoyen Pigasse fils qui se chargea de remettre la lettre à sa destination.

AA930_palis_002

Déclare de plus que les deux commissaires envoyèrent chercher le déclarant et lui dirent qu’il fallait qu’il lui procurât tous les jours des volailles et lui donnant en conséquence de l’argent pour l’acheter dans la campagne. Que pour lors, le déclarant fut chez plusieurs paysans de l’endroit réclamer au nom des commissaires des volailles et des œufs. Que véritablement il en a beaucoup porté à Verfeil et qu’il s’est aperçu que les citoyens ne les auraient pas vendus s’il n’avait été la crainte qu’avait sur leur inspirer Barateau et Langautier.

Déclare de plus qu’il discontinua d’aller en acheter par la défense expresse qui lui fut faite par le citoyen Raynal, maire et Jean Bernard, officier municipal et que les deux commissaires ne l’ont jamais payé des courses qui lui ont fait faire dans la campagne pour leur apporter lesdites volailles.

Lecture lui a été faite

Carboussel

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794,

AA930_palis_004

faire guillotiner, à quoi le déclarant répondit qu’ils lui seraient loisible de faire sur sa personne ce qu’ils jugeraient à propos, mais que les tourments ne lui feraient dire que la vérité pour lors, ledit Barateau fit mettre en prison le déclarant, espérant par la violence d’obtenir quelque aveu. Mais il fut trompé dans ses espérances, le déclarant resta en prison depuis quatre heures de l’après-midi jusqu’à onze heures du matin qui fut l’époque de sa délivrance.

Déclare de plus que les citoyens Langautier et Barateau lorsqu’ils étaient au temple de la raison dirent que si on n’exécutait pas les lois, ils feraient jouer la guillotine, ce qui effrayait beaucoup les citoyens.

Lecture lui a été faite

AA932_palis_002

François Bernet

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen François Bernet, habitant

Lequel a déclaré que les citoyens Langautier et Barateau ainé s’étant transportés au temple de la raison dudit lieu, parlaient au peuple assemblé du versement des grains et qu’un citoyen ayant voulu représenter qu’il conviendrait de garder chez soi le nécessaire pour la subsistance, il fut applaudi par les assistants. Pour que lors Langautier s’étant mis en fureur, demeure que Barateau que le versement s’opérerait malgré toutes leurs représentations.

AA934_palis_002

Pour lors une partie des assistants sortirent du temple de la raison et le lendemain la force armée accompagnée d’une pièce de canon arriva dans ledit lieu, ce qui occasionna un grand trouble dans le pays.

Déclare de plus que le sergent de la commune fut chez lui demander des volailles ; que le déclarant répondit qu’il n’en n’avait point pour eux.

Déclare de plus que les deux commissaires lorsqu’ils étaient au temple de la raison parlaient très souvent de guillotine et de mettre la tête à la fenêtre, ce qui effrayait beaucoup les citoyens.

Lecture a lui faite

Calas fils

AA934_palis_004

Ce jourd’hui, 28 décembre 1794, a comparu le citoyen Bernard Calas, habitant a déclaré qu’il ignore pour quelle raison les citoyens Langautier et Barateau ont fait venir de Toulouse à Verfeil la force armée accompagnée d’une pièce de canon tandis que la tranquillité paraissait régner dans le pays.

Déclare de plus que les deux commissaires lorsqu’ils étaient au temple de la raison parlaient de guillotine et de mettre la tête à la fenêtre ce qui effrayait beaucoup les citoyens, ajoute de plus que les deux commissaires envoyaient chez les habitants de la campagne chercher des volailles et œufs et que même certains citoyens n’ont été jamais payés.

Déclare de plus que s’il n’avait été la crainte qu’avaient su leur inspirer les commissaires, ils n’en auraient pound donné, attendu qu’ils les avaient besoin pour eux.

Lecture à lui faite

AA934_palis_006

Pour Copie conforme, Demouis et Broquiner

29 décembre 1794, Pétition Auriol-Langautier

AA936_petition_002

Aux citoyens Bouillerot et Mallarmé, représentants du peuple délégués par la convention nationale dans les départements du Tarn, du Gers et de Haute-Garonne en séance à Toulouse.

Citoyens,

Le citoyen Auriol-Langautier, détenu dans la maison d’arrêt ci-devant la visitation et tenu de rendre compte de sa fortune ainsi que de son accroissement depuis la révolution, s’il y a lieu, vous expose sa justification :

1° , qu’il est un patriote pur et désintéressé reconnu comme tel dans tous les lieux qu’il a habité depuis l’origine de la régénération française, et que pendant sa vie même dans l’ancien régime jusqu’à cette époque, il a mérité de tous ceux qui l’ont connu, l’estime la moins équivoque et jouit de la réputation d’un homme probe et observateur des lois.

2° , que c’est injustement qu’il aurait pu être accusé d’avoir dilapidé ou contribuer à dilapider la fortune publique ou même tourné à son profit le zèle dont il était animé pour le nouvel ordre des choses et le bien général.

3° , enfin que c’est injustement encore qu’il a été inculpé d’avoir en qualité de commissaire civil, comprimé l’esprit public et prêché le terrorisme dans le canton de Verfeil.

AA936_petition_004

Le pétitionnaire a joui toute sa vie dans l’ancien régime de la réputation d’un galant homme, probe et vertueux. Il est assez connu dans cette cité et surtout dans l’arrondissement des districts de Caraman et de Revel ou sont situés les domiciles et les biens de ses ancêtres pour oser affirmer qu’il n’a qu’une seule voix en sa faveur sur cet article. Il a joui de la même estime de ses concitoyens depuis l’heureuse époque de la révolution ; comme il peut vous en convaincre, citoyens représentants, par les renseignements qu’il vous plaira prendre s’il y a lieu dans les communes de Caraman, d’Auriax, du Faget, de Loubens, de Lavaur, de Vendine, La Salvetat, Albiac, Laclostre, Toulouse, Gaussens, Francarville et Vallesvilles, etc., où il a toujours été connu, et où la voie publique confirmera tout ce que le pétitionnaire vient de vous avancer touchant son civisme et sa probité.

Le pétitionnaire n’a ni dilapidé ni contribué à dilapider la fortune publique, il n’a pas non plus tourné à son profit le zèle patriotique dont il était animé et l’énergie qu’il peut avoir montré, puisqu’il n’a jamais été employé ni voulu l’être soit dans aucun comité soit dans aucune place lucrative et salariée ou de comptabilité ; puisqu’ayant accepté à regret diverses commissions, il en a fait plusieurs gratuitement et la plus grande partie en se contentant des déboursés auxquels il avait été forcé ; puisqu’il résulte du tableau et bilan de sa fortune qu’il est tenu de remettre à l’agent national, que, bien loin de s’être enrichi aux dépends de la république, il l’a servi, au contraire par des offrandes sans nombre et des sacrifices pécuniaires de ses ressources.

AA936_petition_006

Le pétitionnaire enfin, de Verfeil d’avoir en qualité de commissaire où il a comprimé l’esprit du canton en y prêchant continuellement le système de terreur accompagné d’une armée dite révolutionnaire, est une atroce calomnie. Langautier et Barateau n’y ont prêché dans leur mission que les droits et les devoirs de l’homme et du citoyen, la soumission aux lois et à la représentation nationale, l’annonce de la liberté et de l’égalité, et la haine de la tyrannie et de la malveillance, de même que l’amitié et la fraternité entre bons citoyens. Il défie qui que ce soit de lui citer un fait, une phrase, une parole même qui caractérise la férocité, l’inhumanité, la dureté d’âme, la cruauté ou qui porte l’empreinte de la terreur. Son accusateur se trompe ou veut se tromper en disant que Barateau et Langautier, commissaires civils, étaient accompagnés d’une « force dite révolutionnaire ». Il n’y avait trois ou quatre jours qu’il étaient arrivés seuls dans cette commune et que leurs pouvoirs y avaient été reconnus, lorsque la force armée composée d’un détachement de la garde nationale arriva de Toulouse par ordre de l’administration du district, à qui, sans l’avoir même demandée, ils s’étaient contentés de rendre compte de 2 ou 3 insurrections populaires des habitants de la campagne, qui venaient d’avoir lieu au sujet du versement des grains, dans un temps ou les pays des environs venaient d’éprouver de semblables commotions. Pourquoi le délateur n’a-t-il pas ajouté que le pétitionnaire est resté dans cette commune et dans le canton en qualité de commissaire civil ou d’agent de district.

AA936_petition_008

six semaines après avoir renvoyé ladite force armée à Toulouse, continuant de prêcher les mêmes principes qu’il avait manifesté auparavant, d’ailleurs plus de dix mois se sont écoulés depuis cette époque, pourquoi, ce même délateur a-t-il attendu tant de temps pour faire sa dénonciation puisqu’il a toujours eu des autorités légales à qui il eut pu porter plus tôt ses plaintes ? Comptait-il sur le défaut de la mémoire des accusés ?

D’après ces considérations, citoyens représentants, le citoyen Auriol-Langautier met toute sa confiance dans votre justice, et s’abandonne entièrement en qualité de patriote à la loyauté française et bienfaisance nationale.

Dans la maison d’arrêt ci-devant visitation, ce 29 décembre 1794 de la république française.

Auriol-Langautier

2 janvier 1795, Pétition Barateau et Langautier

AA938_petition_002

Aux citoyens Mallarmé et Bouillerot, représentants du peuple, délégués par la convention nationale dans les départements du Tarn, du Gers et la Haute-Garonne, en séance à Toulouse.

Citoyens représentants,

Les citoyens Barateau et Langautier détenus dans la maison d’arrêt appelée ci-devant visitation en vertu de votre arrêté du 22 décembre présent, vous exposent que le maire de Verfeil, quand il est venu vous les dénoncer, au lieu de déclarer : « que les susdits citoyens commissaires civils accompagnés d’une force dite révolutionnaire, ont prêché à Verfeil publiquement le terrorisme et comprimé l’esprit public pendant quinze jours qu’ils ont séjourné », devait vous dire :

1° , que les commissaires étaient à Verfeil et que leurs pouvoirs avaient été reconnus dans cette commune depuis quatre ou cinq jours lorsque la force armée y arriva de Toulouse.

2° , que cette force dite révolutionnaire ne fut jamais appelée de ce nom, du moins que cette dénomination n’est point venue à la connaissance des pétitionnaires et qu’elle était seulement composée d’un détachement de la garde nationale de Toulouse, d’un détachement du bataillon de mont blanc et de quelques canonniers.

3° , que cette force armée n’est allé à Verfeil que pour prêter main forte à l’exécution d’un arrêté des représentants du peuple pris en séance à Toulouse, concernant le versement des grains, à laquelle les habitants de la campagne avaient mis obstacle par deux insurrections populaires qui avaient eu déjà lieu dans le chef-lieu du canton.

4° que le bruit courait à cette époque que des émissaires parcouraient les campagnes pour provoquer ces sortes de rébellions et excitaient les paysans à s’opposer auxdits s versements.

5° , que des insurrections dans ce genre et plus conséquents

AA938_petition_004

Rabastings (Rabastens ?) et de Cambon, deux extrémités éloignées de Verfeil, chacune à la distance d’environ deux ou trois lieues et dont Verfeil était le centre.

6° , que la présence de cette force armée mit fin à tous les troubles sans aucune violence ; facilite le versement des grains déjà entravé ( ?) et vainquit vraisemblablement le fil de la coalition ; que les apparences semblaient devoir faire présumer être en fomentation dans tout cet arrondissement et dans les environs contre ledit versement des grains.

7° , que le maire de Verfeil vint lui-même jeter l’épouvante dans l’âme des pétitionnaires, en leur annonçant sous des couleurs effrayantes un second rassemblement populaire qui venait de se former dans la cité de Verfeil ; rassemblement qui paraissait être le suite d’une insurrection qui avait eu lieu deux jours auparavant et que c’est lui qui as écrit de sa propre main et d’après sa propre impulsion ou malgré le sentiment de Langautier, la lettre d’avis au comité de surveillance de la société populaire de Toulouse qui l’instruisit de ce qui venait de se passer et qu’il donna à signer aux pétitionnaires.

8° , que si le maire de Verfeil et tout autre avait eu quelque grief à reprocher aux pétitionnaires touchant leur conduite, ils auraient pu et dû le dénoncer sur le champ aux autorités légales qui existaient alors, et en pas attendre dix mois pour les inculper aussi calomnieusement.

9° , que les pétitionnaires n’ont jamais employés ni emportements ni menaces verbales, ni violence pour procéder à leur commission qu’ils n’ont prêché que le soumission à la convention nationale, aux représentants du peuple et aux lois, que les droits et les devoirs de l’homme et du citoyen, que l’obéissance aux magistrats que la fraternité et l’union entre les patriotes et la haine contre les tyrans et la malveillance et que l’essence des institutions des fêtes décadaires ainsi que leur supériorité sur les momeries religieuses ; que leurs exhortations n’ont roulé que sur ces principes.

10° , enfin que les pétitionnaires, bien loin de tourner à leur profit

AA938_petition_006

le zèle qu’ils avaient montré, firent abandon de la somme de 960 francs qu’ils étaient autorisés à percevoir pour leur traitement d’après un arrêté du district qui leur accordait huit francs par jour à chacun et se contentèrent de celle des qui n’était que le remboursement des frais déboursés, auxquels ils avaient été forcés pendant une mission de 60 jours consécutifs dans un arrondissement de 11 communes pour 5 à 6 commissions dont ils étaient chargés.

Citoyens représentants, voilà les faits, voilà la vérité. Les pétitionnaires espèrent que vous leur rendrez justice.

À la maison d’arrêt ci-devant visitation, ce 2 janvier 1795 de la république française, une et indivisible.

Barateau fils ainé, Langautier Cadet

Pétition Barateau et Langautier

AA93a_petition_002
AA93a_petition_004
AA93a_petition_006
AA93a_petition_008
AA93a_petition_010

Pétition des citoyens Barateau et Langautier détenus dans la maison d’arrêt de Toulouse

Citoyens,

les citoyens Barateau et Langautier, détenus dans la maison d’arrêt appelée ci-devant visitation en vertu d’un arrêté des représentants du peuple Mallarmé et Bouillerot du 22 décembre, vous exposent que la dénonciation du maire de Verfeil qui provoqué leur arrestation porte le caractère de la mauvaise foi et tombe d’elle-même.

1° parce que Barateau et Langautier étaient à Verfeil et que leurs pouvoirs avaient été reconnus dans cette commune depuis quatre ou cinq jours quand la force armée arriva de Toulouse, et que par conséquent, ils n’y parurent pas accompagnés de la force dite révolutionnaire

Même texte que la précédente

22 décembre 1794 – Au nom du peuple français

AA93c_AuNomDuPeuple_002

Du 2 nivôse, l’an troisième de la République française, une et indivisible,

Au nom du peuple français,

Les représentants du peuple, délégués par la convention nationale dans les départements du Tarn, du Gers et de la Haute Garonne, en séance à Toulouse :

Vu la déclaration du maire de Verfeil, portant que Barateau ainé et Langautier cadet, commissaires civils, accompagnés d’une force dite révolutionnaire, n’ont cessé, pendant 15 jours qu’ils restèrent dans la commune, d’y prêcher publiquement les systèmes de terreur, et d’y comprimer l’esprit public, arrêtent :

  1. Barateau ainé et Langautier seront mis sur le champ en arrestation ; les scellés seront apposés de suite sur leurs papiers et effets ; inventaire en sera fait sans délai, et tous les papiers qui pourront concerner leur mission avec la force révolutionnaire, ou tous autres qui paraîtraient suspects, cotés et parafés, et remis ensuite à l’agent national du district.

  2. Le comité révolutionnaire du district de Toulouse fera faire sur les lieux, les enquêtes nécessaires, tant à charge qu’à décharge ; les procès-verbaux seront mis également à l’agent national du district.

  3. Barateau et Langautier sont tenus de rendre compte de suite de la situation de fortune et des causes de son accroissement depuis la révolution, s’il y a lieu.

  4. L’agent national du district de Toulouse est chargé de l’exécution du présent, qui sera imprimé, publié et affiché.

Fait au dit Toulouse, les jours, mois et an que dessus.

Signés, Mallarmé, Bouillerot

Pour copie conforme

4 janvier 1795, Résultat à charge de l’enquête

AA93e_liberation_002

Le comité de surveillance de la commune de Toulouse aux représentants du peuple Bouillerot et Mallarmé en séance à Toulouse.

Citoyen représentant,

en vertu du votre arrêté du 22 décembre, nous envoyâmes un de nos collègues à Verfeil pour y faire une enquête sur la conduite qu’y avaient tenu les citoyens Barateau ainé et Langautier. Nous vous transmettons ci-joint cette enquête, ou sont contenues des dépositions qui prouvent leur attachement au système de terreur, et justifient assez les déclarations du maire de Verfeil sur leur compte.

Salut et fraternité

Demouis

Nous joignons une pétition desdits Langautier et Barateau.

20 janvier 1795, Enquête sur l’enrichissement personnel de Langautier

AA93g_gratian_002

Au citoyen Gratian

Il faut pour notre retour que nous sachions si Barateau ainé, Langautier, Forbert et autres ont rendu compte de leurs fortunes. Si ces comptes ont été reçus, enfin s’ils sont exacts, et s’il y a lieu à les soupçonner de friponneries et à les traduire devant un tribunal. Nous te recommandons surtout de presser toutes les informations contre ceux que nous avons fait arrêter.

Salut et fraternité

Mallarmé

20 janvier 1795, Liberté à l’instant même pour le citoyen Langautier

AA93i_Liberte_002
AA93i_Liberte_004
AA93i_Liberte_006

Le 1er pluviôse an III (20 janvier 1795) de la république une et indivisible.

Les représentants du peuple, délégué par la convention nationale dans les départements du Tarn, du Gers et de la Haute-Garonne, en séance à Toulouse,

Arrêtent que le citoyen Langautier sera mis en liberté à l’instant même ; lui observant d’être à l’avenir plus ami de l’ordre et de l’humanité ; d’être pénétré de cette vérité qu’il faut faire aimer la révolution plutôt par les principes de justice et de vertu que par le système de terreur, seule arme qu’emploient les tirants.

Chargent l’agent national près le district de Toulouse de l’exécution

2 mai 1795, Liberté pleine et entière pour le citoyen Barateau

AA93k_liberation_002
AA93k_liberation_004
C’est joliment tourné pour décrire une entourloupe des frères Barateau. Nous y apprenons au passage que Barateau ainé à fait beaucoup plus de prison que Antoine, sans doute pour d’autres affaires, propres à la famille Barateau.

Toulouse, le 2 mai 1795,

La municipalité de Toulouse au Citoyen procureur syndic du district,

Citoyen,

Nous avons reçu votre lettre du 12 de ce mois avec la copie de l’arrêté du représentant du peuple Colombat aussi de ce mois qui ordonne que le citoyen Barateau fils ainé jouira désormais de sa liberté pleine et entière. Nous observons néanmoins qu’il est intervenu une erreur parce que ce n’est pas Barateau fils ainé, sorti de la visitation le jour d’hier qui a demandé la levée de sa surveillance mais bien Barateau fils cadet mis en liberté depuis le 15 décembre 1794 dernier.

Salut et fraternité

Chirac