Lillette et Bernard, nous vous devons d’une part tous les documents anciens qui sont parvenus jusqu'à nous et d’autre part plusieurs centaines de photos tout aussi précieuses.
Nous vous devons naturellement tant d’autres choses, mais le temps n'est pas encore venu de les évoquer.
Cette page et les suivantes donnent déjà un bon aperçu de ce que vous avez été.
Hubert, 2021
Vous étiez, chacun de votre côté, lancés dans la vie professionnelle après un séjour à Paris. Vous vous êtes rencontrés par Collette Paloque, vous avez du vous plaire et vous avez fait affaire.
Décembre 1956, mariage à Montpellier puis voyage de noces en Autriche.
Sur ces photos de l’été 1957, Lillette attend un enfant.
François naîtra le 20 octobre 1957 ainsi que l'atteste le livret de famille mais ne survivra pas.
Lillette n'en parlera jamais, absolument jamais !
Bernard, veuf et alors déjà diminué, abordera spontanément le sujet pour nous raconter qu'il ne savait pas pourquoi cet enfant ne leur avait pas été rendu ni ce qu'il était devenu.
Les pages des années qui suivent sont dans la section privée de ce site.
A Paris, Bernard à la Marine s'était spécialisé dans les transmissions, il a été embauché à EDF Toulouse pour cette même spécialité.
Dans le milieu des années 1950, la grande question était celle de la mise en place du réseau de transport à très haute tension. Il s'agissait d’imaginer des câbles, de construire des pylônes, de faire des essais de mise en tension. Il fallait trouver des solutions pour transporter du 400 000 volts, pour construire des transformateurs , pour piloter un réseau sur un large territoire, pour remonter des télémesures.
Bernard avait sur les postes de transformation des histoires horribles d’accidents comme celle de l’agent qui s'était rendu compte d’avoir oublié un outil après avoir enlevé les panneaux qui signalent la travée hors tension. Pour aller le chercher, il a enfreint les consignes et s'est alors trompé de travée et a été, il me semble, volatilisé par le courant.
Le centre de Toulouse avait un territoire qui commençait dans les Pyrénées et qui se terminait dans la Massif central aussi loin que Saint-Chély-d’Apcher. Pendant des années, Bernard est parti en voiture deux à trois jours par semaine pour se rendre dans les barrages, dans les postes pour aller suivre un chantier ou réaliser un essai, très souvent la nuit.
Les premiers équipements n'étaient que de la télémécanique, puis les modems et les ordinateurs sont arrivés. Par la suite, Bernard a pris en charge la téléphonie qui posait dans les centrales nucléaires des problèmes particuliers.
En théorie, Bernard aurait du, en application de la politique EDF, être muté au moins une fois dans une autre région. Au début des années 1970, une mutation à Lyon avait été accepté, mais le hasard a fait se libérer un poste et Bernard est resté à Toulouse.
En région dans ces années, les horaires de travail étaient immuables : 8h-12h puis 14h-18h, Bernard n'habitant pas très loin de son bureau pouvait ainsi revenir déjeuner rue des Pyrénées.
EDF offrait un statut d’agent qui induisait que les personnels allaient plus ou moins se suivre sur la totalité de leur carrière. En province, il était alors courant de recevoir chez soi les cadres du service dans lequel on travaillait. Cela donnait lieu à des diners formels avec, bien que dans un cadre privé, un strict respect de la hiérarchie professionnelle.
Sur la fin de sa carrière, Bernard était devenu sous-chef du centre de Toulouse. Comme beaucoup, il a légèrement anticipé son départ à la retraite en raison d’une très grande lassitude du rapport avec les syndicats.