Retrouvée dans un livre de la bibliothèque de Gilles. Elle a donc été remise à Gilles par l'autorité qui l'avait reçue qui pas plus que nous aujourd'hui n'y a accordé la moindre importance.
On a remarqué à Bel-Abbès que dans une pharmacie qui se trouve en face le marché couvert des fleurs de lys embaument l’atmosphère de l’officine.
Une réclamation ayant été adressée à l’autorité militaire contre M. Brousse par le syndicat des médecins civils de Bel-Abbès, l’excellent chirurgien vient de se voir interdire formellement l’exercice de sa profession en ce qui concerne l’élément civil.
Parlant de cette réclamation à la pharmacie Merlat, le docteur Gillet prononçait les paroles suivantes à l’adresse des membres du syndicat:
– « Ils ont agi vis-à-vis de moi comme des cochons. »
En ce moment, entrait à la pharmacie M. Emile Fabriès, fils de l’honorable président du Syndicat des médecins civils, lequel demandant des explications à Gillet sur son attitude s'attirait la réponse suivante :
– « Vous n'êtes qu’un fruit sec et je n'ai aucune explication à vous accorder. »Devant cette réponse M. Emile Fabriès constituait des témoins qu’il envoyait deux heures après. D’autre part, le syndicat se réunissait immédiatement et déléguait le docteur Maurin pour demander à Gillet réparation de la phrase injurieuse prononcée contre lui par le corps médical. Le docteur Maurin constituait donc des témoins qu’il envoyait également à Gillet.
Voici, relatées par les procès-verbaux, les suites qui ont été données à ces deux affaires :
« Mes chers amis, Je viens d’être insulté gravement par le Dr Gillet. Je vous charge de lui en demander soit des excuses, soit une réparation par les armes.
E. Fabriès »« Mon cher Fabriès, selon le désir que tu nous as exprimé, nous nous sommes rendus chez le Dr Gillet à l’effet de lui demander rétractation des paroles qu’il avait prononcées à ton encontre ou bien une réparation par les armes. M. Gillet nous a reçu d’une façon peu correcte et nous a répondu qu’il ne voulait ni faire des excuses, ni accorder une réparation et que tu n'avais qu’à t'adresser aux tribunaux. Après cette réponse qui nous aurait étonnée de la part d’un autre personnage que M. Gillet, nous nous sommes retirés, considérant notre mission comme terminée.
Tes amis : Georges Garrouste – A. Roussel
Sidi-bel-Abbès, le 16 août 1895 »«Répondant à votre désir, nous nous sommes rendus auprès de M. Gillet, médecin à Sidi-Bel-Abbès pour lui demander une rétractation ou une réparation par les armes, au sujet d’un propos tenu par lui dans la pharmacie de M. Merlat et que vous avez jugé offensant pour vous. M. Gillet nous a répondu que le propos dont il s'agit, ne vous visait en aucune façon et qu’il n'admettait pas que vous vous substituez à un confrère dont il a voulu parler. Il a ajouté que dans ces conditions, il n'avait aucune satisfaction à vous accorder. Considérant notre mission retirée, nous nous sommes retirés. Recevez, cher ami, l’assurance de nos sentiments dévoués.
Gustave Garrouste, conseiller général. Marcaggi, receveur de l’enregistrement. »En réponse, M. Maurin a adressé à ses témoins la lettre suivante :
« Bel-Abbès, le 16 août 1897. Mes chers amis, je viens vous exprimer le regret de vous avoir dérangé inutilement, et vous envoie une lettre signée par Merlat, pharmacien, affirmant les propos tenus par M. le docteur Gillet. Entre la parole de M. Merlat et celle de M. le docteur Gillet, je n'hésite pas un seul instant. En injuriant les membre du Syndicat médical de Bel-Abbès dont j'ai l’honneur de faire partie, M. le docteur Gillet me devait une rétractation personnelle ou une réparation par les armes : il me refuse et l’une et l’autre. Permettez-moi, chers amis, de ne pas qualifier la conduite du docteur Gillet. Veuillez agréer tous mes remerciements.
Dr Maurin »Et comme complément la déclaration suivante :
« Je soussigné Gilles Merlat, pharmacien à Bel-Abbès, déclare avoir entendu les paroles suivantes prononcées par M. le Dr Gillet en présence de M. Fabriès fils : « Ils ont agi vis-à-vis de moi comme des cochons » à l’encontre des médecins de Bel-Abbès ayant porté plainte contre un médecin militaire.
Bel-Abbès, le 16 août 1897
Merlat »
La tradition familiale rapporte que Gilles a soutenu les Chinaud tout au long de l’éducation de leurs enfants.
Réal, le 25 juin 1907
Je soussigné Chinaud Jean, époux Merlat, instituteur à Réal (Pyrénées Orientales), déclare devoir à titre de prêt à mon beau-frère Merlat Gilles, pharmacien à Sidi-Bel-Abbès (Algérie), la somme de 4 000 francs que je m'engage à lui rembourser avec l’intérêt légal.
Chinaud – Marguerite Chinaud
Estavar, le 23 janvier 1921
Bien cher beau-frère et toute la famille
Je profite d’un moment de répit pour vous donner de nos nouvelles. Je ne sais ce que vous direz à ce sujet que votre très obligé se porte à l’ordinaire, qu’il se sent même un peu alourdi par un travail trop sédentaire, et qu’il lui tarde que les routes soient complétement dégagées de la neige, et que la journée soit un peu moins longue, pour pouvoir le plus souvent partir le samedi soir à Formiguères, et rentrer le lundi matin, à condition d’être à la pointe du jour à la Quillane, pour pouvoir commencer la classe à huit heures.
Que je vous remercie aussi bien sincèrement de l’agréable surprise que vous vous nous avez ménagée au premier de l’an.
J'avais bien emporté 500 Fr. près par anticipation sur le mandat du mois de décembre, avec de l’argent qui m'avait été confié, mais cela même était maigre pour suffire à Jeanne et à Pierre qui étaient là, et à François aussi qui est arrivé le dernier.
Cependant, je dois vous dire qu’en ce qui me concerne, je ne gaspille rien. À quelque chose près avec les provisions que j'emporte de la maison, je me suffis, sans toucher à mon traitement. Mais tout est si cher que c'est impossible actuellement, avec nos seules ressources d’arriver à combler les dépenses de nos enfants.
Ce qui nous rassure c'est que François, si aucune complication ne survient, sera bientôt libéré, et s'il pouvait être placé près de nous, il pourrait être de quelque utilisé au point de vue pécuniaire. Et aussi, une fois Pierre arrivé, je suis convaincu qu’avec nos moyens d’existence et notre manière de vivre, il nous sera possible de réaliser quelques économies pour vous désintéresser.
Le moment venu, ce sera notre seule préoccupation parce que cela n'est que juste, et ensuite pour vous justifier que ce n'est pas à des ingrats que vous avez tendu la main.
Pierre, qui a échoué à l’oral, compte bien être reçu, n'ayant pas d’écrit à subir, et n'ayant à préparer que son oral.
Jeanne est chez sa tante Guidette depuis la Noël. Il parait qu’elle s'y trouve fort bien et qu’elle dispose de beaucoup plus de temps pour son travail.
François doit vous avoir appris depuis longtemps, non sans une pointe de vanité, qu’il avait été nommé sergent moniteur pour avoir été le premier d’une quarantaine d’instructeurs qui avaient été envoyés à Montpellier pour y recevoir une sorte de rééducation physique dite de Joinville.
Je voudrais qu’à votre tour vous me donniez signe de vie et ce n'est pas exiger trop, je crois, de convier Gilette ou Mimi à nous sacrifier quelques lignes.
Ici nous avons eu un hiver assez rigoureux et en tout cas bien plus froid que celui de l’année dernière. De ce côté vous avez été surement plus favorisés. L’hiver chez vous ne doit pas se faire sentir d’une façon trop dure. Par association d’idée, je pense que j'ai lu sur le « Progrès civique» qui m'a été procuré par un douanier que la disette a sévi en Algérie ; les pouvoirs publics étaient émus, et on avait constaté que les statistiques sur la récolte avaient été faussées, et que l’Algérie, après avoir vendu son blé à la métropole avait été prise au dépourvu et avait dû acheter du blé aux Etats-Unis à un prix excessif ou fortement majoré ! Est-ce totalement vrai ou dû à un peu d’imagination ? C'est ce que doit bien me dire.
Puisque la place ne me fait pas défaut, il faut que je vous dise que, quoique seul, je n'ai pas le temps de m'ennuyer : la classe, la cuisine, le secrétariat, les leçons prennent tout mon temps et le soir, lorsque j'ai fini de corriger les cahiers, il est temps d’aller me coucher.
Bien affectueusement à vous tous
Chinaud
Ps: un de ces jours, je vais écrire à madame Touche de qui nous gardons le meilleur des souvenirs.
Formiguères, le 20 septembre 1924
Mon cher beau-frère,
Votre famille vient de nous quitter et déjà les prévisions et les soucis de la vie recommencent.
Jeanne et Pierre, tous les deux malheureux en juillet, vont tenter chacun les chances des sessions d’octobre, c'est en vue des dépenses auxquelles il va falloir suffire, frais d’examens et autres. Je viens vous demander d’être assez bon pour nous prêter la somme de deux mille cinq cents francs.
Marguerite, trop susceptible, à cause l’année dernière de quelques petites réflexions de Mimi Louise, qui fit allusions aux secours en argent que nous vous avions demandés, voudrait me faire emprunter chez des gens du pays. Comme je veux garder ma dignité et mon indépendance, j'ai pensé qu’il était préférable de m'adresser à vous, et je le fais sans même consulter votre sœur, parce qu’il m'en coûte trop de recommencer comme l’année dernière.
Je vous promets qu’aussitôt que nos enfants seront arrivés, nous nous mettrons en mesure de vous désintéresser.
Au moins, ne faites pas de reproche à Mimi, elle le ne mérite pas étant donné que cette année-ci elle a été d’une gentillesse et d’une bonne humeur constantes.
Enfin, nous n'avons eu qu’à nous féliciter des attentons et des égards d’Hermance et de Mimi. Je crois d’autre part qu’elles ont été satisfaites de nous tous.
J'en ai du moins la conviction et c'est ce qui me réjouit et ma suggéré la pensée de m'adresser à vous. Il nous faudrait cette somme vers les premiers jours d’octobre.
Croyez à toute ma gratitude et à mes sentiments les plus affectueux pour vous et pour votre famille.
Chinaud
Bel-Abbès, le 9 novembre 1905
Monsieur Tlissio
J'ai l’honneur de vous faire connaître que je me porte garant de mon beau-frère Albert Garrigou pour la somme de 14 000 francs que vous lui donnerez au fur et à mesure de ses besoins tant en semences qu’en espèces pour l’année agricole 1905 – 1906.
Dans le cas où M. Garrigou ne solderait pas les 14 000 francs, M. Merlat aura 3 ans pour se libérer de cette somme vis-à-vis de M. Tlissio.
Agréez, M. Tlissio, mes meilleurs salutations.
Gilles Merlat
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