Reprise de Douamont et Vaux Création septembre 2014

Eté 34, Jules qui a 76 ans est en villégiature à Luchon ; il s’embarque dans une correspondance avec Henry Bordeaux qui va lui donner du fil à retordre avec le Service Historique de l’Armée qui veille au grain de la vérité historique.

Lettre au maréchal Pétain

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4 août 1934

Monsieur le Maréchal,

Ayant lu avec un intérêt poignant le récit de M. Henri Bordeaux paru sous le titre « La délivrance de Verdun », j’ai pensé que je pourrais apporter quelques matériaux en vue de compléter cet historique.

J’ai donc rédigé, pour l’envoyer à l’auteur une note de souvenirs dont j’ai l’honneur de vous adresser auparavant une copie ci-jointe.

C’est un travail de courte haleine – je n’y envisage qu’un épisode survenu au de ce drame formidable dont vous avez été l’illustre et victorieux animateur.

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J’ai évité toutes les généralités déjà supérieurement exposées et par M. Henri Bordeaux et par tant d’autres bien plus qualifiés que moi pour les traiter.

Je me suis donc exclusivement confiné dans le cadre où les circonstances m’ont appelé à jouer un rôle secondaire et le seul mérite de ces courtes pages, c’est d’avoir été écrites avec un souci de sincérité dont je me porte garant.

Veuillez, agréer, monsieur le maréchal, la respectueuse expression de mon profond dévouement et de mon inaltérable reconnaissance et la confirmation la plus éclatante de vos hauts mérites que d’aucun ont sciemment voulu méconnaître.

Lettre à Henry Bordeaux

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Luchon, le 9 Août 1934

Le Général Paloque, 3, Rue de Bonsi, à Béziers (Hérault)

à Monsieur Henry Bordeaux à l’Académie Française

Eminent Maître,

Je viens de lire pour le première fois, votre très impressionnante étude sur “la Délivrance de Verdun". Ces lignes prendront rang parmi les plus précieuses relations d’un évènement décisif de la Grande Guerre, qui s’est déroulé sous nos yeux. Vous serez assurément entraîné, à la demande de vos lecteurs et admirateurs, à en publier des éditions successives, de plus en plus riches en renseignements offrant toutes les garanties de certitude.

Or, qui pourrait fournir de tels éléments quand les témoins de ce drame auront successivement disparu ?

C’est donc, à la fois, à titre d’hommage vis-à-vis de l’historien à qui j’adresse ces lignes et aussi par esprit de devoir moral, que je me mets à votre entière disposition pour vous donner tous éclaircissements sur les points qui, étant connus de moi, seraient demeurés obscurs pour vous. Ecrits sans passion avec l’unique souci de ne rien affirmer sans en garantir l’exactitude, ils peuvent constituer, pour les historiques à venir, des contributions inattaquables.

Je me bornerai aujourd’hui à vous communiquer, sous une forme qui se ressentira d'une l’installation dans une chambre d’hôtel, loin de tous documents, quelques détails susceptibles d’éclairer des faits, des états d’esprits, des prémisses, des velléités devenues, en se précisant, des volontés, traduites par des ordres générateurs de préparations, d’exécutions, de résultats et de formidables conséquences.

veuillez agrée. éminent Maître, la sincère et vive expression de mes sentiments de très haute considération.

Signé : Général PALOQUE

L’ARTILLERIE la REPRISE des FORTS de DOUAUMONT et de VAUX – Quelques souvenirs

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Quand fut décidée (en Septembre 1916) la reprise des forts de Douaumont et de Vaux, la 58e Division d’Infanterie, (sous les l’ordres d’un admirable chef, le Général Guyot de Salins) fut charge d’attaquer sur le front Haudromont – Douaumont.

Cette Division, qui avait son artillerie propre, fur renforcée d’une deuxième artillerie divisionnaire. Les commandants de ces deux artilleries furent laissés naturellement à la tête de leurs troupes, au même titre que les commandants des artilleries lourdes et des unités de canons de tous calibres mis à la disposition, pour cette bataille, du Général Guyot de Salins.

Ces divers chefs ne pouvant agir en cavaliers seuls, il fallait, pour coordonner un tel ensemble, un Commandement supérieur unique.

Le Général Mangin fit demander au Commandant de l’Artillerie d’une Division voisine, le Colonel Paloque, (successeur du Maréchal Fayolle, à la Chaire d’Artillerie de l’Ecole Supérieure de Guerre) de venir prendre le commandement de la masse d’artillerie de la Division d’attaque.

Le Colonel Paloque, emmenant avec lui, pour tout Etat-major, deux de ses officiers adjoints, le Capitaine Lafont-Cazeaux et le Lieutenant Legueu, établit son P.C., pendant le préparation, au collège Marguerite, au pied de la Cathédrale de Verdun, et, pendant l’attaque, sous l’abri MF3, très voisin du front, P.C. du Général Guyot de Salins.

Je n’entrerai pas, en ces brèves notes, dans le détail du « plan d’action » de l’Artillerie, qui ne ressemblait en ríen à ce qui avait été pratiqué antérieurement, et qui fut approuvé per le General Guyot de Salins, le General Mangin et les Généraux Nivelle et Pétain.

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Mais je manquerais au devoir qui s’impose au Chef si je négligeais les occasions qui s’offrent à moi de glorifier la conduite de mes subordonnés et si je ne proclamais que le succès fut dû, en ce qui concerne l’action de l‘artillerie, à, la perfection d’exécution avec laquelle ils réalisèrent, tous, sans exception, au cours des diverses phases de la bataille, les prescriptions du plan concerté en plein accord par les chefs de corps des deux armés, réunis autour de Mangin.

La victoire de cette grande journée, qui fût restée glorieuse dans l’Histoire, même si elle eût couté des dizaines de milliers d’existences humaines dans nos rangs, fut remportée avec un minimum de pertes, à telle enseigne que les lions du brave fameux 4e Zouaves (Lieutenant-colonel Richaud) ne perdirent entre l’heure H et la prise de possession de l’objectif fixé par le Commandement, que 18 blessés et un seul tué ; encore que ce dernier ne fut-il pas victime du feu ennemi mais du choc de sa tête, à la suite d’une glissade, contre une mitrailleuse gisant au fond d’un entonnoir.

N’est-ce-pas précisément le rôle de l’Artillerie, depuis sa création, de permettre à son infanterie de vaincre avec le minimum de sang versé  ?

Il y a quelques années, dans une circonstance qui avait fait réunir à l’Hôtel de Ville d’une importante localité, les Officiers de Réserve de l’arrondissement en présence d’un groupement de personnalités professant les théories les plus pacifistes, je me trouvais en tenue, à côté du General Richaud (déjà nommé), ce compagnon d’Armes des temps héroïques.
Je crus devoir expliquer en termes modérés, mais des plus lapidaires, que tous ces civils ne compromettaient leurs intérêts commerciaux, agricoles, professionnels, etc.. que pour venir s’instruire auprès de nous, dans nos conférences militaires, que pour chercher auprès du Général Richaud et de moi-même, le secret de défendre la patrie et de vaincre avec la moindre effusion de sang, ce qui est bien l’opposé de l’esprit sanguinaire qu’on attribue, trop souvent, à ceux qui veulent être quand il le faut, de bons soldats français.

J’ajoutais, en citant les pertes minimes du 4e zouaves que nous étions fiers d’avoir rendu Douaumont à la France tout en sauvant leurs fils à eux, leurs frères, leurs neveux ou leurs jeunes amis.

Ces simples mots, improvisés mais véhéments, déridèrent tous les fronts, déchaînèrent d’unanimes applaudissements et l’on se sentit entre français de cœur en buvant un vin d’honneur dans cette réunion, un peu froide au début.

Le 24 Octobre 1916, le Commandement de l’Artillerie mise à disposition du Général Mangin était exercé par un artilleur des plus distingués, le Colonel Marchal.

Mais, n’ayant ménagé ni ses veilles ni ses fatigues, cet officier supérieur dût, dès le 26 octobre 1916, se résigner à prendre une période d’un repos glorieusement gagné.

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Le Général Mangin, m’appela au Moulin de Regret, son poste de Combat, et me donna la mission de remplacer au cours de son absence, le Colonel Marchal dans le Commandement de la totalité de son Artillerie, commandement d’une ampleur peut-être sans l’exemple dans l’histoire, et s’étendant sur tous les canons depuis ceux de petit calibre jusqu’aux artilleries lourdes, aux pièces de Siège et Place ; de Marine de Côte, aux gros Mortiers, eux formidables d ALGP (Artillerie lourde à grande portée), d’ALVF (Artillerie lourde sur voie ferrée), avions, ballons et tous services connexes.

Il ne s’agissait pas de jouir, après la victoire, des délices de Capoue, mais d’occuper un poste des plus redoutables et des plus lourds en responsabilités.

Une glorieuse avance de plusieurs kilomètres, effectuée par nos héros des premières lignes, mettait les canons hors de portée, c’est à dire dans l’impossibilité de tirer au delà du nouveau front, de protéger les vainqueurs sur le terrain conquis et dès lors de s’opposer à une contre-attaque, extrêmement probable, qui pouvait tout balayer, Verdun compris.

Or cette artillerie, clouée au sol, depuis des semaines ou des mois était incrustée dans ses emplacements et avait pris un véritable caractère immobilier, avec les abris souterrains, les galeries, plus ou moins boueuses, bourrées de projectiles, de gargousses, d’approvisionnements divers. ll fallait passer de la guerre de stabilisation, (on pourrait presque dire de stabulation) à, la guerre de mouvement. Il fallait faire intervenir des tracteurs et aussi des chevaux, habitués au repos des échelons lointains, pour extirper ces éléments des alvéoles où ils avaient pris racine. Ce fut une manœuvre colossale, hérissée de difficultés, dont nul n’a parlé jusqu’ici, mais qu’un devoir sacré commande à celui qui l’ordonna et l’organise, aidé par l’État-major hors de pair mis à sa disposition, de faire enfin connaître pour que rejaillisse sur l’artillerie de Verdun la part d’admiration qu’elle mérite et le 24 Octobre 1916 et surtout les jours suivants.

Je dis « surtout », car ce fut là qu’elle conquit, en solidifiant le nouveau front, une immortelle gloire et une moisson de lauriers qui ne saurait sans injustice rester ignorée.

À ce déplacement confirmant la Victoire et la rendant décisive, l’artillerie grande portée de l’ennemi et son aviation, par leurs feux et par leurs bombes, opposèrent une résistance désespérée qui rendit cet te opération plus meurtrière pour nous que la conquête même du terrain, le jour de la Victoire.

En outre, il était urgent d’en finir avec le fort de Vaux et ici il m’est possible de donner des détails dont je garantis l’authenticité et d’autant plus intéressants qu’ils n’ont pu être connus de qui que ce soit, puisqu’ils se rapportent à des conversations seul à seul, entre le Général Mangin et moi, et n’ont eu comme témoin auditif qu’un grand noir, en permanence derrière un rideau, et qui eut prestement étranglé tout visiteur animé de mauvaises intentions pour son Dieu. Ce gardien incomparable, ne savait que des rudiments de notre langue et ne se donnait assurément pas la peine d’écouter, encore moins de traduire, les conversations de son maître.

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C’est donc le 2 novembre, le jour des Morts, vers 17 heures que je suis appelé dans ce bureau de grand chef, au Moulin de Regret, et qu’impressionné par la physionomie des officiers de l’entourage ne faisant présager rien de bon pour moi, je franchis le rideau soulevé par l’athlète noir.

La photographie des « Archives d’Art et d’Histoire » qui illustre la page 64 de votre brochure

donne plutôt une impression de sévère énergie. Mais le visage que j’aperçus était autrement farouche et redoutable, avec ces mâchoires serrées et saillantes donnant l’impression, inusitée jusque-là dans nos relations de service, d’une fureur concentrée.

Voici, relevées sur mes notes, les principales paroles échangées

Lui : Paloque, je suis très mécontent. L’Artillerie nous rend ridicules aux yeux du Monde entier.

Moi :... ?

Lui : Je reçois la traduction du Communiqué de la Cathédïalo do Cologne. Vous gaspillez nos munitions : vous bombardez le désert.

Moi : Mon Général, je ne comprends pas !

Lui : Vous ne comprenez pas, mais lisez donc : les français, dit le Communiqué ennemi, s’acharnent à mitrailler le fort de Vaux où il n’y a pas un seul allemand - Vous voyez bien, vous tirez sur un fort où il n’y a pas un Chet.

Moi, sans me démonter, j’ouvre mon carnet et je mets sous les yeux du Général l’ordre, signé de lui, prescrivant de bombarder le fort de Vaux et ses abords par pièces de tout calibre jusqu’au moment de l'attaque par l’infanterie, fixée au 3 Novembre. Le Général Mangin change un peu de physionomie et voici la suite de l’entretien.

Moi : Mon Général, je vais d’extrême urgence donner l’ordre de cesser le feu.

Lui : Attendez, et si c’était un piège, ils y étaient 300, a dit un prisonnier.

Moi : Bien, alors je continue le feu.

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Lui : Mais s’il est vrai qu’il n’y a personne on va rire de nous.

Moi : Pensez-Vous, mon Général, que si les allemands trouvant déjà le fort intenable sous nos obus et sachant qu’à ce feu va succéder l’entrée en action des baïonnettes de vos gars de fantassins, pensez-vous, que si, dans cette situation, ils ont pris le parti de ficher le camp, pensez-vous, encore une fois, que c’est de nous qu’on rira ?

Cette fois touché juste : la figure du Général s’empourpre visiblement, et la conversation prend une tournure pratique, se traduisant par des ordres précis :

Pour l’artillerie : Continuation du bombardement sans rien modifier quant au rythme. Un ordre de cessation complète de tir sera envoyé au moment voulu. Prendre toutes dispositions pour que cet ordre soit exécuté sans qu’un seul obus puisse être tiré après l’instant fixé – ordre verbal dont l’ exécution fut rigoureusement observée.

Pour l’infanterie : Le 298e RI précédé d’une Compagnie, s’assurera que le fort de Vaux est évacué, en envoyant des patrouilles, munies de fusées dont la couleur convenue à l’avance, signifiera que le fort est occupé ou qu’il est évacué.

(Sans nul document, au cours de ma villégiature à Luchon je ne puis que garantir le sens général de cet ordre à l’infanterie dont les termes authentiques ne sont pas en ma possession).

Vous savez le reste ; vous avez très exactement donné les détails de la mission du Lieutenant Diot ; si intelligemment remplie et dont la Compagnie, bientôt secondée par la section du Lieutenant Labarbe a eu la suprême émotion et la patriotique fierté de faire flotter le drapeau tricolore sur le fort de Vaux, redevenu français.

Général PALOQUE.

Avis du Maréchal Pétain

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21 août

Monsieur le Général PALOQUE,

Hôtel d’Etigny à LUCHON (Hte-Garonne)

Mon Général,

Le Maréchal me charge de vous accuser réception des quelques pages que vous lui avez communiqués relatant vos souvenirs de la bataille de Verdun.

En raison de l’intérêt qu’il a eu à les parcourir, il lui a paru nécessaire, malgré le caractère personnel des faits rappelés, de soumettre votre récit au Service Historique. Celui-ci a fait quelques remarques que le Maréchal croît utile de vous signaler, avant que vous ne communiquiez votre texte à M. Henry Bordeaux, ainsi que vous en avez manifesté l’intention :

  1. Le Colonel MARCHAL, auquel vous avez succédé, exerçait le commandement de l’Artillerie du Groupement D.E. Le Service Historique ne retrouve pas trace, dans ses archives, du moment où le Colonel Commandant l’Artillerie du Groupement D.E. aurait exercé le commandement de la totalité de l’Artillerie de Verdun.

  2. Le Service Historique signale en outre, que les pertes du 4e Zouaves pour la journée du 24 octobre 1916 ont été de l’officier tué, 24 hommes de troupe tués, 131 blessés, chiffres notablement supérieurs à ceux que vous avez cités.

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Je vous prie de croire, Mon Général, à l’expression de mes sentiments respectueux.

Le chef du Secrétariat Particulier

Le 4e Zouaves avait pour objectif le fort de Douaumont, il y a pénétré ayant perdu 1 tué et 18 blessés. Mais sa bravoure l’a entrainé à faire plus encore que la mission… et au-delà de Douamont, sans appui de l’Artillerie. Il a éprouvé des pertes importantes qui ne sont pas attribuables à la prise du fort.

Signé Général Paloque.

Reconnu exact par le Maréchal qui a autorisé le maintien des chiffres du Général Paloque.

Lettre au Maréchal Pétain

Luchon, le 24 août 1934

Le général de Brigade Paloque, du cadre de réserve, à Monsieur le maréchal, ministre de la Guerre, Paris.

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J’ai l’honneur de vous accuser réception de la lettre du 21 août du chef du secrétariat particulier et de vous remercier d’avoir bien voulu faire appeler mon attention sur les remarques présentées par le Service Historique.

Je suis profondément attristé de ce que deux remarques de la Section Historique ait put faire naître dans votre esprit jusqu’à ce que vous soit parvenue la présente lettre, des doutes sur la sincérité ou sur l’intégralité de mes facultés qui seraient effectivement bien compromises si je m’étais attribué un rôle fantaisiste dans un récit historique concernant la reprise de Douaumont et de Vaux. Rien de tel for heureusement et je suis prêt à venir affirmer en présence de tout contradicteur et d’un délégué du ministre ou de la Section Historique la rigoureuse exactitude de ce que j’ai écrit.

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  1. En ce qui concerne la première remarque, il y a une petite rectification à faire. Après le succès de nos armes du 24 octobre 1916, le colonel Marchal ayant pris une période de repos, j’ai été désigné non pour lui succéder comme il est dit dans la note du Service Historique, mais pour le remplacer au cours de son absence.

    Je déclare que pendant cette période de commandement au Moulin de Regret sous les ordres directs du Général Mangin :

    1. j’ai eu à régler, sous ma responsabilité le nouveau dispositif de l’Artillerie que la grande avance de nos lignes laissait très en arrière des événements ;

    2. j’ai eu à suivre, jour après jour, les déplacements connexes de l’artillerie ennemie, pour y porter obstacle ;

    3. j’ai, en particulier, fait canonner le fort de Vaux, et j’ai entre les mains les photos que me transmettaient les avions chargés du contrôle des points de chute des gros projectiles ;

    4. je certifie l’exactitude absolue de la conversation avec le Général Mangin reproduite dans mon texte.

    S’il existe un contradicteur, il est facile d’obtenir de lui des affirmations aussi nettes que celles qui précèdent et écrites de sa main, on pourra ainsi juger sans appel.

    Au retour du colonel Marchal, toujours parfait à mon égard, j’ai modestement rejoint mon AD33 et aucun document à ma connaissance, aucune parole officielle à ma souvenance ne firent jamais allusion à mes deux missions à Verdun.

  2. En ce qui concerne le 2e remarque : je tiens de mon ami le général Richaud dont la parole ne saurait être mise en doute les chiffres des pertes que j’ai signalés. Le général Richaud et moi avons pu des mois et des années à Béziers nous entretenir en détail de ces émouvantes journées.

    Je sais par lui que le 4e Zouaves a atteint ses objectifs sans autre perte que 1 mort accidentel et 18 blessés.

    Mais cela ne contredit en aucune façon le renseignement fourni par la Section Historique. Ce que l’on ignore, c’est que le fougueux Lieutenant-Colonel Richaud avait électrisé ses Zouaves devenus sous ses ordres et à son exemple de véritables lions, ainsi que je le dis dans le texte que je vous ai adressé.

    Ces lions dépassèrent les objectifs et il fallut des sommations impératives pour les arrêter, l’artillerie ayant du cesser de les précéder et rien ne permettant de savoir la forme… de leur première ligne. Cette bravoure sans exemple, cette témérité, valurent au 4e Zouaves dans la journée des pertes au cours d’épisodes tout à fait distincts de l’opération fixée par le commandement ; pertes sinon inutiles, la bravoure influant toujours sur le moral de l’adversaire, mais pertes évitables que le général Richaud et moi décomptons à part.

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Si j’ai besoin de vous dire, Monsieur le Maréchal, le soin que j’ai toujours pris de ne pas appeler l’attention sur moi, sauf quand il s’agit de faire glorifier la mémoire de mes subordonnés.

Vous pourrez donc lire en toute confiance ces quelques pages sur Douaumont et Vaux qui, avec les souvenirs de Craonne et de Vauclerc concernent des faits bien précieux pour ma modeste histoire personnelle et pouvant présenter un certain intérêt pour l’histoire de notre pays.

J’ai l’honneur…

Général Paloque

2 rue de Bonsi à Béziers à partir du 5 septembre et Observatoire de Toulouse du 26 août au 4 septembre.

PS : je venais d’adresser le texte à M. Henry Bordeaux, considérant que, sans réponse, je pourrais m’y croire autorisé. Il me dit en me remerciant qu’il n’envisage pas pour le moment une nouvelle publication de son Verdun.