Emmanuel et Thérèse Caneill Mise à jour septembre 2020
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Arles sur Rhône, le 11 mars 1912

Chère sœur,

Ah tant mieux que nous avons été heureux d’apprendre que papa allait mieux. Que le bon Dieu veuille que ce mieux continue. Nous sommes contents aussi pour vous deux, vous aurez un peu de repos.

Notre arrivée à Arles a été accompagnée d’un temps merveilleux. Notre installation plutôt laborieuse. C'était un dimanche ou pour déranger un provençal ce jour-là il faudrait s'appeler Le Pouly ou Roverto, fameux toréadors. Pas de denrées pour les chevaux, pas de bois, vous savez ce que c'est qu'une station que l'on ne connait pas.

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Le logement du chef de station est bien, 3 pièces mais pour y accéder un escalier de 23 marches, presque droit. Heureusement que l’eau est dans le grenier.

Nimine est remise mais par contre elle souffre des dents qu'elle a très mauvaises or toujours à la même heure de minuit à 2 ou 3h du matin.

Le travail semble s'ouvrir, j'ai eu la visite de tous les grands éleveurs de la région et les étalons leurs conviennent.

Tu diras à maman que la mère Couty existe toujours avec 82 ans elle est fraiche et bien portante. Ses filles toujours célibataires de même que son fils Joseph.

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Madame Massines a dû vous remettre le panier. J'ai mis une éponge dans la boîte à papier lettre… Alice a dû y mettre des mandarines pour papa. Nous nous unissons tous pour faire des vœux pour le rétablissement de papa et vous embrassons tous bien affectueusement. Ne nous oubliez pas auprès de Prosper ou des saumurois.

Emmanuel Cabanat

Hier fort mistral, aujourd’hui orage et pluie.

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Perpignan, le 5 septembre 1912

Bien chers parents,

Dépôt d’étalons de Perpignan

Nous sommes arrivés à bon port à Perpignan, néanmoins fatigués. Aujourd’hui jeudi, nous avons un congé l’après-midi. J'en ai profité pour m'occuper de l’affaire Lucagne en l’étude de Me Bonnel. Ce notaire comme vous me l’aviez dit n'est pas d’un abord facile et se fâcherait facilement, mais me voyant tenace dans ma réclamation, il m'a fait l’historique de l’affaire, qu'il prétend avoir bien expliquée dans une lettre de 4 pages à François.

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Tout de même, il m'a démontré que l’hypothèque avait été renouvelée à temps, c'est d’ailleurs l’essentiel. Pour quant à la Grosse, il m'a dit l’avoir remise à Me Payret lors du jugement Lucagne et que Me Payret l’aurait égarée. Je me suis rendu chez Me Payret et ce dernier m'a démontré par pièces et documents à l’appui que la Grosse avait été remise à Me Borrel à la fin du jugement, c’est-à-dire le 30 janvier 1905. J'ai appris à cette étude que vous n'étiez pas 1ère hypothèque parce que si vous l’aviez été vous auriez été réglé en entier et qu'il n'était resté après d'autres payements que la somme de 60 f 10 perçus dans l'ordre.

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Me Peyrat en qui j'ai plus de confiance qu'en Me Borrel m'a dit que quoique la Grosse égarée (ou plutôt laissée en désordre dans le fouillis que représente cette étude) n'empêche pas l’action de l’acte. De plus, la dame qui doit nous donner les intérêts a dit au 1er clerc qu'elle tenait à s'acquitter des intérêts que vous recevrez bientôt.

Les obsèques de M. Marceon père ont eu lieu hier matin. J'ai bien fait de me trouver au dépôt car cela a fait bien plaisir à M. le sous-directeur.

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Au premier moment libre, j'écrirai à Ausseil et Martignoles.

Nous nous unissons tous pour vous envoyer nos tendresses et souhaiter une bonne santé.

Votre fils qui vous aime bien.

Emmanuel Cabanat

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Perpignan, le 8 septembre 1915

Cher tous,

Dépôt d’étalons de Perpignan. Vous parlez d’une agréable surprise que Prosper nous a faite, il se porte bien et nous a donné des nouvelles fraiches de Valentin. C'est bien sûr et juste que vous voulez garder ce cher jusqu'à la dernière minute, mais cependant il nous ferait bien plaisir qu'il s'arrête à Perpignan entre deux trains coïncidant au déjeuner. Il doit vous l’avoir dit, j'ai un coq (que nous trinque al cap). François Coderch sera des nôtres et finis c'est mon anniversaire 52 sur la ligne. Prosper a dû recevoir son appareil photo et un bouquin qu'il avait oublié chez nous. Il m'a laissé sa montre pour la faire réparer mais elle va bien, elle n'a pas besoin de réparation. Je l’ai laissée à plat et portée, elle règle le soleil. Nous voilà bien remis de l’inondation quelques jours de tramontane, il ne s'y connaîtra plus. Ecrivez-nous le jour et l’heure de l’arrivée du rapide qu'arrivera Prosper. Nous nous unissons tous pour vous embrasser, à tous bien affectueusement.

Emmanuel Cabanat

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Perpignan, le 4 août 1916

Ma chère grand-mère,

je te souhaite une bonne fête et une bonne santé pour toute l’année. Je vais avoir le bonheur de vous voir tous les deux car j'irai avec papa aux primes. J'en suis bien contente. Nous savons reçu des nouvelles de Valentin il y a quelques jours, il va très bien et il nous dit qu'il vit comme un bon bourgeois.

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Ici il fait un temps très orageux, voilà la pluie qui commence à tomber. La terre en a besoin parce que depuis quelques temps il fait une chaleur épouvantable. Je termine mon bavardage en vous embrassant bien fort toutes les deux et vous disant à bientôt.

Ta petite-fille qui t'aime.

Jeanine

Bien chère mère

Je viens joindre mes bons vœux de fête à ceux de votre petite-fille. Bientôt elle vous dira de vive voix que nous parlons souvent de vous, elle s'en réjouit beaucoup. Elle aura le plaisir de vous offrir, à chacune de vous une nouvelle photo en souvenir de sa 1ère Communion.

Il me semble que Prosper doit bientôt venir vous voir. J'espère qu'il ne nous oubliera pas à son passage ; soit à l’aller soit au retour. Nous éprouvons un véritable bonheur à le revoir.

Emmanuel se joint à moi pour vous exprimer ses bons vœux et vous embrasser bien affectueusement.

Vos enfants respectueux.

Emmanuel et Thérèse.

Nos amitiés à Thérèse et Justine

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Perpignan, le 6 décembre 1917

Bien chère mère,

Inutile de faire procuration, cette pièce que vous aviez fait faire en 1913 à suffit m'a dit Me Escoupeyrié. J'ai donc touché l’obligation créance Azéma…

En accompagnant Prosper chez le successeur de Me Bonnel. Je lui ai présenté l’acte de Estargel de 2 500, cette étude ne me parait pas bien régulière, tous les employés de feu Me Bonnel sont mobilisés et ils ignorent presque tout. J'en ai parlé à mon notaire, Me Escoupeyrié. Je lui apporterai un de ces jours l’acte et il m'a promis de les faire bouger. Il n'a d’ailleurs rien à craindre l’hypothèque est bonne jusqu'en 1920.

Nous avons été bien contents d’avoir Prosper quelques heures, il est très bien portant, son 2e galon et ses trois étoiles dénotent qu'il fait son devoir.

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Valentin l’a raté de quelques jours, c'est dommage il est reparti plus content que l’avant dernière fois, enfin il faut espérer que cela finira un jour ce cauchemar, on a gout à rien et rien ne vous émeut. Je crois que vous êtes comme moi.

Nous nous unissons tous pour vous embrasser bien affectueusement.

Emmanuel Cabanat

Je compte partir en Bretagne en passant par Blois samedi ou dimanche, ce sera un voyage d’au moins 12 jours.

Vous feriez bien de prendre des obligations de la Défense Nationale, c'est aujourd’hui le meilleur placement. C'est votre percepteur qui être chargé de cela.

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Perpignan, le 2 mars 1918

Bien chère maman,

Dépôt d’étalons de Perpignan.

L’état de tante Antoinette reste toujours grave, son fils Valentin est auprès d’elle.

Je pars pour Avignon le 4 à 5h du matin, c'est vous dire si c'est proche. Alice et Ninine resteront toute la semaine avant de me rejoindre et seront là en cas de dénouement de la pauvre tante.

Me Bonnel m'a fait appeler pour me donner les renseignements sur la créance d’Estagel. Madame veuve Garrigue qui a acheté la maison qui servait d’hypothèque ne s'occupe plus de cela mais son fils qui est au front a écrit au notaire et il promet de s'acquitter au mois d’octobre de toute la somme qui reste, soit 1 250 fr et Mme qui est une héritière de ce Garrigue pour 150 Fr. a payé 7 Fr. 50 d’intérêts de ce somme, soit ci-inclus et cette dernière payera le jour que le fils Garrigue s'acquittera, cela fera 1 450 Fr. Attendez jusqu'au mois d’octobre, du moment qu'il promet.

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Vous avez bien attendu jusqu'à présent, vous pouvez bien attendre 8 mois de plus et au moins il ne se parlera plus de cette affaire : après avoir eu ces renseignements, j'ai été voir Me Escoupeyrié pour arrêter les démarches dont je l’avais chargé pour faire rentrer cette créance.

Nous avons de bonnes nouvelles de Valentin, en avez-vous de Prosper ?

Donc à Avignon à partir du 4 mars si au moins s'était la dernière monte.

Nous vous embrassons bien affectueusement.

Emmanuel Cabanat

Chère mère et chère Thérèse

Je suis allée voir la pauvre tante ; elle m'a très bien reconnue et s'est même inquiété de Ninine, c'est vous dire qu'elle a toute sa connaissance. La religieuse qui la soigne ne lui en donne pas pour longtemps, mais je crois qu'elle se trompe. Elle n'a pas de fièvre, son corps est tout simplement usé et le docteur n'a donné aucun espoir. Elle est d’une affection touchante, elle craint de déranger les personnes qui viennent la visiter et n'a que de douces paroles pour Thérèse qui la soigne comme une vraie fille. J'ai demandé à cette bonne tante ce qui lui ferait plaisir, elle m'a répondu, des œufs frais. Je lui ai fait vivement parvenir ceux que mes poules m'avaient donné le matin ainsi que des figues pour lui faire des tisanes rafraichissantes.

Emmanuel ira la voir demain car mes jambes n'en veulent plus aujourd’hui d’avoir fait les malles. Je sais que vous avez eu des nouvelles par Valentin. Je resterai ici jusqu'à un dénouement quelconque. Je regretterai trop de laisser Thérèse seule en cette triste circonstance.

Ninine et moi nous vous embrassons de tout cœur.

Alice

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Avignon, le 25 avril 1918

Bien cher tous,

J'avais demandé à Valentin des nouvelles de Prosper parce qu'ils connaissent les régions où cela chauffe le plus ; il m'a rassuré en me disant qu'il s'en était tiré sain et sauf. A les canailles, ce qu'ils en font voir à ces braves poilus et ils ont attaqué à nouveau à la même place d’après les derniers communiqués, qu'est-ce qu'il sortira de tout cela ?

Nous nous portons bien et il y avait longtemps que cela n'était arrivé, tout le monde a bon appétit et juste au moment où nous sommes rationnés, 300 gr. de pain par jour, plus de pâtes, le vin 1 Fr. le litre, etc… ce n'est pas rigolo du tout.

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J'espère et nous faisons des vœux pour que ma lettre vous trouve en bonne santé à tous.

Le travail marche bien doucement, je suis seul avec un gosse de 16 ans pour 5 chevaux. Vous voyez d’ici à qui incombe le plus gros de l’ouvrage (c'est la guerre) et moi qui croyait me retirer à la Saint-Martin, maintenant, je ne sais laquelle Saint-Martin !

Du temps que je suis ici, vous voudrez bien me dire si vous voulez de l’huile, il y a un proprio qui m'en vendra, je ne sais encore le prix, ce sera toujours au courant du pays.

Du moment que vous faites du charbon, serait-il possible de m'en réserver un sac que Gandron me descendrait en rentrant au dépôt.

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A bientôt de vos nouvelles et surtout des bonnes de Prosper.

Nous nous unissons tout pour vous embrasser bien affectueusement.

Emmanuel Cabanat

Au moment de clore cette lettre, je reçois une carte de Valentin, il va bien, ils ont eu très froid ces jours derniers ; il ne le dit pas mais ils ont certainement dû déménager par les voies rapides lors de l’attaque.

Ninine buche pour son certificat d’étude en juin.

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Madame Valentin Cabanat

Chez madame veuve Tailleur,

à Prats-de-Mollo

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Perpignan, le 12 août 1920

Chère bonne-maman,

Comme le 15 août approche, je viens comme chaque année te souhaiter une bonne et heureuse fête accompagnée d’une bonne santé que tu as du reste et je souhaite que tu la gardes le plus longtemps possible.

Nous voici depuis près de deux mois déjà à Perpignan où il fait une chaleur accablante, fait-il aussi chaud à Prats ?

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Eh bien ! Que dites-vous de la grande nouvelle ? Valentin se marie, pour moi j'en suis bien contente, je vais être demoiselle d’honneur à la noce de grand-frère et je vais avoir une gentille belle-sœur que je suis disposée à aimer.

Papa y est allé pour les fiançailles et il est revenu exténué, le voyage est très long et extrêmement fatiguant avec cette chaleur et puis le pays est très accidenté ; il était tellement serré en wagon qu'il n'a pas seulement pu ouvrir sa valise pour manger faute de place.

Dans le dépôt, il y a deux mariages, celui de Jacques Deit qui est instituteur et qui se marie avec une institutrice également, je ne sais pas si vous le connaissez, et puis celui de Mlle Thérèse Guitard qui est mariée depuis samedi dernier avec un futur employé des haras, le mariage s'est fait à Vinça chez le grand-père de Mlle Thérèse.

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Savez-vous aussi qu'Armand Ollivier est marié avec une corse depuis près d’un an ? Et Prosper, quand cela sera-t-il son tour ?

Le fils Pujol est en Cochinchine pour deux ans.

Nous avons un joli petit jardin en face de la nouvelle église Saint-Martin et nous y allons souvent passer l’après-midi, il y a un petit ruisseau juste en face pour arroser. Et le tien, bonne maman, le cultives-tu toujours ?

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En allant au mariage de Valentin nous irons peut-être jusqu'à Lourdes voir la grotte que nous ne connaissons pas et que l’on dit si belle et si émouvante et j'en profiterai pour offrir à la Vierge ma couronne de première communion pour la remercier de m'avoir guérie de ma fièvre typhoïde.

Je t'embrasse bien fort, chère bonne-maman ainsi que tante Thérèse et tante Justine, et je t'envoie encore une fois mes meilleurs vœux et mes meilleurs souhaits.

Ta petite-fille qui t'aime bien.

Jeanine Cabanat

Je suis heureuse de m'unir à ma chère petite-fille pour vous offrir mes meilleurs vœux de fête et de santé. Je vous embrasse bien affectueusement toutes les trois

Alice

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Perpignan, le 16 septembre 1921

Chère sœur,

je t'aurais écrit pour te donner le résultat de l’achat de l’ânesse si Prosper ne m'avait dit qu'il allait te le donner par téléphone. Nous avons fait pour le mieux, la bête est de toute confiance, elle a été élevée à Estagel, pays de côtes et cailloux. De taille moyenne, ce qu'elle perd de taille, elle le gagne en largeur. Elle se monte et s'attèle, on pourra donc l’utiliser à passer une charrue entre les maïs et pomme de terre. Ces sortes d’animaux d’ailleurs comme tous les autres étaient chers et le seront encore longtemps ; avec Prosper nous en avons conclu d’avoir fait une bonne affaire ; la difficulté était de la faire monter à Prats. Il parait que le charretier ne tient guère à attacher une bête à sa charrette. Envoie ton métayer la prendre en faisant étape à Arles.

J'ai été hier chez Me Fournier pour débrouiller cette affaire de prêt à Estagel, l’étude de ce notaire est mieux tenue que du vivant de son prédécesseur Me Bonell, cette affaire aurait pu trainer longtemps si Me Garrigue la dernière qui doit verser à cette étude…

Pour couper court à tous ces acomptes et ces embrouillaminis, Me Fournier a décidé de donner quittance de tout et refaire un acte pour ces 750 fr ; cette façon d’opérer me semblerais vouloir créer encore des frais pour cette personne et on ne doit jamais ajouter des intérêts dus à une somme pour faire une nouvelle créance.

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Me rappelant qu'en 1918 j'avais porté chez mon notaire avec Prosper la copie de la grosse (l’original ayant été égaré) pour qu'il lâche les chiens à ce créancier, je suis été le trouver en l’espèce Me Fournier et de la décision qu'il voulait prendre (ne faites pas ça, ce n'est pas régulier, renouvelez l’hypothèque et envoyez un commandement par huissier pour faire rentrer le tout, car cela a trop duré, songez qu'il y a 21 ans et qu'il est temps que cela finisse).

Vois ce que tu en peux, je pencherai pour la version Escoupeyrié et réponds-moi par un prochain courrier.

Nous nous portons bien malgré toutes les fluctuations de température et nous avons été heureux de lire qu'il en était de même pour vous tous.

Nous vous embrassons bien affectueusement

Emmanuel Cabanat

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Perpignan, le 22 février 1922

Bien cher tous,

Comment vous portez vous par ces temps de grippe ? Nous faisons des vœux pour que ma lettre nous trouve en bonne santé.

Chez nous, Alice a eu la grippe bien caractérisée et voilà bientôt 3 semaines qu'elle ne pense qu'à se débarrasser de cette drôle de maladie. Il n'y a pas une maison à Perpignan qui n'ait son malade, aussi les docteurs ont de l’ouvrage. Cependant un mieux sensible se dessine pour Alice.

Je croyais en avoir fini du métier chevalin, la destinée veux que je reparte en station et toujours cette question de logement. Ma locataire du 1er (malgré son bon vouloir) ne trouve pas de logement et moi, je ne peux pas dire : j'exige ma retraite, car on nommerait mon successeur qui lui voudra être logé, c'est son droit et par cet effet, je me vois obligé de loger sous les ponts. Vous me direz que je peux faire un jugement d’expulsion, oui ! Mais il faut mettre en branle juge, avoué, huissiers, ce sont des messieurs avec qui je ne me plais pas et heureusement qu'un coup de théâtre de ma locataire a mis les choses au point. Elle a acheté une parcelle de terrain où elle fait bâtir une maison. Elle aura 4 mois pour la faire édifier et en juillet je pourrais prendre mes invalides.

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J'ai eu la visite de M. Mir de Baixas qui est venu s'acquitter du solde de son obligation 500 Fr. + 25 fr d’intérêt que je vous enverrai aujourd’hui, voilà donc cette affaire liquidée, reste Mme veuve Garrigue d’Estagel à tirer au clair et donc Me Escoupeyrié en charge et ce sera fini.

Vous avez dû être informé du mariage de François Coderch, moi j'ai reçu une lettre de faire-part, cela suffit pour un cousin germain.

Je pars donc à Avignon le 1er mars, puisse ce jour-là faire beau.

Valentin m'écrit qu'il quitte Baulens pour présenter le professorat, cela m'a bien surpris. Il invoque que ne pouvant trouver la main d’œuvre, il est obligé de tout faire et que cela le fatigue. C'était bien ce que je pensais de ce domaine avec des terres argilo, loin archi loin de partout.

Nous nous unissons tous pour vous embrasser bien affectueusement.

Emmanuel Cabanat

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Perpignan, le 23 février 1922

Bien chère mère,

J'avais chargé Me Escoupeyrié de faire rentrer l’argent d’Estagel, puisque ces gens-là se moquent de nous. Ce notaire m'a fait appeler ce matin pour me dire que la rentrée des fonds 750 Fr. était en bonne voie de réinterprétation en me demandant quels étaient les intérêts dus.

Nouvelle visite au successeur de Me Bonnel dans cette étude il m'a été dit que Mme veuve Garrigue avait versé 100 Fr. d’intérêts ; mais les recherches de ce maquis en ont mangé 20, c'est donc 80 Fr. que je vous envoie ci-joint ; d’autre part, il y aura notaire et huissier à payer à la rentrée des 750 Fr. Heureusement que toutes les obligations ne sont pas comme celle-là car il n'y aurait pas assez de gens de robe à Perpignan pour les débrouiller. Enfin ! Après ce sera fini et cela me fera plaisir d’avoir liquidé cette affaire avant de partir à Avignon.

Maître Escoupeyrié m'a dit de vous dire qu'il me l’a dit à moi aussi ; que si les gens d’Estagel vous envoi pour n'importe quel arrangement de n'en rien faire et de lui faire parvenir toute lettre émanant d’elles, cela a trop duré.

Alice va mieux mais ne sort pas encore, Jeannine et Alice se joignent à moi pour vous embrasser bien affectueusement.

Il y a bien longtemps que je n'ai vu Prosper depuis l’achat de l’ânesse. Il m'a dit qu'elle transpirait beaucoup, sur le coup je n'ai pas songé de lui dire de la faire tondre en lui laissant les jambes.

Emmanuel Cabanat