Nous savons :
que Charles-Pierre a pris la suite de son père sur la pépinière ;
qu'il importera de nombreux plans venus d’Amérique à la recherche de nouvelles variétés ;
qu'il a été maire de Lieusaint pour deux mandats consécutifs en 1813 et 1826 ;
que son fils Charles Hyppolyte fera de même pour la pépinière et aussi pour la mairie de Lieusaint de 1846 à 1865.
Inventaire de son dossier pour la légion d’honneur : ALFROY Charles Pierre né le 19 septembre 1779, à Lieusaint (Seine-et-Marne) ; pépiniériste ; maire de Lieusaint ; membre de nombreuses sociétés et de plusieurs académies (notamment aux États-Unis). Date(s) du dossier : 1830-1853.
À signaler : lettre de soutien signée La Fayette ; réclamation contre lui signée par des membres du conseil municipal ; article listant les fruits d’Amérique importés.
L’an mille huit cent dix, le quatorzième du mois de décembre, à dix heures du matin, par devant Nous, Maire, officier de l’état civil de la commune de Lieusaint, canton de Brie, département de Seine et Marne, ont comparu :
Charles Pierre Alfroy, âgé de trente et un an, marchand pépiniériste, demeurant à Lieusaint, lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin, né le treize de ce mois à l’heure de onze heure du soir, de lui déclarant et de Élisabeth Denise Marguerite Mercier son épouse et auquel il a déclaré vouloir donner les prénoms de Hortense Héliza.
Ladite déclaration et présentation faite en présence de ;
Charles Thomas Alfroy, âgé de cinquante-cinq ans, propriétaire pépiniériste, demeurant à Lieusaint ;
Denis Augustin Alfroy âgé de vingt-cinq ans, marchand pépiniériste, demeurant à Lieusaint.
Source : famille avec la date de la main de Jean de Langautier
Le dernier témoin de l’affaire Lesurques, que le théâtre a popularisée dans le drame du Courrier de Lyon ou l’attaque de la Malle-Poste, madame Mercier, veuve Alfroy, est morte, à Melun il y a quelques jours, à l’âge de 96 ans.
Elle avait été, il y a 85 ans, appelée comme témoin dans l’affaire Lesurques.
Ses parents, les époux Mercier, tenaient une auberge à Lieusaint et c'est chez eux, qu'après avoir attaqué le courrier de Lyon, les assassins s'étaient arrêtés.
Mme Alfroy, âgée de 11 ans, était dans l’auberge, quand Lesurques entra après avoir attaché son cheval à la porte, et c'est elle qui lui donna du fil pour raccommoder son éperon. On sait que Lesurques a toujours nié sa présence sur le théâtre du crime, et que la déposition de la jeune Mercier fut d’une grande importance dans les débats, la jeune fille reconnaissait parfaitement l’accusé.
Mme Alfroy a-t-elle été victime, comme l’opinion publique l’admet, d’une ressemblance entre Lesurques et Dubosc ? Nous ne pouvons-nous prononcer. Mais Mme Alfroy et sa famille ont toujours vu dans Lesurques un coupable, et dans les différents plaidoyers en réhabilitation qui se sont succédé depuis, Mme Alfroy, qui était citée chaque fois, a toujours maintenu sa première déposition.
Fruits d’Amérique qui se trouvent dans les pépinières de Lieusaint, cultivées par M. Alfroy fils
Ces fruits, tous nouveaux en France, sont remarquables par leur très gros volume ou leur saveur agréable. La plupart d’entre eux ont été dernièrement envoyés à la Société d’horticulture de Londres par MM. Seekle et d’Albany, pépiniéristes de Philadelphie, auxquels cette importante communication a valu une médaille d’or frappée à l’effigies de Banks.
Cette collection de fruits consiste en 46 sortes de pommes, 7 de pêches dont 2 brugnons et 1 prune extrêmement grosse.
M. Alfroy a déjà multiplié ces fruits.
J. Jung (1828) Bulletin des sciences agricoles et économiques via Bulletin de la Société académique d’agriculture, belles-lettres, sciences et arts
Notice sur le Bouleau à papier, Betula papyracea, cultivé par M. Alfroy fils.
Le semis, fait au mois de février 1827, a levé très faiblement, la saison se trouvant avancée pour ce genre de semis, qui réussit beaucoup mieux à l’automne ; cependant le plant, après avoir été transplanté au mois de mars, ayant à peine la hauteur de 3 à 4 pouces, a végété avec une force surprenante dans une terre forte et bien labourée. Un des individus a acquis la hauteur de 7 pieds en moins de 5 mois ; les feuilles ovales, alternes et dentées,…
Noter que végéter s'appliquant à une plante respecte le sens latin d'origine (vegetare, croître) alors qu'il signifie l'inverse dans les autres cas.Le bouleau à papier, encore peu répandu, frappe d’admiration à la vue de son beau feuillage et de sa riche végétation.
(1829) via Bulletin général et universel des annonces et des nouvelles scientifiques
A propos d’un rapport fait sur cinq sortes de pommes américaines importées en France par M. Alfroy, pépiniériste à Lieusaint.
(1829) via Bulletin de la Société académique d’agriculture, belles-lettres, sciences et arts
Source : 1831,
Prunes américaines adressées à la société par M. Alfroy, pépiniériste à Lieusaint, le 17 août 1831.
Jellow-gage. Fruit de moyenne grosseur, allongé, aplati aux deux bouts,…
Cette Prune manque de la saveur relevée que nous aimons à retrouver dans les fruits. La bosse qui est sur une des valves de son noyau est une chose singulière, si elle est constante.
(1831) via Jardins de France, Société nationale d’horticulture de France
Bilmer-Washington. Beau fruit par son volume ; il est également un peu allongé,…
Celle-ci manque aussi de la saveur relevée qu'on aurait désiré trouver dans la précédente. Au reste, ce n'est pas avec un seul fruit que l’on peut juger ses qualités ; il faudrait en goûter plusieurs pendant plusieurs années, et c'est probablement ce que M. Alfroy, notre confrère, nous mettra à même de faire.
Source : 1839, Société nationale d’horticulture de France
Pépinière de MM. C.P. Alfroy, père et fils, à Lieusaint – Prix courant pour 1839-1840
La pépinière de MM. Alfroy est une des plus anciennes et des mieux famées ; elle existe depuis plus de 150 ans, et s'étend aujourd’hui sur plus de 15 hectares de terre ; c'est la mieux assortie en fruits d’Amérique, et tous les arbres forestiers et d’ornement des Etats-Unis s'y trouvent en grand nombre, ainsi que ceux des autres parties du monde qui s'accommodent au climat de la France.
M Alfroy ayant été longtemps maire de sa commune, c'est un titre de plus à la confiance qu'il a toujours méritée.
En ce début de siècle, la question de la création de nouveaux plants était loin d’être résolue par la théorie de l'évolution et les tentatives de Charles Pierre étaient peu fructueuses.
Il était désormais acquis que le climat n'avait aucune influence, et que même déplacés, les plants conservaient indéfiniment leurs qualités principales.
Dans le même temps, ils avaient aussi bien remarqué que des variétés nouvelles se créaient sous leurs yeux qui partent toutes d’un individu spécial cru spontanément. Il était acquis que, même si en général les semis produisaient des individus aux qualités inférieures, il pouvait aussi se produire des individus aux qualité supérieures, tous probablement issus des pollens présents lors de la fécondation.
Les Hollandais devaient une partie de leur prospérité à leur savoir-faire pour varier les espèces de jacinthe, tulipes,… et tout le reste de l’Europe de les imiter avec succès.
Les mêmes travaux pour des espèces nouvelles sont menées aussi pour les arbres et les arbustes, à commencer par les arbres fruitiers, et il faut noter que M. Alfroy dans les environs de Paris a fait quelques essais qui ne paraissent pas avoir été suivis de succès.
Marc Antoine Puvis (1847) De l’importance et la nécessité des semis pour l’amélioration et le renouvellement des variétés cultivées via Google Books
Pomme Non-Pareille de Hubbardston
Les Américains sont les obtenteurs de ce très beau fruit, qui chez eux, d’après leurs pomologues, est de qualité supérieure, avantage dont il ne jouit pas en France, du moins dans ma contrée. A. J. Downing l’a décrit plusieurs fois, notamment en 1849, et le dit originaire de Hubbardston, ville du Massachusetts (Fruits of America, p. 113).
Ce fut M. Alfroy, pépiniériste à Lieusaint (Seine et Marne), qui l’importa d’Amérique en 1830, avec soixante autres espèces de pommiers, et l’offrit vers 1835 à la Société d’Horticulture de Paris. Ce fait m’est attesté par M. Alfroy-Duguet, fils et successeur de cet horticulteur bien connu.
Pomme verte de Rhode-Island
Répandue généralement en Europe, cette variété eut chez nous pour importateur feu Alfroy ; pépiniériste à Lieusaint (Seine et Marne). Elle faisait partie d’une soixantaine d’autres pommes dont il enrichit, en 1830, les jardins français, ainsi que déjà je l’ai constaté, notamment à l’article Non-Pareille de Hubbardston.
André Leroy (1873) Dictionnaire de Pomologie via Google books
ALFROY Charles Pierre
né le 19 septembre 1779, à Lieusaint (Seine-et-Marne) ;
pépiniériste ; maire de Lieusaint ;
membre de nombreuses sociétés et de plusieurs académies (notamment aux États-Unis) ;
date(s) du dossier : 1830-1853 ;
à signaler : lettre de soutien signée La Fayette ;
réclamation contre lui signée par des membres du conseil municipal ;
article listant les fruits d’Amérique importés.
Dossiers de proposition pour la Légion d’honneur début xixe siècle – env. 1939 Sous-série F/12 via Ministère du Commerce