Villefranche, le 10 février 1950
Chers cousins,
J'ai reçu une lettre de papa m'annonçant le deuil cruel qui vient de vous frapper et je veux vous affirmer toute ma sympathie.
Je sais bien que les plus belles phrases ne peuvent combler le vide immense que créé la disparition d’un être cher et je m'associe de tout cœur à votre douleur.
On ne peut s'habituer à voir vieillir ceux qu'on aime et on les croit immuables comme les souvenirs.
Pour moi, je revois tante Thérèse dans sa maison de Prats, où nous avions passé quelques jours il y a déjà de nombreuses années, s'activant aux soins du ménage, nous menant à l’assaut de la Citadelle ou des ruelles de la ville haute.
Malgré son âge, elle fatiguait nos jeunes jambes sur le chemin de la Preste et nous devançait sur les sentiers de la montagne. Elle montrait à Papa ses cultures dans le jardin en terrasses et faisait des projets d’avenir.
Et je la revoyais toujours ainsi, toujours fidèle à son village et toujours active et voici tous ces souvenirs définitivement inscrits au passé et je ne peux encore y croire.
Papa m'a écrit directement à Villefranche, mais hier je suis rentré à Tours et j'ai fait part de cette triste nouvelle à Simone ; elle prend part à ce deuil qui frappe notre famille.
Affectueusement
Roger
Les Paloque et les Cabanat étaient fidèles cousins, comme ici au Cambre d’Aze vers 1964 ou aux Angles dans les années 1970.